Le désert.

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Je me réveille dans ce nid fait de sable. Qu'est ce que je fais là ? Un puits de lumière me laisse entrevoir mon environnement. Un pas en avant et voilà que je sursaute, un bruit intense de casse me surprends. Au sol il y a une multitude de coquilles, m'approchant et en saisissant une, je comprends qu'elles devaient être immenses, peut-être autant que moi. Mais elles ont été piétinées à maintes reprises. Qu'est ce que ces œufs contenaient ? Ma respiration fait écho entre ces murs. Je me retourne, cherchant une sortie. Je plisse les yeux, apercevant un trou dans une paroi. Je doute de mes capacités à l’atteindre. Je me tords avec difficulté, cherchant à m'observer mais je ne peux voir mon dos. J'admets que je n'ai ni la grâce, ni la souplesse d'une danseuse. Je m'approche de la dune qui me permettrait de sortir de ce nid et expire bruyamment. Je commence à grimper et dévale à plusieurs reprises la dune. L'effort fourni ne donne aucun résultat satisfaisant. À chaque essai je retourne irrémédiablement à mon point de départ. Alors, après avoir épuisé la moitié de mon énergie je me décide à prendre de l'élan, la légèreté du pas n'est pas la solution. Je m'élance à grandes foulées et, au dernier moment, instinctivement, je saute. Comme si il n'y avait pas de pesanteur, j'arrive avec bien trop de facilité vers la sortie. Je me retourne rapidement et regarde méticuleusement mes membres. Comment ai-je fait pour sauter si haut sans effort ? Qu'importe, du moment que je sors d'ici. Au pas de course, je progresse vers ce qui me semble être une sortie. Cette dernière se trouve être une galerie qui se partage en plusieurs routes distinctes. Tout naturellement et sans vraiment savoir comment, je trouve la solution à ce labyrinthe d'allure infinie.


Instantanément, le soleil m’éblouit et la chaleur fond sous mes pieds. Après quelques minutes, les yeux clos, je m'habitue enfin et les ouvre doucement. La naine jaune est à son zénith. Autour de moi, ce désert s'étend au delà de ce que ma vue peut m'offrir. Je prends peur et tergiverse : Je ne peux pas mourir ici. Un choix cornélien s'impose. Retourner dans ces galeries et espérer survivre en mangeant ce que je trouve ou bien marcher vers l'horizon et probablement mourir de faim ou de soif. Si bien-sûr, la chaleur ne m'emporte pas avant. Je préfère être le maître de mon destin, alors, je me met en marche, le regard bas. Décidant d'aller dans n'importe qu'elle direction pourvu que j'atteigne quelque chose. Ou quelqu'un.


Avant chaque dune, je prends le même élan que tout à l'heure puis je saute. Si haut que j'ai l'impression de toucher le ciel. Et pourtant j'arrive seulement à atterrir au sommet d'un tas de sable, alors que le prochain est toujours plus haut, toujours plus loin. Je commence à fatiguer, mon rythme cardiaque s'accélère de plus en plus. Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'à tout moment, il va exploser pour se libérer de cette cage qui l'emprisonne. La faim quant à elle, me tord l'estomac. Ce dernier me parle, me crie famine. Alors je lui réponds tendrement que je n'ai rien. Rien excepté ma carcasse, qui supporte difficilement son propre poids.


Une nouvelle fois, je bondis. Non loin de là, je crois voir de la verdure. Qu'est-ce ? Un oasis ? Une forêt ? Ou juste un rêve ? Désormais, mon être se déplace uniquement par la force de mon âme. Je dois l'atteindre. Mes membres tremblent presque. De douleur, de plaisir, de peur, de désir. Enfin je l'atteins. Je hume doucement un fumet que je pouvais imaginer avant. Un parfum salé, doux, entêtant. Tel un zombi je m'approche de cette substance qui vire au noir, au brun. Je m'abrite en dessous, la fraîcheur m'apaise. A petits pas, j'aboutis à côté de l'une de ces branches. Celle-ci est noire. Elle semble délicieuse. Après quelques coups d’œil rapides autour de moi, pour se donner bonne conscience sûrement, j'entreprends de croquer ce qui m'attire tant. Je ne sais pas ce que c'est, mais c'est divin.


Après un long festin qui me fait renaître, je reprends ma quête vers la civilisation. Peu à peu la chaleur s'estompe. Mes membres sont moins endoloris et mon cœur a eu le temps de reprendre ses esprits. Je marche depuis des heures, mais j'ai constamment l'impression de gravir les même monts sablés. Quand est-ce que cela va s'arrêter ? Quand est-ce que je vais croiser un être vivant ?
Le sol devient de plus en plus plat et humide et un vent sec s'abat sur mon visage. Le ciel se teinte d'orange. Face à moi, encore flou, l'horizon miroite. En m'approchant je comprends que c'est de l'eau. Elle se retire avant de s'écraser lourdement de nouveau, elle fond sur le sable. Je ne comprends pas. Comment un désert peut-il en un instant se rompre en une immensité presque océanique ? Je trottine jusqu'à ce que mes pieds trempent dans l'eau, un coup de langue plus tard et je découvre qu'elle aussi est salée. A peine ai-je le temps de relever les yeux qu'un monstre iodé atterrit au sol, m'emportant presque. Alors de toutes mes forces, je nage, battant compulsivement pieds et mains. Enfin, je gagne le sable, à bout de souffle.


- Qu'est-ce que tu fais là ? L'eau c'est pas vraiment pour nous.


Stupéfait à l'entente de cette voix, je peine à lever les yeux. Je ne peux même pas répondre. Apeuré.


- Eh, oh ? Tu comprends ce que je te dis ?


Enfin, mon regard croise le sien. Son corps transparent laisse entrevoir ses organes. Ses yeux globuleux me fixent intensément.


- Bah quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?


- Qu'est-ce que je suis ? je demande fébrilement.


- C'est logique non ? Tu es comme moi, un talitre.

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