Une réaction disproportionnée.

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Ce matin là, la patience de Véréna avait été mise à rude épreuve; elle n’avait pas eu une seule minute de répit, une bande de lycéens la pourchassait, lançant à ses trousses une meute de railleries et de sarcasmes. Ses yeux la brûlaient, à force de retenir les larmes qui ne demandaient qu’à déferler sur les joues rosies par le frimas, mais elle ne voulait pas s’abaisser à pleurer devant eux, elle ne leur ferait pas ce plaisir. Chaque parcelle de chagrin se transformait en fureur, laquelle grandissait en son for intérieur, grondait; pour finir, menaçait d’exploser. Véréna sentait bien ce flux de violence, mais, de toutes ses forces, elle voulait le retenir; sachant que jamais elle ne saurait contrôler ses coups si - par malheur - elle venait à perdre son sang-froid. C’était sans compter l’extrême détermination de ses assaillants qui, ravis d’avoir trouvé un tel souffre-douleur, s’en donnaient à cœur joie. L’un d’eux, Sébastien, membre de l’équipe régionale de natation, allait rejeter Véréna jusqu’aux extrêmes limites de sa tolérance et de sa compréhension. Après avoir passé sa matinée à la torturer, profitant que le prof avait le dos tourné, il commit la grossière erreur de pousser plus loin sa tentative d’intimidation. Alors que la jeune lycéenne lisait tranquillement -comme à son habitude- dans la grande cour goudronnée, Sébastien s’approcha lentement, l’air angélique, les mains négligemment fourrées dans ses poches; mais, furtivement, il lui arracha le livre des mains et le balança dans une grande flaque d’eau boueuse. Le livre avait été jeté avec tellement de violence que la couverture s’était détachée des feuilles reliées et se détrempait misérablement; le titre était déjà illisible. Refoulant aussitôt ses larmes, Véréna sentit monter en elle une rage aveugle, une colère sans précédent, contre laquelle elle ne pouvait rien faire; personne n’aurait pu imaginer quelle fureur s’était emparée d’elle, à côté, la foudre eût été sans danger. Promptement, elle se leva et, sans dire un mot, sans prendre le temps de regarder autour d’elle; bondit sur Sébastien avec une violence inouïe. Pareille à une lionne en chasse, elle avait attaqué par derrière, pour mieux briser la résistance de son adversaire, qui - sous la surprise - chancela, avant de se retrouver à terre, immobilisé par une poigne vigoureuse, ignorant de surcroit, qu’elle fut féminine. Les premiers coups s’étaient mis à pleuvoir sur la tête et sur le dos du malheureux, qui n’avait toujours pas compris comment il était passé de la position debout à la position couché.

Bien vite, une masse de spectateurs s’était formée; pensez-donc, une bagarre au lycée Pierre Mendès-France, qui plus est, entre une fille et un garçon, on ne voyait pas ça tous les jours; surtout quand la fille a l’avantage. Mais, un tel attroupement ne pouvait rester ignoré, et deux surveillants intervinrent; ils durent - tout d’abord - faire reculer les curieux qui s’étaient amassés autour des deux “belligérants”. Les deux adultes étaient maintenant tout près de Véréna et de Sébastien; l’un d’eux attrapa fermement Véréna par le bras et la repoussa, tandis que l’autre aidait Sébastien à se relever. Ce dernier, essoufflé, le visage pourpre s’appuya contre l’épaule du surveillant, il semblait secoué, mais était surtout très vexé d’avoir été rossé par une fille. C’est alors que Frédéric, le surveillant, manquant de retenue, perdit son calme et gifla Véréna :

“ Tu es complètement folle, qu’est-ce-qui t’a pris !”

Véréna, médusée, ne put répondre; portant la main à son visage endolori, où s’inscrivaient les traces de doigts, elle prit ses affaires et partit en courant.

“ Tu ne perds rien pour attendre, tu auras de nos nouvelles”, lui lança néanmoins Frédéric.

N’ayant pas détourné la tête, Véréna n’avait pas tout entendu; mais les quelques paroles, qu’elle avait perçues, ne l’avaient point rassurée. Sébastien s’en tirait admirablement bien; quelques égratignures; rien de bien méchant; mais il allait la faire punir et cela devait certainement le faire jubiler. S’efforçant de chasser tout cela de son esprit, elle disparut dans la salle d’allemand.

“Tu pourrais dire bonjour, hé Véréna, je te parle”, s’exclama monsieur Bäcker, surpris de cette intrusion.

- Excusez-moi monsieur, je ne vous avais pas vu; parvint-elle à articuler, des sanglots plein la voix. Peu habitué à cette voix déchirée, il s’inquiéta :

“ Ça ne va pas ?

- Si, si, très bien”, mentit-elle; elle n’avait nulle envie de s’expliquer, d’avouer que le surveillant l’avait giflée. Faisant preuve d’une grande opiniâtreté, Monsieur Bäcker revint à la charge :

“ Mais regarde-moi, pourquoi est-ce-que ta joue est rouge ? Tu t’es battue ?

- Vous voulez tout savoir ? Frédéric, le surveillant, m’a donné une claque.

- Et pour quelle raison, demanda le professeur; il n’imaginait pas Véréna Scheller, recevant une gifle d’un surveillant.

- J’ai flanqué une raclée à un garçon du lycée.

- Tu as quoi ?, répéta-t-il estomaqué; décidément, il allait de surprises en surprises.

- Oui, vous avez bien compris, je me suis battue avec un garçon.

- Alors, c’est bien toi qui est responsable du vacarme que j’ai entendu tout à l’heure ?

- Oui, c’est moi.

- Veux-tu en parler, m’expliquer ce qui s’est passé, l’invitant à se confier.

- Hum, hum. Et bien voilà, je lisais tranquillement quand Sébastien est venu, il m’a arraché le livre des mains et l’a balancé dans une flaque d’eau.

- Et tu lui as sauté dessus !

- Exactement. Je n’ai pas pu me contrôler. Mon livre est complètement trempé, et il vient de la bibliothèque. Je vais avoir des ennuis.

- Je ne pense pas qu’ils t’en voudront. Ils savent que tu as beaucoup de respect pour les livres.

- J’espère qu’ils s’en rappelleront. Sinon, je risque d’être renvoyée.

- Tu ne crois pas que tu exagères ? Pourquoi pas la pendaison, pendant que tu y es. Tu risques 2 heures de retenue pour la bagarre, et encore, ce n’est même pas certain.

- Comment pouvez-vous en être aussi sûr ?

- Mais parce que le censeur te connaît; il sait que tu es sérieuse, il te trouvera des circonstances atténuantes”.

Véréna ne répondit rien; elle se répétait - pour elle-même - les paroles réconfortantes de monsieur Bäcker, cherchant à s’en persuader. Heureusement que leur petite conversation s’était arrêtée, car les premiers élèves arrivaient, plus ou moins motivés, quelque peu inquiétés : monsieur Bäcker devait rendre les copies du dernier devoir. Ils eurent tôt fait de remarquer que Véréna était déjà là; et ils se mirent à la dévisager, essayant de percevoir ses réflexions. Les remarques de tout genre fusaient autour d’elle :

“T’as vu, sa joue est rouge.

- C’est normal, elle a pris une baffe.

- Oh, si vous aviez vu ce qu’elle lui a mis.

- Eh, banane, on y était. On a tout vu.

- Dites, je ne vous dérange pas; on peut commencer le cours ?, les interrompit monsieur Bäcker, venant, sans le savoir, au secours de Véréna; dont la tête vrombissait sous les commentaires. Elle ne voulait plus rien entendre, disparaître sous des montagnes de terre; pour ne plus être montrée du doigt. Le cours se poursuivit dans le calme, monsieur Bäcker rendit les copies du devoir; lorsqu’il posa la feuille quadrillée devant Véréna, il parvint à la faire sourire. Elle avait eu 16/20. Ce fut d’ailleurs la seule chose qu’elle annonça à ses parents; elle ne voulut pas leur raconter la terrible scène; il serait bien tant de les mettre au courant, au cas où elle écoperait des deux heures de retenue.

Suite à cette altercation, Véréna fut - comme on lui avait annoncé - convoquée, non pas par monsieur le censeur, mais par son professeur principal, monsieur Flaminchôt. Il était responsable des élèves, de leur travail et, de leur attitude; parfois, il était amené à régler certains problèmes de discipline. Toujours est-il qu’il était apprécié pour sa franchise et sa disponibilité; malgré une voix autoritaire, il se montrait bien souvent indulgent. Au moment de frapper à la porte de son bureau, Véréna comptait fort sur cette clémence tant de fois mentionnée; elle espérait sincèrement que ce trait de caractère s’appliquerait également à elle. Elle ferma les yeux, respira profondément et frappa à la porte : trois coups brefs, qui se voulaient francs et énergiques.

“Oui, entrez”.

Véréna franchit le seuil de la porte, pour se retrouver dans une petite pièce noyée par la clarté du soleil, une certaine chaleur, rassurante, douce, envahissait l’espace. Dans ce décor orangé, Véréna se sentait à l’aise; toujours à l’affût des moindres remarques concernant l’art, les couleurs et leurs symboliques, elle avait - un jour - appris que l’orange était une teinte chaude, propice au travail et à la concentration. Au mur, étaient accrochées différentes affiches qui annonçaient, qui un colloque littéraire, qui une représentation théâtrale; ces grandes feuilles - dont les lettres immenses attiraient instantanément le regard - recouvraient de larges pans du mur. Véréna reconnaissait bien là les passions de son professeur de lettres, passions qu’il ne pouvait nier et dont il abreuvait copieusement ses élèves.

Monsieur Flaminchôt travaillait sur l’ordinateur, de telle sorte qu’il tournait le dos à Véréna; ayant entendu que quelqu’un avait frappé, il ferma son fichier et accueillit Véréna :

“Ah, bonjour Véréna, je t’en prie assieds-toi.

- Merci, fit la jeune fille, rassurée, en prenant place. Le ton sur lequel monsieur Flaminchôt avait parlé ne laissait paraître nulle trace d’irritation.

- Je suppose que tu sais pourquoi tu es là, demanda-t-il après une courte pause, pendant laquelle il avait quelque peu dévisagé sa jeune élève.

- Oui monsieur, s’entendit-elle répondre.

- Bon, je n’ai pas assisté à la scène, les surveillants m’ont raconté ce qui s’était passé. Entendons nous bien; je ne suis ni contre toi, ni pour toi; je m’efforce de rester neutre. Pour moi, il ne fait pas l’ombre d’un doute que tu es une élève sérieuse et disciplinée; pourtant tu risques une sanction pour t’être battue. Alors je voudrais bien comprendre ce qui se passe dans ta tête. Tu es quelqu’un de bien taciturne, de renfermé - j’entends dans tes relations avec les autres - je ne t’ai jamais vu sourire ou bavarder dans la cour. Tu es toujours seule, ce n’est pas normal.

- Ce n’est pas de ma faute.

- Je ne t’accuse pas; j’essaie de comprendre les raisons de cette bagarre car je sais que tu n’as pas un tempérament offensif. Ce serait plus simple, et je ne me poserais pas tant de questions ”; rétorqua-t-il.

Mais, tout en disant cela, il se passa la main dans les cheveux; incontestablement, il ne savait que faire. Il devait punir Véréna, elle méritait tout simplement les deux heures de retenue prévues par le règlement intérieur. Par ailleurs, en se référant à ses études de psychologie, il cherchait à décoder le message caché derrière ce comportement qu’elle avait eu. Ce n’était pas son genre de boxer des élèves.

“ Alors, reprenons, est-ce que tu t’es défendue, ou bien as-tu foncé sur Sébastien ? Ma décision viendra de ce que tu vas me répondre. Il va de soi que j’attends la vérité.

- Je ne l’ai pas attaqué, mais je n’ai pas le droit de dire que je me suis défendue. Sébastien m’a pris le livre que je lisais et l’a jeté dans une flaque d’eau. C’était un livre que j’avais emprunté à la bibliothèque, alors cela m’a rendu furieuse et je n’ai pas su me contrôler.

- Il est justement là, le problème; tu as répondu par des coups; c’est grave. Tu as perdu ton calme et tu as passé tes nerfs sur Sébastien, rejetant sur lui toutes les invectives dont tu avais été victime. Je ne peux laisser passer cela; tu mérites une sanction.

- Faites ce que vous avez à faire, mais ce n’est pas juste. Ils m’ont tous pris en grippe; tous les efforts que je fais, ça ne sert à rien. Qu’est-ce-qu’ils veulent ? Vous pouvez me le dire ? Moi, je ne leur ai jamais rien fait. Tenez, je n’arrive même plus à les ignorer; je ne sais pas quoi faire.”

Véréna avait dit cela d’une traite, sans prendre le temps de respirer, de crainte d’être interrompue ou de perdre le fil de ce qu’elle avait sur le cœur. Curieusement, elle s’arrêta de parler, lorsqu’elle remarqua que monsieur Flaminchôt l’écoutait avec attention; c’était la première fois que quelqu’un prêtait une oreille attentive à ces problèmes. Les rares fois où elle s’en était remise à quelqu’un, elle n’avait recueilli que moqueries mouillées d’acide et mépris. Alors, depuis, elle ne pouvait croire qu’enfin quelqu’un put s’intéresser à elle.

“Écoute Véréna, ne crois pas que je me moque de toi; je comprends ta peine; ce ne doit pas être facile à vivre. Je sais que le problème ne vient pas de toi; mais, que veux-tu, tu es trop déroutante pour les autres. Et crois-moi, cela ressort plus de la jalousie; mais ils ne veulent pas le reconnaître; alors, ils ont fait de toi un bouc émissaire. Dans ce cas là, j’ai vraiment du mal à prendre une décision; je suis le premier à dire que ceux qui règlent leurs problèmes par la violence méritent des sanctions exemplaires; mais, en ce qui te concerne, je ne peux pas être aussi catégorique et je pense que...”

Il ne put poursuivre sa phrase, quelqu’un frappa à la porte.

“Oui, entrez.”

- Salut, Dominique, excuse-moi de te déranger; j’aurais besoin de ton rétroprojecteur; le mien vient de rendre l’âme; s’expliqua Reinhold Bäcker, le professeur d’allemand.

- Décidément, c’est la loi des séries, c’est le 4° qui lâche. Enfin, vas-y, prends le mien, ironisa Dominique Flaminchôt.

- Je te remercie, fit-il en se retournant pour sortir; en poussant la petite table sur laquelle était posé l’appareil.

- Heu, attends, Reinhold; est-ce-que tu peux m’accorder deux petites minutes ?

- Bien sûr.”

Les deux professeurs sortirent dans le couloir, en prenant bien soin de refermer la porte derrière eux; précaution bien inutile, puisque Véréna savait parfaitement qu’ils allaient disserter sur son compte. Silencieuse, ne bougeant pas de sa place, Véréna restait la même : et cette attitude prouvait bien qu’elle n’avait pas agi par mauvaiseté; tout autre lycéen en aurait profité pour détaler sans demander son reste; Véréna n’était pas comme cela, elle était décidée à assumer les conséquences de ses actes.

Sur le pallier de la porte, les deux collègues s’entretenaient sur la conduite à observer en ce qui concernait leur élève.

“Dis-moi, Reinhold, est-ce-que Véréna t’a parlé de la bagarre ?

- Oui, le jour même où c’est arrivé; elle est venue se réfugier dans la classe, sans doute pour échapper aux commentaires que son attitude n’avait pas manqué de provoquer. Elle m’a raconté ce qu’il s’était passé; j’ai été très surpris. Ce n’est pas du tout son genre de passer à tabac les élèves.

- C’est aussi ce que je me suis dit. Et quand on l’écoute, on peut comprendre pourquoi elle l’a fait; mais peut-on pour autant l’excuser ?

- Écoute, moi, ça me fait du mal de la voir tout le temps toute seule dans la cour; c’est vrai qu’ils sont toujours en train de lui chercher des noises. J’avoue comprendre qu’elle ait craqué; alors, si tu le permets; je voudrais proposer quelque chose; glissa Reinhold Bäcker.

- Je t’en prie, c’est d’ailleurs pour cela que je t’ai demandé ton avis, répondit son interlocuteur.

- Voilà, je pense sincèrement qu’il faudrait fermer les yeux pour cette fois, en lui recommandant - cependant - de ne plus se laisser aller. Et, crois-moi, vue la violence de sa réaction, elle va être tranquille un bon moment.”

- Je suis d’accord avec toi; merci pour ton aide”, lança Dominique Flaminchôt. Maintenant, il était soulagé; il avait pris sa décision en son âme et conscience; et il saurait se justifier si on devait lui demander des comptes. L’esprit léger, il retourna dans son bureau, referma la porte; s’asseyant près de Véréna, il étudia l’expression de son visage; elle semblait très calme, attendant les paroles qu’il allait prononcer. Maintenant, elle allait être fixée; allant savoir si elle avait droit à l’indulgence de son professeur.

“ Voilà, j’ai discuté avec ton professeur d’allemand; et nous sommes tombés d’accord sur un point : ce ne serait pas bien que tu soies sanctionnée; nous sommes partis du principe que ton geste, aussi regrettable soit-il, c’était de la révolte pure, un signe d’exaspération; comme il nous arrive d’en avoir. Tu as parfaitement le droit d’être énervée; mais il faut arriver à se maîtriser. Alors, pour cette fois, il n’y aura pas de sanctions; je veux juste que tu me promettes de faire un effort pour te contrôler. Tu es suffisamment intelligente pour leur clouer le bec, sans pour autant leur taper dessus. On est d’accord ?

- Oui monsieur. Je vous promets que cela ne se reproduira plus”.

Véréna ramassa ses affaires, se tourna une dernière fois vers son professeur, et s’apprêtait à sortir, lorsqu’il la retint :

“ Bonne chance, Véréna.

- Merci, monsieur”.

Véréna avait parfaitement bien compris la leçon; d’ailleurs, comme l’avait pré-senti monsieur Bäcker, elle n’allait plus avoir besoin de se battre. Sa réaction avait inspiré quelques inquiétudes et lui avait valu le respect, provisoirement du moins. Plus personne ne vint la narguer, et - ainsi - elle pouvait déambuler dans le lycée sans être importunée. Et les jours passaient, les semaines succédaient aux semaines, et elle restait pareille à elle-même : passionnée, généreuse, amoureuse de la vie, littéraire assoiffée et studieuse. Autour d’elle, elle connaissait d’autres filles qui, comme elles, étaient persécutées : une pour un léger embonpoint, l’autre pour un défaut de langage et la troisième pour ses origines vietnamiennes. Très vite, elle leur avait offert son amitié; et, toutes ensembles, soudées, elles se soutenaient, formant une carapace assez solide pour résister aux attaques. Véréna avait décidé de se rapprocher de ces lycéennes, tout comme elle rejetées, elle s’en était fait la promesse, le jour où elle s’était mal comportée, ayant agi comme une imbécile, cruelle et ignoble, bref, comme une salope. Elle avait fait pleurer son amie d’enfance, la traitant de “grosse vache”. Tant de mesquinerie gratuite et inconsciente; et tout cela pour quoi ? Pour plaire à une bande de collégiennes; 5 ou 6 petites pestes insolentes, mal habillées et vulgaires avaient fait croire à Véréna qu’elle pourrait être des leurs; la pauvre Véréna, flattée et naïve, aurait alors vendu père et mère pour être acceptée par ce clan sectaire. Voilà dans quelles circonstances elle avait - au nom du conformisme - insulté sa seule vraie amie. Mais, lorsque l’Amie avait éclaté en sanglots, Véréna avait eu soudain honte; elle s’était dégoûtée, se jugeant indigne de l’amitié de sa copine, laquelle avait aussitôt pardonné, en apprenant pourquoi elle avait agi ainsi. Et dans son cœur, il y avait toujours une place pour cette anecdote; pour les jours où elle aurait pu, de nouveau, se laisser tenter par les mauvaises fréquentations qui ne font que du mal.

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