L'Ultime Révélation

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L’univers se tenait là, comme une toile infinie, prête à accueillir la touche finale. Les quatre amis se tenaient face à la mer d’étoiles en perpétuel mouvement, leur esprit envahi par une vérité qu’ils commençaient à peine à comprendre. Le Narrateur Suprême, toujours aussi mystérieux, les observait avec un regard perçant.
— Alors, mes chers amis, vous êtes-vous enfin résignés à la plus grande vérité de toutes ?
Gisèle fixa le vide, comme si elle cherchait quelque chose au-delà de ce monde.
— La vérité ? Sa voix tremblait légèrement. Tout ça a-t-il vraiment du sens ? Ou sommes-nous condamnés à naviguer dans un univers sans fin, sans direction ?
Le Narrateur sourit doucement.
— Ce n’est pas la vérité qui importe. Ce qui compte, c’est que vous êtes les architectes de votre propre réalité. Mais la grande révélation est celle-ci : il n’y a jamais eu d'illusion. Pas vraiment. Ce que vous vivez, ce que vous créez, est aussi réel que ce que vous ressentez. L’absurde est tout aussi valable que le raisonnable, le chaos aussi valable que l’ordre.
Jean-Désastre éclata de rire, ses yeux brillant d’un éclat étrange.
— Donc, vous voulez dire que l’absurde n’est pas une erreur ? Que c’est simplement une autre forme de vérité ?
Le Narrateur Suprême inclina la tête.
— Exactement. L’absurde est le seul chemin vers la liberté totale. Car vous comprenez enfin que dans l’absurde, il n’y a pas de limites, pas de règles préétablies. Vous êtes les seuls à écrire le récit de votre existence, à choisir ce que vous en faites.
Roger, d’un ton qui trahissait un mélange de fascination et d’angoisse, s’approcha.
— Mais, si nous sommes les créateurs, pourquoi ressentons-nous encore ce poids, cette pression ?
Le Narrateur rit doucement, un rire qui semblait provenir de l’intérieur de tout l'univers.
— Parce que, mes chers amis, vous avez oublié quelque chose de fondamental : la liberté n’est pas un cadeau, c’est une responsabilité. La vérité, l’absurde, la création… tout cela se paie au prix de vos émotions, de vos peurs, de vos désirs. Vous êtes à la fois les rêveurs et les éveillés.
Bernard, qui jusque-là n’avait pas beaucoup parlé, prit la parole avec sérieux.
— Et si, au fond, tout ce qu’on a fait, c’était courir après une illusion ? Si nous avons simplement voulu échapper à notre propre réalité, à l’inconnu qui nous attend ?
Le Narrateur le regarda fixement, comme s’il voyait au-delà de ses mots.
— L’inconnu n’est pas votre ennemi, Bernard. C’est votre allié. Car dans l’inconnu, il y a une possibilité infinie, un potentiel que vous ne pouvez pas encore comprendre. Vous êtes là, dans ce moment, à l’aube d’un monde nouveau, et pourtant… rien ne vous retient ici. Vous pouvez repartir. Ou vous pouvez choisir de rester, de créer encore… et encore.
Jean-Désastre, les bras ouverts, s’écria avec une énergie renouvelée.
— Alors, tout recommence, encore et encore ! Nous sommes les créateurs, et la boucle ne finit jamais !
Le Narrateur Suprême s’approcha de lui, un éclat dans les yeux.
— Exactement. Mais souvenez-vous : la boucle n’est pas une prison. C’est un choix. Vous pouvez choisir de la quitter, ou de l’enrichir. Ce monde, ce cycle, vous appartient. Vous êtes à la fois les bâtisseurs et les démolisseurs. Vous êtes l’auteur et le personnage. La question ultime est de savoir : quelle histoire allez-vous écrire ?
Les quatre amis se regardèrent, réalisant que le pouvoir de créer ou détruire était entre leurs mains. Mais ce pouvoir ne venait pas sans ses propres dilemmes. Le prix de la liberté n’était pas facile à supporter. Ils avaient entrevu l’infini, et l’infini n’était ni gentil ni cruel. Il était simplement là.
Gisèle, plus sereine que jamais, posa une question qui semblait résumer tout ce qu’ils avaient vécu.
— Alors, que devons-nous faire maintenant ? Créer, détruire, ou simplement… accepter ?
Le Narrateur Suprême regarda chaque visage avec une intensité croissante. Puis, dans un souffle presque imperceptible, il répondit :
— Vous devez comprendre une chose : ce que vous ferez maintenant n’aura aucune importance, si vous ne le faites pas pour vous-mêmes. Créez ou détruisez. La liberté est la capacité de choisir sans regret. Vous êtes les maîtres de votre propre destin, mais rappelez-vous… rien de tout cela ne peut exister sans votre consentement.
Tout devint soudainement calme. Le vide autour d’eux n’était plus un néant. C’était un espace rempli de possibilités, une mer infinie d’opportunités prêtes à être explorées.
Jean-Désastre, les yeux brillants d’extase, leva la main.
— Alors… laissons cette histoire se déployer dans son absurdité la plus pure !
Les étoiles s’étendirent, formant une spirale de lumière, puis se transformèrent en un tourbillon d’imaginaire sans fin.
Mais cette fois, l’univers n’était plus qu’un simple décor. C’était leur univers, et dans cet instant précis, ils étaient plus libres qu’ils ne l’avaient jamais été. Car l’ultime révélation n’était pas de comprendre l’infini, mais d’accepter que l’infini ne pouvait être compris.

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