Chapitre VII, Partie 5 : Première mission à EXODUS

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Il passa la main dans ses cheveux, grisés par les cendres virevoltantes.

 -Vous me dites toujours ces choses avec un détachement affreux. Là, des enfants sont morts apparement brûlés vifs, les forêts de vos ancêtres ont été carbonisées et le village que vous avez dirigé des années durant a été réduit en miettes, et vous me parlez d'une fichue pagaille. Aberrant...

 -Qu'en penses-tu toi, jeune empereur?

Le doyen Hame connaissait le secret de Dieter. A part lui-même, c'était le seul qui était au courant de sa condition d'immortel. C'était bien pour cela qu'il l'avait accepté parmi les habitants. Il avait participé à la reconstruction des maisons, à l'administration des lieux et avait même aidé les commerçants du coin. Il avait, en quelques sortes, pu jouer son rôle d'empereur auprès de ses quelques loyaux sujets. C'était une des rares periodes où il avait été heureux dans sa fuite.

 -Je n'en pense plus grand-chose, avoua-t-il timidement. J'ai vu tant d'horreurs commises par la république que je ne compte plus les morts qu'elle a causés. Je sais que vous n'en avez jamais voulu aux gouvernements successifs, grand-père, je n'ai jamais compris pourquoi. Maintenant que vous avez passé l'arme à gauche, peut-être pourriez vous me le dire?

 -Un souvenir, Dieter, c'est tout ce que je suis.

 -Ah oui, c'est vrai...

Il se releva, et mit les mains dans ses poches. Il ferma les yeux, pencha la tête en arrière et se perdit dans ses pensées.

 -Juste une image...vous n'êtes plus là pour m'aider, désormais...moi qui espérais pouvoir prendre un dernier thé avec vous, je suis arrivé trop tard.

L'ennemi est rarement là où l'on pense qu'il est, souviens t'en Dieter

Cette phrase lui revint en mémoire brusquement. Une vielle phrase que le vieil homme avait coutume de lui répeter, lui qui s'était battu dans des groupes terroristes dans sa prime jeunesse. Pensif, le jeune homme se redressa et réflechit au sens profond de cet avertissement. Mais alors qu'il allait demander au vieil homme ce qu'il signifiait, celui-ci avait disparu. Il était parti, probablement pour ne plus revenir, et Dieter, du coin des lèvres, murmura un simple "Merci, grand-père".

Revenu à la réalité des choses, il fit un bref bilan dans sa tête. Son village d'accueil venait d'être détruit, probablement par le groupe d'Eolia et probablement par la grosse machine qu'ils avaient acheminée jusqu'ici. Il chercherait un moyen de se venger plus tard, il avait suffisement à faire dans ses recherches et devait également retrouver son groupe. Mais il n'eut pas à le faire, une voix derrière lui, bien réelle, retentit.

 -Dieter !

L'interpellé ne réagit pas. Il était encore largement absorbé par ce qu'il venait de vivre, et Eolia, car c'était elle, dut crier son nom une nouvelle fois.

 -DIETER !!!

Cette fois, Dieter se retourna. Il arborait de nouveau son expression coutumière, cette moue plus ou moins désabusée qui le caracterisait. Il regarda sa supérieure s'approcher en enjambant les corps et les gravats, assez habilement. Lui même se dit que ces sautillements étaient plutôt guillerets, et qu'elle devait avoir apprécié détruire ce village et tuer ses habitants. Mais quand elle arriva à sa hauteur, il fut surpris de constater qu'elle ne souriait pas, contrairement à son habitude. Elle s'arrêta juste à sa hauteur, et semblait, sinon attristée, au moins vaguement perturbée par ce qu'elle voyait.

 -Eh bien, commença-t-elle dans un soupir, quel foutoir...et encore, s'il n'y avait que les débris, mais l'odeur...pouah !

Elle se couvrit le nez. Son uniforme, remarqua Dieter, était couvert d'une fine couche de poussière et de quelques traces de boue. Elle s'était trouvée relativement proche de l'explosion, soit par sadisme prononcé, soit par obligation.

 -Je ne vois pas pourquoi tu es surprise, dit-il en tentant de garder son calme. Après tout, il me semble bien que c'est l'armée qui est responsable de ce carnage. Et si tu n'y as pas toi même participé directement, je suppose que l'engin qui a causé la déflagration est de la conception d'EXODUS?

Eolia le regardait la bouche entrouverte, mais pencha ensuite la tête sur le côté en affichant un petit sourire triste.

 -Oooh, enfin Dieter, tu ne vas pas nous faire du sentimentalisme tout de même. Ce n'était qu'un village de nostalgiques, même pas très peuplé en plus de ça.

 -Excuse moi, c'est vrai, j'oubliais que les impérialistes ne comptaient pas vraiment pour des êtres humains, répliqua ironiquement le jeune homme, désormais bouillant de rage interieurement. Eolia ne sembla pas le remarquer, et reprit son expression blasée.

 -Bon, reprit-elle, suis moi. T'es un peu en retard, et je dois te présenter notre nouveau joujou.

Elle le prit par la manche, et le guida ainsi, au travers des anciennes rues, dans un coin un peu reculé. Ils arrivèrent près d'une montagne, ou plutôt une grande colline, abrupte, qui surplombait les ruines de Kona. Dieter avait bien connu cette colline, mais ce qui se tenait dessus lui arracha un soupir d'admiration.

En effet, en haut du talus, un immense véhicule -si tant était que l'on pût appeler cela un véhicule- se tenait là, sur quatres roues chenillées. C'était l'engin qui avait laissé les traces aperçues par Dieter, sur le chemin qu'il avait emprunté. Sur un chassis long d'une cinquantaine de mètres, un canon tel que Dieter n'en avait jamais vu. Au bas mot trente mètres de long, et au moins dix mètres de larges. Un rotor lui permettait de se déplacer de droite à gauche, ainsi que de s'abaisser et se relever. Des câbles épais alimentaient le canon en energie, et deux cabines étaient posées de part et d'autre du long cylindre pour piloter la terrible bestiole.

Les proportions du tout remplirent Dieter d'effroi, et le firent reculer d'un pas. Il venait de comprendre une choses horrible, affreuse : ce qui avait tué Kona n'était pas un explosif surpuissant capable de raser un village entier. C'était un obus, projeté dans le ciel à une vitesse prodigieuse, et dont l'impact avait tout détruit sur son passage. Un projectile sur-accéléré, une arme d'une destruction sans précédent.

 -Ce...ce n'est quand même pas cette chose qui...

Il ne trouvait pas ses mots. A côté de lui, Eolia posa fièrement les poings sur les hanches, en conquérante, et eut un petit sourire en coin.

 -Dieter, je te présente la dernière création du groupe de recherche EXODUS : le Gauss Hyperion, IVème génération !

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