Lointaine Enfance

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Assommé par les tranquillisants, le Héros rêvait d'un souvenir lointain. Des flashs lumineux apparaissaient devant ses yeux, il perçut une voix à la longue chevelure flamboyante et aux habits de nonne lui faire face, elle avait l'air vraiment en colère, tapotant nerveusement du pied, les poings sur les hanches. Cette Sœur, il la connaissait bien. Son expression faciale montrait vraiment son mécontentement, et cette irritation était dirigée contre le jeune garçon.

S'apprêtait-elle à le réprimander une nouvelle fois ? Cela avait l'air d'être le cas, malheureusement.

- Pourquoi t'es-tu encore battu ? dit la nonne, combien de fois t'ai-je dit que se battre participe aux œuvres du Malin ?

Le garçon ne répondit pas, il bouda par terre, les habits tachés de sang et de boue. La nonne s'approcha de lui et lui tira l'oreille gauche.

- Tu vas me répondre, oui ? demanda la Sœur, agacée par la fierté de ce garçon turbulent.

Sous la douleur, le bambin avoua tout.

- Mais ils arrêtent pas de se moquer de moi..., dit timidement le Héros pas encore héros avec une voix beaucoup plus juvénile que celle qu'il avait actuellement et avec une mine boudeuse.

- Ce n'est pas une raison ! durcit-elle le ton, il faut que tu prennes sur toi !

- Mais c'est pas juste ! cria-t-il, moi j'écris pas sur le sol qu'ils puent et que leurs mères c'est des...

- Attends, quoi ? s'énerva la religieuse, qu'ont-ils écrit ?

Le tout petit Héros, qui ne devait pas avoir plus de six ans, hocha la tête en larmes.

Prise de colère, elle retroussa ses manches et sortit une batte de baseball qui était accolée à sa jambe, sous robe, pour aller flanquer une raclée à ses sales garnements et à leurs parents irresponsables et irrespectueux. Puis s'arrêta, elle secoua la tête de manière désemparée, elle jeta un coup d'œil au garçon derrière, avant de se frotter les yeux pour s'empêcher de pleurer. Elle se mit à sa hauteur et enleva les mains de ses yeux embués de larmes et la nonne aux cheveux noirs violacés le prit dans ses bras.

- C'est vrai que tu es un garçon étrange, déclara-t-elle, cette mystérieuse carnation se divisant en deux couleurs dont l'une ne devrait pas appartenir au genre humain, ton corps est parsemé de blessures qui apparaissent et disparaissent aléatoirement... mais rappelle-toi ! Ça ce n'est pas ce qui te définit ! Tu es le plus beau garçon de ce village perdu, tu es intelligent et riche en amour et gentillesse, donc ne t'inquiète pas des on-dit des vilaines personnes.

- Mais..., dit l'enfant en baissant la tête.

- Je te l'ai promis, lui rappelle la Sœur, dès que j'aurai retrouvé le Royaume de la Forêt des Fées, je suis sûre et certaine que je serai dans la capacité de te soigner et je peux te jurer que tu feras chavirer tous les cœurs de ce hameau miteux... comme tu as fait chavirer le mien.

Le garçon était ému par le discours de la fiancée du Christ. Il se tordit dans tous les sens, gêné par ce qu'on venait de lui dire. S'il avait eu la bonne couleur de peau pour cela, il aurait pu rougir, ressemblant à une véritable tomate bien rouge et bien juteuse. La nonne embrassa le front du garçon et le porta sur ses épaules, ce qui l'embarrassa encore plus le futur héros. Nonobstant, grâce aux paroles de cette femme, il réussit à retrouver le sourire. Et tous les deux s'en allèrent dans l'horizon blanc des souvenirs du Héros. Les dernières paroles qu'il entendit fut :

- Tu sais, commença le Héros, les filles du village m'intéressent pas...

- Tu es gay ? lui demanda la nonne, intriguée.

- Bah oui, je suis joyeux mais c'est pas le sujet ! Je suis sûr que tu fais encore des blagues que je comprends !

La nonne pouffa de rire.

- J'ai hâte que tu grandisses pour comprendre mon humour subtil.

- Personne rigole à tes blagues.

- Tu es sur mes épaules, je vais te faire tomber, s'énerva la nonne.

Elle chahuta le garçon, lui faisant croire qu'elle allait le jeter par terre, pendant que lui hurlait de rire d'avoir pu encore embêter sa tutrice.

Il n'y a que toi j'aime, maman !

Le Héros, allongé sur le sol, affichait un rictus triste en ayant les joues perlées de larmes. 

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