Labyrinthe

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Midi sonnait au clocher d'Hampton Falls quand Isaiah Grantham disparut.

Son ballon rouge dévala le pré et s'arrêta au pied d'une haute haie de troènes.

Ni ses parents ni son grand-père ne le virent partir en courant. Seule sa sœur jumelle Isabella le suivit du regard.

Quand il leva les yeux, le vert et le bleu du ciel l'entouraient de toutes parts. Il se trouva incapable de dire par où il était arrivé. Aucune mélopée ne lui parvenait hormis celle du vent dans les arbustes et le babil d'un ruisseau non loin.

Dans cette direction, il trouva un passage dans la haie impénétrable.

Dans le ciel, le phénomène astronomique prétexte à la réunion familiale sur la propriété de Papy Ezra commençait comme un funeste présage mais, du haut de ses quatre ans, Isaiah ne pouvait pas le comprendre.

Au-delà du passage, il trouva un chemin de graviers. Un raccourci pour remonter à la maison peut-être ?

Sûr de son fait, il pénétra entre les haies vertigineuses, tourna à gauche, à droite. Tant de chemins possibles. Il n'avait pas peur, tout juste était-il attiré par cette promesse d'une aventure et il voulait montrer à tous qu'il était un grand garçon.

Il passa devant une statue, une dame nue et mince en pierre blanche. Il prit le chemin suivant à gauche, continua à s'enfoncer. La peur commença à le saisir quand il redécouvrit la même sculpture. Était-ce ce qu'on ressentait quand on était perdu ? Les haies lui parurent tout à coup plus étroites, la brise qui s'engouffrait dans les cimes ressemblait à des murmures. Une larme glissa mais il refoula son envie de pleurer en s'essuyant la joue avec rage.

Le ciel changeait de couleur comme un coucher de soleil rapide. Depuis combien de temps marchait-il ici ?

Il entendit son prénom. Ça ressemblait à la colère des bêtises mais plus aigüe. Comme la fois où il avait échappé à la main de Maman et que la voiture lui avait foncé dessus. La peur. Il reconnut Papa et sa voix forte, Maman, Papy et même Isabella.

La nuit tomba très vite. Quand le soleil reparut quelques minutes plus tard, les appels avaient disparu. Il tenta de se diriger vers eux mais il n'entendait plus rien.

Il erra longtemps, le temps glissa. Inaltérable, immuable.

Plus personne ne verrait le garçon. Le labyrinthe avala Isaiah le jour de l'éclipse.

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