Chapitre 16

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Anton

Tu te colles à moi, tu trembles, tu relâches un peu la pression accumulée.

- Laisse-toi aller, mon ange. Je suis là.

- Ma mère va passer ce soir, si ça ne te gêne pas.

- Pas le moins du monde. On pourrait préparer des pâtes à la carbonara, elle adore ça.

- Tu es un amour, Anton. Tu te sens mieux ?

Comme je me sens libre de m’exprimer, avec toi, je déballe mes émotions. J’expulse la colère et la tristesse, l’impuissance et le désarroi. Je me sens maintenant revigoré, comme si rien ne pouvait m’atteindre, désormais.

- On va se battre ensemble, Jacinthe. Et tant pis pour ceux qui ne seront pas satisfaits. Ta mère n’a rien dit de particulier ?

- Juste qu’elle avait très hâte de me serrer contre elle, me réponds-tu, les larmes aux yeux.

- Ça ne m’étonne pas. Alors, allons lui préparer un bon repas, elle sera encore plus contente !

- Et pour le dessert, de la glace au chocolat, c’est ce qu’elle préfère !


*****


- Bonjour Laura ! m’exclamé-je en ouvrant la porte à ta mère.

Celle-ci me serre dans ses bras, les larmes aux yeux. Elle me fait signe de ne pas m’en faire lorsque je lui présente mes excuses pour ne pas l’avoir prévenue de ton retour.

- Jacinthe est dans la chambre, je finis de préparer le dîner, je vous laisse toutes les deux, dis-je en m’éclipsant. Des pâtes à la carbonara, ça vous va ?

- Tu ne pourrais pas me faire plus plaisir.

Son rire me soulage et je retourne dans la cuisine avec sérénité.


Jacinthe

Maman entre dans la chambre, ses cheveux foncés tombant sur ses épaules. Mes larmes coulent en un torrent sur mes joues au moment où je l’aperçois.

- Maman, je suis tellement désolée.

- Chut, petite fleur. Je ne t’en veux pas. Je t’aime, tu le sais ?

Je lui fais signe que oui. Ses mains caressent doucement mes cheveux, comme elle le faisait durant mon enfance dès que je pleurais. Sa présence me rassure, me calme, malgré la honte qui reste ancrée au fond de moi. Partira-t-elle un jour ?

- Les jacinthes sont mes fleurs préférées, c’est pour ça que je t’ai donné ce prénom. Et toi, tu es la plus belle Jacinthe du monde. De l’univers, même.

- Je ne suis pas sûre qu’il y ait beaucoup de fleurs dans l’espace.

- Bien sûr qu’il y en a. Simplement, personne ne les voit, me dit-elle avec un clin d’œil.

Mon côté fantaisiste, je l’ai hérité d’elle. Elle a un côté original que j’aime énormément, même s’il lui attire des critiques. Les couleurs ont toujours fait partie de notre quotidien, elle ne supportait pas les choses ternes, qui manquaient de vie, selon maman.

- Je n’ai pas réussi à faire face. Quand j’ai perdu le bébé, le monde s’est écroulé. Je me disais que je ne méritais pas de vivre, puisque j’enlevais à Anton la chance d’être père. Je croyais qu’il allait me quitter, donc je n’avais plus aucune raison de vivre.

- Je comprends, Jacinthe. Il faut juste que tu comprennes que ce n’est pas de ta faute. Tu n’as pas fait exprès de perdre le bébé. C’est le sort. Ce n’était peut-être pas le bon moment. Tu dois déjà prendre soin de toi. Tu n’allais pas bien avant d’être enceinte.

- Mais être mère m’aurait sans doute permis d’aller mieux.

- Non, petite fleur. Ça aurait été une échappatoire pendant un certain temps, puis tes tracas t’auraient rattrapée. Crois-moi, princesse. Avoir un enfant complique un peu les choses, même si c’est un grand bonheur. Et puis ton corps n’était peut-être pas prêt. Tu manges correctement, au moins ?

- Oui, maman, ne t’en fais pas pour ça. D’ailleurs, on devrait peut-être rejoindre Anton, tu ne crois pas ?

Les odeurs du repas parviennent jusque dans la chambre et me mettent l’eau à la bouche. Je me sens comme un lion affamé, prêt à bondir sur sa proie. Il faut dire qu’une assiette de pâtes est une proie facile.

- Bien sûr. J’ai cru comprendre qu’il cuisinait mon plat préféré, je ne vais pas m’en priver, tu penses bien !

Nous rions ensemble et juste avant de sortir de la chambre, elle ajoute :

- Ça m’a fait très mal de savoir que tu as voulu t’enlever la vie. J’ai été déçue que tu ne veuilles pas de moi à l’hôpital.

- J’avais trop honte, je n’aurais pas supporté de te voir.

- Je comprends. Tout ce que je peux te dire, c’est que je serai toujours là pour toi, que je ne t’en veux pas et surtout, que je t’aime, petite fleur.

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