1.1.3 Se découvrir

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Deux mois se passent ainsi sans grand changement. La petite moldue ne parle à personne sauf aux professeurs. Je découvre ce château fantastique et je me perds parfois dans les couloirs pour flâner. Cette bâtisse immense a tout de la splendeur des constructions les plus prestigieuses et mis à part la partie des cachots, elle reste lumineuse et chaleureuse.

Je suis bien placé pour savoir que beaucoup d'habitations de familles riches, de grand standing, sont affreusement sombre et impersonnelles, surtout s'il s'agit de la demeure qu'une famille de sang-purs. Ma demeure ne fait pas exception à la règle.

Mon endroit préféré du château, c'est au sommet d'une des tours, celle d'astronomie ou le nichoir des Hiboux. Le soir, les endroits sont déserts le plus souvent, ce qui me convient quand j'ai besoin de solitude et de calme. Le coucher de soleil vu de cette hauteur est majestueux.

Ce n'est pas pour cette raison que les lieux me plaisent, c'est leur hauteur et le vent qui souffle qui me grise. J'aime cette sensation de côtoyer les nuages, avoir l'impression d'être un oiseau. Je rêve de voler à toute vitesse, tout là-haut et de faire la course avec les étourneaux, de la voltige aérienne avec les hirondelles.

Je retrouve le même bonheur quand je suis sur mon balai bien que je ne monte pas encore aussi haut, n'y n'aille très vite pour l'instant. Avec les cours qui arrivent, je devrais être suffisamment perfectionné à la fin de l'année pour monter au niveau d'une des tours. Peut-être que Shadow, mon Hibou Grand duc, acceptera de planer avec moi bientôt.

Lors de mes moments de solitude, je croise souvent Maeve qui s'isole elle aussi. Elle a une préférence pour le nichoir des hiboux, semblant apprécier la compagnie des volatiles. Les trois premières fois, elle est partie aussitôt que j'arrivais. Depuis, elle a vu que je ne cherchais pas à la déranger et avais moi aussi besoin de calme.

Chacun se pose dans son coin et médite. Je la vois parfois câliner les Chouettes et Hiboux qui aiment les caresses. Shadow, pourtant peu sociable, semble apprécier la jeune fille et parfois, je le retrouve perché sur son bras, à grignoter un bout de viande du dîner qu'elle lui a apporté.

Maeve lit énormément, elle a toujours un bouquin dans les mains dès qu'elle n'est pas en cours. On dirait qu'elle s'est donné pour mission de lire toute la bibliothèque de Poudlard durant sa scolarité. Quand elle ne lit pas ou parfois en même temps, elle écoute de la musique avec son petit baladeur.

Les règles concernant les objets moldus ont légèrement changée depuis l'époque de Drago. Des instruments jugés inoffensifs sont tolérés en dehors des heures de cours. C'est ainsi que ma chipie peut avoir son petit Ipod dans sa poche ou que Sarah passe des heures au téléphone avec une de ses copines qui est à BeauxBatons.

Maeve ne semble pas se formaliser de l'ignorance des autres. Je crois qu'elle partage avec moi une haute opinion d'elle-même et n'est donc pas blessée par les âneries des autres. Leurs jugements l'indiffèrent. Je m'inquiète toutefois de ne jamais la voir discuter avec des filles de son âge. Son manque d'amies m'alarme et j'espère secrètement que tout va bien pour elle sans vraiment oser et vouloir lui parler.

À force de l'observer, j'ai découvert un truc à propos des fascinants yeux de Maeve. La plupart du temps, quand elle ne fait rien de spécial et est calme voire amorphe, ses yeux sont noisette. En revanche, durant les cours où elle utilise la magie, un éclair violet rapide les traverse. Si quelqu'un, bien souvent moi, l'énerve ou la contrarie, ses yeux deviennent et persistent dans un magnifique violet lilas lavande. Je suis fou de cette couleur merveilleuse. Pour l'apercevoir, je casse les pieds à mon petit canard dès que j'en ai l'occasion.

C'est dimanche aprem. Je suis un peu malade alors je rentre au dortoir pour me reposer au calme. Dans la salle commune, je trouve mon petit canard allongée au sol avec des tas de papiers autour d'elle. Elle a son baladeur sur les oreilles et ne m'a pas entendu arriver. Je m'approche doucement pour lui faire peur.

Elle travaille sur les cours d'Histoire de la magie et notamment sur la généalogie des sorciers. Je vois l'arbre des Potter, Weasley, Lestrange, Nott et des Malefoy. Elle essaye de reconstituer les différents arbres. Bon sang ! C'est vrai que le prof lui a donné une punition pour lui avoir répondu un peu trop sèchement.

Je la vois galérer. J'oublie que je voulais lui faire peur et m'assois près d'elle. Je repositionne certains personnages mal placés et complète les informations manquantes. Elle prend conscience de ma présence et m'observe quelques secondes.

- Bonjour Oliver. Merci de ton aide, mais je n'en comprends pas la raison. Aurais-tu la gentillesse de m'expliquer ? Me demande-t'elle en adoptant ce ton si aristocratique que j'adore.

- Bonjour mon petit canard. Ton preux chevalier vient à ton secours étant donné que tu prends ce devoir au sérieux, qu'il est déjà très complexe pour quelqu'un né dans le monde sorcier et surtout, ainsi, je peux frimer un peu devant toi avec mon immense savoir.

Je la vois sourire doucement, amusée de mon ton prétentieux. Nous travaillons plusieurs minutes en discutant. Elle me laisse lui parler de ma famille sans a priori. Je lui raconte les défauts et mauvaises actions, mais aussi les qualités et les bonnes actions. Elle ne juge pas et écoute avec attention. Maeve reste très concentrée et ne me contredit pas. Elle ne fait aucun sarcasme sur les sangs purs.

Maeve me questionne quand elle ne comprend pas bien un point. C'est l'occasion pour moi de bien raconter le rôle de Lucius et de Drago dans les guerres, les véritables raisons qui les ont poussés à agir ainsi. La pression sociale qui peut exister au sein des sang-purs.

Je n'ai pas peur de lui parler de l'amour de Drago envers Narcissa, sa mère, cet amour qui le fît devenir Mangemort, de peur que Narcissa ne subisse les foudres de Voldemort. J'évoque ce sens de l'honneur, presque chevaleresque, qui poussa Drago à se sacrifier pour redorer le blason familial. Drago avait fait de mauvais choix à l'époque, toutefois, l'Histoire n'en donne pas les nobles raisons.

Les nombreux livres d'Histoire de la magie et toutes les histoires dont on nous bassine depuis tout petit parle des sorciers ayant eu de l'importance. Ils sont particulièrement prolifique sur la période Voldemort et les deux guerre des sorciers. Les vies et talents d'Harry Potter, Hermione Granger, Albus Dumbledore, Lucius et Drago Malefoy, Bellatrix Lestrange et de nombreux autres sorciers de cette époque sont détaillés.

Toutefois, les versions officielles masquent de nombreux détails. Les défauts des héros ou les bons cotés des méchants sont anecdotiques voir carrément oubliés. Je ne saurais pas les véritables raisons qui ont poussé Drago à devenir mangemort, si je n'étais pas moi- même un Malefoy. Maeve pose sa tête contre ma cuisse et instinctivement, je lui caresse les cheveux. J'ignore pourquoi, je veux que Maeve connaisse aussi une autre version des faits à propos de Drago.

- Toi qui lis beaucoup, tu verras des horreurs écrites dans les livres d'Histoires, sur ma famille et sur d'autres. Des lignées comme les Potter ou les Weasley sont encensées, alors que si on se renseigne suffisamment, James Potter était un sale type qui brimait les élèves. Je ne dis pas ça pour entacher la famille Potter, seulement, je ne voudrais pas que tu laisses des racontars ou des vérités incomplètes brouiller ta vision des choses.

- Je ne juge que sur les actes, pas sur les commérages. Serpentard est la maison la moins appréciée ici. La réputation de ses membres est affreuse, pourtant, il n'y a que des Serpentards qui m'adressent la parole poliment. Les trois autres maisons me snobent juste pour mon appartenance à celle-ci. Ici, beaucoup m'insultent de sang-de-bourbe sans me connaître. Ceux qui me parlent avec respect comme toi sont Serpentard. Je ne pense pas que ce soit juste parce que je suis dans la même maison qu'ils me causent. Même quand tu cherches la bagarre, tu es respectueux. Dis-moi, Oliver, pourquoi me parles-tu ?

- Tu m'intrigues autant que tu me tapes sur les nerfs. Il y a des moments où j'ai envie de t'étrangler et d'autres comme maintenant, où j'ai envie de te serrer dans mes bras. J'aimerais tellement que les gens oublient les erreurs de ma famille et cessent de me les reprocher. Je rêve de les voir retenir les leçons du passé pour que nous devenions tous meilleurs. Tu es une des rares qui ne me juge pas d'après mes ancêtres et c'est une bouffée d'oxygène pour moi, tu ne te rends pas compte à quel point.

- Non. En effet. J'ignore ce que c'est que d'avoir une réputation, des ancêtres et une famille. Merci de me l'avoir expliqué.

- De rien mon petit canard. Tout le monde ne peut pas être un puits de science tel que moi, je m'exclame d'un ton prétentieux.

- Votre savoir m'éblouit votre Majesté. Vous devriez faire attention cependant, à force de briller de mille feux, vous risquez de brûler votre peau laiteuse si sensible.

- Je vous interdis de vous moquer de moi, jeune fille. Vous n'auriez jamais dû m'espionner et surprendre mon débat philosophique sur la douleur des coups de soleil avec Messires Horace et Jamie.

- Oh, mais je ne vous espionnais pas Majesté. Je me rendais à mon dortoir lorsque je croisai votre route dans cette magnifique salle qui propage si bien les sons.

Je ne peux m'empêcher de rire en me souvenant de ce moment de rigolade avec mes potes. Ma petite discussion badine avec Maeve me rend très heureux. Je ne sais pas d'où elle sort ce langage précieux, c'est très drôle. Je lui demanderais un jour. Nous avons quasiment fini le devoir. Il ne lui reste plus qu'à le mettre au propre.

- Oliver ?

- Oui ?

- Je suis une sang-de-Bourbe et toi un sang pur. Les Serpentards détestent les personnes comme moi. Ton cousin m'a hait dès que j'ai révélé être née moldue dans le train. Pourquoi tu ne me hais point ?

- Tu te trompes. Les Serpentards détestent la médiocrité. Tu es Sang-de-Bourbe, comme Hermione Granger. Les Serpentards ne l'aimaient pas surtout Drago, néanmoins, ils respectaient ses talents. C'est une des meilleures sorcières de tous les temps. Je ne juge pas sur la naissance, mais sur les actes, comme toi. Mon cousin est un con. Ne fais pas attention à lui. T'es chiante certes, mais loin d'être détestable.

- Alors tu crois que je pourrais être une grande sorcière ?

- Je ne sais pas. Peut-être. Mais pour ça va falloir bosser un peu.

Je lui fais un grand sourire pour lui rappeler son attitude distraite en cours et lui tapote la tête, faisant le geste de papa quand il me gronde gentiment. Maeve répond à mon sourire, se redresse et m'enlace quelques secondes. Je réponds à son rapprochement et lui caresse le dos doucement.

- Merci de m'avoir parlé de ta famille Oliver. On sent à quel point, tu les aimes et les respectes. Je comprends mieux l'importance de vos valeurs.

- Merci de m'avoir écouté radoter sur mes ancêtres, petit canard.

Elle se détache après m'avoir fait une bise sur la joue. Elle reprend nos notes et commence à écrire au propre nos brouillons. Je lui fais une bise dans les cheveux et vais m'allonger, le cœur soudain plus léger, et mon mal de ventre disparu.

Le lendemain matin, Maeve rend son devoir au professeur qui est époustouflé par la qualité. Il la félicite pour l'excellence du travail, modestement, elle reconnaît avoir eu de l'aide de quelqu'un de sa maison. Le professeur nous fait un petit speech sur l'importance de s'impliquer dans nos punitions afin de grandir, de comprendre nos erreurs et de ne pas les reproduire. Il insiste sur l'esprit de camaraderie et complimente l'assistant mystère. Je me pavane intérieurement.

Quand je vais me coucher, je trouve un petit paquet sur mon oreiller. Il contient un magnifique bracelet masculin en argent avec de nombreux petits serpents dont un à couronne sur le dessus. Les gars se moquent de moi. Ils croient que c'est le cadeau d'une admiratrice. Le cadeau n'est pas signé. Juste un mot

- Oublions nos erreurs. Ne retenons que la leçon enseignée pour devenir meilleur.

Ma devise secrète, que j'ai évoquée à demi-mot hier. Je porte fièrement mon cadeau le lendemain matin. L'éclair violet malicieux que je croise me confirme la personne qui me l'a offert. Je profite d'un moment où je la rencontre seule dans l'escalier pour lui murmurer un mot.

- Merci, il est magnifique.

- De rien, prince des cons.

Elle file comme le vent pour le petit-déjeuner.

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