La Dame, Moi & Lui

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Ma Maîtresse nous mène au donjon.

Lui tenu en chaine, moi par la main. Je suis fasciné par ses ongles aussi rouges que les griffures qu’elle aime infliger à ma chair. Ou plutôt, je m’y concentre pour chasser la nervosité qui me gagne. En vain. Je m’apprête à faire quelque chose que je n’ai encore jamais encore vécu, et l’inédit me terrifie.

Elle prend place sur le large lit drapé de satin, à l’ombre de la croix de St-André frappée de son nom : « La Dame ». Du doigt, elle lui fait signe de se déshabiller. Lentement. Comme elle aime. Il s’exécute en gestes mal assurés. Il est au moins aussi nerveux que moi. Probablement plus encore. Ma Maîtresse ne l’a pas choisi vierge sans raison.

Sa chemise glisse le long de son corps aux muscles déliés. Il a un physique fin et puissant de coureur de fond, et je ne peux chasser le mot « éphèbe » de mon esprit, aussi cliché soit-il. Son effeuillage s’achève sur un string en dentelle qui ne cache rien de ses fesses rebondies. Je ne suis pas surpris de ce curieux choix vestimentaire. Bien que je n’en partage pas le goût, La Dame apprécie l’humiliation. D’une traction de la chaine à son cou, elle l’installe à genoux à ses pieds.

J’approche à mon tour. Elle me dévore du regard et je me sens fort. Je le sais, elle n’aurait aucun mal à choisir qui elle désire, mais le miracle a voulu que ce soit moi qui l’attire. Sa robe noire moule la volupté de ses formes. Des formes dont je connais les courbes autant qu’elle connait chaque levier de mon désir, chaque déclencheur de mes frustrations et chaque envie que je ne m’avoue pas. Une fermeture éclair savamment baissée dévoile en partie la chair lourde de sa poitrine. Elle ne porte aucun sous-vêtement. À quoi bon avec de tels seins ?

Alors qu’elle déboutonne ma chemise, j’aventure mes mains dans l’échancrure de son décolleté. Je suis le seul homme autorisé à la toucher ainsi. Un privilège que je chéris. De mes mains qui me paraissent soudain trop petites, j’épouse le galbe de ses seins pleins, j’en comprime la chair laiteuse d’une élasticité parfaite. Ses tétons glissent contre mes paumes et elle frémit. Sa poitrine sensible est une inépuisable source de plaisir mutuel. Perdu dans ces délices tactiles, je remarque à peine mon pantalon glisser le long de mes jambes. À vrai dire, je ne reprends conscience de mon corps qu’au moment où ses doigts fins extirpent de mon boxer mon membre tendu et parfaitement glabre, rasé selon ses instructions.

Elle m’introduit dans sa bouche et je manque de jouir, là, tout de suite, comme un amant trop fébrile. Mais elle n’a pas l’intention de me laisser commettre une telle erreur. Sa main serrée à la base de mon sexe, elle fait danser sa langue autour de mon gland. Ses lèvres en épousent parfaitement les contours alors qu’elle me fait glisser plus loin en elle. Je remarque avoir retenu ma respiration à l’instant où elle libère ma verge de ce délicieux avant-goût. Elle m’adresse un sourire humide, irrésistiblement érotique, puis me fait signe de m’allonger sur le lit.

Je m’étends sur les couvertures de satin. Elle s’approche à quatre pattes, comme une chatte. Non, comme une tigresse. Elle se tourne pour m’offrir la vision de ses fesses charnues que sa robe souligne plus qu’elle ne dissimule. Cette futile protection m’agace. Ma main remonte sur ses jambes, jusqu’aux hanches, sans aucun obstacle pour l’arrêter. Je repousse le tissu au fur et à mesure. Entre ses cuisses, la fente de son sexe soulignée par une toison aussi blonde que ses cheveux est déjà moite de désir. Je n’ai qu’une envie, en lécher le clitoris puissant lové au sommet de ses lèvres humides.

Elle le sait. Elle me connaît par cœur.

Ses jambes passent au-dessus de ma tête. Accroupie de part et d’autre de mon torse, elle s’assoit sur ma bouche, son bassin cambré pour m’offrir son sexe. J’y plonge la langue sans hésitation. Dessus. Autour. Dedans. Je m’étouffe presque dans ses chairs dont le désir humide me huile le visage. Je goûte à la saveur capiteuse de sa mouille. Je sais que j’en garderai l’odeur de longues heures après. Je m’en régale d’avance.

En aveugle, je palpe l’avant de sa robe pour en tirer la fermeture. Les pans s’écartent. Presque pour me rassurer, j’agrippe les seins lourds offerts. Leur poids presse délicieusement contre mes paumes. Ma Maîtresse gémit. De plus en plus fort.

Elle tire sur la chaine. Le cliquetis de l’acier s’accompagne d’un poids qui fait giter le matelas.

C’est le moment. L’angoisse revient.

J’ai hésité. Longtemps. Qu’est-ce qui m’a décidé à me lancer là-dedans ? Le fait de concrétiser un des grands fantasmes de ma Maîtresse ? Après tout, je ne connais rien de plus grisant que d’alimenter la brutalité de son excitation, l’animalité de son désir. Mais ce n’est pas l'unique raison. Quelque chose d’autre m’a fait basculer. Je ne suis juste pas sur de savoir quoi. Une étrange forme de fierté à l’idée de faire quelque chose que d’autres n’auraient pas le cran de tenter ? Le plaisir d’adresser un pied de nez aux préceptes religieux inculqués dans mon enfance et qui ont enchainé mes désirs pendant si longtemps ?

Toutes ces vaines tentatives d'explication s’envolent aux premiers coups de langue. Ceux assurés le long de ma verge, et ceux plus timides sur mes testicules. J’entends ma Maîtresse lui donner des instructions. « Plus doucement. », « Le long là. », « Applique-toi. » et sans bien comprendre pourquoi, cela m’excite plus encore.

Je n’aurais jamais cru ressentir de plaisir s’il provenait d’un autre homme. Je ne pensais pas pouvoir l’apprécier. Ils ne m’ont jamais attiré. L’idée d’être intime avec eux me dégoutait presque, comme une pensée tellement alien que mon cerveau la vomit. Mais les injonctions stupides de la société, les qu’en-dira-t-on, les « ça va je suis pas un pédé » ancrées malgré moi par les médias, les gens, les cons, disparurent, emportées par le tourbillon de plaisir des langues sur ma verge.

À en croire l’afflux d’humidité qui manque de m’étouffer, forcer deux hétéros dans cette situation excite La Dame plus encore que dans ses fantasmes.

Je la lèche et ils me lèchent. Grisé par l’idée que deux personnes se dédient à mon plaisir, je perds rapidement l’ordre des choses. Il joue avec mon sexe dans sa bouche, elle fait glisser sa langue le long de la base. À moins que ce ne soit l’inverse. Elle fait rouler mes testicules entre ses lèvres, il m’enfonce jusque dans sa gorge. Ou vice-versa ? Qu’importe.

J’entends ma Maîtresse murmurer « Voilà, c’est très bien, plus profond, comme ça. », et je sais, je le sens, qu’elle lui presse la tête contre mon sexe pour l’obliger à me prendre complètement. Mon gland se comprime dans le puissant étau de la gorge forcée. Il se retire pour reprendre son souffle. Ma Maîtresse prend le relais. Ses gémissements s’intensifient et les mouvements de ses hanches se font plus longs, plus profonds. Je sens le point de non-retour approcher. Mais je ne peux pas jouir, pas avant elle, et certainement pas sans son accord. Alors je gémis « Pitié Maîtresse, pitié. » comme elle me l'a ordonné. Ses va-et-vient cessent. Elle m’autorise à reprendre mes esprits. Pas longtemps. Au sommet d’une longue inspiration, avant que je ne retrouve un semblant de contrôle, elle reprend. Je m’étrangle sur un gémissement.

Son souffle retrouvé, il s’associe à la douce torture à coups de langue rapides sur mes testicules de plus en plus sensibles. De mon côté, je lèche encore et encore le clitoris offert. Ma Maîtresse imprime son rythme de puissants mouvements de bassin. Elle cri, halète, son souffle s’accélère. Puis, soudainement, elle cesse de faire le moindre bruit ; son corps tendu comme une corde au bord de la rupture. Elle reprend une inspiration brutale et puissante qui caresse ma verge. Une main agrippée fermement à ses hanches, l’autre à un sein, je ne la laisse pas s’échapper. Ma langue poursuit son sexe jusqu’aux confins de son plaisir.

Elle a joui.

Comme en récompense, elle me prend profondément. Le signal est clair. La syncope de mon plaisir monte et cette fois, je ne fais rien pour l’endiguer. J’inonde sa bouche en longs jets saccadés. Sa langue s’applique à pousser ma jouissance plus loin encore, presque jusqu’à la douleur.

Bercé par cet épuisement qui rend neuf et fort, je la vois lui agripper les cheveux pour forcer sa tête en arrière. « Ouvre », ordonne-t-elle, impérieuse. Penchée au-dessus de lui, elle laisse le sperme s’écouler en longs filets dans sa bouche. Mon sperme putain ! Je ne sais pas pourquoi cette pensée m’excite autant, mais bon sang qu’elle m’excite. Docile, il avale tout.

Elle l’enjoint à s’allonger sur le coussin qui lui est réservé au sol avant de m’enlacer contre ses seins. Elle est encore plus magnifique avec ses cheveux blonds collés par la sueur.

En cet instant, je ne me suis jamais autant senti à ma place.

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