Chapitre 2 : Xavier

3 minutes de lecture

Je desserre ma cravate et enlève les premiers boutons de ma chemise avec un soupir de soulagement. Mon PC achève de s'éteindre et je suis las. Cette journée était interminable, cette semaine l'était tout autant. Depuis que c'est la crise je ne vois plus la couleur du jour, trop occupé à essayer de maintenir ma boîte à flot.

Je quitte mon bureau et jure entre mes dents : “Chier ! Encore du grésil ! Manquerait plus que ça vire à la grêle” bougonné-je, inquiet pour ma carrosserie... Je contrôle l'état de ma Supra rutilante, garée comme toujours à l'écart des autres véhicules sur ma place attitrée. Je ne supporte pas l’idée de la moindre rayure sur la peinture rouge, certes un peu voyante mais tellement belle de mon véhicule.

Je m'installe avec bonheur au volant de mon bolide de collection. J'aime entendre chanter le moteur et la radio. Allez, direction chez moi pour me prélasser sous une douche bien chaude et enfin avoir du temps pour me détendre !

Je pousse la porte de mon petit appartement. Comme toujours, tout est parfaitement rangé, les rares amis qui viennent me rendre visite ici prétendent d’ailleurs que mon logement manque d’âme. Peu m’importe, ça me convient. J’y passe juste mes soirées et mes week-ends, quand je ne sors pas. La télé, la console, le PC, me suffisent largement à passer le temps avant de replonger dans mon boulot.

La femme de ménage est passée, tout est bien propre. Je vois qu’elle a laissé un mot sur la table mais décide de ne le regarder qu’après ma douche. Je fais chauffer la salle de bain et me déshabille machinalement, laissant tomber ma veste sur le dossier d’une chaise.

Comme c'est bon d'enlever ces lourdes chaussures de cuir noir. Elles sont belles mais côté confort on repassera. J'extirpe mes pieds de leurs chaussettes, savourant la sensation du sol agréablement chaud. Mon pantalon de costume tombe en accordéon, bientôt suivi de mon boxer. Il me faut encore enlever un à un les boutons de ma chemise pour pouvoir enfin m'engouffrer dans la pièce d’eau et dans la douche.

Je pousse un gémissement discret en sentant l'eau glacée puis progressivement brûlante me marteler la tête et les épaules. Les yeux fermés, la tête renversée en arrière, je laisse les multiples jets détendre mes muscles noués et ankylosés par la journée où je suis resté perpétuellement penché sur mon écran, le téléphone coincé entre mon épaule et ma joue, quand je n’étais pas en visio.

Je laisse s’écouler de longues minutes avant de me résoudre à couper l’eau le temps de me laver. Le parfum musqué et boisé du gel-douche embaume la grande cabine tandis que je m’enduis de mousse onctueuse.

Sous mes doigts mon corps reste ferme et dessiné mais je ne suis pas pleinement satisfait du volume de mes muscles. Il faut vraiment que je me redéfinisse un moment dédié au sport. Ce n'est pas parce que Marianne est morte il y a cinq ans que je dois totalement me laisser aller.

Une serviette nouée autour de la taille, je me dirige vers le buffet pour me servir un verre de bourbon en mémoire de ma douce. Mon regard se pose alors machinalement sur la feuille de papier en évidence :

“Bonsoir Monsieur,

J’ai nettoyé le frigo comme vous me l’aviez demandé et vous ai prévu des plats pour ce week-end, comme d’habitude.

A lundi,

Rosalie

PS : N’oubliez pas votre rendez-vous de 20h00, vous l’avez déjà reporté à trois reprises !”

“Et merde ! Fais chier !” juré-je en voyant mon programme de détente tranquille tomber à l’eau. Cette femme me harcèle depuis des mois pour un rendez-vous sans que je sache ce qu’elle me veut.

“Putain ! Je vais vraiment devoir me réengoncer dans ce costard ? Ouais ben non, tu m’prends la tête ma cocotte, pour toi ça va être jean, T-shirt, baskets”, déclaré-je en laissant tomber ma serviette à même le sol.

Je jette un œil à l'horloge qui appartenait à mon grand-père : “Putain, déjà 19h55 ! Ouais ben c’est mort, elle attendra. Et j’espère pour elle qu’elle s’attend pas à ce que je paye la note du resto chic qu’elle m’a imposé !”

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 6 versions.

Vous aimez lire EruxulSin ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0