ⲁϥⲙⲉⲥⲧⲉ ⲡⲉϥ'ⲉⲓⲱⲧ' ⲡⲕⲁⲕⲉ ⲁⲩⲱ ⲧⲉϥⲙⲁⲁⲩ ⲡⲛⲟⲩⲛ ⲁϥⲥⲓⲭⲁⲛⲉ ⲁ'ⲧⲉϥ'ⲥⲱⲛⲉ ⲡⲙⲉⲉⲩⲉ ⲙ̅ ⲡⲁⲣⲭⲓⲅⲉⲛⲏⲧⲱⲣ' ⲡⲉⲧⲛ̅ ⲛⲁ ⲉⲧⲛ̅ ⲛⲏⲩ ϩⲓϫⲛ̅ ⲙ̅ ⲙⲟⲟⲩ
Il vomit un déluge sur l’onde inchangeante ; une eau noire qui fuit les profondeurs de sa gorge, et lui arrache un râle amer.
Dans l’Estran, son regard touche les reflets d’un Soleil endormi. Il est rêveur, avec Son linceul d’un sombre moribond, bercé par un ciel d’un blanc aveuglant. Il est rêveur, et presque connais-tu intimement le sujet de ce songe. Il effleure les contours de ta conscience, glisse aux confins de ta mémoire, et gratte même derrière tes lèvres, prêt à jaillir.
Mais tu ne te souviens pas.
« Et nous avons cru te perdre. »
Il lève les yeux vers cette figure-éclipse qui est apparue de nulle-part, avec une vérité à lui délivrer.
« Mais tu es un bon enfant. Tu n’oublies pas les chemins de la Maison. Ni les amis que tu t’es fait en chemin. »
Il a un sourire. Et il fait la moue.
« J’ai regardé par la fenêtre, tu sais. Celle qui donne sur le vallon qui va vers Demain. Et je t’y ai vu folâtrer. Oh, je n’ai pas tout vu, tu étais si loin ; je me suis arrêté aux rires, et les quelques caresses sur ton cœur saigné. »
La clarté d’un soir d’été réchauffe sa peau, et ses lèvres rougissent des larcins qu’accompagnent l’insouciance. Une insouciance mère des oublis gracieux, ceux qui repoussent les craintes, qui balayent les fantômes, et qui gracient les âmes impardonnées. Le temps d’un soupçon d’instant, il a soufflé aux étoiles un merci à la suite des déplaisirs en fuite.
« Mais que peuvent-elles y faire ? »
Rien. Elles clignent, paisibles. Et c’est tout ce qu’il quête en se cherchant là-bas, quelque part entre deux points blancs. Les regarder, les rêver, les prier de descendre l’embrasser dans la fange ; c’est le souhait de ne plus jamais entendre gratter derrière la porte.
« Tu étais à ça. Trois fois rien. »
Mais aussi stupéfiantes soient-elles. Elles restent lointaines. Même lorsqu’une d’entre-elles se décide à s’asseoir à vos côté, l’oisel blanc de ses mains sur votre bras noueux, et la souillure s’évaporant. Vous ne pouvez pas demeurés sourds et paisible ; vous êtes témoins.
Dans un recoin du corps, dans le clapotis du lac, dans la bordure floue de votre regard.
Il est là.
« Comment pourrais-tu ignorer et oublier le seul pour qui tu es le Monde ? Ce n’est pas trés poli ... »
Il y a dans ces yeux un éclat terrible. Celui que couvre la malice d’un rire jaune, le même qui brille sur l’airain emprisonnant. Un éclat sidérant. Le bris d’une étoile prisonnière.
« Tu es son Monde. Et ton monde est cette petite coquille de noix, si petite que tu t’y sens à l’étroit, incapable de respirer, incapable de grandir, incapable du moindre partage. »
Des mots ignominieux ! Et ses yeux se portent sur l’Astre Noir. Et son cœur bat pour que Son mauvais rêve s’achève. Il ne respire que pour dessiner les perspectives constellée. Tu n’existes que pour ça.
Un éclat sidérant.
« Tu ne partages rien. Tu ne fais que répondre à ton télos. Doit-on s’étonner de l’eau qui reflux chaque jour ? »
Il n’a jamais été question d’étonner. En fait, il se fiche bien de l’attendu et de l’inattendu, de l’illusion du Monde et de sa conscience, du début et de la fin. Il n’y a qu’une seule et unique idée qui l’habite : Il souffre.
Et il la déteste. Il la déteste si fort, et elle lui colle à la peau. Un bitume froid et noir, il a les pieds plongés dedans.
C’est l’enfante de ce qui Est. Le fruit trop longtemps mûri d’un rêve perclus. Et il reconnaît son éclat dans les yeux de ceux qui hurlent leurs joies d’être en vie. De ceux qui pleurent en plaisance d’arracher une nouvelle étoile au ciel ; des virtuels et des vertueux ; pour la jeter ici-bas dans la Fange.
Il déteste Souffrance et son chant. Le bris d’une étoile prisonnière.
Alors il se jette sur son ombre. Il frappe impuissant contre le murs d’une réalité souveraine. Il cogne à se déchirer la peau, il cogne à briser les eaux ; que poussière soit faite de cette maudite porcelaine. Et enfin plonge des mains ébènes, mordues d’engelures dans les orbites qui couvent une prison.
A la lumière de l’Astre endormi accroché sur la voûte, si haut et si beau, qui ne s’émeut pas des violences-ci, si basses et si veule ; il arrache cet œil pervers et il scrute à la recherche d’une sidération.
Un sourire benoît se dessine alors. Il y voit une flamme nourrie du feu furieux d’une étoile. C’est une flamme qui réchauffe, qui apaise les tourments ; mais il la sait fatiguée. Ses lèvres gercées appose une empreinte délicate sur cette orbe-fenêtre. Il y souffle trois mots, trois vœux, et d’un cheveu la fait trois fois ceinte. Puis l’accroche autour du cou, juste à côté du cœur, entre deux poumons qui se feront soufflets.
Enfin se dresse-t-il au-dessus des eaux noires, sous le sombre dormeur qu’il caresse du regard.
Et à ses pieds, l’Estran s’enfuit constant vers un seuil invisible ; entre ses doigts, il sent le limon frigorifié glisser vers un rebord infiniment lointain. Il caresse chacun des grains de sable, comme il compte chacune des prières qui roulent entre ses doigts. Des vœux pour que la Mer cesse de faire courir le voile des étoiles, pour qu’il puisse rester droit et coi, sans divague et le déluge à venir ; pour que Son cauchemard cesse enfin …
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