7.1.2 Suggestions Poissonières

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Aujourd'hui, nous avons un cours de défenses contre les forces du mal avec l'ensemble des dernières années des trois écoles. Nous sommes tous dans la grande salle. Le cours d'aujourd'hui portent sur les sirènes. Les professeurs tentent désespérément de nous expliquer le danger de ces créatures.

Les élèves sont dissipés au possible. Mon cousin est le plus insultant. Personne n'a peur de ces créatures aquatiques. Les mecs font des remarques graveleuses sur leur buste et les filles, jalouses, les traitent d'allumeuses . Personne ne prend ce cours au sérieux. Les enseignants commencent à s'énerver.

Je vois Maeve et une de ses copines se chuchoter à l'oreille. Les deux filles rigolent et semblent préparer un mauvais coup. Maeve se lève et va murmurer quelque chose au professeur Bordial qui sourit. Il hoche la tête avec amusement et discute avec ses collègues. Les cinq professeurs présents regardent Maeve et sa copine avec surprise puis approuvent sa suggestion. C'est certain, ça ne sent pas bon.

Maeve revient à sa place et fait une claque dans les mains avec sa copine. C'est celle à la robe jaune. Les deux filles se dirigent vers l'estrade des professeurs. Elles les saluent poliment puis se tournent vers nous avec un sourire de malice inquiétant. Les deux filles ouvrent la bouche et se mettent à chanter d'une voix douce. Britney Spears everytimes . Notice me .... Take my hands.

J'ai subitement hyper froid puis je perds le fil de ma discussion avec Jamie. Lui aussi secoue la tête et semble perturbé. Nous avons tous les deux du mal à rassembler nos pensées. D'ailleurs, mis à part les deux chanteuses, le silence se fait très vite dans la salle. Chacun semble déstabilisé et hagard. Plusieurs personnes bougent la tête ou la prennent dans leurs mains. J'essaye de me concentrer sans y parvenir.

J'ai la tête qui tourne, je me sens de plus en plus mal. J'ai chaud, puis j'ai froid. J'ai envie de vomir. L'ensemble des élèves pâlit peu à peu. D'abord les mecs puis très rapidement les filles aussi. En dernier, les enseignants mis à part le Professeur Bordial. Ma respiration devient saccadée. Je ne peux plus respirer par le nez et suis obligé de le faire par la bouche. Je suffoque doucement. Bien que je suis immobile, j'ai l'impression de faire un sprint sur plusieurs kilomètres. Je n'ai plus d'air.

Ma gorge est sèche. J'ai envie de tousser et de boire. L'instant d'après, je suis irrité. Je respire du sable abrasif qui irrite mon palais, ma langue et toute ma trachée, comme en pleine tempête de sable au Sahara. Mes poumons sont douloureux. Je tousse enfin cependant, je recrache un peu de sang. D'autres personnes subissent les mêmes effets.

J'ai l'impression qu'il fait cinquante degrés dans la salle malgré le froid du début. J'aperçois plusieurs personnes qui transpirent aussi. Ils semblent dans le même état que moi. Je cherche ma baguette, ma vue se brouille. Je vois de l'eau apparaître sur le sol et commencer à monter. Personne n'arrive à bouger sauf Horace et le professeur Bordial qui restent très calmes.

Je revois dans ma tête tous les moments joyeux avec Maeve. Tous les moments où je l'observais. Je me souviens de notre baiser près du feu cet été. Je revis toutes les émotions du soir de l'anniversaire. Je visualise Maeve dans sa robe qui m'a coupé le souffle et fait battre le cœur. Je sens de nouveau mon muscle cardiaque tambouriner dans ma poitrine. J'ai l'impression qu'il va exploser. Il s'emballe comme une crise cardiaque. Mes poumons n'arrivent pas à suivre.

Ma tête me fait souffrir atrocement. Je sens mon rythme cardiaque dans mes oreilles, qui me rend sourd. Mes tympans me font l'effet d'être attaqué par un marteau-piqueur. Le haut de mon crâne est brûlant et fiévreux, j'ai l'impression que les cheveux sont en flamme. À l'inverse, ma bouche et ma gorge sont congelées. Ma langue est dure, mes dents me lancent. Je mange une glace sans goût sur une rage de dents. Mes yeux pleurent des larmes qui font une trace de sel à gauche et une stalactite à droite, les deux causant une atroce douleur sur mes joues.

Mes mains bleuissent. J'expulse par la bouche un petit nuage de vapeur, tel que cela arrive en plein hiver. Mes bras s'engourdissent. J'ai terriblement froid. Je n'arrive plus à respirer. Je me sens oppressé par un mur de neige. Mon esprit me crie de me sortir de là et mon corps ne réagit pas. J'essaye tous les sortilèges possible en version informulé sans aucun succès.

Je suis haletant. Mes camarades aussi. Toute ma volonté me quitte. J'ai envie de pleurer et de hurler sans parvenir à bouger le petit doigt. Je tourne les yeux vers Maeve qui chantonne toujours. Elle me regarde depuis le début de la chanson avec un sourire en coin. J'accroche ses yeux. Je me noie dans un océan de violet espiègle qui me frigorifie davantage. Un couteau me transperce le cœur, jusqu'à ce que Maeve tourne les yeux pour regarder vers Alice. Immédiatement, j'ai moins froid. Je regarde vers Alice à mon tour.

La Rouge et Or se sent mal aussi. Je la vois encore plus pâle et essoufflée que moi et autant incapable de faire quoi que ce soit. D'un coup, Alice se lève, comme dirigée par une force extérieure et vient s'asseoir auprès de Jamie. Sans prévenir, elle se jette sur lui et l'embrasse à pleine bouche. Je parviens à regarder la salle. D'autres couples s'embrassent passionnément. Tout le monde excepté les chanteuses, Horace et le professeur Bordial sont dans un état second.

Le niveau de l'eau augmente et il atteint nos genoux désormais. Quelques-uns de mes camarades et les enseignants semblent réaliser ce qui se passe sans pour autant intervenir. Je vois la panique dans leurs pupilles. Nous sommes prisonniers de nos corps, trempés, suffocant comme si on se noyait ou embrassant quelqu'un à pleine bouche. Les deux demoiselles se marrent tout en poursuivant leur chant.

L'eau continue de monter et nous arrive aux épaules. La terreur se lit dans les yeux de pas mal de monde. Ceux qui se bécotaient réalisent enfin la situation. Ils sont comme tous les autres impuissants et terrifiés. La sensation de froid disparaît totalement et est remplacée par son contraire. L'eau qui nous entoure émet de petites bulles de bouillonnement. Nous sommes en train de cuire au court-bouillon et à la vapeur. Mes doigts bleus deviennent rouges, des petites cloques apparaissent sur mes bras.

Quand l'eau parvient quasiment au sommet de la salle, qu'il ne reste plus que l'espace de la tête, les filles ont fini leur chanson. L'eau redescend d'un coup. Nous sommes tous projetés au sol, ruisselants et haletants. À genoux ou à quatre pattes, comme des personnes qui ont failli se noyer et qui recrachent l'eau de leurs poumons.

Tandis que nous reprenons tous notre souffle, nous entendons les deux filles qui se marrent et gloussent, fières de leur petit effet. Le Professeur Bordial prend la parole et nous dit d'un ton amusé :

- Merci mesdemoiselles pour cette démonstration relativement complète de chants de sirènes. Comme vous pouvez le constater, leur musique parvient à prendre le contrôle de notre esprit et nous suggère des actions folles ou nous fait oublier le danger. Les sirènes, comme tous êtres de l'eau, contrôlent l'eau. Elles peuvent donc faire monter le niveau, la geler ou la faire bouillir. Si ces demoiselles n'avaient pas été pacifiques, nous nous serions tous noyés, congelés ou cuits à la vapeur. Maintenant, si vous le voulez bien, reprenons notre cours et les moyens de se protéger du chant des sirènes.

Le professeur reprend son cours tranquillement. Il commence à écrire des formules ou faire le dessin de plantes au tableau, ignorant totalement notre mal-être. Les quatre autres professeurs sont un peu inquiets et observent Maeve et sa copine qui absorbent l'eau restante avec leurs mains. Tous ceux qui se sont embrassés sont gênés sauf Jamie qui a un sourire de gosse. Il arrive près de Maeve et murmure.

- Merci ma belle

- Attends la fin du cours. J'ai fait pire. Alice va me tuer, lui répond Maeve en riant.

- T'as fait quoi ? Lui demande Sarah avec un sourire. C'est la copine qui répond.

- On peut suggérer des choses aussi. Des pensées ou des rêves. Mon gars, je peux te dire que depuis la fête d'anniversaire, Alice, elle mouille sa petite culotte toutes les nuits en pensant à toi.

Maeve et sa copine rigolent et se retapent dans les mains. Jamie rougit légèrement et ricane également. Sarah et Horace secouent la tête, à la fois amusés et désespérés de cette réponse. Je dois avouer que je souris malgré moi. Alice va être furieuse. C'est si Serpentard, et en même temps pas bien méchant. Si j'en avais eu les capacités, j'aurais sûrement fait la même chose. J'ai hâte de voir la tête de la Rouge et Or quand elle va comprendre.

Le cours se poursuit. Quand le professeur explique que les sirènes peuvent suggérer des rêves d'amour, je vois Alice lever la tête et observer Maeve qui lui fait un grand sourire et un bisou dans le vent. Puis elle se remet du rouge à lèvres en faisant un doigt d'honneur. Alice ouvre la bouche. Elle murmure quelque chose en foudroyant Maeve du regard. À la fin du cours, je vois Alice arriver en fureur et se planter devant Maeve.

- Espèce de ..... Alors c'est toi ? Tu l'as fait exprès? Ça t'amuses ?

Maeve lui fait un grand sourire, qui avoue sa culpabilité et surtout qu'elle assume pleinement son crime. Il est clair que Maeve n'a aucun remords et trouve son délit très amusant. Sa copine lui fait un câlin et un bisou sur la joue et commence doucement à rire.

- Rhoooo Alice tu n'as aucun humour. Je n'ai fait que suggérer un truc à ton esprit. Ton imagination et ton désir ont fait le reste. Allez, ... Tu ne vas pas laisser les rivalités Serpentards – Gryffondors empêcher ton corps de se satisfaire. Tu en meurs d'envie.....

Alice se calme un peu devant l'air rieur enfantin de Maeve. C'est vicieux certes, mais du genre bon enfant malgré tout. C'est tellement le genre de trucs tordus digne de la maison Serpentards. Tout à fait les habituelles espiègleries de sale gosse de Maeve. Je retrouve l'esprit gamin blagueur de mon petit canard. Rodrigue, qui arrive, est hilare. Quelques copines d'Alice suivent et se mordent les lèvres pour ne pas rire.

- Tu n'es qu'une saleté de Serpentards. Je suis sûre que tu t'es régalée à me tourmenter.

Le sourire immense de Maeve lui confirme ses dires, surtout qu'elle hoche la tête frénétiquement. Sa copine au sang de poisson s'est écroulée de rire sur le banc. La joie des deux filles est communicative et très vite, un petit groupe très souriant se forme.

- Allez fais-moi un câlin, dit Maeve en riant et en tendant les bras en guise de geste de paix.

- Nan, je te déteste. Mais c'est bon, t'as gagné. Je capitule. Par contre, interdit de répéter à qui que ce soit le contenu des rêves.

Alice se met à rire, discréditant sa soi-disant haine. Elle ferme les yeux et rougit. Alice s'assoit sur les genoux de Jamie et l'embrasse de nouveau puis se cache dans son cou. Maeve et un tas de filles se mettent à hurler de joie. Jamie sourit de toutes ses dents et serre Alice dans ses bras. Maeve et sa copine improvisent une petite danse de joie.

- T'inquiètes pas Alice. J'ignore le contenu de tes rêves. Même si je me doute que c'est interdit aux moins de dix-huit ans.

Maeve s'est écroulée de rire sur le banc. Alice la frappe avec son écharpe tout en restant sur les genoux de Jamie. Le fou rire de Maeve redouble d'intensité. Rodrigue et d'autres s'interposent et prennent la défense de Maeve en se marrant.

Rodrigue était au courant. C'est lui qui a fait rentrer à plusieurs reprises, les deux filles dans le dortoir des Rouge et Or en douce pour qu'elles torturent Alice. Il avoue sa complicité et se fait tabasser à coup d'écharpe lui aussi. Jamie lui tape dans la main pour le remercier et promet une boîte de bonbons aux deux polissonnes criminelles. Alice ronchonne et tente de convaincre les autres de l'importance de ce crime. Personne ne la soutient, on est tous heureux de cette petite farce.

C'est officiel. Alice et Jamie sont de nouveau ensemble. Maeve est un sale gosse, que Sarah, Horace, et même Rodrigue félicitent.

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