≋ Opia : Le Mire-Astre ≋

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Je l’ai entendu murmurer des mots
Dans la brume, entre mer et ciel d’encre,
Je l’ai vu, là sur son étroit écueil ;
Il tenait carnet éculé
Où gommer, maladroit, souhaits et songes insensés.
Il plissait les yeux, et d’une main,
Postichait le télescope scrutateur,
Dardant le zénith altéré
D’un candide incandescent et sincère.

Une bouteille, messagère d’un millier d’autres.
Des lettres ; jetés d’espoir, d’errances.
Toutes tossèrent ma coquille couverte d’écume ;
Lors il m’avisa, médusé.
« Que cherches-tu au firmament, pour qui sont monts
D’indices adirés, mots naïfs ?
 »
Un sourire, des idées fébriles, et souffle :
« Là-haut, c’est une étoile timide,
Elle brille sobrement d’une lueur rassurante.

Lorsque pulsars et novæ se taisent enfin,
Je la vois, là-bas, dans ce coin
Sombre du cïel, je n’y vois qu’elle,
Chantant, de ces lumières sépia,
Odes délicates aux senteurs de jade, d’iode et d’Hyades.
Mes affres flouées, mon cœur captif,
Je n’ai qu’envie de bafouiller mots bêtes,
Dessiner des instants figés ;
Qu’un rire, qu’un pleur ricoche à mon récif.

Et lorsqu’elle se cache derrière les grands astres,
Je me mets à tisser des songes.
Rêver d’épousseter les nues, et la lune ;
D’ancrer livres, voilures de papier ;
Rêver d’un tournesol à grandir dans son ombre,
Pour m’en faire compas infaillible !
Et rêver d’être chevalïer vaillant
Pour passer sans peur les poussières
Stellaires, ni crainte les astérismes saillants
Et peut-être que ma nef s’échouera sur une terre errante
Ou dans une jovienne aux nuages furieux ;
Alors j’approcherai une ramade
D’aérolithes sauvages du fond des âges,
De celles qui vivent au bout du monde.
Elles m’ignoreront, alors je sauterai en oubliant d’hésiter,
Je m’agripperai aux stalagmites
Que les anciens soleils auront omis
De tondre. Et à cette brave bétyle,
J’offrirai lors ma fleur flave et fourbue.
De gré, elle filera sans fléchir jusqu’à l’ultime frontière, et s’effacera…

Sous les saules qui penchent dans l’Abysse,
Je sentirai l’odeur des pommes d’or et
Je verrais de mes yeux noyés
Cœur-candeur palpitant du feu des vers.
Évidemment, je ne saurai quoi murmurer,
Même à l’orée de ce rêve-odyssée
Je n’aurai pas l’audace des braves ;
Nous nous assiérons, les souliers ballants
Sur ce surplomb olympéen ;
Et je tâtonnerai poème impromptu,
Des strophes véraces qui révéreront
Ceux qui lisent, discernent, les yeux pleins d’estelles ;
Quelques vers, qui souffleront sur
Nos affres enfantines, celles qui chantent Changement ;
Quelques petits mots, pour sourire
De nos singuliers convolus, reclus ;
Et un dernier son à confier,
À cacher au creux d’un souvenir ou deux,
Là, quelque part, derrière le cœur,
Entre honte et dilection.
Et l’on attendra, sans rien dire,
Un instant infini,
Cette Maison derrière le noir clapotis. »

Il jeta cette bouteille ;
S’égarant dans l’océan
Scintillant de diamants blancs.

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