02/04/376

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La première chose que j’observe quand Kenji ouvre les yeux, c’est un plafond rustique, fissuré par le temps. Soudain, le visage de l’homme corpulent se penche brusquement sur le sien.

— Bien, t’es réveillé, gamin. Écoute-moi bien, je ne suis pas là pour te dorloter. J’ai tué mes anciens employeurs parce que j’ai vu en toi quelque chose d’unique. Je vais te former, faire de toi un guerrier. Alors debout !

Sa voix est forte, autoritaire, mais Kenji est trop faible, trop brisé pour obéir. Je ne comprends pas pourquoi mon créateur me demande d’observer cette scène, mais peu importe : c’est mon rôle. Soudain, l’homme renverse le lit d’un geste brutal, envoyant Kenji s’écraser au sol.

— Je mise gros sur toi, gamin. Pas question que tu te laisses mourir.

Kenji reste inerte, prostré dans son silence. Mais l’homme n’accepte aucun abandon. Il le relève brutalement, empoigne ses épaules et plante son regard dans le sien.

— Tu vas apprendre, gamin. Je vais te forcer à devenir ce que tu es déjà au fond de toi. Je vois ton potentiel, et je refuse de le voir se perdre.

Les jours passent lentement. L’homme nourrit Kenji de force, le traîne dehors, lui ordonne de marcher. Chaque fois que Kenji s’effondre, il le redresse sans ménagement. Moi, je continue de tout observer à travers ses yeux. Pour lui, le monde semble mort, vidé de toute couleur, de toute sensation.

Les semaines défilent. Le corps de Kenji ne s’affaiblit plus : l’homme veille à cela, le forçant sans relâche à manger, à bouger, à tenir debout. Finalement, après plus d’un mois passé dans cette vieille cabane perdue au milieu des bois, Kenji, d’une voix rauque et tremblante, murmure :

— Pourquoi ?

L’homme, assis en face de lui, sourit légèrement.

— Je te l’ai dit, gamin. Tu as du potentiel. Et moi, je mise toujours sur les gagnants.

Alors, Kenji laisse couler ses premières larmes. L’homme ne cherche pas à le consoler. Il se lève, fixe Kenji droit dans les yeux, et reprend avec fermeté :

— Ne cherche pas la vengeance. Elle ne ramène jamais rien de bon. Ce qui compte pour survivre, c’est l’argent… et la puissance. Je vais t’apprendre à être fort. En retour, tu m’aideras à obtenir ce dont j’ai besoin.

Il tend sa grande main calleuse. Kenji hésite un instant, puis la saisit.

Ainsi passent plusieurs mois, calmes en apparence. Kenji s’entraîne sans relâche, chaque jour davantage. Il apprend l’escrime, les arts martiaux, le yoga. L’homme refuse toujours de révéler son nom, mais enseigne à Kenji comment nouer des cordes solides, comment se battre, mentir, tromper, survivre. Des détails inutiles à rapporter pour le Chishiki qui m’a créé — lui voit tout. Moi, je n’existe que pour observer la vie de Kenji Ashura.

Mais malgré tout, Kenji ne guérit pas vraiment. Cependant, je le sens : il apprend à enfouir ses émotions. Même si l’homme ne lui interdit jamais de pleurer, Kenji comprend peu à peu qu’il doit vivre… non pas pour oublier, mais pour trouver un sens à ce qui reste.

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