2.2.4 Avouer et mentir

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- Maléfique ? C'est toi ?

Elle se montre enfin, méfiante.

-Assis toi. Je dois te dire quelque chose. Tu risques de me détester. Je pose le livre au cas où tu voulais le reprendre après mes paroles.

- Je sais déjà ce que tu vas me dire. Enfin, je m'en doute. Tu vas me parler du procès de cet été ?

- Oui... Qu'en sais-tu ?

- Je sais que Père que je pensais être un héros a attaqué une fillette de six ans orpheline et que la magie de cette enfant s'est réveillée et a tué Père. Le procès a eu lieu cet été. Et depuis, tu me détestes en rapport avec mon nom de famille. Je suppose donc que tu es l'orpheline que Père a voulu tuer. Je comprends ta colère. Mais je ne suis pas lui. Je ne t'en veux pas. Tu t'es défendue. Tu ne maîtrisais pas tes pouvoirs.

J'ai parlé à toute vitesse sans reprendre mon souffle, pour qu'elle ne m'interrompt pas. Je voulais tellement lui dire ça, depuis si longtemps. Je lui saisis ses mains, les embrasse.

- Maeve. Je ne suis pas le sale con que tu crois. Je suis obligé d'assumer ce rôle à cause de ma famille. Je dois cacher ce que je suis vraiment. C'est compliqué. J'aimerais tellement qu'on devienne amis, mais c'est impossible.

- Oui. Je ne peux pas être amie avec un petit con arrogant qui insulte les moldus. Mais je te crois. J'ai vu tes sentiments lors de l'ouverture des cadeaux. Je suis désolée d'avoir été si agressive depuis la rentrée. Ton père.... Il a voulu me tuer. On m'a traité de monstre et d'abomination. J'ai une colère si violente en moi. Il n'y a que Charline qui m'apaise. Est-ce que tu sais pourquoi? Pourquoi il m'a fait ça ?

- Oui et non. Je pense que je n'ai pas connaissance de tout. Ma famille a des tonnes de secrets.

- Montre-moi. Si tu es sincère, alors montre-moi. Pour que je puisse te faire confiance. Je sais que tu pratiques l'occlumancie avec brio. Je pourrais briser tes défenses. J'en ai le pouvoir. Montre-moi librement comme tout à l'heure

- Ok. Je demande juste l'indulgence à propos de ce que tu verras sur Charline, lui dis-je en souriant.

Maeve pose sa main sur ma joue. Elle me regarde droit dans les yeux. Je sens une douce chaleur m'envahir. Je ne lutte pas et lui laisse voir toute ma vie. L'endoctrinement de sang pur de mes parents. L'existence de Bellatrix. Les prophéties. Ma honte en découvrant les actes de Père. L'amour que je porte à Oliver. Mon envie de mourir il y a un an. L'amitié que je porte à Louise et à elle, Maeve. L'amour que je porte à Charline.

Revoir tout cela me fit pleurer doucement. Maléfique verse une larme, puis me prends dans ses bras. Je l'enlace immédiatement. Blottis l'un contre l'autre, on se promet de cesser de se faire souffrir, de tout se dire. On se jure de protéger la rouquine de notre mieux. On cachera notre amitié aux yeux de tous, y compris Louise et Charline, pour les préserver toutes les deux. Carrow serait capable de pratiquer la légilimancie sur la blondinette.

Nous discutons toute la nuit. Maeve rigole quand je lui ré explique comment j'ai forcé la main d'Oliver pour qu'il soit le cavalier de Louise au bal d'Halloween. Je me fais traiter de sale gosse, de parfait Serpentard et d'adorable petit con.

Je réplique avec chipie, sorcière et grincheuse. Maléfique est dans mes bras, souriante. J'ai eu mon cadeau de Noël avant l'heure. Je retrouve l'amitié de mon amie. Quelqu'un d'autre sait que je ne suis pas un sale con. Quelqu'un sait toute l'horreur de ma famille, vraiment toute l'horreur, même ce que je n'ai pas pu dire à Louise. J'ai l'impression d'avoir perdu vingt kilos. Ma famille et ses secrets sont un tel poids.

À ma demande, Maeve me raconte brièvement ce qui s'était passé le soir de son agression. Soudain, je me moque d'elle.

- Tu te rends compte que tu es ma grand-tante ? La demi - sœur de mon grand-père?

On part tous les deux dans un fou rire. Elle se plaint de faire partie d'une famille de fou. Je me sens moins seul. Avant de regagner son dortoir, Maeve fabrique une chevalière, à motif de serpent. Si j'avais besoin de lui parler ou si je me sens en danger, je dois toucher le bijou. Elle entrera alors en communication avec moi. Elle part dormir après une dernière bise sur la joue.

Maeve et moi avons décidé de continuer à apparaître comme se détestant. Je dois rester fidèle aux valeurs de ma famille pour l'instant, afin d'en apprendre le plus possible. Je rentre chez moi pour les fêtes de Noël. Mère et Bellatrix m'interrogent sur ce qui se passe à l'école.

Elles semblent au courant de nombreux événements dont je ne leur ai pas parlé. Alors, je leur réponds évasivement, faisant semblant de ne pas accorder d'importance aux choses. Elles évoquent Maeve à plusieurs reprises.

Bellatrix est au courant de ce qui s'est passé à Pré au lard en juin dernier. Je lui décris la scène, mais minimise en évoquant des dernières années de faible niveau et une nouvelle recrue très prompte à se mettre en colère et à lancer des sorts. Mère me parle du duel étrange entre Oliver et Maeve. Je lui fais croire que mon cousin en pince pour la nouvelle et tentait de la draguer.

Je me débrouille plutôt bien pour esquiver les questions. Malheureusement, Bellatrix a entendu parler de Charline. J'ai peur qu'elle ne se doute de la véritable identité de Maléfique. Alors, je raconte un mensonge. Leurs parents sont des sorciers, mais ils sont décédés cet été. Les filles n'ont pas d'autre famille alors exceptionnellement, Poudlard a accepté d'accueillir une cracmole. Je m'en sors avec brio.

Mère et Bellatrix me laissent tranquille. Je parviens tout de même à comprendre qu'elles ont placé un espion au sein de Poudlard. Je dois me méfier de tout le monde alors. Dès que je rentre dans ma chambre, je touche ma chevalière et grâce à la télépathie de Maeve, je lui répète tout ce que j'ai appris.

Mère nous a fait inviter chez Oliver pour un dîner. Carrow nous accompagne. Je m'aperçois vite que le but n'est guère familial. Mère est venue interroger mon cousin sur Poudlard et Carrow tente de s'immiscer dans l'esprit de ma tante et du blondinet. M'absentant pour aller aux toilettes, je préviens Maeve qui me dit de ne pas m'inquiéter.

Oliver est au courant que Maléfique a tué Père et racontera ce qu'il faut pour ne pas griller son identité. Elle s'occupe de verrouiller les informations critiques dans la tête de ma tante et de mon cousin. Carrow ne verra que des choses sans importantes.

Durant toute la soirée, je rassure Mère en la soutenant dans ses propos injurieux envers les moldus. Oliver ne peut cacher son animosité à mon égard, ce qui fait croire à Mère que je suis un bon fils. Mon cousin répond assez correctement aux interrogations à propos des événements survenus à Poudlard.

Pour juin, il use du même stratagème que moi. Dernières années médiocres et lentes. Première année très susceptible et rapide. Parfait. Il évoque le sale caractère de Maeve. C'est son excuse à leurs fréquentes disputes.

Carrow s'embrouille et en dévoile trop lorsque Mère veut savoir le statut de sang de Maléfique. Du coup, Oliver se contente de confirmer mon mensonge. Parents sorciers décédés cet été. Pas de famille. Sœur cracmole autorisée exceptionnellement à venir.

La seule chose qu'il ne confirme pas sur tous les mensonges que j'ai sorti à Mère, c'est son béguin pour Maeve. Il explique le duel bizarre en ayant commis une erreur et voulant se faire pardonner. Bref, avec d'autres mots, il fait disparaître les derniers doutes de Mère. Ouf ! Quelle soirée difficile pour mes nerfs. Je suis épuisé.

Le lendemain, Bellatrix me fait transplaner. Nous nous rendons dans un orphelinat. C'est là pour elle a abandonné sa fille cracmole. Là où Maeve et Charline ont grandi. Le bâtiment est en ruine, sale, prêt à s'écrouler. Les quelques enfants dehors sont faméliques et d'une tristesse qui me serre le cœur.

Je rencontre la directrice. Une femme stupide et mauvaise, qui maltraite les enfants. Le même genre de sadique que Bellatrix, mais en moldu sans cervelle. La folle se fait passer une future adoptante. Elle fait en sorte que la directrice nous invite à boire un thé.

Je vois mon arrière-grand-mère verser du véritasérum dans la tasse de la pauvre moldue. La femme raconte tout ce que veut savoir Bellatrix. Le jour de l'attaque. Les colères de la fillette brune depuis ce jour. Les choses bizarres qui se produisirent en sa présence.

La fois où lors de la visite chez un médecin, la rivière voisine se mit soudainement à monter en pleine canicule et inonda le village. La disparition de la fillette l'année de ses onze ans, juste après la visite d'une femme et d'un homme très bizarre. Leurs descriptions correspondent à la directrice de Beauxbatons que Bellatrix connaît. Moi, je reconnais le professeur Bordial. Je dissimule cette donnée.

La folle veut fouiller le dossier de la fillette brune. La directrice ne pose aucune question. Surement un Impéro informulé. Le dossier étant assez volumineux, Bellatrix m'en confie la moitié à lire. Sur le conseil mental de Maeve, je retarde de quelques mois sa date de naissance. J'ignore pourquoi Maléfique me demande cela, mais je m'exécute.

Il n'est fait aucune mention de Charline dans son dossier. Je farfouille pour trouver les informations concernant ma rouquine. Vite fait, je vois que Maeve m'a fait mettre la date de naissance de sa sœur dans le dossier lui correspondant. Charline a officiellement été adoptée le jour où Maeve disparu. Le deux septembre. Le jour de la rentrée à Poudlard.

C'est un homme du nom de ... A. Bordial, diplomate français au Royaume Unis. Je referme vite le dossier de Charline avant que Bellatrix ne me voie. Celui de Maeve ne nous fournit guère plus de renseignements. Malheureusement, il y a une photo d'identité de Maléfique. Avec l'accord mental de mon amie, je reconnais ma camarade de classe. S'il y a un espion à Poudlard, je ne dois pas griller ma couverture.

Je me rends de nouveau chez mon cousin. Pour un déjeuner cette fois. Horace, Jamie et Sarah sont présents aussi. Je fais mon sale con pour les énerver. Mon cousin est à la limite de me taper. Soudain, Horace et Oliver portent leurs mains à leurs têtes. Putain, Carrow tente de rentrer dans leurs pensées.

Je n'ai pas le temps de réagir. Je vois ce sale type s'étouffer et être pris d'un malaise, puis sa cigarette atterrit sur son pantalon qui le transforme en torche vivante. Mère intervient et stoppe l'incendie et soigne son toutou en mimant la femme amoureuse. En réalité, elle l'engueule de son manque de discrétion.

- C'est bon. Il n'a rien vu. Il est quitte pour avoir eu très chaud aux fesses, me dit mentalement une voix espiègle.

En raison des blessures du larbin, nous sommes contraints de rentrer. À peine dans le salon, je me plains fortement de l'incompétence de cet homme. Je fais bien comprendre à Bellatrix qu'Oliver a senti la tentative et va vite comprendre que Carrow est légilimens.

Mon oncle risque de s'énerver. Cet idiot de larbin a fait foirer nos projets. Je trouve déjà inadmissible qu'on doute de mon cousin, mais en plus, si c'est pour agir aussi sottement, autant oublier le retour du Seigneur.

Je fais tout un laïus sur la honte d'avoir des serviteurs aussi stupides et incapables. Un truc bien au goût de Bellatrix. Un truc digne de la fierté et suprématie sans conteste du descendant. La folle cesse de douter de moi. Mère et Carrow subissent son courroux et je ne suis plus ennuyé des vacances.

Je suis même libre d'aller officiellement conter fleurette à Louise Nott quelques jours. Officieusement, je prends quelques jours de vraies vacances et donne quelques cours d'occlumancie à mon amie.

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