1.2.6 Nouveaux sorts

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Depuis que j'ai repris confiance en moi, je me suis remis à lire. Je dévore les livres de la cantine métallique de Maléfique. Grâce à son sort de traduction, je peux me plonger dans ses romans avec bonheur. Ceux qu'elle m'a conseillés sont particulièrement bien écrits et pour peu que j'accepte les aspects de vie moldue, je me retrouve dans des époques et des univers très variés.

Affalé dans un fauteuil de la Bibliothèque, je me pose avec grand plaisir. La Bibliothécaire est heureuse de me revoir et montre des signes d'inquiétudes à mon sujet. Voilà que je plais aux vieilles maintenant. Il faudra que j'en touche un mot à Louise, cela la fera bien rire.

Toutefois, le fait que la vieille femme m'ait aménagé un coin discret et confortable rien que pour moi me touche. Elle m'apporte quelques livres, qu'elle m'a choisi en fonction de mes emprunts, en me faisant presque la révérence. Je crois qu'elle n'a pas l'habitude de voir un Serpentard aussi respectueux des livres que moi. Mon sourire de remerciement la rend heureuse et ne me coûte pas grand-chose.

Je repère Maléfique attablée sur un coin de table, de manière inconfortable. Je veux l'inviter à venir s'asseoir auprès de moi, si elle ne parle pas, elle ne me dérangera pas. Alors que je m'approche, je vois que les pages se tournent très rapidement et on dirait qu'elle lit avec ses doigts. Je l'observe quelques minutes pour me rendre à l'évidence. Elle va à une vitesse anormale. Je décide de m'asseoir auprès d'elle et de lui montrer ouvertement que je la regarde.

Non seulement cette chipie ne se démonte pas, mais en plus, elle le fait d'une main afin de pouvoir me poser les lourds ouvrages au fur et à mesure sur mes genoux d'un air victorieux. Je connais ce regard violet espiègle. Elle se fiche de moi silencieusement. Elle veut me voir râler, il est hors de question que je lui donne satisfaction.

- Bonjour Maléfique. Alors, on martyrise de pauvres livres sans défense?

- Bonjour Gargamel. Non, j'accumule du savoir, cependant, je peux comprendre que la notion puisse paraître abstraite à votre esprit étroit.

- Lis-tu vraiment ces livres ou tournes-tu les pages pour te donner une contenance ?

- Ouvrez donc l'un d'eux et posez-moi une question au hasard. Vous verrez alors l'étendue de mes connaissances.

Je souris à ses petites piques, plus blagueuses que méchantes. Je prends un gros bouquin sur les potions et choisissant une page sans regarder, je lui demande de me réciter les ingrédients et la conception de la potion. Elle ferme ses yeux et de mémoire, me cite mot pour mot l'ouvrage avec un sourire satisfait et prétentieux. Je multiplie les questions et jamais n'arrive à la prendre en défaut, ce qui me fait enrager et me fascine.

- Comment tu fais ? Est-ce un sort comme celui que tu m'as appris pour traduire ? Tu sais "Linguam mutatio" ...

- Oui, c'est bien un sort ou plutôt deux.

- Je suppose que si je les veux, tu m'enverras sur les roses.

- Bien sûr, Gargamel. Pour une fois, vous avez vu juste. Bravo à vous.

Je ris doucement. Cette fille est vraiment une saleté et j'adore cela. Maeve est une Serpentard sans aucun doute possible, cependant son statut de sang me rend perplexe. Les sorts qu'elle utilise sont rares et méconnus. Je me demande comment elle a pu en avoir vent, venant du monde moldu et orpheline, elle n'avait pas accès aux livres et encore moins à la magie. En moins de trois mois, elle a atteint un niveau impressionnant bien qu'elle ne l'utilise pas en cours.

- Changeons de sujet. Merci pour les livres que tu me prêtes. Ils sont vraiment passionnants. Je t'ai fait une petite sélection d'auteurs anglais. Tiens voici la liste. Je te ferais passer les ouvrages que je possède via Louise dans la semaine si tu veux.

- De rien. Cela me fait plaisir de rendre service à un autre amoureux des livres, même si son statut de sang est discutable. Je serais ravie de t'emprunter quelques-uns de tes livres préférés. J'ai cependant une requête un peu étrange à te faire. Je pense que chez-toi, au manoir Lestrange, il y a des livres que je ne trouverais pas ici. Je parle des ouvrages de magie noire interdits. Ne te méprends pas, Benoît, je ne cherche pas à devenir mage noir, seulement à comprendre les pratiques pour mieux pouvoir les combattre.

- Je ne sais pas si je peux. Je te promets d'y réfléchir d'ici les congés de Noël. Je te mentirai si je dis que la bibliothèque du manoir n'est pas fournie dans ce genre d'ouvrages. Ils sont dangereux et tu es jeune dans le monde de la magie. Les cours de défenses contre les forces du mal sont encore très théoriques et ta demande est compréhensible. Je vais réfléchir, Promis.

- À moi de changer de sujet. Tu vas mieux ? Tu semblais malade depuis le retour des congés d'Automne. Aujourd'hui, tu as le sourire, c'est agréable. Je suis sûrement indiscrète, que s'est-il passé ? Je sais qu'on n'est pas ami, cependant, si tu as besoin d'une oreille impartiale, sache que je suis là.

- Je... Oui, j'allais mal. Très mal. Des histoires de famille dont je ne veux pas parler. Louise m'a mis le coup de pied aux fesses qui me manquait. J'ai arrêté de me morfondre.

- Très bien. Je ne t'en demande pas plus, l'important est que tu ailles mieux. Ce qui est dommageable, Votre Altesse brune, c'est que votre bonne humeur est fortement liée aux blagues que vous faîtes subir aux autres. Ne me prenez pas pour une idiote Gargamel. Louise et vous êtes amis, rien de plus et ce n'est pas très gentil de vous moquer de vos potes de cette manière.

Maeve me fait un grand sourire auquel je ne peux que répondre.

- Vous devez me regarder bien souvent pour en déduire cela ma chère Maléfique. Seriez-vous amoureuse de moi ?

- Ne dites pas de sottises. Louise Nott hante chacune de mes pensées voyons. Ma déduction vient plutôt de cette lueur brillante dans vos yeux et de votre sourire quand vous faites la cour à Louise. De plus, quand vous pensez être seuls, sans que les autres ne vous voient, vous êtes bien moins tactiles. Louise est une chipie et je pense qu'elle a su vous emmener dans un terrain glissant qui vous distrait autant qu'un toboggan.

- J'avoue et plaide coupable. Promis, ce n'est pas bien méchant. Cela participe à ma hausse de moral et de ma si bonne humeur.

Je pose une main sur le cœur et lève l'autre, en imitant faire un serment. Maeve me regarde, amusée. Ma joie semble lui plaire. Je passe du bon temps avec elle. Si Mère savait que je côtoie et parle à une sang-de-bourbe, elle me passerait un savon. Bellatrix me renierait. Cela m'arrangerait bien.

J'apprécie la compagnie de Maeve malgré son statut de sang, elle me surprend chaque jour et notre passion commune pour la lecture fait que j'aimerais m'en faire une amie. Je ne pense pas que cette envie soit réciproque. Maeve est polie avec moi toutefois, elle ne recherche pas ma compagnie. Elle ne recherche la compagnie d'aucun sorcier en fait. Même les professeurs, elle leur parle le moins possible.

- Louise a eu raison de vous botter les fesses. Vous êtes un parfait idiot pour avoir pensé attenter à votre vie. La prochaine fois que vous allez au lac, je vous laisse vous noyer si vous rentrez de nouveau dans l'eau. Heureusement que Louise est venue me voir, me dit soudain Maeve d'un ton sec.

Maeve se lève en secouant la tête en me faisant ses révélations. Minute ! Je me répète ses mots plusieurs fois pour tout comprendre. Louise arrive pour que je vienne déjeuner et me demande la raison de mon trouble. Je lui redis les paroles de Maeve, toute la discussion et surtout la fin. Louise rougit, gênée.

- Je voyais que tu n'allais pas bien. J'avais peur pour toi. Tu ne me parlais plus et si je venais, tu me jetais. Je ne voulais pas que tu fasses de bêtises. Alors je te suivais au maximum, à bonne distance. Quand je t'ai vu entré dans le lac, j'ai su ce que tu allais faire. Je me suis enfuie pour chercher du secours et j'ai croisé Maeve. J'étais en pleurs. Elle a compris et a couru vers le lac. Tu étais déjà sous l'eau. Elle a posé sa main sur la surface, ses yeux sont devenus violets. L'eau s'est mise à bouillir puis tu es sorti, entouré d'une bulle d'air. Tu es revenu au rivage sans nous voir. Maeve t'a sauvé la vie et elle est repartie en me faisant jurer de ne rien dire.

Je n'en reviens pas. C'est elle qui m'a redonné de l'air sous l'eau. Maeve m'a sorti de la prison liquide. Aurait t'elle aussi fait fuir les créatures de l'eau ? Des doutes m'assaillent. Maeve est si changeante, indéfinissable. Personne n'arrive à la cerner. C'est un mystère ambulant. Pourquoi elle m'a sauvé ? Elle semblait furieuse tout à l'heure, toutefois, je doute qu'elle m'apprécie. Je suis perdu.

Après avoir fait une bise sur le front de Louise pour lui demander pardon et la remercier, puis lui avoir fait un câlin pour qu'elle cesse d'être mal à l'aise, je rassemble mes affaires et me dirige vers la grande salle pour le repas. Une feuille manuscrite est attachée à mon sac, pliée en deux et tenue par une épingle à cheveux. Un petit mot qui porte mon nom. Je l'ouvre, curieux. Une succession de petits sorts avec le dessin du mouvement de poignet.

Pour lire rapidement : "Lectio Velox"

Pour mémoriser ses lectures : "Velox copia"

Pour faire léviter les objets : "Wingardium leviosa "

Pour changer la couleur d'objet "Color mutatio" suivi de la couleur.

Pour les vêtements : " Multicorfors "

Pour transformer les cheveux en fleurs : "Herbifors "

Pour transformer un escalier en toboggan " Glisseo"

Les pastilles de gerbe peuvent être écrasées et dissoutes dans un liquide pour être avalé discrètement. Les moldus ont inventés les boules puantes, et surtout des tonnes de blagues sans utiliser la magie. L'une des plus connues est de mettre la main de quelqu'un d'endormi dans de l'eau chaude pour qu'il se pisse dessus. Si vous croyez que je ne savais pas l'origine de vos bêtises, bande de chenapans de Serpentards...

Maeve a pensé à moi et à ma bonne humeur. Elle m'a fait une petite liste qui devrait nous permettre de faire des tas de nouvelles bêtises.

Elle m'a aussi laissé deux livres. Jane Austin : Orgueil et Préjugés ; Baudelaire : Les fleurs du mal. Maeve a rajouté un mot sur une feuille pour le second livre :

- Lire la partie Spleen et Idéal. ABSOLUMENT.

Le premier livre me fait sourire. Je l'ai déjà lu et c'est une petite pique. Le second m'intrigue. Je verrais bien. Grâce à son sort de lecture rapide, je finis sa malle de livres en trois jours. Les Jules Verne me plaisent particulièrement. Je prends le temps de lire de manière traditionnelle le livre de Baudelaire qu'elle m'a conseillé. C'est une seconde pique. Maeve se moque de moi certes, mais elle se moque avec culture. Si seulement elle était plus sociable.

J'ai deux ouvrages de magie noire dans mes affaires, bien dissimulés au fond de mon armoire. Il s'agit de sorts interdits ou néfastes et de potions mortelles facilement déjouables. Je les emballe avec soin sous une épaisse couverture et lance un sort pour qu'il ne s'ouvre qu'avec un mot de passe : Maléfique, Gargamel.

- Murmure nos surnoms. Honneur aux dames.

Je dépose mon colis dans sa malle, quand la chambre est vide. Trois jours plus tard, les ouvrages sont revenus dans ma valise avec une feuille des sorts ou contre-sorts à utiliser ; des remèdes contre les potions ou des manières de les reconnaître et de ne pas s'empoisonner. Maeve n'a pas menti. Elle veut empêcher la magie noire.

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