2.1.4 Les raisons de la colère

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Maeve et Charline sont hyper câlines entre elles. C'est Charline qui porte le pyjama Licorne. Je m'aperçois vite que Charline est joyeuse, enfantine, émerveillée par la magie, naïve et profondément gentille. Elle aurait sa place à Poutsouffle ou Gryffondors. Elle s'entend d'ailleurs à merveille avec plusieurs élèves de ses maisons-là en particulier Alice.

Maeve est bien plus renfrognée, colérique et mature. Plus vive d'esprit et de répartie aussi. Elle a toujours le côté chipie qui se moque gentiment des autres. Ce côté qui me fait craquer. La magie ne l'émerveille pas. Elle est rancunière aussi, pas que contre moi. Hyper protectrice avec Charline.

Elle la suit et montre les dents si quelqu'un se montre désagréable avec sa sœur. Fort heureusement, peu s'y risque. La dernière en date, une Serpentard, qui se moquait des cheveux de feu de Charline, est restée chauve pendant deux semaines.

Maeve ne me parle toujours pas depuis. Elle tolère ma présence. Charline m'adresse la parole. Je lui réponds toujours aimablement. En plus, c'est facile. Charline est adorable. Je vois Maeve serrer les dents pour ne pas m'envoyer dans les airs. Je lui ai présenté mille fois mes excuses pour mon cousin. Elle reste fâchée.

Charline m'a dit que mon cousin ressemble physiquement à l'homme qui leur a fait du mal enfant. Cela a ravivé des douleurs anciennes et sa sœur repense sans cesse à ce moment-là, ce qui ne l'incite pas à se calmer et pardonner.

Je fais un rapide calcul. Maeve a douze ans comme moi. Elle a été agressée à six ans. Le père de Benoît est mort il y a six ans. Nous n'avons jamais su comment. Le procès de son meurtrier avait lieu cet été. Se pourrait-il que ? Non, je ne peux pas croire cette possibilité. Maeve et mon oncle ne peuvent pas être liés. Pourtant, cela expliquer des choses. Surtout que Benoît est le portrait craché de son père.

Je décide d'aller voir le Professeur Bordial. Maeve et Charline semblent lui faire confiance. Je pense qu'il sait très bien ce qui est arrivé à mon petit canard cet été et si ma théorie est juste, il me le dira. Le professeur a l'air d'apprécier les filles. Il comprendra que je m'inquiète pour elles.

Je me rends donc à son bureau et demande à lui parler. Je lui évoque les filles et la famille Lestrange. Il soupire, perdu dans ses pensées. Il me regarde et me parle d'une voix calme, presque un chuchotis.

- Effectivement, Maeve a tué le père de Benoît dans un mécanisme d'auto défense. C'était une enfant ignorant ses pouvoirs. Le ministère enquête pour savoir pourquoi M. Lestrange a agressé une fillette. Benoît ignore pour Maeve. Elle ne connaît pas le nom de famille de son agresseur. Elle ne sait pas pour Benoît.

La ressemblance entre Benoît et son père est la raison de sa si violente colère contre lui et vous. Il ne faut pas que vous parliez d'elle à votre famille. D'autres personnes cherchent à la tuer. Des mages noirs sont venus à Beauxbatons pour la retrouver l'an dernier.

J'ai confiance en vous. Je connais votre famille. Je suis un ami d'enfance de votre père. Je sais que ni vous ni vos parents ne sont des mages noirs. Mais il se pourrait que le père de Benoît en fût un. Une enquête est en cours depuis six ans à propos du retour de la magie noire. Nous avons fortement progressé l'an dernier.

Je vous en prie. Ne dites à personne, y compris à vos parents, ce que je viens de vous dire. La sécurité de Maeve et de Charline est en jeu. Je n'aurais jamais dû vous en parler. Je l'ai fait parce que je sais que vous êtes intelligent et obstiné comme votre père. Que vous haïssez les mages noirs et avez un cœur juste, bon et courageux.

Seule Mme Soenrart sait la vérité sur elle. Les autres professeurs savent uniquement qu'elle est orpheline, née moldue, a du mal à contrôler ses pouvoirs et très liée à sa sœur d'orphelinat. Le sort... Celui qu'elle vous as appris... Ne le dites jamais à personne.

Je suis le seul à savoir que c'est le sort qu'elle a utilisé contre M. Lestrange. Le seul à savoir qu'elle sait contrôler le sang. Elle est la première et la seule à savoir depuis la création de ce sort. Même Voldemort et Albus Dumbledore n'ont jamais réussi.

Le professeur reste silencieux, ce qu'il vient de me dire est énorme. Je réalise soudain par quoi Maeve a dû passer ses dernières années. Ma conviction que Maeve nous en voulait personnellement Benoît et moi était juste. Inconsciemment, elle a dû sentir que ma famille lui a fait du mal.

Je ne parviens pas à comprendre ce qui a pu pousser mon oncle à commettre un tel acte. Attaquer une fillette moldue pour la tuer. Sa haine des moldus était telle qu'il a été capable de s'en prendre à une fillette innocente ? Si ma tante partage des idées aussi extrêmes, pas étonnant que Benoît soit devenu un parfait abruti.

Je pense soudain à quelque chose. Je me remémore la fois où Maeve a défendu Sarah en fin d'année dernière. Et d'autres fois où j'ai eu cette impression que Maeve utilisé la magie sans l'aide de baguette ou de formules. Les sorts semblent sortir directement sans être prononcés, de sa main.

- La magie. Elle n'utilise pas sa baguette quand elle est en colère.

- Je sais. Elle n'utilise jamais sa baguette en fait. Elle fait semblant pour les apparences. Encore un secret connu de moi seul. J'ignore comment c'est possible.

Je prends congé du professeur. Je rejoints mes amis et cache mon trouble en prétextant être souffrant. Une douleur me vrille la tête. Je revois les images de ma discussion avec le professeur, puis celles de mes discussions avec mon cousin. Je ré-éprouve ma colère. Je suis à bout de souffle. Maeve me regarde de loin. Ses yeux sont d'un violet intense.

Mon bracelet réapparaît à mon bras, comme avant. Des serpents. Un aux yeux gris avec une couronne, des tas aux yeux verts, celui à la traîne aux yeux violets. Je ne comprends pas. Maeve se lève et déclare vouloir aller se coucher. Je décide de la suivre, en utilisant ma migraine comme prétexte. Nous sommes seuls dans la salle commune de Serpentards.

- J'ai lu dans ta tête. La migraine va passer. Je ne recommencerais pas. J'ai cru que tu étais comme ton cousin. Je me suis trompée. J'ignorais que c'était ton oncle jusqu'à tout à l'heure. Mes condoléances. Je. Il as voulu me tuer. Il a fait du mal à Charline. Je me suis défendue. Je ne voulais pas. J'ai eu peur. J'avais six ans seulement. Je...

Elle rejoint son dortoir en courant et pleurant. Les jours suivants, elle m'évite de nouveau. Ses yeux sont redevenus noisette. Maeve est redevenue silencieuse. Elle suit sa sœur comme un toutou fidèle. Elle est en train de redevenir un zombie comme en Septembre.

Horace tente de la réveiller sans succès. Charline implore Horace et les autres de laisser Maeve tranquille. La petite rousse n'ose plus me parler pendant deux jours, jusqu'à ce que je lui prenne la main et lui serre un matin au petit-déjeuner. La prostration de mon petit canard m'attriste.

Les vacances de Noel vont arriver. Je ne veux pas partir sans lui avoir parlé, sans avoir fait la paix. Il faut que j'arrive à lui parler seul à seul. Je dois lui dire que cela ne change rien à l'amitié que j'éprouve pour elle. Je veux retrouver mon petit canard, celle qui sait si bien me faire dégonfler les chevilles. Je lui écris un mot.

- Il faut que je te parle. Seul à seul. S'il te plaît. Je t'en prie. Oliver.

Je lui glisse dans un de ses livres de cours. Lorsque je la vois trouver le mot, mon cœur bat plus fort. J'appréhende sa réaction. Elle reste impassible, effleure le mot du doigt et le fait se consumer sans lever la tête. Je tape du poing sur la table rageusement. Cela fait sursauter Horace et les élèves proches qui me demandent ce qui se passe. Je réponds par mono syllabe. Le cours se termine enfin.

Nous sommes en pause jusqu'au dîner. Charline sort au bras d'Horace. Maeve reste assise à regarder dehors. Tout le monde sort. Elle est la dernière. Maeve ne rejoint pas les autres et part en direction de je ne sais où. Je la suis. Elle monte au nichoir des Hiboux, scrute la pièce. Elle se retourne, passe à cote de moi et vérifie l'escalier.

- Il n'y a personne. Je t'écoute.

Sa voix est douce.

- Maeve... Je suis désolé de ne pas avoir répondu à mon cousin. De mettre interposer entre vous. Je...

- Je sais tout ça. Je l'ai vu dans ta tête. Pourquoi me le répètes-tu ?

- Je ne supporte pas ton silence et ton ignorance. Jette-moi des sorts. Crie-moi dessus, mais parle-moi.

- ...

Elle est immobile, semble réfléchir.

- J'ai tué ton oncle. J'ai humilié ton cousin. Pourquoi veux tu me parler ? Tu dois me détester.

- Tu es mon amie. La seule qui n'accorde aucune importance à mon nom de famille. Tu étais une enfant. C'est lui qui t'a attaqué. Tu n'as fait que te défendre. Mon cousin est un con. Il est comme ça depuis que... Depuis que son père est mort. Je tiens tellement à toi. Tu me manques petit canard. Tu n'imagines pas à quel point, tu me manques. Je t'en supplie, reviens moi.

Je saisis la main de Maeve et m'agenouille pour la supplier, plongeant mes yeux dans son regard. Ses yeux passent par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Elle vacille. Je la retiens avant qu'elle ne s'écroule au sol. Elle est assise sur mes genoux, en pleurs.

- Ce jour-là. Alors qu'il m'étranglait... Il n'était pas seul. Il y avait une femme. Elle m'a dit que j'étais un monstre. Une abomination de la nature. Qu'elle avait honte de m'avoir mis au monde. Charline était inconsciente. Cette femme... Je. C'est ma mère. Quand j'ai tué ton oncle, elle as essayé de me tuer. Le sort n'a pas fonctionné. Ce sont les cris de douleur de ton oncle. Ils ont fait venir du monde. Ma mère... Elle s'est enfuie en me disant que le descendant du Seigneur des Ténèbres me tuera. Je n'ai pas compris jusqu'à lire l'histoire de Voldemort dans mes livres.

Maeve est blanche dans mes bras. Elle semble en transe. Je comprends mieux pourquoi elle a du mal à gérer ses colères. Dur d'encaisser ça pour une fillette de six ans. Elle sanglote et je la serre dans mes bras, lui frottant le dos pour la calmer. Nous passons de nombreuses minutes enlacés. Un élève vient voir son hibou et nous surprend. Maeve prétexte un malaise. Nous redescendons les escaliers.

Charline se précipite dès qu'elle la voit. Maeve est blanche. Ses yeux sont blancs. Ses cheveux aussi. On dirait un fantôme. Le professeur Bordial arrive en courant. Il la prend dans ses bras. Elle lui murmure :

- Voldemort... Il a eu un enfant. Un nouveau Seigneur des Ténèbres arrive.

- Je sais. Tu l'as déjà dit au ministère. Nous le recherchons. Ne t'inquiète pas. Ce n'est pas Oliver.

Maeve éclate de rire soudain. Ses yeux redeviennent violets, sa peau rosie, ses cheveux noirs et bouclés.

- Aucune chance. Il est bien trop sentimental pour ça.

Le professeur ricane. Ils se moquent de moi sans que je comprenne. Maeve se relève. Elle passe ses bras autour de mon cou et embrasse ma joue.

- Paix.

J'entends Charline hurler.

- CE N'EST PAS TROP TÔT. CE QUE T'ES RANCUNIÈRE FRANGINE.

Mes potes sont tous en train de rire. J'aperçois mon reflet dans une vitre. J'ai les cheveux arc-en-ciel pastel. J'enlace Maeve et l'embrasse sur la joue à mon tour. Je lui envoie un sort pour l'habiller du pyjama licorne. Je retrouve mon petit canard.

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