Les marrons

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J'avais presque oublié les couleurs de l'automne. Mes yeux d'enfant ne voyaient plus. Voilà qu'ils se sont rouverts hier. Sur la Rue Père de Deken, j'ai aperçu à plusieurs reprises des adultes – ces monstres sans cœur, comme nous le savons tous – ramasser des marrons au sol. Tous avaient un sourire malicieux aux lèvres. Cette vision m'a ramené instantanément dans mes cours d'école. J'ai revécu ces moments délicieux, lorsque nous utilisions ces fruits pour nos jeux d'enfant parfois dangereux.

Leur surface brillante, lumineuse, m'a aussi rappelé tes yeux. Eux qui luisent lorsque je les regarde, chatoyant, brulant. Tu as, mon amour, le charme de cette saison sans en avoir le froid mordant ou la mélancolie. Voilà pourquoi je me suis arrêté un instant devant ces marrons, hypnotisé que j'étais par le souvenir que j'avais de toi.

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