Chapitre 6 : Rumeurs et murmures

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En ce début de soirée, le soleil d’automne déclinait lentement à l’horizon, déterminé à se cacher derrière les courbes irrégulières des collines écossaises.

Le jeune et espiègle Kit Kross avait terminé d’engloutir son copieux dîner. Mais contrairement à sa studieuse amie Anémone qui s’était rendue à sa salle commune pour relire et recopier les cours de sa journée, le garçon ressentait le besoin de prendre l’air. Le jeune homme avait tant mangé ! Il se sentait si lourd à chaque pas qu’il effectuait, s’enfonçant dans le décor verdoyant du parc. Ses petites jambes d'enfant londonien n'avaient jamais connues autant d'exercice... Et la grosse sacoche de cuir qui ne le quittait jamais n'aidait en rien le jeune sorcier roux dans sa tâche. Bon. Une pause. Il lui fallait juste une toute petite pause et après il se remettrait en route. En arrivant au milieu de la plaine, Kit s'assit auprès d’un arbre au tronc à la circonférence gigantesque pour souffler un peu.

Un peu plus loin, d'autres élèves discutaient avec passion, s’exclamant parfois dans de grands cris enjoués. Ils avaient l'air drôles et sympathiques. Parmi eux, Emilien qu’il connaissait déjà, entouré d’une jeune fille blonde cendré et d’un garçon brun à l’air timide. Les deux étaient en première année à n’en point douter, pourtant, Kit était formel : il ne leur avait jamais adressé la parole.

De futurs copains ? Peut-être devrait-il les rejoindre ? Et cela lui donnerait une bonne excuse pour prendre une pause et souffler un coup.

- Jérémy ! Tu ne devineras jamais ce que j’ai vu ! J’ai croisé les deux frères en train de se faire gronder par leur préfète ! S’exclama à voix haute, le beau blond gryffondor d’une voix moqueuse, mais surtout très joviale grâce à cette situation incongrue.

Puis, il sembla au jeune rouquin que les trois étudiants se lancèrent alors dans une démonstration de magie, lorsqu’une lumière douce et vive emplit la plaine en un instant avant de s'éteindre calmement comme si rien ne s'était passé.

Qui avait donc pu produire un tel éclat ? Kit était persuadé d'avoir vu la jeune fille du trio lancer un sort mais elle semblait si jeune pour un tel niveau ! Il devait en avoir le coeur net ! Prenant sa sacoche sous le bras et recoiffant ses cheveux roux en bataille, le jeune sorcier s'approcha du groupe.

- Excusez-moi ? Je vous regardais de loin, désolé... C'est vous la lumière ? C'était super beau !

Tous les visages se tournèrent vers le nouvel arrivant.

- Merci ! S’exclama la blonde aux yeux bleu violacés, un petit sourire caché au coin de sa fossette. Tu es...?

- Kit ! Kit Kross ! Bonjour à tous. Désolé de vous déranger hein, mais la lumière était si belle ! Vous vous y connaissez bien en magie ? Vous avez l’air tellement fort !

A ces mots, l’un des trois étudiants s’éloigna sans un mot, prenant la direction du château, la tête basse. Se sentant fautif tout à coup, Kit se retourna paniqué vers les deux autres sorciers.

- J’ai dis quelque chose qu’il ne fallait pas ?
- Non t'inquiète pas, Kit. Il a du mal avec la magie c'est tout, répondit Emilien qui contemplait son ami se retirer du paysage.

Puis, secouant la tête, il parut à Kit que le jeune blond chassa des pensées, lorsqu’un sourire charmeur s’afficha de nouveau sur son visage.

- Mais où avais-je la tête ! S’exclama le blond, posant une main solide sur son ami à la chevelure de feu. Kit Kross, je te présente mon amie, Alestra Lyre. Alestra Lyre, voici Kit Kross, un autre ami à moi.

Alestra Lyre ? Kit n’avait aucune idée de qui était cette Serpentard, amie d’Emilien. Ce dernier ne l’avait encore jamais mentionnée.

- Enchanté, déclara calmement le rouquin avec toute la sympathie dont il disposait.

- Tu es Serdaigle ? S’enquit curieusement la blonde, sa tête penchant légèrement sur le côté. Tu es le premier que je rencontre.

- Tu es l’une des premières Serpentard aussi ! C’est cool de rencontrer des élèves d'autres maisons ! Comment ça se passe dans la tienne, Emilien ? Les gens sont gentils ?

- Ouais c'est cool ! Pour l'instant tout est trop bien, j’ai plein d’amis avec qui parler, surtout Philéas, j’ai plumé quelque élèves au Baveboulle, j'ai même gagné une chocogrenouille...Ah, et on a la meilleure salle commune avec une grande cheminée et tout !

- Oh ! J’adore les chocogrenouilles ! S’écria Kit, avec une joie débordante. Et la cheminée doit être incroyable ! La notre est pas mal aussi, la vue d'en haut est trop belle. Mais les escaliers vont finir par me tuer...

- C'est vrai qu'il y en a partout ! Faut faire du sport comme ça c'est plus un problème, c'est ce que mon papa dit. Je vais courir tous les matins, t'as qu'à venir avec moi.

- C’est d’accord je viens ! Et toi Alestra ? Ta maison est bien ? J'ai entendu pleins de mauvaises choses sur les Serpentard... C'est vrai ce qu'on raconte ?

- Non...Juste un peu...Rétorqua la sorcière, pensive. Je ne connais pas encore bien les autres. Mais la maison en elle-même est bien. Je te ferai des notes pour te tirer le vrai du faux.

Kit apprécia la pointe d’humour qu’employait cette nouvelle rencontre.

- Attention, j'attendrai ton rapport sans faute !
La jeune fille eu un petit rire doux avant que les traits de son visage ne prennent une expression plus sérieuse.

- Vous connaissez la rumeur de la soirée ?

Les deux garçons la regardèrent, intrigués, muets tout à coup. Alestra, fit un pas vers eux, se penchant pour murmurer sur le ton de la confidence à ses deux camarades :

- Lorsque j’étais à la bibliothèque cet après-midi, j’y ai rencontré le Préfet de Poufsouffle, Colin Travers. Il m’a proposé de rentrer dans un club. La soirée c’est la semaine prochaine dans la salle d’Astronomie. Après le couvre-feu. Il parlait de rencontrer les élèves « populaires ». Il m’a dit que je pouvais venir accompagnée mais bien sûr les risques sont à notre charge.

Le visage de Kit se mua en une totale expression de surprise, il déclama avec passion :

- Une soirée ? On doit absolument y aller ! Ça va être trop cool, impossible de rater ça ! Hors de question qu'on manque une telle occasion de se faire des copains puissants !

Face à lui, Emilien sembla partager son enthousiasme :

- Que ce soit vrai, faux, un piège ou la source de nos premières punitions, je m'en fiche ! Ça va être trop cool !

Il reprit un instant une mine soucieuse.

- Vous pensez qu'on peut inviter Jérémy ? Je sais pas s’il aura envie mais ça pourrait lui faire du bien...

Kit laissa Alestra répondre à la question. Cette dernière parût peser le pour et le contre avant d’accepter.

- Nous quatre, ça va être du tonnerre ! Conclut le Gryffondor.

Kit hocha la tête avec frénésie. Tout cela promettait d’être une formidable soirée ! Tout à coup, son attention fut happée par Emilien, dont les prunelles perdues sur la ligne d’horizon semblait vidées de toute énergie, vitalité et bonne humeur.

De son côté, Alestra fit signe qu’elle devait se retirer, retourner vers sa salle commune. Elle lança un au-revoir général et même si le rouquin nota qu’elle hésita brièvement avant de tourner les talons, et malgré un dernier regard allant sur le garçon au cheveux d’or, elle prit tout de même la décision de s’en aller, disparaissant dans le décor verdoyant du parc.

Tandis que sa nouvelle amie s'éloignait au loin d'une démarche assurée, Kit se retourna vers le blondinet un grand sourire aux lèvres.

- Bon, on est plus que deux ! Tu veux jouer à quoi ?

Mais quelque chose n'allait pas. Il ne pouvait pas voir son visage mais le manque d’enthousiasme soudain du Gryffondor le refroidit d'un coup.

- Tu vas bien, Emilien ?

Un grand reniflement trahit le mal-être du jeune de la maison rouge et or. Il se retourna vers Kit et lui jeta un sourire un peu forcé.

- Ça va.... C'est juste que...

Il se retourna vers l’horizon.

- Les vignes me manquent... Le manoir, mes parents. Mais ça va aller t'inquiètes pas.

Et il relança un sourire, qui malgré ses yeux humides, était sincère.

Mais évidement ! En voyant le jeune homme qui semblait si sûr de lui, si constamment souriant, Kit avait fini par penser que ce genre de manque lui passait forcément au dessus. Qu'il n'avait pas le temps pour les problèmes des enfants ordinaires. Mais non. Il n'en restait pas moins un enfant lui aussi, comme Kit, qui n'avait probablement jamais été éloigné si longtemps de la chaleur de sa maison et de la présence si rassurante de ses parents. Esquissant un petit sourire compatissant et sentant la même mélancolie monter progressivement en lui, le jeune Serdaigle lui envoya une petite tape sur l'épaule.

- Je te comprend... Moi aussi ça me fait bizarre d'être si loin de mon papa et de ma maman. Pour le moment je ne réalise pas encore mais dans peu de temps, ça me mettra un gros trac... C'est pour ça que je cherche pleins de nouveaux copains et copines. Pour ne pas être tout seul là-dedans.

Il accompagna la fin de sa phrase d'un mouvement du menton vers l'école. Puis son regard se perdit au lointain à son tour. Que pouvait-il faire pour faire sourire Emilien ? Oh ! Il pouvait essayer de lui montrer sa dernière création. Il sortit donc la Ballrang inachevée de son sac.

- Regarde ! Avec mon papa on s'amusait à construire ça quand je suis parti. Elle ne marche pas encore très bien mais je sais que quand je le reverrais, j'aurais bien avancé dessus et il sera fier de moi !

- Qu'est-ce que c'est ? S’enquit le garçon, son sourire revenant doucement sur ses lèvres, une leur d’intérêt dans ses yeux encore mouillés.

L'objet que Kit tenait dans sa main était une petite sphère grise entrouverte sur le dessus. A l’intérieur, on pouvait voir de nombreuses petites pièces métalliques encastrées les unes dans les autres. En la faisant rebondir dans sa main, de petits grincement huilés furent émis. Le rouquin, très heureux de pouvoir partager sa passion avec son nouvel ami, parlait avec enthousiasme.

- Une Ballrang, un mélange entre une balle et un boomerang. Dans un premier temps, on voulait que, quel que soit l'endroit où la balle était envoyée, un simple mouvement du gant du lanceur la ferait revenir. Pour ça, mon papa disait qu'il allait falloir utiliser un Accio. Je demanderais surement à un professeur de lancer le sort : mon papa n'a jamais réussi à me l'apprendre...

Kit semblait un peu gêné de faire ce petit aveu de faiblesse au Gryffondor qui n'avait sans doute pas de problèmes de ce côté. Mais la gêne ne dura qu'un instant et le sourire revint très vite.

-Et je compte bien y rajouter quelques trucs en plus ! Ça va être trop drôle !

Les yeux d'Emilien s'ouvrirent en grand.

- Ouuaaah, c'est incroyable ! Tu fabriques des objets magiques ! Je peux regarder ?

Il était intéressé ! Kit était aux anges ! Emilien, un sorcier qui semblait tellement au-dessus de lui, et déjà si populaire était intéressé par ses inventions !

-Oui bien sûr, prend-la ! Fait attention au bouton sur le côté droit, il fait sortir des piques de la balle.

Lui tendant sa création, Kit reprit de plus belle :

-On fabrique toutes sortes d'objets avec mon papa. A la fin, il les ensorcelle et les rend unique, j'adore ça ! C'est tellement amusant.

Emilien saisit la balle, et observa avec attention les mécanismes à l'intérieur. Après quelques instant, il sourit. Il voulu rendre la balle à Kit, mais l’objet lui échappa des doigts. D'un geste vif, il la rattrapa avant qu'elle tombe sur le sol. Oh mon dieu, Kit avait senti son sang se figer d'un coup ! Devant le sourire gêné d'Emilien il essaya de dissimuler son effroi.

-Ah ouais, ça y était presque hein, beau rattrapage dis donc.

Une fois la balle récupérée sans soucis, Kit pu souffler de soulagement. Pfiiiou ! On était passé très proche de la catastrophe. Il la rangea délicatement dans la sacoche.

- En tout cas c'est trop cool, continue à fabriquer des trucs magiques ! Lui lança le Gryffondor. On rentre au château ?

- Je pense que je vais rester encore un peu, admit l’enfant à la chevelure de feu.

Emilien haussa les épaules.

- Comme tu voudras ! Lâcha t-il, un sourire jovial réapparaissant sur ses lèvres encore juvéniles.

Lentement le blond s’éloigna, entamant sa longue route jusqu’à la vieille bâtisse qui se dressait au loin.

Mais Kit n’en avait pas finit avec ses créations. Au contraire, le voilà qui avait décidé de se lancer de plus belles, galvanisé par les réactions positives de son ami de la maison rouge. Rangeant soigneusement la Ballrang dans sa sacoche de cuir, il s’empressa ensuite de s’emparer de rouages, boulons et de nombreux petits outils soigneusement rangés et étiquetés, puis commença à les assembler de manière stratégique et consciencieuse, de la même manière que lui avait montré son père. Il rêvait d’ailleurs de finir ce nouvel accessoire avant de rentrer auprès de ses parents, mais sans eux, la tâche était bien plus difficile...

Trop concentré dans sa minutieuse conception, le jeune garçon ne vit pas l’ombre qui se dessina dans son dos. Quelqu’un l’observait, quelques mètres plus loin, dans le plus parfait des silences. La voix d’une femme pourtant, le sortit de ses pensées et de son occupation.

- Que faites-vous, jeune homme ?

Et tandis que le dernier se retourna dans un sursaut d’étonnement, il découvrit avec stupeur la grande, charismatique mais surtout très effrayante Lucie Black, professeure de Divination et directrice de la maison Serdaigle.

Un tas de question assaillirent le première année. Pourquoi lui parlait-elle à lui ? Avait-il fait quelque chose qu'il ne fallait pas ? Puis, il ordonna à son esprit de se ressaisir. Il ne pouvait pas rester muet comme une carpe devant cette sorcière de talent dont ils partageaient la maison tout de même !

Bon... Il fallait faire comme si de rien n'était, il ne devait surtout pas attirer de problèmes dès le premier jour ! Il devait la jouer finement et tout rentrerait dans l'ordre ! Il pouvait le faire ! Il prit une grande respiration de bravoure avant de répondre :

- Je... C'est à dire que je... bricolage...
C’était absolument nul. Voilà ce qu’il songea. Sa phrase n’avait aucun sens et frisait le ridicule.

- Il fait beau ce soir ?

La météo... Il avait rien trouvé de plus stupide à ajouter pour terminer ses propos imbéciles et dénués de sens.

Face à lui, l’enseignante haussa un sourcil circonspect.

- Ce que vous me chantez là n'a que peu d’intérêt, lâcha t-elle d’une voix neutre. J'ose espérer que vous avez autre corde à votre arc que l’art oratoire car vous y manquez manifestement de talent...Maintenant trêve de parole inutile, voulez vous bien être intéressant et me montrer ce qu'il y a dans cette sacoche ?

Devant l’intérêt de la femme pour le contenu de sa sacoche, le visage juvénile de Kit s’illumina, laissant transparaître toute la fougue et la passion propre à sa jeunesse. Il en sortit alors l’intégralité du contenu avec précipitation et, bien qu'il était sans grand secret de nature maladroite, s’empara de chaque objet avec des gestes précis et assurés.

Devant lui, il plaça à gauche les rouages de toutes tailles et de toutes formes, en face de lui diverses petites pièces aux utilités multiples et sur sa droite ses outils triés du plus petit au plus grand. Encore plus loin, Kit déroula soigneusement des parchemins parsemés de notes et d'inscriptions plus ou moins soignées. Tout en attrapant sa balle Boomerang inachevée entre ses doigts, l'enfant expliqua avec entrain et précision l'utilité des différentes pièces.

Le concept final était simple et basé autour d'un sort tout aussi facile : l'Accio. En lançant la balle dans n'importe quelle direction, elle serait sensé revenir vers le gant du lanceur. Tout en parlant, Kit lançait des regards enjoué à la femme qui le dardait de son intense regard émeraude en conservant un silence absolu.

- Et bien..., déclara t-elle pensive.

Sans qu’elle ne prévienne, il vit Madame Black se détourner un instant, pour fixer un point dans le vide pendant de longues secondes. Puis les prunelles du professeur semblèrent se raccrocher à l'existence et elle se tourna de nouveau vers Kit, qui crû apercevoir une lueur dans ses yeux.

Elle s'adressa finalement au garçon, d'un ton plus doux qu'à l'habitude, un début de sourire sur ses lèvres si souvent scellées.

- Et bien je pense que nous ferons quelque chose de vous, monsieur Kross.

Elle s’en alla alors sans autre forme de procès vers le château, une once de tristesse nichée dans ses prunelles sinople, laissant sur cette phrase un petit Kross quelque peu remué par la situation qu’il venait de vivre.

Néanmoins, une idée des plus saugrenues pourtant peut-être des plus évidentes naquit dans l’esprit vif du rouquin. Il n’était absolument pas certain que son plan arrive à terme, mais s’il n’essayait pas, le jeune inventeur ne pourrait jamais savoir !

Prenant son courage à deux mains, il se hissa avec maladresse sur ses pieds, reprenant en toute hâte l’intégralité de ses affaires, avant de pourchasser avec ambition la professeure dans l’étendue verte de la plaine.

-Madame ! Attendez ! S’époumona t-il, tentant malgré tout de rester poli et respectueux. Je suis désolé de...Vous déranger encore une fois mais je voulais savoir si...C’était possible de m’aider.

La femme ne ralentit pas une seconde, ne jeta pas un regard vers Kit, et tout dans son attitude laissait présager qu'elle n'avait rien entendu. Pourtant, sa voix s’éleva, ravivant l’espoir du jeune Serdaigle.

- Je vous écoute, Monsieur Kross.

Et tandis qu’il peinait à suivre l’allure précipitée de son aînée, Kit s’expliqua d’un ton timide, sortant de sa sacoche un nouvel objet, prénommé depuis peu P-7, qu’il tendit de toute la longueur de son bras vers le visage impassible de la maître de Divination.

- Voilà...J’ai mis au point un piège pour animaux et il me faut un sorcier puissant pour l'achever. Ou une sorcière hein, ça marche très bien aussi. Juste deux trois sorts madame. S’il-vous- plait.

La professeure, toujours lancée dans sa marche, regarda tout à coup le jeune homme de ses profonds yeux verts. elle qui paraissait si pressé l'instant d'avant, s'adoucit quelque peu, permettant au garçon de lui exposer un peu plus sa toute dernière création.

- Deux ou trois sorts ? Pour un piège pour animaux ? Tu viens abuser de mon temps pour cela ? Est-ce que même tu sais ce dont tu as besoin jeune homme ?

En son for intérieur, Kit sentit l’hésitation s’emparer de lui. Non, il ne savait pas exactement. Zut, zut, zut, il aurait dû faire des recherches plus poussées avant de venir ! Mais le garçon ne se démonta pas face à la figure d’autorité à ses côtés.

- Si c'est possible, je n'aurais besoin que de deux enchantements : Un qui attire les petits animaux ou qui les appelle. Je ne sais pas trop ce qui est faisable... Mon papa m'avait dis que ça marchait mieux avec un réceptacle alors j'ai placé une sphère sur un des côté. Et il me faudrait un autre charme sur les barreaux pour rende le P-7 moins visible. Vous pensez que ce serait possible ?

Une nouvelle fois, il eu comme toute première réponse un haussement de sourcil de la part de Madame Black. Il ne savait pas véritablement si elle exprimait du dédain ou de l’intérêt, cependant, il voulu se persuader que c’était en effet de l’intérêt. Le contraire aurait été douloureux après tant d’effort pour faire sa demande.

Il vit la femme se concentrer un instant sur l’objet, puis sortant de sa brève contemplation, lui répliqua :

- Jeune homme, je me doute que vous souhaitiez voir de la belle magie, mais ce n'est pas en demandant aux autres de faire les choses à votre place que vous réussirez. Ces enchantements sont bien trop complexes pour vous mais cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas parvenir à vos fins par vous même. Allez ! Par pitié faites preuve d'intelligence et attrapez quelque chose seul, revenez me voir quand ce sera fait. Nous reparlerons quand vous aurez fait vos preuves.

La femme clôtura son discours en réajustant sa cape, dévoilant alors aux yeux verts de Kit une lettre qu’elle tenait dissimulée dans sa main, normalement rangée dans les plis de son vêtement. Elle s’empresse de ranger l’enveloppe, cependant le garçon à le temps d’apercevoir le sceau apposé sur cette dernière : il s’agit d’ une licorne surmontée d'un oeil.

Étonnement, il s’était attendu à ce qu’elle lui accorde une réponse de ce genre, mais il n'en fut pas moins déçu... Ça pouvait sembler stupide mais il avait cru un instant avoir une connexion avec la femme, qui, sans un mot, commença à reprendre sa route, abandonnant sur place le première année égaré dans sa réflexion.

Argh. L'absence de réponse et le dédain prolongé de la professeure avait eu raison de sa patience ! La frustration dû à une curiosité non assouvie avait fait monter en lui des sentiments contraires, partagés entre tristesse, blessure et des pulsions de

colère. Il avait essayé d'être gentil ! Il avait essayé de demander sans s'imposer ! Il avait essayé ! Et puis mince quoi, c'était pas la fin du monde qu'il demandait ! Deux petits sorts de rien du tout...Il était certain qu'elle s'en faisait une dizaine au petit-déjeuner ! MINCE, MINCE, MINCE ! Et bien si c'était comme ça, il allait lui montrer ! Tant pis, il agirait sans son aide et lui prouverait qu'il savait se débrouiller seul ! Décidé comme jamais, Kit rangea le P-7 dans son petit sac de cuir puis se dirigea à toute vitesse vers les abords du Lac Noir afin de se mettre en chasse.

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