L'anniversaire [2/2]

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C'est alors qu'avec son visage a à peine quelques centimètres du mien, j'ai voulu l'embrasser moi pour la première fois, mais il me coupa net en mettant sa main sur ma bouche et dit :

— Pas mainenant.

Je me suis reculé et l'ai regardé interloqué.

— C'est pas le bon moment, reprit-il, quand ça viendra, tu le sauras.

— Bon, bah d'accord.

— Ça arrivera vite, t'inquiètes pas, dit-il en se relevant.

Il se pencha sur son meuble télé, saisi une manette et dit :

— Une p'tite partie ?

— Vas-y.

Il me donna une manette et nous avons commencé à jouer à plusieurs jeux pendant une trentaine de minutes. Durant tout ce temps, il n'a pas cessé de regarder son téléphone. Je l'ai alors interrogé sur la raison de sa vigilance. Il posa sa manette sur le lit et se leva, il prit un gros sac de sport à côté de son armoire se retourna et dit :

— Tu viens ?

— Viens où ?

— Surprise, prend une veste.

— Euh ok.

Je me suis levé, pris ma veste et je l'ai suivi. Il m'amena dehors monta sur son vélo et m'indiqua celui de son père. Nous avons pédalé environ six ou sept minutes pour arriver devant un pré. Pierre posa son vélo à l'entrée de celui-ci et me fit signe de le suivre. Je me suis exécuté et l'ai suivi dans l'herbe. Après une vingtaine de mètres, il s'arrête et dit :

— Là, c'est bien.

— Bien pour quoi ?

Je me suis levé, dit-il en sortant une grande couverture en tissu.
Il l'installa au sol, posa dessus deux petits cousins et s'allongea dessus. Je me suis mis à côté de lui et il vint se coller à moi.

— C'est ça ta surprise, une sortie sous le ciel étoilé ?

— Non

— Ah bon, c'est quoi ?

— Une sortie sous le ciel étoilé et une pluie d'étoile filante

— Oh, génial !

— Sans me vanter, je sais.

Nous avons tous les deux rigolé, et nous avons commencé à fixer le ciel à la recherche de ces fameuses étoiles filantes. Après une dizaine de minutes dans un silence des plus religieux, Pierre pointa une traînée blanche et s'exclama :

— Là !

— Oui, fait un vœu.

— C'est fait.

— C'est quoi ?

— Si je te le dis, il ne se réalisera pas.

J'ai saisi sa main, fait une tête des plus triste et dit :

— Steee plaît.

— Ok, mais tu le dis à personne ahah.

— Promis.

Il se pencha vers moi, et me chuchota son vœu à l'oreille.

— Ça pourrait se réaliser assez vite, lui dis-je.

— J'attend que ça alors.

Nous nous sommes remis sur le dos et avons continué de regarder ce spectacle qui s'offrait à nous. C'est alors qu'après quelques minutes, j'ai trouvé le moment favorable pour retenter ma chance. Je me suis alors mit au-dessus de Pierre, et j'ai approché mon visage à quelques centimètres du sien. Ma main est venue se poser dans ses cheveux, et j'ai comblé les derniers centimètres qui séparaient nos bouches. Une nouvelle fois, c'est un feu d'artifice d'émotion qui se produit en moi, des frissons parcours mon corps entier, jusqu'à ce que ce tendre baiser soit rompu. Pierre me regardait avec un grand sourire, il me re embrassa brièvement et dit avec une voix lente et douce :

— Tu vois, tu as su voir le bon moment.

Sur ces mots, je me suis abandonné à un nouveau baiser. Et cette fois-ci, il fallu peu de temps avant que nos mains ne parcourent nos nuques, dos et têtes. Nos langues se rencontrent pour la première fois et entament une douce valse. Après ce baiser autant si ce n'est plus puissant que le précédent, Pierre et moi, nous rallongeons l'un collé à l'autre à regarder les étoiles plus lumineuses que jamais. Pierre s'endormit peu de temps après dans le creux de mon épaule, je l'ai rejoint dans son sommeil quelques minutes plus tard.

Je fus réveillé le lendemain par Pierre. Le soleil n'était qu'à ses premières lueurs. Mais cela ne m'empêcha pas de prendre du temps à émerger.

— Romain, arrête de faire ta marmotte, on n'était pas trop censé dormir dehors si tu vois ce que je veux dire.

Ma seule réponse fut un gémissement de fatigue. Il soupira et tira la couverture sur laquelle nous étions.

— C'est bon, je suis réveillé.

— Bien, on y va alors.

— Oui, au fait, il est quelle heure ?

— 5h57.

— QUOI ?!

— Ah bah, le soleil se lève tôt que veux-tu.

Les affaires rassemblées, nous nous sommes mis en route de la boulangerie pour acheter des croissants, histoire d'avoir un alibi au cas où Louis et Christelle soient réveillés quand nous arrivons. Arrivé chez Pierre, nous rangeons les vélos à leurs places et nous rentrons. Bingo, Louis était dans la salle à mangé la tête dans son café.

— Vous n'êtes pas au lit ?! s'étonna-t-il.

— Non, on est allé vous chercher des croissants, lui répondit Pierre.

— Ah, c'est très gentil tout ça.

Nous avons rejoint Louis à table, et tous les trois nous avons pris notre petit déjeuné ensemble. Christelle nous a rejoint une trentaine de minutes plus tard. Elle s'étonna de nous voir tous levés à sept heure du matin. Nous avons un petit peu parlé autour de la table une dizaine de minutes avant que Louis n'aille se changer, c'est à ce moment que la mère de Pierre pose son café sur la table et dise :

— Bon, vous étiez où cette nuit ?

Pierre bafouilla rapidement une réponse tandis que moi, je ne savais où me mettre.

— Co... Comment ça où on était ici.

— Pierre, j'étais a dans la salle de bains vers minuit quand j'ai entendu du bruit en bas. Je suis descendu silencieusement et je vous ai vu prendre les vélos par la fenêtre de la cuisine.
Un silence s'est alors installé autour de la table, silence qui fut brisé par Christelle qui continua sa phrase.

— Je ne suis pas en train de vous disputer, je veux juste savoir où vous êtes allé.

— Il m'a emmené voir la pluie d'étoile filante, répondis-je.

— Oh, c'était bien ?

— Oui, très jolie.

— Vous êtes rentrés à quelle heure ?

— Euh... deux heures environ, reprit Pierre.

— Bien.

Elle esquissa un sourire et finit son café. Pendant ce temps, Pierre et moi sommes partis prendre à tour de rôle nos douches. Une fois prêt, j'ai envoyé un message à mon père pour qu'il vienne me chercher. Pierre ma rejoins dans la chambre juste après. C'est alors que je lui ai posé une question qui me trottait dans la tête.

— Dis-moi Pierre.

— Moi

— ...

— ...

— Je disais donc, tu te souviens de ton vœu.

— Oui, dit-il avec un petit sourire.

— Ça te dirait de le réaliser ?

Il s'approcha de moi et me dit.

— Du coup, tu veux bien qu'on sorte ensemble, de façon plus officiel du moins.

— Ça se pourrait.

Il se pencha un peu et m'embrassa, je l'ai pris par la taille pour appuyer ce baiser. C'est qu'une voix se fit entendre :

— Romain, ton père est là, ah, je vous dérange.

C'était Louis qui était à l'entrée dans la chambre. Pierre se retourna et dit :

— PAPA ! T'aurais pu toquer !

— Oui, je le ferai la prochaine fois, dit-il en rigolant. Il partit aussi vite qu'il était arrivé.

— Je crois que c'est maintenant qu'on se quitte, repris-je.

— Oui, mais bon, on se revoit vite.

J'ai pris mes affaires, et j'ai rejoint la voiture de mon père accompagné de Pierre, mon père sorti de la voiture pour saluer Pierre.

— Du coup Papa, Pierre et moi, on est ensemble, de manière plus "officielle".

— Je suis content pour vous deux, vous allez bien ensemble.

J'ai embrassé Pierre une dernière fois et je suis monté dans la voiture. Sur le chemin du retour, nous avons rapidement entamé une discussion sur Pierre. Arrivé chez moi, je suis allé finir ma nuit. Ma mère rentra à 13h30 c'est donc à ce moment que j'ai décidé de lui parler de Pierre. Juste avant de débarrasser la table, je lui d'abord insinué ma relation. Mais face à l'incompréhension de ma mère, je lui ai clairement dit que Pierre et moi sortions ensemble. Elle prit l'information plutôt bien. Elle l'a invité à venir manger un soir afin de faire connaissance. Le mois qui suivit, il est venu plusieurs fois chez moi et inversement. C'est d'ailleurs durant l'une de ces soirées le jour de mon anniversaire qu'il m'a offert un collier avec une croix de Camargue dessus. La fin de l'année scolaire arrivant, Pierre et moi avons aussi décidé de nous assumer peu à peu au lycée. Quant à lui Dylan pour nous soutenir à assumer sa bisexualité.


Fin

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