Enterrement de la hache de guerre

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À la fin de son récit, le Héros se retira des jambes d'Audisélia et s'écarta un peu d'elle, fixant les lumières de la ville, attrapant ses jambes contre lui et y enfouit sa tête.

La reine avait le regard dans le vague après le récit de l'enfant.

- Maintenant que vous savez que c'est moi qui l'aie tuée vous allez me tordre le cou ?

- Qu'est-ce que tu racontes ? dit lentement la reine, cela a dû être douloureux pour toi...

Une remontée acide surgit brutalement dans la gorge du Héros, avant qu'il la ravale aussi vite qu'elle était venue ; il n'avait jamais pris le temps de s'apercevoir qu'effectivement, cela avait été douloureux pour lui d'achever sa propre mère.

Des larmes solitaires de couleur écarlate s'agglutinèrent dans les coins des yeux de l'humain. Il avait tellement été absorbé par son idée de vengeance envers le héros de la légende et le Némésis qu'il ne s'était pas rendu compte qu'il avait perdu sa mère ; il était juste obsédé à l'idée de la venger. Comme s'il était un robot avec un seul but qui omettait les autres considérations – comme ces androïdes de Vicenti.

Il resserra ses jambes et répondit avec une voix tremblante un simple :

- Oui...

Elle se remit à lui caresser la tête en touchant sa capuche, elle l'entendait renifler. Sentant qu'il se retenait de pleurer parce qu'« un bonhomme, ça pleure pas », elle s'excusa.

- Je suis désolée de t'avoir autant maltraité, si j'avais su, je n'aurais pas...

- Non, c'est bon. J'ai l'habitude...

Quelle tristesse.

Audisélia était tourmentée par les remords, elle avait combattu ce garçon avec tant de violence et de mépris, même si elle se retenait car elle ne pouvait oublier, dans son for intérieur, qu'il était le fils d'Elena. Désormais, elle savait qu'il avait obtenu le titre de héros, non parce qu'il avait réussi à la tuer d'une façon ou d'une autre, mais parce qu'elle était prête à ce qu'il porte le fardeau du monde sur ses épaules, juste pour qu'il vive un jour de plus... En avait-il conscience lui-même ?

Qu'est-ce qu'elle raconte ? Elle savait très bien depuis le début que son amie avait sacrifié sa vie pour que ce gamin vive, elle ne pouvait juste pas accepter que celle qu'elle aimait soit morte, de son propre chef, pour un enfant qu'elle choyait au lieu du leur qu'elles auraient pu avoir...

Avec l'histoire que lui avait raconté le garçon sans visage, elle comprit une infime partie de la douleur qu'avait subi au cours de sa vie avec ce simple passage, le mal qu'il le torturait dans sa jeunesse devait être vingt à trente fois plus violent que maintenant, c'est grâce à la régénération héroïque qu'il pouvait se déplacer librement, qu'il pouvait ne pas finir à l'hôpital à chaque fois qu'il faisait un mouvement... Et elle le renvoyait là-bas sans aucune peine.

Elle se dégoûtait.

- Tu m'as dit que lorsque tu me raconterais ton histoire, je comprendrai comment tu feras pour tuer le Némésis et le Héros, mais je n'ai pas compris. La tentative d'Elena a échoué et elle a fini par mourir.

- Je pensais pourtant que vous auriez compris. Je vais utiliser l'énergie héroïque à l'état pur et l'infiltrer dans le corps de Némésis Prime.

- Tu vas simplement le tuer, mais ça n'explique...

- J'ai pas fini ! Donc pour me débarrasser de la Volonté du héros et qu'il n'existe plus en ce monde, je vais me transformer en Némésis Prime et faire mon plan, détruisant tout ce qui appartient à la légende.

- Mais si tu deviens le Némésis Prime et que tu tues Némésis Second avec l'énergie héroïque avec le peu de conscience qu'il te restera, tu ne vas pas t'en sortir.

- Je le sais déjà.

- Alors tu as un autre plan ?

- Non.

- Ne me dis pas que...

Le plan de cet enfant était de se... suicider avec les deux entités qui se battent depuis des millénaires pour l'avenir de Fayiera Terra et de ses habitants.

A quel point souffrait-il de la disparition de sa mère ?

Sa rage était-elle si puissante qu'il était prêt à sacrifier sa propre vie en se laissant contrôler par sa colère ?

Détruire le monde à n'importe quel prix...

Avec le récit de la mort d'Elena, elle saisit où elle avait voulu en venir lorsqu'elle lui avait dit que ce petit Homme lui ressemblait : toute cette colère, toute cette amertume, toute cette rancœur, tous ces remords qu'il avait, elle les avait aussi eus un jour en elle. Si elle n'avait pas fait la rencontre d'Elena, ou même de prime abord, de Torn et de Sawyer, peut-être que le pire pour ce royaume, ou même ce continent, serait arrivé si elle n'était pas devenue la protectrice des Féériques de ce royaume – sans même compter la venue de ce dragon maléfique, il y a de cela une vingtaine d'année.

- Je ne crois pas que ta mère aurait voulu que tu te suicides en emportant le monde avec elle, surtout qu'elle t'a dit de le sauver.

- Je n'en vois pas l'utilité.

- Et la Volonté, elle va te laisser faire ?

- Je me suis habitué à ses réprimandes et à ses crises, et vu que la voix crie dans mon cerveau, ça n'explosera pas mes tympans. C'est plus vivable que de manger les vociférations d'inconnus qui m'insultent sur mon apparence. Après ils n'ont pas tort, je ressemble et suis un monstre.

- Tu devrais avoir plus confiance envers les autres et avoir une plus grande estime de toi.

- Vous dites ça comme si vous me connaissiez, pourtant j'ai Helmir et mon grand-frère Astéron...

- Tu as fait preuve de mutisme même à l'égard d'Helmir et de ton grand-frère durant toutes ces années, et tu n'as montré à aucun des deux le moindre signe de langage sinon Helmir nous aurait dit comment communiquer avec toi que ça soit à l'écrit ou par les gestes pour gagner ta confiance. Et sache que même si l'avis des autres coulent sur toi, Helmir et la princesse-fée sans ailes te portent en haute estime, malgré les atrocités qu'elles ont pu entendre sur toi ou être témoins.

- Si vous le dites...

Audisélia fixait ce gamin déboussolé, il semblait ne pas croire un mot de ce qu'elle venait de lui dire. Elle tendit alors la main vers lui, des petits éclairs apparurent dessus, elle allait sonder son esprit pour comprendre toute la souffrance qu'il avait en lui, mais s'y refusa.

Ce n'était pas comme ça qu'elle avait réussi remonter la pente, elle devait le comprendre et l'aider à se faire comprendre par les mots.

Elle se jura de réparer ce garçon qui avait été brisé, tout le temps qu'il restera dans ce royaume.

Puis elle remarqua quelque chose qui l'intriguait :

- Finalement, tu m'as raconté beaucoup son histoire de son point de vue, comment peux-tu être au courant de tout cela sans y avoir été présent ? lui demanda la reine.

- La Mémoire des Précédents Héros.

- Hein ? dit la reine, interloquée., de quoi parles-tu ?

- Lorsqu'un héros meurt, de façon symbolique ou non, il reçoit les souvenirs de ce prédécesseur et de ceux qui l'ont précédé, donc oui, son ressentiment, sa haine, ses joies... sa vie en général, je peux la voir si j'en ai l'envie ou si cela me permet de remplir mon héros, donc une intervention dérangeante de la voix dans ma tête.

- Donc tu pourrais connaître toute la vie de ta mère ?

- Potentiellement.

- Est-ce que...

- Vous êtes sûre de vouloir savoir quelque chose par mon intermédiaire ? l'interrompit-t-il, je ne veux pas vous en empêcher mais avoir des réponses à des questions amènent toujours plus de questions, et surtout même si je peux fouiller sa mémoire et obtenir ce que vous voulez, je ne pourrais pas savoir avec quel sentiment elle pensait cela, selon la situation, oui, je pourrais, mais pour ce que vous cherchez, ça sera plus difficile surtout vous en avez jamais parlé ou elle a été hermétique aux signes.

Il lui parlait longuement de tout ce que cela impliquait pour ne pas avoir à le faire, il venait déjà de fouiller dans la mémoire de sa mère, mais bien plus encore, il s'était relié au souvenir du Némésis et ce genre de chose ne se fait pas totalement à sens unique. Le Némésis pouvait très bien fouiller la mémoire du garçon pendant qu'il relatait son récit et trouver où se situait le Héros, actuellement.

C'était comme allait chez sa voisine en laissant sa porte ouverte, pendant que vous n'êtes pas là, quelqu'un peut rentrer chez vous et disparaître à votre arrivée – meilleure analogie que je puisse actuellement.

Et en sondant son passé, il nota qu'il avait aussi sondé celui de Zelda puisqu'il avait pu découvrir certaines de ses réactions durant son récit, ce qui était impossible, il ne pouvait que lire dans les Némésis et les anciens héros de la légende.

Il devait sûrement les avoir interprétés.

- Tu as peut-être raison, lui concéda la reine géante, je vais me retrouver avec d'innombrables questions auxquelles tu ne pourras pas répondre... Je pense plutôt aller voir une nécromancienne de notre protectorat.

- Sérieusement ?

- Je plaisante, idiot.

- De toute manière, ça serait impossible.

- Pourquoi ?

- Une intuition. Mais sinon, changea-t-il de sujet, vous deviez pas m'dire des trucs au sujet de ma protégée ?

Sans prendre gare, son Franca revint, elle avait réussi à le désarçonner sur une question épineuse, qu'est-ce qu'il avait à cacher ?

- Si, si, répéta-t-elle rapidement et nerveusement en s'entortillant les doigts, mais tu risques de m'en vouloir...

- Pourquoi ça ? dit le Héros en soulevant un sourcil.

Pourquoi faisait-elle tant de manière pour lui dire la raison de la haine que vouait la population de ce royaume envers sa protégée ? Elle se comportait comme une adolescente prépubère qui veut avouer ses sentiments à l'un des amours de sa vie, mais la plaisanterie, une fois passée dans son esprit, il se dit plutôt qu'elle avait quelque chose à se reprocher.

- Bon, j'ai dit que je te dirai la vérité si tu me racontais la vérité sur la mort de ta mère alors je t'expliquerai la haine envers la fée aptère et son rêve, et je n'ai qu'une parole, s'exclama-t-elle avec un air faussement fier.

Son comportement était vraiment étrange, pourquoi agissait-elle de façon aussi absurde ? Était-elle vraiment la puissante monarque qu'on lui avait décrit ? Ça le gênait plus qu'autre chose, peut-être était-ce parce qu'il la comparait constamment à sa mère...

- Avant qu'elle naisse, j'étais déjà la reine de Sylvania depuis une ou deux décennies je crois bien, et depuis que j'eus été intronisée sur le trône, et bien avant, on me comparait à l'Ensorcelante Reine Traîtresse de Sylviana, plus communément appelée « la Félonne », Marrynelia Miriati Grave. J'ai subi des remarques toute mon enfance sur ma ressemblance avec celles-ci alors qu'elle était morte des centaines d'années avant ma « naissance », je ne savais absolument pas à quoi elle ressemblait à cette époque !

C'est vrai que le Héros avait été frappé par cette ressemblance lorsqu'ils avaient combattu l'un face à l'autre dans la salle du trône. Si elle parlait bien de la femme qu'il avait vu dans l'un des vitraux violets qui n'avaient pas été brisés lors de la décharge électrique qu'elle avait projetée. Cette fée aux longues cornes sur les deux côtés de sa tête et à l'aura malfaisante lui paraissait plus que malveillante, mais ce qui lui avait donné des frissons fut ses yeux qui semblaient l'observer, ce regard familier et ce sourire narquois.

- Époque où on pouvait se permettre de vous cracher dessus devant tout le monde, de vous humilier, de vous tabasser dans une ruelle sombre en vous laissant nue ou juste avec des habits devenus plus proches d'haillons que tenues décentes, vous prendre votre innocence, au passage, n'était pas une option non négligeable. Que vous soyez de sang royal ou non. Et l'hystérie et la violence des Basfonds étaient mon seul quotidien, je n'étais rien de plus qu'un rebut de cette société alors que j'avais du sang noble, si je devais te dire toutes les abominables choses que j'ai faites pour survivre ou... juste par rage... je te débecterai. Sans le savoir, autant les habitants que moi-même, j'ai fini comme légende urbaine meurtrière des Basfonds et dû me tuer, mais c'est une autre histoire, gloussa-t-elle, mais au plus profond de ce royaume malgré mon sang royal, une main que j'avais rejetée m'était à nouveau tendue à mon réveil dans cette forêt qui m'était inconnue. Il s'agissait de Torn et de son fils. C'est bien plus tard que j'ai rencontré ta mère, mais malgré bien des péripéties, et mon intronisation, les gens continuaient à me diffamer à cause de cette ressemblance avec Marrynelia Miriati... et un miracle s'est produit, une fée sans ailes était née parmi les nobles ! Au début, je n'en avais rien à faire franchement, je devais m'occuper de remettre de l'ordre dans ce royaume qui était parti à volo, je ne pouvais pas imputer cela à ma prédécesseuse qui avait tout fait pour que le pays cesse d'être cette anarchie dû à la trahison de la reine, cependant, on peut totalement l'imputer à son Premier Ministre qui a pillé les caisses durant ce laborieux règne.

Tiens, tiens, tiens. Mais est-ce que quelqu'un n'aurait pas fait cette même chose quelques semaines plus tôt ?

- J'avais obtenu mon rôle en étant à peine plus âgée que toi, tu sais. Donc ce n'était pas une mince affaire. On te confie un pays chargé d'histoire que tu ne connais pas et tu dois faire confiance à des vieillards qui ont dix fois ton âge et qui ne t'explique rien, tu es juste un joli épouvantail à la face du royaume alors que les vraies affaires se déroulaient en coulisse. Je me suis trouvé mes propres dames de compagnie après le départ sulfureux d'Elena et j'ai fini par faire de plus en plus de « bêtises » entre deux guerres qu'on nous avait lancé. Et la plus grosse concerne ta princesse. Peu de temps après qu'elle naquit, les nobles disaient déjà parmi eux qu'elle était de mauvais augures, qu'elle aurait dû mourir dans sa chute... « Encore un malheur qui nous tombe dessus ! » disaient-ils. Mais le fait qu'elle soit sans ailes n'était pas la seule anomalie avec laquelle elle était née, comme je te l'ai expliqué nos pouvoirs proviennent de nos ailes, mais surtout de notre colonne vertébrale. C'est la principale zone-source de notre magie à la plupart des Féériques mais surtout, nous, les fées, et elle est encore plus amplifiée par nos ailes. De ce fait, tu imagines que la majorité des sans-ailes sont dénués de toute magie comme toi... Enfin, dans une moindre mesure par rapport à toi.

- Mais ce n'est pas ce que j'ai vu, commenta le Héros, par plusieurs fois, elle a utilisé la magie face à moi, autant pour me soigner que pour m'impressionner.

- Oui. Des sorts de soin étaient le mieux dont ils étaient capables, lui confirma-t-elle, mais cela ne les empêchait pas d'avoir une autre utilité, ceux qui étaient dépourvus nous servaient dans certaines situations lorsque nous partions à la guerre comme leurre ou appât. Toutefois, cela ne serait jamais son cas grâce à son rang et la paix durable que j'ai pu instaurer, mais aussi, par le fait que l'anomalie qu'elle possédât faisait d'elle potentiellement la plus puissante fée qui a pu exister en ce monde.

- « La plus puissante fée qui a pu exister en ce monde » ? répéta le Héros, hébété.

- La plus puissante fée qui a pu exister en ce monde. Oui. Son potentiel magique est incommensurable, mais elle ne pouvait le déployer à cause de la non-existence de ses ailes, cette puissance magique était bloquée en elle, mais cela faisait d'elle un être ayant des sens bien plus accrus grâce à cela, ce qui lui donnait énormément de facilité dans son apprentissage.

- C'est... cool, j'imagine, dit le Héros, ça fait d'elle mon strict opposé.

- Tu dis ça mais tu dois avoir un semblant de magie en toi comme tout le monde.

- Absolument pas.

- Mais alors, dit la reine, comment as-tu fait pour percevoir mes attaques magiques à travers la poussière ou juste mes attaques physiques que je rendais imperceptibles grâce à Insonorisation ?

- Sérieusement ? Des attaques de foudre ça se voit et ça s'entend, ria le Héros, mais je vois de quoi vous voulez parler, je perçois la magie d'une autre manière que les autres humains ou Féériques, d'une manière qu'eux-mêmes pourraient percevoir s'ils faisaient plus attention.

- Comment ?

- Grâce à mon ouïe, dit le Héros en tapotant son lobe d'oreille.

Grâce à son ouïe ? répéta la reine, mais c'est invraisemblable, la magie est inaudible, c'est lorsqu'elle s'entrechoque avec quelque chose ou qu'elle effectue une action bien définie qu'on pourrait l'entendre. « Les » entendrait-il ?

- Mais ça va au-delà de ça, c'est plus de l'instinct. Je ne saurai pas vraiment comment l'expliquer, mais c'est le seul « moyen » pour moi de compenser mon manque de sens magique.

La reine était admirative de la capacité d'adaptation de ce garçon malgré son jeune âge. Elle se demandait quel genre de vie il avait vécu durant tout son périple à l'extérieur pour pouvoir mettre en place autant d'astuces pour pouvoir corriger autant tous ses handicaps. Elle voyait un grand potentiel en ce jeune homme en excluant le fait qu'il était le prédisposé au rôle de protecteur de cette nouvelle terre.

- Mais vois-tu, c'est une chance pour toi car la magie a un effet amoindri sur toi, cela prend plus de temps de te soigner ou de te jeter un sort comme ta malédiction vu que tu n'es pas vraiment réceptif à la magie donc tu ne pourras jamais être soumis à un enchantement d'illusion contrairement à la Princesse-Sans-Aile qui est une porte ouverte à tous les sorts. Dès sa naissance, elle l'était...

- Que voulez-vous dire par là ? demanda le Héros en pleine incompréhension.

La reine ne répondit pas immédiatement, elle tournait son index autour de son pouce en regardant dans le vague, avant de se tourner vers le Héros et de lui avouer son péché.

- Alors que je lui rendais visite parce qu'elle était tombée malade, j'en ai profité pour lui jeter un sort d'illusion lui donnant une apparence proche de celle... de la Félonne.

- Quoi ? s'insurgea le Héros en se levant furieux, mais ça va pas d'avoir fait ça ? Putain ! Elle a déjà pas d'ailes et vous lui imputez encore un fardeau, tout ça pourquoi ?

- Parce que moi, ma ressemblance avec la Félonne n'est pas f..., s'emporta la reine, je la porte depuis bien trop longtemps pour que cela soit tenable !

Audisélia se rassit et arracha une branche du toit, faisant des cercles sur le sol en mousse, le Héros resta debout la regardant d'un œil accusateur.

- En criant, on a dû vous entendre, commenta le Héros.

- Sûrement pas, ma voix s'entend moins loin que mon chant et encore, les châtelains sont loin par rapport à nous.

- Comment vous avez pu faire ça ? dit le Héros avec de grands yeux, et cette histoire de fée traître date d'il y a plus de cinq cents ans selon ce qu'on m'a dit et les fées vivent au grand max... deux cents ans... qui peut encore croire que la Félonne ait eu un enfant avec cinq cents ans d'écarts ? C'est débile !

Audisélia sourit et le regarda :

- Les fées d'ici vivent deux cents, précisa-t-elle, mais rappelle-toi, tu es autant une étrangeté débile que moi dans ce monde impossible et tu penses que c'est la chose la plus étonnante en ce monde ? gloussa la reine-fée, plusieurs choses peuvent faire qu'on puisse penser que je suis sa fille ou qu'elle est sa fille. La Félonne était une archimage de renom et une grande scientifique, sa connaissance de la magie tenait de l'érudition. Qui sait quels arts occultes elle a pu employer pour avoir un enfant ou une « porte » pour se réincarner...

- C'est de la folie...

- C'est ce qu'elle était : une folle.

- Vous l'êtes tout autant avec votre sort d'illusion et quand finira-t-il ? Ça fait tout de même au moins dix ans qu'il est en place.

- Je ne suis pas l'Abominable Arme Vivante de Sylvania pour rien, lui fit remarquer Audisélia, mes réserves de magie sont presque illimitées, un être élu des dieux, et tu as pu en attester durant notre combat.

C'est vrai qu'il s'était fait électriser à de nombreuses reprises par ses attaques électriques de plus petites envergures autant que ses énormes chutes de foudre.

- Et ce n'est pas ma seule particularité...

La reine retira l'un de ses longs gants et montra sa main au Héros, de l'électricité en jaillit, juste de petits éclairs.

- Je possède un attribut génétique comme les Hommes.

- Vous avez du sang humain ?

- C'est exact, mais il est bien trop dilué dans mon sang, je suis vraiment loin de m'en rapprocher.

- Mais attendez, c'est impossible ! s'exclama le Héros, aucun Féérique ne peut utiliser d'attribut génétique sous peine d'imploser ou de mourir à la naissance !

Le Héros nota, entretemps, que la poitrine de la reine brillait pendant sa démonstration, elle le remarqua, c'est alors qu'elle dégrafa sa robe par derrière et se dénuda à peine. Le Héros pris de court détourna le regard, rougissant devant ce comportement de dévergondée, il n'allait tout de même pas observer la poitrine de la souverraine d'un pays entier... Cependant, ça ferait bien dans son curriculum vitae de vie, il pourrait s'en vanter auprès d'Astéron qui le harcelait, même si la Fée était vraiment l'exception qui confirmait la règle, sur ses difficultés à sociabili...

Était-ce parce qu'elle l'avait vu presque nu comme un ver, la faisant rentrer d'office dans son intimité ?

La reine s'approcha furtivement du Héros et se pencha vers lui, le Héros la sentit arriver et se retourna, il hurla d'effroi en croyant voir sa poitrine mais ce qu'elle lui montrait était ce qu'il y avait au-dessus, quelque chose scintillait à l'intérieur de son corps, une lumière bleue qui rayonnait au-dessus de ses seins.

- Qu'est-ce que c'est ?

- De mon noyau, me permettant d'utiliser ce fameux attribut génétique. Pour une raison inconnue, comparé à vous autres, j'ai besoin d'un noyau. C'est sans doute cela qui me permet d'avoir un attribut génétique. Et si tu doutes, je te rappelle que je n'ai pas totalement besoin d'incanter de sorts de foudres pour pouvoir en utiliser, dit-elle en se relevant et refermant son corset, la princesse-fée sans ailes l'a deviné lorsque je t'ai assommé mais elle ne pouvait, et ne peut toujours pas, mettre le point dessus vu que personne en ce monde serait capable d'imaginer qu'un tel exploit ait pu être réalisé cinq cents ans plus tôt.

- Donc c'était pour éviter qu'on vous soupçonne d'un lien beaucoup trop étroit avec la Félonne que vous avez saisi l'opportunité que la princesse sans nom ait un immense pouvoir en elle pour pouvoir vous en servir comme épouvantail...

- J'aurai bien voulu que cela soit aussi... réfléchi, mais ça tend plus vers la futilité et l'immaturité, je l'ai fait car je ne voulais plus qu'on m'assimile à elle, qu'on cesse de médire sur moi, derrière mon dos et en face de moi, ne plus être la réincarnation de la Félonne. Je l'ai fait pour ne plus être une paria...

- Condamnant une autre personne à l'être.

- Je sais que c'est mal, renifla-t-elle, je sais que ta mère m'aurait violemment engueulée si elle avait appris que j'avais fait une chose pareille, mais je n'en pouvais plus d'entendre ces insultes !

- Prise de remords, vous lui avez menti en disant qu'en devenant reine, elle pourrait obtenir des ailes, en conclut le Héros.

La reine releva la tête et regarda le Héros, déroutée par les propos du fils d'Elena.

- Mais c'est faux ! se leva furibond Audisélia, comment peux-tu oser m'insulter de la sorte ? Je ne lui ai pas menti !

- Vous allez me dire que la mettre sur ce trône va lui donner des ailes ? douta le Héros.

- Je n'en sais rien ! Mais j'en suis certaine qu'elle le pourra ! J'ai recherché par tous les moyens possibles et imaginables après avoir fait ça, et c'est le seul que j'ai trouvé ! « L'intronisation permettrait à la future reine d'acquérir ce qui lui manque. » disait le texte royal officiel. Comme ça... comme ça, je pourrai me pardonner moi-même sans qu'elle en sache jamais rien...

Le Héros s'apercevait que son interlocutrice était au bord des larmes, il ne distinguait aucun mensonge dans sa voix. Elle y croyait vraiment. Elle avait confiance en ce qu'elle prétendait être vrai. Le Héros se sentit mal de l'avoir accusée à tort – enfin dans une mesure, où Audisélia pensait sérieusement que mettre la Fée sur le trône lui donnera des ailes, elle voulait réellement réparer le tort qu'elle avait commis auparavant, et le Héros ne pouvait pas se permettre de juger cela, lui qui avait causé tant de mal autour de lui pour son bien personnel. Déjà pouvait-il la juger d'avoir voulu porter le dévolu de ce peuple sur une autre personne que la sienne parce qu'elle en avait assez de leurs médisances, alors que c'était ce qu'il avait souhaité toute son enfance ?

- Je... Je suis désolé d'avoir dit que vous étiez une menteuse et de vous avoir jugée trop vite, s'excusa le Héros, je n'ai pas vraiment le droit de vous juger après ce que j'ai fait, je fais et ferai sûrement.

La grande reine Audisélia soupira et s'approcha de ce petit Homme et l'enserra dans ses bras, et sans qu'il s'en rende compte la reine avait rétréci pour atteindre une taille plus proche de l'humain, elle lui caressa tendrement le dos.

- Ce n'est point grave, le calma Audisélia, je comprends ta contrariété, tu apprécies la Princesse-Sans-Ailes et il est vrai que si je m'étais jouée d'elle...

- Et puis quoi encore ! clama-t-il, je m'en fiche !

La reine-fée s'écarta de lui et le fixa en souriant.

- Qu'est-ce que cette réaction ? s'esclaffa la reine.

Le Héros découvrit avec surprise que l'amie de sa mère avait réduit de taille, elle devait mesurer un mètre quatre-vingt-cinq, quatre-vingt-dix tout au plus.

- Mais comment ? dit le Héros avec étonnement.

- Bah en utilisant la magie, beta !

- Mais je ne pensais pas que vous étiez capable...

- D'utiliser autre chose que la magie de foudre ? J'ai étudié, ricana-t-elle, si je peux créer des illusions, je peux bien faire autre chose. Bon, j'avoue que c'est ta mère qui m'a forcé à vouloir me diversifier, se rappela-t-elle, mais si tu avais un quelconque talent pour la magie, je te l'aurai appris.

Le regard du Héros était maussade malgré tout, quelque chose n'allait pas, quelque chose l'avait perturbé, elle pointa deux doigts qu'elle électrisa à l'arrière de sa tête et voulut les planter à l'arrière de la tête du Héros pour lire ce qui lui taraudait l'esprit mais s'y refusa et abandonna l'idée. Ce n'est pas comme ça qu'elle pourra comprendre les autres, ce n'est pas comme ça qu'elle pourra se détacher de cette vision qu'elle avait d'elle-même... celle d'un être artificiel.

Si elle voulait comprendre les autres, elle allait devoir se lier à eux en s'ouvrant à eux.

- De nombreuses personnes sont au courant ?

- Mis-à-part mes gardes du corps, les espions les plus haut gradés, César et toi, énonça-t-elle, non. Cependant, je voudrais couper court à cette conversation car j'ai une requête à te faire part...

- C'est quoi ? lui demanda le Héros, un sourcil invisible levé.

- Je sais que je n'ai pas vraiment le droit d'exiger cela de toi, mais si tu le veux bien, je voudrais être ta mère.

Le Héros écarquilla les yeux en souriant d'hébétement, quelle était cette question impromptue ? Pourquoi lui demandait-t-elle cela ?

Elle le lâcha et lui tourna le dos. Elle mit ses mains derrière le dos et éleva ses talons avant de les rabaisser, et répéta cette action plusieurs fois en lui expliquant la raison de cette demande.

- Je ne sais pas même pas pourquoi je te demande cela, mais je voudrais juste m'excuser de t'avoir tant maltraité et je voudrais t'aider dans tous tes besoins sans pour autant que cela soit distant. Et je dois t'admettre que cela serait un moyen de me rapprocher d'Elena bien que la mort nous sépare. Connaître l'enfant qu'elle a élevé et lui permettre d'avancer. Après tout, elle m'avait dit avant de mourir que je serai capable de te sau... de t'aider ! Donc pourquoi ne pas ne pas être ta mère...

Le Héros rit à gorge déployée en entendant l'explication de la reine, celle-ci se tourna, incrédule, devant l'expression désopilante du garçon.

- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?

- Rien, rien, dit le Héros en essuyant ses larmes rieuses inexistantes, mais je comprends surtout que vous vous voulez m'avoir comme substitut de l'enfant que vous auriez aimé avoir avec ma mère.

- Oui..., présuma la reine, tu ne serais pas en train de te moquer de moi, à tout hasard ?

- Absolument pas ! se défendit le Héros, c'est juste que je m'attendais pas à ce qu'on me demande cela à mon âge et à la vue de ma face.

- Ce n'est pas gentil envers toi-même de penser cela.

- Pas besoin de me leurrer, je sais à quoi je ressemble, bien que cela fait des années que je ne me sois pas vu dans un miroir..., mais y a pas vraiment besoin qu'on ait une filiation aussi profonde que mère et fils, vous pouvez être ma grande sœur, même si Helmir m'a dit qu'elle et moi étions plus cela qu'un neveu et sa tante, alors vous pourriez être ma tantine...

Il n'était pas bête. Il savait très bien pourquoi la reine lui demandait cela, il n'allait pas se mettre à lui crier que jamais elle pourrait être sa mère, car Elena était sa seule mère, qu'elle était indigne de lui faire ce genre de demande, qu'elle soit reine ou une force de destruction surpuissante. Il voyait bien la bienveillance et la déférence dont elle faisait preuve avec lui, et ce n'était pas comme si Elena était véritablement sa mère biologique, mais il ne pouvait pas, enfin, il ne voulait pas passer à autre chose en feignant que ce qui était arrivé à sa mère faisait partie du passé.

Il ne pouvait s'en octroyer le droit.

- Mais je pourrais être une deuxième mère pour toi, dit la reine.

- Une troisième, en l'occurrence, précisa le Héros, mais je sais pas... je ne me vois pas accepter cela...

Une troisième ? se demanda la reine, alors il n'est pas véritablement l'enfant d'Elena ?

À cette simple pensée, la reine se réjouit que cet enfant ne provînt pas de ses entrailles, mais effaça cette horrible pensée : il restait tout de même le fils d'Elena qu'elle a élevé, et ça ne changerait rien à sa proposition.

- De plus, ajouta-t-il, on dit déjà que vous aidez beaucoup la Princesse-Sans-Ailes et la plupart des gens trouvent cela déloyal, par rapport aux autres et tout...

- Il est de mon bon droit de faire cela, je suis une noble comme eux donc j'ai le droit de choisir qui j'ai envie de supporter si je ne manipule pas le règlement... et je compte bien t'aider pour que tu sois capable de battre tes adversaires, parce qu'en vérité, tu es plutôt bon, mais pas assez pour combattre tes futurs adversaires, ton maniement de l'épée laisse vraiment à désirer.

Il y eut un silence entre les deux.

Le garçon regardait le sol. La reine revint vers lui, s'accroupit et lui tint le menton. Surpris, il voulut lui frapper la main mais la reine le retint.

- Ne sois pas aussi réticent à ce qu'on te touche ou qu'on s'approche de toi, gamin, sinon tu finirais par te retrouver tout seul.

- Je le sais... Maman me l'a déjà dit.

- Cependant, ce que je veux te dire c'est que tu n'es pas obligé de me répondre pour ma demande, je veux juste qu'on reparte sur de bonnes bases tous les deux et finalement, j'ai du mal à exprimer ce que je ressens aux autres et ça finit dans des situations comme celle à la salle du trône... Je compte t'aider comme ta mère me l'aurait demandé si les circonstances avaient été différentes, en échange, je veux que tu te sentes bien ici, à Sylvania. Tu pourras rester le temps que tu voudras, même après la fin des combats, il n'est peut-être pas le meilleur royaume pour toi, ni le plus hospitalier ou le plus égalitaire... Mais ! Je veux que tu te sentes comme chez toi.

Elle se releva et lui tendit la main.

- Je veux que tu me fasses confiance comme si j'étais ta grande sœur.

Il n'y avait aucune raison pour laquelle il ne pourrait pas lui faire confiance, elle était peut-être dérangée, mais elle faisait à chaque fois – du peu qu'il était au courant et de ce qu'il en avait vu - tout pour arranger les choses. Bien qu'il ait dit qu'il ne lui tenait pas rigueur de la violence avec laquelle elle l'avait traité, il ne pouvait s'empêcher d'être rancunier, pas au point de vouloir lui faire payer, mais lui pardonner aussi facilement, ne serait-il pas faire montre de faiblesse et, surtout, s'il n'avait pas été immortel, elle l'aurait forcément tué ?

Il laissa tomber ses récentes rancunes, qu'elles soient fondées ou non, Audisélia était l'une des rares personnes à lui porter de la considération en ce monde et à s'être excusé auprès de lui – il pourra dire à Astéron qu'une reine s'est excusée, alors il a intérêt à le faire pour la batterie d'holophone !

Le Héros lui serra la main et celle-ci l'attira vers lui pour le serrer dans ses bras et le faire tournoyer.

- Je suis si ravie que tu me pardonnes !

Le Héros n'imaginait pas ce que ça aurait donné si elle avait sa taille normale. Malgré l'étrangeté de la scène, il ne pouvait pas s'empêcher de sourire. Cela faisait combien de temps qu'il n'avait pas ressenti l'amour d'une personne ?

Quelle enfant... Ne grandira-t-elle jamais ? Ha ha !

Elle s'arrêta, l'embrassa sur le front et le regarda droit dans les yeux.

- Je suis sûre que sous cette tâche noire se trouve un charmant jeune homme humain, dit la reine en pleine euphorie.

- Ha ha, j'en doute...

- Alors crois-moi, car je le pense.

La reine le reposa par terre et se rassit sur le sol, elle le fit une nouvelle fois coucher sur ses genoux pour qu'ensemble, ils admirent les lumières de la ville. Elle se remit à lui caresser les cheveux à travers sa capuche, mais le Héros lui prit la main et la mit directement sur sa tête. La reine ne dit rien et continua ses caresses. Au touché, elle sentit les creux dans le cuir chevelu du garçon, celui-ci frissonna au contact de sa main, mais se retint de trembler de peur qu'elle puisse le juger.

- Ne t'inquiète pas, lui dit la reine, je m'en fiche.

- D'accord...Majesté..., chuchota-t-il.

Dans cette position, il était le plus vulnérable, en lui laissant toucher ses plaies, il lui accordait sa totale confiance, alors elle allait faire de même à son échelle.

- Tu peux m'appeler par mon prénom, tu sais.

- D'accord... Audisélia..., répéta-t-il fébrilement.

- Mais pas devant les autres, hein, précisa-t-elle, Sélia, ça me va aussi.

Il se laissa alors caresser, jusqu'à qu'il s'endorme, le laissant à la merci de la reine si elle voulait faire preuve de malveillance, mais elle n'avait absolument pas pour projet de faire cela. Elle voulait juste faire cela, en souvenir de Sawyer et d'Elena qui la berçaient lorsqu'elle était plus jeune.

Une ombre s'avança vers la reine et s'agenouilla derrière elle, un genou et un poing à terre.

- Tu étais là depuis le début, je présume ? demanda la reine Audisélia avec un ton plus sérieux qu'avec le Héros.

- On m'a chargé de le surveiller, ma reine, dit Helmir.

- Je le sais, je parle à l'homme derrière toi, clarifia-t-elle en pointant du doigt l'autre ombre derrière elle.

Un chevalier sortit de la pénombre en retirant son casque : il s'agissait de Sawyer en armure de plate scintillante. L'elfe de nuit avait bien senti une présence près d'elle mais vu qu'elle n'était pas hostile, elle n'en prêta guère attention.

- Avais-tu peur qu'il vienne reprendre sa revanche ? lui demanda la reine.

- Peut-être, rétorqua le garde du corps, mais il n'est pas aussi obstiné que toi.

- Tu penses ? Je ne me suis jamais lancée à la poursuite du Némésis, pourtant.

- Car tu as un royaume à surveiller.

Helmir se releva et tendit les bras en direction de la reine.

- Dois-je l'emmener dans ses appartements ?

- Pas maintenant. Je pense le garder avec moi encore quelques instants.

- T'es-tu éprise de ce garçon ? lui demanda la fée guerrière.

- Jaloux ?

- Et puis quoi encore ? dit-il en roulant des yeux, peux-tu nous laisser quelques instants Helmir.

- Bien sûr.

Helmir retourna en un clin d'œil dans les ténèbres de la nuit, laissant les deux amis d'enfance seuls.

- As-tu enfin obtenu les réponses aux innombrables questions qui te tourmentaient l'esprit ?

- Pas totalement, mais les plus importantes, oui. Et ça me satisfait, bien que cela me déprime encore.

- Je suis content pour toi, répondit le chevalier, cela te passera, ne t'inquiète pas.

- Sa mort ne t'affecte pas ?

- Si, mais tu me connais, je n'aime pas le montrer.

- Avant, quand on était plus jeunes, c'était moi qui te protégeais des autres enfants qui se moquait de toi parce que tu étais une pleurnicheuse, rit la reine-fée.

La fée croisa les bras et détourna le regard de sa reine.

- Tes attaques ne m'affectent pas.

- Mais depuis tu es devenu bien fort.

- Je le devais pour te protéger des autres et de toi-même.

- Je dois avouer que je t'en ai fait baver.

- Hé oui, dit-il en hochant la tête.

- Je voudrais te demander quelque chose.

- Oui ?

- Pourrais-tu prendre ce garçon sous ton aile pour qu'il soit ton apprenti.

- Bah, pourquoi moi ?

- Car tu es le meilleur épéiste du royaume, et si tu as pu gérer une énergumène turbulente telle que moi, tu pourras très bien le faire avec mon fils, enfin, mon futur fils quand il se décidera à dire oui. Tu deviendrais le maître d'armes du héros de la légende. Ce n'est pas extraordinaire ?

Devant le regard malicieux de la reine, il ne put que céder. Ce n'était pas pour le prestige éphémère que cela allait lui apporter sachant que personne ne le saurait, mais bien parce que son amour lui avait demandé.

- Je vais lui préparer deux trois exercices, mais je ne serais pas prêt avant son prochain combat.

- Je pense qu'il pourra se débrouiller d'ici-là.

Sawyer regarda le garçon, le voyant assoupi, la bouche grande ouverte, inspirant et expirant difficilement l'air dans ses poumons, il ne put éprouver que de l'empathie envers cet humain qui avait vécu tant de malheurs.

Peut-être qu'il trouverait quelqu'un qui pourrait lui réparer son cœur parmi les jeunes enfants de sa génération...

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