Discussion au-dessus d'une ville étoilée

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Le voilà enfin libre de ses mouvements en dehors de ses appartements provisoires, il en profita pour se balader dans les allées du royaume. Normalement, il aurait dû partir loin de ce royaume rempli de Féériques mais voilà qu'il était devenu le champion d'une princesse voulant devenir reine pour obtenir des ailes, savait-elle seulement les responsabilités qui lui incomberaient une fois régente du royaume de Sylvania ?

Désarmé de tout son attirail de combat, il allait se confronter à des adversaires « puissants » juste avec sa propre force – ce qui était déjà suffisant –, finalement, c'était une bonne chose : ça lui éviterait de les tuer par inadvertance. Mais ses armes à feu et à plasma ne lui seront pas rendus maintenant, bien qu'il ait prouvé qu'il n'avait rien contre les habitants de ce royaume et que de plus, ce sont les problèmes qui viennent à lui et non l'inverse – [s/o la reine dérangée] (arrête ça tout de suite) –, on ne lui rendra bien évidemment pas l'épée des Damnés : Ymir, pour des raisons qui sont pour le moins évidentes.

Il se moquait de ses futurs adversaires, mais il ne savait absolument pas de quels niveaux ils étaient, les juger par le prisme du seul combat qu'il avait vu serait faire preuve d'une grande malhonnêteté intellectuelle, d'une énorme arrogance et d'ignorance, ça ne serait pas étonnant qu'il puisse se faire battre une nouvelle fois par un magicien qui l'envoie au beau milieu des Etats-Unis d'Amérique Latine – il lui a fallu deux mois pour revenir à Europea à la nage (car il était pas très bon nageur, une véritable brique), une fois sur la terre ferme , il partit à sa recherche et une fois retrouvé, il le décapita en un coup de pied à l'arrière de sa tête de sorcier.

Le contre-enchantement que lui avaient jeté les médecins-mages avec l'aide du docteur de la prison d'Oranas semblait fonctionner pour l'instant, il ne restait plus aucune douleur à la tête ni dans sa gorge. Bien que cela lui retira une part de ses forces, il était agréable de pouvoir converser sans risquer d'imploser et d'arroser ses interlocuteurs de son sang, mais cela l'obligeait à faire connaissance avec les autres, et il n'était pas très doué pour ça.

Il imaginait que cela viendrait à force de parler, comme cela avait été le cas avec Zelda.

Les rues étaient plutôt bondées bien qu'il fasse « nuit », les habitants de l'arrondissement du Sanctuaire ne paraissaient pas avoir peur de celle-ci malgré les nuages de ténèbres qui surplombaient le ciel de Sylvania et le fait qu'ils pouvaient se faire tuer par n'importe quel meurtrier qui avait envie d'étancher sa soif de sang ou de crimes. S'il n'était pas immortel, il suivrait les ordres de ne jamais sortir le soir « parce qu'on a une maison, pourquoi tu voudrais sortir le soir ? T'es sans-abris ? Y a que les violeurs, meurtriers, voleurs, délinquants, dealers, détraqués sexuels, catins et j'en passe... qui sortent la nuit. La journée, c'est suffisant pour sortir ! ».

Selon le Héros, sa mère était vraiment dans l'abus, à cause d'elle, il avait loupé les jeux que faisaient les enfants de son village et il devait refuser les invitations à sortir de Zelda et des autres enfants qui le prenaient pour un enfant bizarre à ne jamais vouloir se mêler à eux. Elena était gentille, mais elle était bien trop paranoïaque et surprotectrice pour rien, et cela n'avait rien à voir avec la maladie du Héros puisqu'il revenait contusionné après avoir joué les gardiens à ce sport qu'on appelait le Shoot-balle – sport qu'ils avaient vu dans des illustrations dans des livres qui auraient été apparemment rédigés par les Archivistes... C'était un sport qu'il détestait particulièrement, c'est pour ça qu'il préférait faire le gardien, il était plutôt bon à ce rôle, il détestait y jouer mais le fait de rester cloîtré à l'église lui faisait encore plus haïr le fait de rester sur la touche et ne pas pouvoir s'amuser avec les autres enfants.

Juste se souvenir du fait qu'il était comme une princesse enfermée dans une tour d'ivoire l'énervait, c'était pour ça qu'il attendait avec hâte la venue de la princesse sans nom, sans qu'il ne lui ait jamais dit expressément qu'il voulait qu'elle reste un peu plus longtemps avec lui, mais il ne pouvait pas la restreindre à lui tenir compagnie sans qu'elle aille rejoindre son chez-elle. C'était aussi la raison de ses escapades dans le château.

Mais désormais, il était dehors. Plus libre que jamais à cause des circonstances du destin, mais seul dans ce monde si vaste, si périlleux et si monstrueux qu'était Fayiera Terra.

Le prix de sa liberté était cher payé...

Il observait les lumières de la ville qui resplendissaient dans chaque coin de rue, les passants qui se baladaient avec insouciance, ne se souciant pas des dangers qu'il pouvait encourir, croisant des Molinoises – des souris humanoïde – avec leurs enfants, des gardes effectuant leur travail, des marchands proposant leurs délicieuses nourritures aux badauds...

Il se laisserait peut-être tenter par une brochette de brahamines – une sorte de vache rousse à trois têtes.

Pour la première fois qu'il vivait en paix, il se sentait en paix avec lui-même, l'ambiance chaleureuse de cet environnement l'apaisait, sa colère qui faisait bouillir le sang dans ses veines se calmait, lui faisant apprécier cette ville... il ne se souciait même plus de ses a priori concernant les sombres recoins créés par une forte lumière, se laisser bercer par un torrent calme était aussi agréable.

Il vit une statue qui était illuminé par des projecteurs ayant une grosse pierre de luxinite qui l'éclairaient de mille feux. Cette statue taillait dans un magnifique cristal violet représentant une fée armée d'une épée pointant en direction du château de la reine de Sylvania, il y voyait un peu de mélancolie dans le regarde de la statue. C'était la fée mâle la plus impressionnante qu'il est jamais vu de sa vie, elle avait une musculature imposante, une armure ressemblant à celle des romains dans l'Antiquité avec des rainures florales sur le plastron et de gigantesques ailes qui étaient plutôt une fusion entre celles d'un oiseau et celles d'un papillon.

Il s'approcha de la statue et vit une plaque commémorative qui était rétroéclairée par la luxinite, il y vit inscrit dessus en Oli'Ane, en Franca et en une autre langue ressemblant au Franca : « A Torn, notre héros qui dévoua sa vie pour sauver notre royaume et son honneur ».

Soudain, ses oreilles vrombirent, il entendit une triste mélodie lui caresser les tympans en se mêlant dans le vent qui circulait au milieu des rues du Sanctuaire, il vit tout le monde se retourner en direction de la provenance de cette mélopée, le Héros fit de même et aperçut une étrange lueur provenir du sommet du château végétal, depuis ce sommet se répandait dans toute la ville de fines poussières brillantes.

- Ça doit être la reine, dit l'un des citoyens.

- Quelle mélancolique chanson chante-t-elle là, dit un autre.

Le Héros reconnut le timbre de voix de la reine Audisélia à travers cette chanson qui se baladait dans l'air, il courut en direction du château, remontant dans l'arrondissement des nobles qu'était la Haute-Ville et retourna au château.

La reine prononçait cet amer air en l'honneur de son amie perdue, les fées avaient la particularité de chanter qu'en rejetant l'air qui s'échappait de leurs poumons et faisaient vibrer leurs cordes vocales juste en expirant de l'air, ce qui leur donne cette voix chantante et séduisante, elles étaient capables de reproduire le son de n'importe quel instrument à cordes, leurs voix étaient presque aussi envoûtantes que celles des sirènes – d'où leurs surnoms de sirènes des bois, c'était pour ça qu'on les considérait aussi néfastes car elles avaient la réputation de perdre les voyageurs qui se risquaient à se promener dans les forêts les plus sombres et ténébreuses qui soient.

Le Héros arriva à la tête de la bâtisse en écorce mimant la cime des arbres, son intuition fut juste, il s'agissait d'Audisélia qui chantait comme ses semblables, les larmes aux yeux, rendant un dernier hommage à sa défunte amie. Elle sentit que quelqu'un s'approchait d'elle et devina à son manque de magie qu'il s'agissait du fils d'Elena, elle tourna la tête et le regarda tendrement.

- Tu es venu terminer notre combat ?

- Soyez pas bête, ronchonna-t-il, je n'ai aucune raison de me confronter à vous, surtout que vous êtes la meilleure amie de ma mère.

La reine eut un rictus amusé, elle lui tendit la main, il la saisit et l'aida à monter à sa hauteur, tous les deux s'assirent sur le toit en herbe et observèrent les lumières de la ville.

- Qu'est-ce qui t'amène auprès de moi ? lui demanda Audisélia.

- Je vous ai vue ici et vu que je voulais vous voir, bah me voilà...

- Audisélia n'avait de cesse de fixer le jeune humain aux yeux rouges, elle se remémorait les dernières paroles d'Elena : « Tu sais... il te ressemble... peut-être toi tu pourras le sauver... ». Alors elle l'attrapa par la nuque et posa violemment sa tête sur ses genoux.

- Mais qu'est-ce que vous faites ?

- Bah...

C'est vrai. Qu'est-ce que qu'elle faisait ? Elle avait agi d'instinct, comme si ses bras avaient bougé tout seul. En souvenir d'un évènement passé ?

Sûrement.

Après tout, elle avait dû être une mère aimante avant de devenir un monstre.

Alors elle suivit cet instinct maternel, et se mit à lui caresser la capuche.

- ... j'imagine que c'est comme ça qu'on réconforte un enfant...

- Oui... sûrement..., lui répondit le Héros, vous saviez pour mes blessures à la tête ?

- Avant de fouiller ton esprit ? Non.

- Quoi ? Vous maîtrisez la télépathie ? s'étonna le Héros.

- Pas comme tu le penses mais plus avec les ondes électriques, je l'utilise rarement car apparemment cela « va à l'encontre de la vie privée » et que cela m'use, expliqua-t-elle.

- Donc vous avez fouillé mon esprit ? supposa le jeune homme.

- Non, mais j'ai été tentée, avoua-t-elle, je m'y suis refusée car je préfère que tu me le racontes. J'ai lu que se confier aide à se décharger des poids qu'on a au cœur. Ça t'aidera peut-être à... comment dire... à passer à autre chose comme pour moi ça m'aiderait...

- Si vous avez envie, accepta le Héros, mais pour ma part, je compte pas passer à autre chose...

- Pourquoi ? Pourquoi tu veux aller te perdre dans cette quête de vengeance ?

- Parce que, déjà, je suis le héros de Fayiera Terra donc ça fait partie du scénario que j'affronte le Némésis. Mais surtout parce qu'il n'y a pas de justice en ce monde et je voudrais bien pouvoir me satisfaire qu'une seule fois dans ma vie quelqu'un paye pour le mal qu'on m'a fait... Je serai le bras armé de ma justice vengeresse...

- Ta mère serait en désaccord avec ton projet...

- Je le sais bien..., soupira-t-il.

Il était vrai que sa mère n'aurait jamais accepté qu'il se lance dans une telle entreprise meurtrière, sa foi inébranlable n'aurait jamais permis que son fils se laisse aller à la violence, au meurtre et autres crimes juste pour la venger... Mais il était déjà trop tard pour opérer un demi-tour après tout ce qu'il a fait...

- Vous... vous enragez pas que le Némésis s'en soit pris à votre amie ? l'interrogea le Héros.

- Si, admit-elle, mais tu es bien le seul à pouvoir l'arrêter puisque tu es le héros de la légende... moi je ne peux que m'en prendre qu'à toi..., rit jaune la reine Audisélia.

- Plus pour longtemps...

- C'est vrai que tu comptes tuer le héros, comment vas-tu faire ?

Le Héros allait lui dire, mais se retint, juste y penser lui faisait peur et lui donnait la nausée, le plan qu'il allait imaginer lui rappelait la mort de sa mère.

- Je... je ne peux vous le dire.

- C'est un secret, hein.

- On va dire ça comme ça...

La reine arrêta de lui caresser la tête à travers la capuche, se posa à ses côtés et admira les lumières de la ville.

- Tu sais, mon nom est composé de deux mots : Audi et Sélia, d'après les Archivistes, Audi serait le nom d'une ancienne marque de voiture, exprima-t-elle, mais surtout ça signifierait quelque chose en latin ou allemand, deux langues mortes, l'une des deux est morte depuis plus longtemps que l'autre, qui serait « entends » ou « écoute » et Sélia serait un dérivé d'u nom Célia qui veut dire ciel. Donc je serai capable d'écouter le ciel. Ça serait la signification de la provenance de mon pouvoir, enfin, je crois ma mère ne me l'a jamais expliqué. C'est pour ça que souvent je me tiens ici, pour chanter au ciel mes chansons pour le calmer et lui prier qu'aucun mal ne s'abatte sur nous, parfois il me répond à travers le vent... C'est une autre façon pour moi de protéger le royaume, j'aurais préféré avoir ce rôle de protectrice à travers mes chants qu'à travers mes actes barbares... J'imagine que c'est la même chose pour toi.

- Comment ça ?

- J'ai vu à travers notre combat que tu avais des regrets à te battre, sauf quand tu perdais petit-à-petit la raison...

- C'est vrai que je n'aime pas me battre mais bon... c'est par la violence que ce monde fonctionne.

- Tu en es sûr ?

- Certain.

- Moi je ne pense pas, le contredit-elle avec certitude, je suis sûre que rien nous oblige à être dans l'extrême violence, c'était même le but de la Félonne : créer un lieu pour les Féériques où ils n'auraient plus à craindre la mort que pourrait leur infliger quelques individus belliqueux. Même les humains pouvaient venir.

- Celle qui ressemble à la fée sans ailes.

- Hé oui.

Les bruits reprirent le pas sur les chants de la reine qui finirent par s'estomper dans l'air, voir cette vie citadine vivre de cette façon confirmait que le plan de cette fameuse Félonne se réalisait.

- Je ne pouvais pas voir le royaume depuis ma chambre mais d'ici, c'est vraiment joli toutes ses petites lumières, déclara le Héros.

- Avec ta mère, on montait souvent ici, avant que je sois reine, avant même qu'on puisse imaginer que je sois de sang royal, elle m'a raconté que toutes les lumières produites par les lampadaires en luxinite que tu peux voir, ressemblaient au ciel de l'ancien temps avant qu'il y ait des oasis de lumière, que les mages aient recourt à la magie pour en créer ou que les ténèbres recouvrent notre planète la transformant en un désert dépourvu de toute vie. A la nuit tombée quand le soleil, lorsqu'il « existait », disparaissait, toutes ces lumières étaient peintes dans le ciel noir de la nuit, elle m'a dit que c'était bien plus beau que ce sol étoilé. Elle avait vu ça dans un souvenir d'une ancienne vie.

- Les fameux OVNI, dit le Héros.

- Je ne crois pas que cela s'appelle comme ça.

- Je sais. Mais ça me fait rire qu'elle appelle ça comme ça...

- Je crois qu'elle se fichait de toi, rit la reine.

Le Héros ronchonna, se faire avoir par sa mère après six ans, c'est fort de café.

- J'imagine que tu n'as pas confiance après que nous nous soyons battus, déclara la reine.

- Bof, c'est pas la première fois qu'on tente de me buter alors que je n'ai rien fait, exprima-t-il avec détachement, et je sais que ça ne sera pas la dernière fois, j'espère juste que ça sera pour une raison.

- T'es d'un déprimant, soupira la reine.

Le Héros rit à la remarque de la reine.

- Ça doit être dans mon naturel.

- Je n'espère pas ! refusa la reine, mais ce que je voulais dire c'est que nous devrions recommencer sur des bases nouvelles pour apprendre à se connaître. Donc je vais te dire un de mes secrets et tu m'en dis un...

- Vous voulez savoir comment ma mère est morte ? l'interrompit le Héros dans une argumentation.

- Mais laisse-moi finir, enfin, dit-elle en faisant la moue.

- Vous êtes amusante, vous savez. On dirait la princesse sans ailes comme vous l'appelez.

- Tiens, voilà ! J'ai un secret sur elle.

- Sur comment elle pourrait obtenir ses ailes ?

- Tu es au courant ? dit la reine, surprise.

- On me l'a dit lorsque j'étais hospitalisé.

- Ça t'intéresse ?

- Absolument pas ! Je m'en contrefous de sa vie.

Il y eut un grand silence, puis le Héros céda en expirant :

- Oui, je veux savoir.

- Ça m'aurait étonné, sourit Audisélia en faisant sautiller ses minces sourcils couleur cristal, après tout, tu sembles plutôt proche d'elle...

- En échange vous voulez savoir comment je compte tuer le héros de la légende, n'est-ce pas ?

- Et je te donnerai la raison de la haine qu'ont les habitants de Sylvania envers ta protégée.

- Et je devrai vous dire comment ma mère est morte.

- Exactement.

- D'accord... soupira-t-il, je vais d'abord vous raconter la mort de sœur Elena pour que vous puissiez comprendre comment je vais faire disparaître le héros de ce monde à tout jamais après le tour du Némésis.

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