Chapitre IX, Partie I : Aux portes du savoir

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La porte s'ouvrit. Une main appuya sur un interrupteur, et la lumière s'alluma. C'était une petite salle sans prétention. On y trouvait quelques étagères, du matériel de nettoyage et des chaises usées. Deux silhouettes y pénétrèrent, celle d'un homme grand aux épaules carrées, et celle d'un jeune homme. L'homme prit ce dernier par l'épaule et le conduisit au fond de la salle, d'où il sortit un balai et une tenue de nettoyage.

 -Voilà, c'est ton nouveau travail. Je n'ai pas besoin de te montrer comment on s'en sert, je suppose?

Dieter, car c'était lui, fit quelques pas et prit dans les mains le petit tablier grisâtre tendu par son superieur. Il le contempla d'un air dégoûté, et releva la tête.

 -Grand-lieutenant, j'ai comme l'impression que vous ne me faites pas entièrement confiance.

 -Non, c'est le moins qu'on puisse dire, répondit l'interpellé en enfonçant ses mains dans ses poches. Depuis que tu es là, il se trouve que plus de dix opérations d'EXODUS en exterieur ont lamentablement échoué. Mon adorable nièce en a bien pris pour son grade en officiel parce que c'est elle qui est en charge de tout. Maintenant, moi, je rétablis la justice par derrière.

 -Vous n'avez strictement aucune preuve de mon implication.

 -Je n'en ai pas besoin. Tu te pointes comme une fleur, tu intègres l'équipe sans tests préalables et comme par hasard, quelques jours après, un canon dernière génération explose, sans raisons apparentes. Tu m'avoueras que c'est suspect quand même.

 -Et donc, selon vous, pourquoi j'aurais saboté vos installations?

Tadéo fit quelques pas dans la pièce, et se dirigea vers la sortie. Avant de quitetr la pièce, il se retourna vers Dieter : ce dernier se démenait pour enfiler le vieux tablier abîmé par dessus ses vêtements.

 -Pour moi c'est assez clair, tu es un espion pharien. Je n'ai donc aucune confiance en toi, et tu restes à ce poste tant que la lumière n'a pas été faite sur toute cette affaire. Maintenant tu m'excuses, mais j'ai un rendez vous avec l'enquêteur Boisclair. Et je t'interdis formellement l'accès au centre de commandement, je me suis bien fait comprendre?

 -Très bien, aucun problème, répondit le prince en mimant un salut.

Sur ces mots, le grand-lieutenant s'éloigna dans les couloirs du batîment. Dieter s'assura que son superieur était bien parti, et referma la porte du local. En réalité, peu lui importait de savoir quel poste lui était attribué. Il avait accès aux informations qu'il désirait tant qu'on le tolérait dans le groupe, ce qui lui suffisait amplement. D'ailleurs, le préposé au nettoyage pouvait aller et venir dans toutes les pièces d'EXODUS, sauf la salle de commandement. Celle-ci n'interessait pas Dieter.

De plus, Tadéo le soupçonnait d'être un espion de Pharos, et c'était très bien comme ça : l'enquête allait être dirigée sur cette piste, et ses véritables origines et motivations resteraient secrètes. Tout se présentait bien pour lui. Mais il allait quand même se calmer un peu sur les sabotages, il s'était fait un peu trop remarquer ces derniers temps.

Il se rendit donc, avec son balai, son sceau et sa serpillère dans le couloir principal et commença à astiquer le sol. Il trempa la serpillère dans le sceau, frotta énergiquement le sol, et répéta l'opération encore et encore, sur la même partie. On aurait pu croire qu'il était à son travail et qu'il se montrait consciencieux dans sa tâche, mais il n'en était rien : il réflechissait aux salles à fouiller en priorité. Il pensa d'abord à la salle de commandement, mais Tadéo lui en avait strictement interdit l'accès. D'ailleurs, connaissant ce tyran, il avait probablement bloqué sa carte d'accréditation. Il pensa ensuite aux laboratoires, aux bureaux des secrétaires, à la chambre d'Eolia, même au bureau du grand-lieutenant. Mais à chaque fois, il abandonnait l'idée, soit parce que les locaux étaient innacessibles, soit parce qu'ils étaient trop surveillés.

Soudainement, une idée brillante lui vint. Il connaissait une salle adjacente aux archives. Celles ci lui étaient impossible d'accès car il fallait passer par le centre de commandement. Mais elles avaient une porte, qui donnait sur un vieux local de rangement.

Dieter se retourna, à gauche et à droite. Il reprit en main tout son materiel de la petite ménagère et se rendit rapidement à la salle en question. Il s'y fut assez vite rendu. Il s'étonna cependant de ne croiser personne dans les couloirs. Il n'y avait jamais grand monde à cette heure ci, il était peut-être huit heures du soir. La plupart du personnel était soit parti aux dortoirs, soit rentré chez lui. Ca lui laissait de la place pour fouiller.

Une fois devant la porte, simple porte en bois, il révérifia une énième fois si personne ne se trouvait là, puis entra. C'était complètement vide, il ne restait guère plus qu'un vieux placard métallique rouillé. Vide, qui plus est. Mais les archives étaient maintenant accessibles. Dieter se dirigea vers la porte. Il n'eut aucun mal à l'ouvrir, ses doigts de fée accompagnés d'une vieille épingle ayant tôt fait de venir à bout de la serrure.

Voilà, il était maintenant en terrain connu. Il était déjà venu des dizaines de fois. Seulement, cette fois, ses recherches ne le concernaient pas directement : il était là pour trouver des infos sur l'enquête qui le visait. Qui étaient les vrais témoins, quels éléments pouvaient l'incriminer? Les analyses sanguines avaient-elles déjà été faites? Sur ce point, Dieter n'avait pas trop de crainte, elles prendraient plusieurs semaines, si elles ne se perdaient pas dans l'administration vieillote.

Et il se mit à chercher. Il ouvrit des dossiers, fouilla dans des boîtes plus très fraîches. Il retourna des pages de vieux fichiers, rechercha dans les quelques ordinateurs présentd. Il fit donc unerecherche approfondie, mais il dut se rendre à l'évidence très rapidement : cette salle ne contenait que de vieilles archives. Rien qui soit en cours, et certainement pas une enquête dans le civil. Dieter s'asseya alors dans un coin de la salle, les bras enroulés autour de ses genoux repliés. Il réfléchit aux autres endroit possibles, et en tire deux : le bureau du grand-lieutenant, et la salle des pièces à conviction. Mais la première était un lieu saint -littéralement- et la deuxième était très sécurisée. La prudence etait donc de mise.

Soudain, il tendit l'oreille : le ronronnement des machines couvrait un bruit, que Dieter ne reconnut pas tout de suite. Quand ce fut le cas, il se figea tout net : des bruits de pas, rapides. Quelqu'un s'approchait.

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