1.1.9 Bataille de polochons

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Il ne reste que quelques jours avant les grandes vacances. C'est samedi. La plupart des élèves sont à Pré au lard pour des courses. Soudain, nous entendons tous des hurlements de terreur. Les quelques professeurs présents se précipitent vers l'origine des cris comme tous les élèves. Nous apercevons deux Serdaigles et trois Gryffondors de dernière année en suspens dans les airs. Elles semblent manquer d'air et s'étouffer.

Sarah est par terre, les vêtements tachés et en pleurs. Une créature à cheveux verts est entre elle et les filles. Dos à nous et pourvue d'ailes de peau comme un dragon, c'est elle qui tient en l'air les cinq filles. Elle porte l'uniforme de Serpentard. Jamie se précipite vers sa sœur, ignorant le danger. Nous sortons tous nos baguettes. Je me précipite pour m'interposer et défendre les filles en danger.

- MISS TEYSSIER, rouspète le professeur Bordial.

La créature se tourne. Son visage ressemble à une tête de Basilic. Deux yeux violets lumineux regardent les nouveaux arrivants et elle soupire. Les cinq filles font une chute de près de trois mètres de haut, se fracassant au sol en rebondissant. Elles ne sont pas blessées, elles sont terrorisées et choquées. La créature cligne des yeux. Ses cheveux redeviennent noirs et bouclés. Ses yeux noisette. Maeve. Elle tend la main vers Sarah.

- Tu n'es pas blessée ?

Sarah hoquette en pleurs et hoche la tête pour répondre non. Je vois Maeve ramasser la baguette de Sarah puis lui tendre. Je réalise soudain que Maeve n'a pas de baguette en main. Elle a fait de la magie sans baguette. Elle se tourne vers les cinq filles qui sont blanches de peur. Maeve siffle entre ses dents.

- Ne touchez plus à des premières années, à des enfants. Ne touchez plus à des Serpentards. Ne touchez plus à mes amies. Premier et dernier avertissement. La prochaine fois, je serais moins gentille.

Maeve s'éloigne et bouscule le troupeau d'élèves qui s'est formé. Tout le monde recule de peur, sauf moi.

- Maeve, tu vas bien ?

Elle relève les yeux et semble surprise de ma question. Elle me répond dans un souffle.

- Oui. Je vais bien... Elles se sont mise à cinq contre un pour attaquer Sarah. Je me suis mise en colère... Pardon..... Je dois m'en aller, j'ai besoin d'air. Merci Oliver

Je décide de la suivre. Elle se retourne et me demande de la laisser seule, de retourner auprès de Sarah pour veiller sur elle au cas où les cinq filles viendraient à recommencer. Je m'exécute. Nous rentrons tous les quatre avec Horace.

Sarah nous explique que les cinq filles l'ont croisé alors qu'elle était seule. Elle avait une course de filles à faire et s'était isolée de son frère. Les filles ont commencé à la bousculer. Elles ont voulu lui jeter des sorts. Maeve s'est interposée et a paré les attaques. Les filles se sont moqué d'elle et de Sarah, les traitants de saleté de Serpentards.

Maeve leur a alors dit qu'elles allaient voir ce qu'une saleté de Serpentard faisait quand on s'en prenait à ses amis et à l'honneur de sa maison. Ses yeux sont devenus violets, ses cheveux verts. Les filles ont lancé des sorts pour se défendre. Maeve les a comme absorbés. Le vent s'est levé et les filles se sont envolées dans les airs en criant.

Puis, on est tous arrivés. Sarah est sous le choc. Maeve l'a défendue, alors qu'elles ne sont pas amies. Les autres Serpentards aussi sont abasourdis. Une première année qui maîtrise cinq dernières années, c'est rarissime. Les cheveux verts du coup, c'est très Serpentard et méga flippant aussi. Maeve a défendu l'honneur des Serpentards alors que personne ne lui parle si ce n'est pour la traiter de sang-de-bourbe. Ils se sentent tous mal.

Je suis fier de Maeve. J'aurais agi pareil qu'elle et aurait défendu Sarah ou tout personne persécutée par des plus grands et plus forts qu'elle. On a nos désaccords, mais sur ce coup-là, Maeve a agi avec honneur et courage. Je le fais remarquer aux autres d'une façon à les faire se sentir encore plus mal. Les discussions vont bon train.

Mes potes, Sarah et moi, nous nous isolons. Exceptionnellement, Sarah est autorisée par le préfet, à dormir dans notre chambre avec son frère, pour se remettre de ses émotions. Je reste dans la salle commune. Au milieu de la nuit, Maeve n'est toujours pas rentrée. Je décide d'aller trouver le professeur Bordial. Je quitte le dortoir et frappe à sa porte. Heureusement pour moi, il ne dormait pas.

- Maeve n'est pas réapparue depuis ce matin. Je sais que je n'aurais pas dû sortir du dortoir mais on s'inquiète pour elle.

Le professeur m'invite à rentrer dans sa chambre. La directrice Soenrart et d'autres professeurs sont là en pleine discussion houleuse. Maeve est assise sur le lit, les genoux repliés vers son menton et regarde vers le mur en serrant son chat en peluche. Je décide de m'asseoir à côté d'elle.

- Eh petit canard. Qu'est-ce qui se passe ?

Elle se tourne vers moi, me parle d'une voix douce et calme. Une voix résignée et triste.

- J'ai encore buggé grave. J'ai perdu le contrôle. Je ne suis pas humaine. Je suis un monstre. Ils sont en train de discuter pour savoir quoi faire. Me garder, me renvoyer ou me tuer avant que je grandisse..... Comment va Sarah ? Elle s'est remise ?

Maeve est si calme et triste. Ses yeux sont noisette. Je lui prends la main.

- Sarah va bien grâce à toi. Elle dort avec Jamie cette nuit. Elle est en état de choc. Les filles lui ont filé une sacrée frousse. Elle et Jamie t'ont attendu une bonne partie de la nuit pour te remercier. Le sommeil a fini par gagner. Merci pour elle, mon petit canard. Je suis si fier de toi.

Je lui embrasse doucement la main. Maeve me sourit. Une larme coule le long de sa joue. Je lui essuie du doigt et embrasse son front. Le professeur Bordial me demande de ramener Maeve au dortoir des Serpentards. Nous sortons tous les deux. Je ne lui lâche pas la main. Dans la salle commune, elle hésite à regagner son dortoir.

- Dites, majesté, ... Je peux venir dans votre dortoir, près de Sarah ? J'ai besoin de voir qu'elle va bien. Promis, je me tairais et ne ferais pas de réflexions désobligeantes.

Sa voix est quasi inaudible, brisée. Sa supplique me fend le cœur. Je l'entraîne alors vers mon dortoir. Elle sourit en voyant Sarah dans les bras de son frère.

- Ils sont si mignons tous les deux. J'aimerais tellement avoir un frère.

Elle s'apprête à se coucher sur le sol, je l'en empêche. Je lui tends un de mes pyjamas puis ferme les rideaux de mon lit pour qu'elle se change. Je m'allonge sur le sol. Le rideau se ré ouvre deux minutes après sur une Maeve en pyjama masculin de coton noir.

- Majesté... Si vous n'avez pas peur, vous pouvez dormir avec le monstre cette nuit.

Elle me sourit et me tend la main pour m'inviter à la rejoindre dans mon lit. Elle a une lueur inquiète dans les yeux. Je m'étends près d'elle.

- Je suis le grand Oliver Malefoy. Je n'ai peur de rien et surtout pas d'un petit canard.

Je lui fais une bise sur le front et je sombre dans un profond sommeil tandis qu'elle se blottit contre moi. Le lendemain, Maeve dort encore en boule. Je me réveille doucement. Les autres sont debout et discutent. Horace se moque de moi et de la présence de ma squatteuse de couette. Benoît fait une remarque méprisante sur ses origines moldues. Je lui envoie un sort pour le faire taire.

- Elle semble si paisible. Si douce quand elle dort.

Sarah regarde Maeve avec crainte. Elle s'approche doucement et lui caresse les cheveux. Maeve s'éveille enfin. Elle s'étire comme un chat et pousse de grands soupirs ensommeillés. Maeve ouvre un œil violet et réalise où elle est.

- Bonjour Sarah. Comment vas-tu ? Je suis désolée de t'avoir fait peur hier. Je ne t'aurais jamais fait de mal. Pardonne moi.

Sarah est surprise. Maeve s'excuse alors qu'elle ne lui a rien fait. Au contraire, elle s'est interposée entre elle et cinq dernières années qui voulaient lui faire du mal. Sarah saute au cou de Maeve et la couvre de bisous.

- Non, ne t'excuses pas. Je.... C'est à moi de m'excuser. Maeve, je suis tellement désolée. Je me suis comportée comme une peste et toi. Tu m'as protégée. Tu m'as défendue. Je. Pardon. Pardon. Je suis tellement désolée.

Jamie se lève et enlace Maeve et sa sœur.

- Ouais. Elle a raison. On a été cons. Pardon.

Maeve se retire doucement.

- J'ai du mal avec le contact physique. Je vous pardonne. Après tous, ce n'est pas de votre faute si vous êtes cons. Vous êtes des Serpentards, dit-elle avec un grand sourire.

Personne n'ose répondre devant un tel aplomb. J'attrape mon oreiller et la frappe doucement.

- Hors de mon lit traîtresse.

Maeve attrape le second oreiller et me frappe fortement en éclatant de rire. On se bat comme deux gosses. Sarah décide de s'allier à Maeve pour se faire pardonner. Elle saisit l'oreiller de son frère et commence à me frapper aussi. Jamie la saisit par les hanches et se fait tabasser. Il prend aussi un oreiller et se bat avec sa sœur. J'entends les autres gars, Horace en tête, prendre parti et encourager les filles. D'autres filles, venues prendre des nouvelles de Sarah se joignent au combat.

Une bataille générale de polochons s'improvise. Les plumes d'oreillers volent. Les filles gagnent. On est galants, on n'ose pas frapper trop fort les filles. On est tous par terre, écroulés de rire. Notre chambre est ruinée. On va se faire engueuler par le préfet et le professeur Bordial. On se lamente en s'inquiétant de la méga punition qui va tomber. Maeve se lève et attrape sa baguette. Je la vois fermer ses yeux noisette pour les rouvrir de la couleur lavande qui me plaît tant.

Devant tout le monde, elle fait s'envoler les plumes, les rentrent dans les oreillers. Une magie invisible recoud les oreillers éclatés et répare les réveils brisés. Une magie de nettoyage refait les lits, les vêtements traînant sont rangés et pliés puis déposés sur les lits. Un balai nettoie le sol et une serpillière finit le boulot. Notre chambre est rutilante. Elle n'a jamais été aussi propre, ni n'a senti aussi bon.

- Whaou tu m'apprend le sort ? Pour la prochaine fois où ma mère me demande de ranger ma chambre ? S'écrie Horace.

- J'aimerais, seulement, c'est un sort exclusivement réservé aux filles. Il est trop compliqué pour la gent masculine, lui répond Maeve en lui faisant un grand sourire.

Devant la tête de mes potes, j'attrape un fou rire.

- Vous ne voyez pas qu'elle se fiche de vous ?

Sarah va faire un câlin à son frère et rigole avec moi. Horace hésite un instant et prend le parti de rire aussi. Il saisit Maeve et la fait tomber au sol sur lui et moi. Il la serre dans ses bras pour la retenir prisonnière.

- Alice m'a raconté que tu venais d'un orphelinat, que tu n'as pas de famille. Je t'ai entendu parler de Jamie et Sarah hier quand tu es rentrée avec Oliver. Si tu veux, je pourrai être ton frangin adoptif. J'ai toujours rêvé d'avoir une sœur. Je suis jaloux de Jamie, révèle Horace.

- Tu es sûr de vouloir d'une comme moi ? Même après hier ?

-Ouais. Encore plus depuis hier. T'es une vraie Serpentard. J'ai trop kiffé tes cheveux.

- Je ne contrôle pas. Mes changements de couleur de cheveux ou d'œil. La magie s'exprime bizarrement chez moi, violemment quand je suis en colère. J'ai peur de moi.

Horace lui embrasse alors la tempe. Sarah fait de même, imité par Jamie puis d'autres Serpentards.

- Je ferais gaffe de ne pas te mettre en colère alors. Et je te boucherais les oreilles quand le blondinet causera.

Horace se marre. Il cherche la bagarre avec moi. Je ne peux pas le taper parce que Maeve est dans ses bras. Sa blague la fait sourire. Elle se laisse aller sur lui.

- Je vais réfléchir à ta proposition Horace. J'ai besoin avant de retourner chez moi. J'ai des choses à régler. Je veux aussi que tu puisses réfléchir au fait d'adopter un monstre comme sœur. On en reparle à la rentrée prochaine.

Maeve lui fait une bise sur la joue, se dégage et sort du dortoir. Quelques minutes après, mon pyjama vole jusqu'à mon lit, se plie et se pose. Il sent le linge propre et l'adoucissant à la lavande.

Nous ne revoyons pas Maeve de la semaine. Nous rentrons chez nous pour les grandes vacances. Même Alice ne sait pas comment la contacter. J'écris une lettre avec nos adresses que je donne au professeur Bordial. Mon instinct me dit qu'il sait où elle est. Je n'aurais aucune réponse de tout l'été. Mes potes non plus. Mi-août, je croise Alice au chemin de traverse. Elle non plus ne sait pas où est Maeve.

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