Chapitre 1

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Par Julien Neuville: https://www.atelierdesauteurs.com/author/559679119/julien-neuville

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Par-delà les immenses vitres du 36ème étage de la tour Carpe Diem, Charlotte Evra contemplait la capitale bouillonnante. Dans le bureau du directeur adjoint des Ateliers InVivas, un silence de mort étouffait jusqu’aux hurlements de son âme.

Dans cet état de calme qui l’enveloppait sur chaque nouvelle scène de crime, le lieutenant Evra laissait passer ses premières impressions, pour que retombe la tension et ne restent que les éléments factuels, seuls capables d’éclairer l’enquête.

Elle se retourna, et fit de nouveau face au cadavre.

Le corps nu sans vie de Joseph Marhic était assis sur un grand canapé en cuir blanc, sur lequel une large tache de sang s’étalait, entre ses jambes. Il avait également coulé au sol, formant une flaque presque noire sur le carrelage ivoire.

Ce qui était quelques heures plus tôt son appareil génital avait disparu, remplacé par une plaie rougeoyante. Charlotte s’approcha du corps et se pencha au-dessus de la bouche de la victime, dont le regard vitreux fixait le plafond. Elle alluma la lampe torche de son téléphone, et dirigea le faisceau vers la gorge du magnat des produits pharmaceutiques. Elle vit une queue de poisson bleue qui reposait mollement sur sa langue. Le reste de l’animal disparaissait dans son œsophage.

Se redressant en soupirant, Charlotte se dirigea vers le grand aquarium brillant derrière le canapé, encastré dans un meuble sur-mesure. L’eau avait une teinte rosée, et la lampe torche confirma son impression : sur la surface légèrement mousseuse secouée par la pompe, un amas de graisse et de chairs sanglantes flottait, tandis que les testicules veineux venaient se cogner à la paroi de verre à chaque vaguelette.

Par-delà la porte du bureau lui parvinrent des paroles indistinctes : le ton semblait monter, jusqu’à ce qu’une voix péremptoire creuse son sillon par-dessus le marasme :

— Laissez-moi entrer, pourquoi vous refusez de me dire ce qu’il se passe ? Où est monsieur Marhic, et que faites-vous ici ? Joseph ? Vous êtes là, Joseph ?

Charlotte ouvrit la porte, découvrant le dos du jeune officier arrivé sur les lieux après l’appel de la femme de ménage qui avait découvert le corps. Il était occupé à repousser d’une main ferme l’homme face à lui, un grand type décharné au teint cireux.

— Monsieur, dit Charlotte sur un ton autoritaire, vous n’êtes pas autorisé à pénétrer ici, il s’agit d’une scène de crime. Je peux savoir qui vous êtes ?

— Je m’appelle Nicolas Bianchi, je suis le directeur adjoint des Ateliers InVivas. Et vous, je peux savoir ce que vous faites dans mon bureau ?

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