De l’amour dans l’air

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"Lorsque je me suis levé ce matin, j'avais la tête dans le cul. J'ai pris un café. Je me suis assis face à la fenêtre et je regardais dehors. Il faisait un temps de chien, un froid de canard et il pleuvait à verse, comme vache qui pisse. Myope comme une taupe, je ne pouvais pas voir l'inscription sur ma tasse, mais je pouvais encore remarquer la météo particulièrement déplorable. "It's raining cats and dogs!" disait la météo londonnienne pendant que Big Ben sonnait. J'allumais mon ordinateur afin de regarder l'actualité plus en détail. Tiens, on dirait que Ydris Corporation a le vent en poupe en ce moment. En même temps, après avoir agi contre vent et marées, je crois qu'ils méritent un peu de prospérité. Du côté de Flop, c'était comme une tempête dans un verre d'eau. L'entreprise de tongs en plastique s'était attiré les foudres des écologistes qui manifestaient depuis hier soir depuis le bâtiment de l'entreprise. Il y a de l'orage dans l'air... Je ne suis pas né de la dernière pluie, je sais très bien comment ça va finir : l'entreprise va gagner, comme d'habitude. Son influence est telle qu'elle peut faire la pluie et le beau temps. Je cliquais sur un article sur la famille royale. On dirait que le prince Harry a eu un coup de foudre. Leur mariage a été programmé à la vitesse de l'éclair! Je me perdis dans mes pensées, la tête dans les nuages, à penser à mon mariage qui n'arrivera jamais. Je restais là, à parler de la pluie et du beau temps à ma compagne imaginaire, mon esprit parti à la plage sous un soleil de plomb, tandis que dehors soufflait un vent à décorner les boeufs."

Trois coups frappèrent à la porte, faisant évaporer mes pensées vagabondes qui m'emmenaient en vacances. Le temps que je quitte mon imaginaire, le visiteur s'impatientait. De nouveau, deux coups atteignirent la porte. Aïe ! J'avais ce réflexe de souffrir en même temps que mon domicile, pour une raison inconnue. Que ce soit pour ma table que je venais de heurter, pour la page de mon livre que j'avais déchirée ou pour pour mes vêtements que j'avais piétinés, je ne pouvais m'empêcher de crier à leur place et de m'excuser ensuite pour le désagrément causé. Pendant que je méditais mes ouilles, le visiteur s'énervait seul devant la porte. Je finis par ouvrir la porte, toujours vêtu de mon incontournable robe de chambre à carreaux. Quand je vis à qui j'avais affaire, je faillis refermer immédiatement.

Une femme me faisait face. Maquillée comme un pot de peinture, elle souriait à pleines dents, son bouquet fané entre les mains. Je la fis tout de même entrer, question de politesse. Elle me plaqua deux bises sur les joues, m'apposant du rouge à lèvre à la manière d'un papier calque, et commença son monologue :

- Alors Jim ? Tu n'a pas changé depuis la dernière fois qu'on s'est vus !

C'était il y a une semaine ! Pensais-je

- Toujours aussi seul à ce que je vois. C'est fou comme une touche féminine ferait du bien à ton intérieur !

Pendant qu'elle parlait, elle faisait le tour de la maison en critiquant chacune des pièces, et en m'exposant les "nombreux avantages d'une vie à deux".

- Ce tableau chéri... je pourrais facilement te le refaire. Si tu me laissais disposer, ce serait fini en très peu de temps. Et ces fauteuils ça ne va pas du tout... un plaid en crochet égaierait le tout, mais je doute que ce soit dans tes cordes.

Pas si vite... Alors de un, le chéri c'est pas possible. Ma mère m'appelle comme ça, alors impossible de laisser une folle dingue gâcher mon unique surnom ! Et ma décoration va très bien merci. La seule marque de mauvais goût c'est ta présence dans cette maison. Il faut que je trouve un moyen de la virer de mon domicile, avant de commettre un meurtre.

- Dis-moi Carrie, pourquoi viens-tu aussi souvent ici ?

- Et bien chéri... (arg! J'ai dit non!) c'est parce-que j'apprécie ta compagnie. Je me sens bien chez toi, je pourrais y passer ma vie !

Oui enfin, pas moi. Et puis si mes fauteuils sont si affreux, pourquoi vouloir vivre ici, entourés de tableaux de mauvais goûts ?

- Et toi chéri, pourquoi m'ouvres-tu tes portes chaque fois que je le désire ?

Merde ! Je suis piégé ! Mon plan évacuation du boulet s'est retourné contre moi ! Vite, une solution de repli !

- Euh, la même raison que toi...

- Tu sens ce parfum ?

Analyse flash... les fleurs sont fanées, donc aucun parfum... alors là, je sèche, comme les camélias.

- Lequel ?

- Tu ne sens pas ? Il y a de l'amour dans l'air...

Euh, désolé Carrie, mais le seul truc que je sens, c'est que je vais passer une très mauvaise journée.

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