— Billet 13
On a gratté et retourné la terre.
Une semaine de pluie a suivi.
Chaque matin, elle allait d’abord à la fenêtre pour s’assurer de la vérité des plic‑ploc contre les carreaux.
Face aux évidences qui contrarient, elle oppose, souvent, un entêtement d’enfant.
Elle ne renonce jamais.
Parfois, l’entêtement paie.
Toutes les autres fois, elle s’adapte.
Les trois premières nuits de cette semaine-là, je sentais un bruissement sur le matelas, la masse chaude de son corps s’extirper du lit, la place d’un vide laissé, avant qu’elle ne regagne plus tard le lit pour s’enrouler contre moi.
Le quatrième jour, elle est revenue avec des livres de toutes sortes : Bien débuter mon jardin, Automne — dans mon potager, Bulbes & racines : le guide pratique automne‑hiver pour un jardin en fleurs au printemps, Mon jardin d’automne : bulbes, vivaces et couleurs froides, Des arbres fruitiers dans mon jardin…
Elle a tout étalé sur le parquet, devant la cheminée.
Je dois dire que je n’étais qu’un figurant de cet acte.
J’allais, venais, une bûche à la main, une autre jetée à l’âtre, un coup de tisonnier, un verre de vin blanc porté.
Les bûches craquaient, on trinquait, puis elle retournait au parquet, aux livres épars.
Je somnolais sur le fauteuil, de temps à autre un œil ouvert sur le feu, l’autre sur ses obsessions en cours.
Le vendredi, ils annonçaient grand soleil pour le lendemain.
Le vendredi soir, elle a appelé sa mère.
Dans la foulée, elle a commencé une liste, une liste pareille à ses inventaires du frigo mais qui concernait le jardin, une liste de ce qui était à venir, nécessaire.
En premier, elle a écrit : bottes en caoutchouc.
Le samedi, on est partis à la jardinerie.

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