Chapitre 3

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Par Fred Larsen : https://www.atelierdesauteurs.com/author/1316627202/fred-larsen

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Comme tous les matins, tout spécialement les lendemains de fêtes dans le bureau du directeur adjoint, Julie savait qu’elle aurait juste le temps de tout nettoyer dans le créneau qui lui était imparti. Elle avait de plus en plus de travail et quoi qu'il arrive, tout devait être nickel avant l'arrivée de Nick à 11h. Heureusement qu’elle était payée royalement.

Il faut dire qu’elle était rémunérée grassement par le patron des Ateliers Invivas, son travail officiel. Mais elle l’était aussi généreusement, par Nick, le numéro 2. Pour lui, elle espionnait le boss, prenait des photos de tout ce qu’elle pouvait voir comme papiers dans le bureau, lors de son ménage. Double salaire donc… Sans doute la femme de ménage la mieux payée de tout Paris, même de ses environs.

Ce matin-là, 6 heures comme d’habitude, elle s’apprêtait à nettoyer le merdier habituel consécutif aux fêtes du patron. Elle n’avait aucune idée de ce qui pouvait bien se tramer lors de ces folles nuits, mais c’était de plus en plus dégueulasse à son arrivée. Elle préférait ne pas savoir ce qui se passait, mais cela faisait déjà deux fois qu’elle avait dû nettoyer des traces rougeâtres qui auraient bien pu être du sang. Elle en avait bien sûr fait part à son ami et second patron, Nick, celui qui rêvait d’être calife à la place du calife.

Ce matin-là donc, en entrant, elle vit que quelqu’un, visiblement son patron, semblait encore dormir dans le canapé. Il était dos à la porte et n’avait pas répondu quand elle l’avait appelé :

  • Monsieur Joseph ?
  • ….
  • Monsieur Joseph, je peux entrer ? Vous voulez que je revienne plus tard ?

Toujours pas de réponse…

Elle fit le tour et quand elle fut face à lui, elle faillit vomir. Les mains sur la bouche pour s’empêcher de crier, elle observa la scène : Il était assis, baignant dans une mare de sang, en particulier entre les jambes, mais ça avait coulé jusque part terre faisant une grande flaque rouge-noir sur le carrelage.

Heureusement qu’on a enlevé le tapis la semaine dernière pour le faire nettoyer, on n’aurait jamais pu ravoir une tache de sang de cette taille-là, se dit-elle.

Se ressaisissant, elle se dit qu’il allait falloir appeler la police. Ce n’était visiblement pas un suicide. Ma pauvre Julie, mais même pour un suicide, on appelle la police… Appeler Nick avant, il fallait qu’il sache, avant que la police ne l’appelle. Oui, c’est ça, il faut appeler Nick tout de suite…

Elle essayait de maitriser le tremblement de ses mains en composant nerveusement le numéro de son second patron, mais néanmoins ami, sur son téléphone. Heureusement, il décrocha rapidement, malgré l’heure matinale :

  • Allo, Nick ? presque en criant.
  • Oui, qui est-ce ? Julie, mais pourquoi m’appelles-tu aux aurores comme ça ? Et pourquoi tu cries ?
  • Il est arrivé une catastrophe, Nick !
  • Tu as eu un accident ? Tu veux que je vienne te chercher ? Où es-tu ?
  • Non, c’est pas ça, Nick, c’est pire !
  • Me dis pas que tu es morte…
  • T’es vraiment con, tu sais, tu crois que je t’appellerais en étant morte ?
  • Je me suis demandé un moment si ce n’était pas dans un rêve… Tu sais bien que dans les rêves tout est possible.
  • Je suis SERIEUSE, Nick, écoute moi !
  • Oui, oui, désolé, alors que se passe-t-il ?
  • Jo est mort, Nick !
  • Quoi ?
  • Oui, Jo est mort…
  • Mais où, comment ?
  • Dans le bureau…. Sur son canapé et on dirait bien qu’il a un gros trou à la place de son service trois pièces …
  • Mais qu’est-ce que tu me racontes ?
  • Il y a une énorme flaque de sang entre ses jambes. Tu sais, heureusement que j’ai fait envoyer le tapis à nettoyer la semaine dernière, sinon, il aurait été foutu…
  • Tu sais qu’on s’en fout de ton tapis, Julie… Merde, Jo est mort et tu m’emmerdes avec cette histoire de carpette...
  • Oh, tu ne me cries pas dessus sinon, je raccroche et j’appelle la police tout de suite…. Lui dit-elle pleurant à moitié.
  • Non !
  • Quoi, non ?
  • Attends avant de les appeler…
  • J’attends quoi ? Tu promets que tu ne me cries plus dessus ?
  • Oui, oui, c’est promis.
  • Promis, promis ?
  • Mais oui promis.
  • Bon, je t’écoute, Nick…
  • Va voir sur le bureau…
  • Oui ?
  • Regarde s’il y a un dossier rouge posé dessus…
  • Oui, il y est mais sous d’autres feuilles.
  • Prends juste ce dossier rouge et mets le dans ton chariot de ménage, personne d’autre que moi ne doit le voir, ce dossier, c’est d’accord ?
  • Oui, Nick, voilà, il est dans mes affaires de ménage, caché sous les rouleaux de papier.
  • Bien, maintenant, tu peux appeler la police.
  • Je fais la femme affolée en les appelant ?
  • Oui, c’est mieux… comme ça ils te laisseront plus vite tranquille.
  • Ok, je les appelle.
  • Courage, Julie.
  • Merci.

Elle composa ensuite le 17. Le hasard la fit tomber sur le lieutenant Charlotte Evra qui était de garde ce matin-là, après une nuit sans beaucoup de sommeil…

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