CHAPITRE 5 - Une lueur

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Attendez. J'ai oublié de vous parler de quelque chose. Avec tout ces soucis, je n'ai même pas pensé à vous parler de lui, Estephe. Peu après la rentrée de ma deuxième année de troisième, on m'a invité à une soirée pour fêter Halloween, chez des anciens camarades du collège de Plouhern, Lellis et Luke. Gentillement, leur mère m'a emmené et ramené. Mais pendant le trajet aller, elle n'a cessé de me parler d'un jeune garçon, un ami de lycée de son fils. Elle m'explique qu'il veut devenir pompier volontaire, comme son père, que c'est un bon garçon, poli, attentionné, ... J'avoue que son comportement m'intringue. Pourquoi me parler d'un garçon que je ne connais même pas ?

On arrive à Plouhern, où je tombe sur Luke. Ce dernier me dit que tout le monde est là haut, dans la chambre de Lellis. Je monte le petit escalier qui débouche sur une pièce rempli d'adolescents à peine plus vieux que moi. Je dis bonjour à ceux qui sont les plus près de la porte, tentant de ne marcher sur personnes pour m'asseoir. On discute, mais un garçon assis par terre, en face de l'entrée de la chambre, semble me fixer depuis plusieurs minutes. A vrai dire, moi aussi je le regarde. Ses yeux verts semblent transperser la noirceur de la pièce. Ses cheveux ondulés et sa coupe de surfeur lui donne un charme aussi incroyable que cliché. Je l'observe longuement, la tête dans les nuages, quand la réalité me rappelle : Lellis nous demande de tous descendre en bas pour manger. Je quitte donc ce bel éphèbe des yeux malgré moi et me lève pour suivre les autres. Je commence à descendre l'escalier, pensant être suivi par Cléa, la copine de Lellis. En me retournant pour lui parler, je m'apperçois que mes yeux tombent à hauteur d'un ... nombril. Curieux. Je lève les yeux, et gênée, je me rends compte que celui qui m'emboittait le pas n'était d'autre que le jeune homme séduisant qui me regardait quelques minutes plus tôt. Je continue de descendre comme si il ne s'était rien passé pour rejoindre les autres dans le salon. Mais quand j'arrive au niveau du canapé, il ne reste que deux places, l'une à côté de l'autre, dans un angle. Je m'asseoit et commence à parler avec une des autres filles présentes, quand je suis forcée de constater que le seul qui n'est pas encore assis, c'est lui, cette grande silhouette qui me suivait dans l'escalier. Je commence à paniquer : il me met mal à l'aise, je le trouve séduisant. Or je ne dois pas me faire des idées, je sors d'une rupture et ce garçon est beaucoup trop mignon pour ne pas être en couple. Et quand bien même, je ne peux pas l'intéresser, c'est impossible.

Ce qui devait arriver arriva : il vient s'asseoir à côté de moi. Une fois de plus, je reste hébétée par sa taille ... Il me semble gigantesque ! Même Lellis, du haut de ses 180cm me semble petit à côté. Timidement, j'entame une discussion avec ce jeune homme. On parle de tout et de rien, des études, de nos loisirs. On y va de nos petites anecdotes, on discute de nos animaux. J'apprends alors qu'il a une chienne, Lius, âgé de 11 ans : c'est une croisé labrador, comme Zar. Comme moi, il a aussi un chat, Ajdnag. On discute de nos boules de poils pendant une bonne heure, quand le moment de manger arrive. Luke, qui était resté en retrait dans la cuisine, nous avait mis à disposition un nombre conséquent de pizza. Je me mord les lèvres, réalisant que pour ce soir, je ne mangerais rien. Je retourne m'asseoir dans le canapé, morte de faim, quand la mère des garçons vient vers moi pour me proposer de manger des carottes râpés. J'accepte volontier quand le bel adolescent assis à mes côtés, répondant au doux nom d'Estephe, décide de m'accompagner dans ma solitude alimentaire. Je me moque gentillement de lui, le chambrant pour son côté chevalier servant. La soirée se poursuit devant plusieurs films d'horreur comme Hannibal Lecter quand la vieille cathodique se met à grésiller. Lellis se lève, tentant de la réparer, quand le film repart ... en rose. Tout de suite, ça enlève une certaine crédibilité à Anthony Hopkins.

La soirée se poursuit de scène sanglante couleur barbe à papa en poursuite rose bonbon, les heures passent, et Estephe et moi nous rapprochons. Les jeux de pieds et nos corps qui penchent l'un vers l'autre nous trahissent. Nous finissons avec nos têtes l'une contre l'autre devant Chucky. La soirée se termine pour moi, il est l'heure de rentrer. Absorbée par mes pensées, et par le fait de quitter mon coups de coeur, je pars la tête baissée. Dans la voiture, la maman de Lellis et Luke me parle d'Estephe, ayant constaté que je m'étais rapproché de lui. A ce moment là je fais le rapprochement : c'était de lui dont elle me parlait à l'aller. Après vingts minutes de route, bientôt arrivée chez moi, je m'aperçois que mon sac et mon portable sont restés à Plouhern. Gentillement, elle accepte de refaire la route pour que je récupère mes affaires. Je réalise qu'avant de partir, je n'avais même pas dis aurevoir à mon bel apollon. On arrive, je reprends mes affaires et dis aurevoir à Estephe. J'étais rouge écarlate. Quand on est reparti, j'ai confié à la mère des garçons que j'étais triste car avant de repartir, je n'ai pas réussi à dépasser ma timidité pour demander le numéro ou le facebook de ce grand garçon aux cheveux bouclés.

Les jours passent, et je perds espoir. Je n'entendrais plus jamais parler d'Estephe. Je n'ai, pour le retrouver, que son prénom et la ville où il habite. Je cherche un peu partout sur Internet, n'osant pas demander à Lellis de me donner ses coordonnées. Environ une semaine après cette soirée, avec l'aide de Britanie, une amie à moi, je réussis à récupérer le Facebook d'Estephe. En me rendant sur son profil, je commence à comprendre pourquoi je ne l'ai pas trouvé seule : les informations sont toutes fausses, sauf son prénom et son nom, et sa photo n'avait pas été changé depuis plusieurs années. Je commence à m'inquiéter : pour avoir un profil dans cet état, il ne doit plus allé dessus. Le joindre ne va pas être une tâche facile. J'essaie malgré tout de le contacter, sans espoir. Quelques minutes à peines suffisent pour qu'une réponse arrive sur mon téléphone : il ne m'a pas oublié.

On parle tout les deux pendants plusieurs heures, qui deviennent des jours, puis des semaines. On devient amis, de plus en plus proche. Nos familles rigolent, nous taquinent car ils pensent que nous sommes ensemble. Mi-novembre, Estephe m'annonce une nouvelle qui l'attriste profondémment : son arrière grand-mère est décédée. Je tente de le soutenir comme je peux, sans m'enlever de la tête que la friendzone se rapproche dangereusement, et que cet évènement ne m'aide pas à m'en éloigner. Les jours se suivent, et je tente de lui changer les idées. Une semaine à peine après la mort de son aïlleule, vers cinq heures du matin, nous sommes toujours sur Skype. La vidéo avant de dormir, c'était devenue une habitude depuis le début du mois. Mais celle ci était différente. Une ambiance lourde et pesante l'envellopait et ni lui ni moi ne semblait comprendre pourquoi. Les sujets de discussions s'enchaînent les uns après les autres, les heures passent, et pour moi la tension monte. Je le dévore du regard, je bois ses paroles et je trépigne : "Est-il en couple ? Bien sûr ! C'est forcé ! Et quand bien même il serait célibataire, il ne voudra jamais de moi !". Je m'en rend malade. J'ai mal au ventre, j'ai envie de dégobiller ... Ca devient insupportable.

C'est décidé. Ca ne peut plus durer. Je dois lui dire. Je dois lui avouer que oui, il me plaît, et que j'en suis tombée amoureuse. Je cherche pendant plus d'une heure un stratagème pour le lui faire comprendre, sans le lui dire directement. Je m'essaie à l'anglais, l'allemand, l'espagnol, l'italien ... Mais en vain. Désespérée et pliée en deux de douleurs, je finis par lui murmurer un "je t'aime" délicat avant de restituer le dîner du soir ... A ce moment précis, je me dis que c'est fichu, je l'ai forcément fait fuire. Je relève la tête, m'attendant à ce que l'appel est été coupé, et qu'il m'est bloqué quand je m'aperçois qu'il est encore là, choqué, décontenancé par la révélation. Il reste un long moment muet, puis bouge ses lèvres tout doucement pour sortir un timide " Mais moi aussi je t'aime".

J'ai bien entendu ? Il a vraiment dit ça ? Mon coeur s'emballe, mes yeux s'humidifient jusqu'à déborder. C'est mutuel, on s'aime. Mais ... ça veut dire qu'on sort ensemble du coup ? Je suis aux anges. Il est peut-être cinq heure du matin, mais je glousse de joie, me valant des remontrances de ce qui me servait de grand-mère. Qu'elle aille au diable ! Pour une fois, je peux le dire : je suis heureuse. Bien évidemment, ça ne pouvait pas durer : quelques jours plus tard, début décembre, mes parents devront emmené Zar pour un voyage dont il ne reviendra jamais. Je suis effondrée. Zar, c'était devenu au fil du temps mon meilleur ami, mon copain de jeux. Je n'arrive pas à faire le deuil, et je culpabilise d'être heureuse et malheureuse à la foi : mon chien me manque, mais Estephe arrive demain pour le week end. Je dois me relever, pour lui. Le lendemain, il arrive avec Axandre, son grand-frère. Kérann monte donc à l'étage pour me prévenir de leur arrivé, quand un grand bruit retenti : mon armoire vient de me tomber dessus. J'essaie de la redresser mais elle est beaucoup trop lourde et termine sa course devant ma porte de chambre. Estephe et Kérann arrive vers ma porte de chambre et tente de l'ouvrir en vain. J'ai beau leur dire qu'elle est bloquée, ils n'en font qu'à leur tête et force : la poignée se casse. C'est bien ma veine. Je lève tant bien que mal mon imposante armoire, et ouvre enfin la porte quand je revois ce que je peux désormais appeler mon amoureux. Il est là, planté devant moi sans rien dire, avec un grand sourire béhat sur le visage. Il est tellement beau ...

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