Recrutement de Lin

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La chambre du Héros commençait à se garnir, petit à petit, de meubles utiles à son quotidien et à paraître moins vide. Petit à petit elle commençait même à s'embellir avec de jolies petites décorations et de quelques cadres photos - cela n'était bien sûr pas de son fait, il n'avait aucunement la fibre artistique ; c'était grâce aux amis de la Fée, des serviteurs de la reine, d'elle-même et de son garde du corps qu'ils purent avoir quelque chose de...satisfaisant.

De cette journée de décoration en est sortie la photo qui trônait sur sa table de chevet au côté de sa Bible, on peut y voir la frimousse pas très jouasse du Héros qui n'avait aucune envie de participer à tout ce foutoir et de remplir sa « maison ».

Bien sûr, il ne le dirait peut-être jamais mais leur acte l'avait incroyablement touché, avoir ce nouvel aménagement dans cet appartement, même provisoire, lui faisait plaisir. Non pas parce qu'ils avaient donné une renaissance au cloaque qui lui servait de lieu de repos mais parce qu'ils avaient tout simplement pris le temps de le faire. Il se demandait si le simple "merci" tout timide qu'il avait prononcé les avait satisfaits comme remerciements – heureusement que la reine avait organisé un mini pique-nique sur le toit de l'appartement du Héros pour compenser. Pour l'occasion, il avait même eu droit à encore un seau de cookies qui étaient encore plus fameux que les précédents.

Dire qu'au départ, s'il n'avait pas eu son immortalité, en arrivant en ces lieux, il serait déjà mort plusieurs fois sans même avoir pu apprécier ce petit bonheur éphémère. Il se dit, alors qu'il allait sortir de son lit, qu'il pourrait bien profiter de cette belle nuit éclairée par les lumières bleues des murailles-carapace pour faire une petite promenade nocturne.

Et alors qu'il posa un pied à terre, brusquement, une silhouette apparut devant lui. Secouant sa longue chevelure en bataille rosée, vêtus d'habits de ville féeriques débrayés et au regard perçant verose, voilà que se présenta face à lui Malalalivia Grave.

- Sincèrement, si je t'avais pas reconnue, je t'aurais trucidé, dit le Héros en reprenant son souffle.

- Comme si tu en avais les capacités...

Elle partit se saisir d'une chaise et prit place devant le Héros, le dos du siège face à elle.

- Que me vaut la visite d'une descendante des rois-combattants dans ma misérable demeure ?

- Lelelitio m'a dit que tu allais nous aider.

- Il en a mis le temps parce que j'ai changé d'avis la même nuit.

- C'est moi qui ai mis du temps à venir te voir, rectifia-t-elle, je savais juste...

- Pas où j'habite ?

- Pas comment venir te voir ! rouspéta-t-elle d'un air gêné.

- Oh t'as deviné que j'allais dire que t'étais une idiote d'avoir pas demandé à Lelelitio là où j'habite, l'applaudit-il.

- Tu es bien trop exécrable pour être le héros de la légende...

- Sûrement, dit le Héros en haussant les épaules, mais revenons sur le sujet de ta venue.

- Connais-tu l'amoureux de ta princesse dénommé Beneltig ?

- Forcément ! Quelle question !

Entendre le nom de son rival le rendait bien plus aigri. Cela aiderait la cause de Malalalivia.

- Hé bien nous allons le kidnapper !

- Hein ? sursauta le Héros, déjà tu débarques chez moi sans prévenir par la fenêtre et tu me demandes de kidnapper un gosse ?

- Comme si t'en étais pas un.

- Mais c'est absolument pas le sujet !

Malalalivia roule des yeux et lève les bras en l'air.

- Mais on n'avance pas ! Et lui est lié à cette secte.

- Comment tu le sais ?

- Je l'ai vu parler à l'un de ces hommes en rouges...

Le Héros baissa les yeux l'air soucieux.

- Mais tu n'as pas vraiment l'air surpris par cette annonce, nota la princesse.

Il se gratte la tête en détournant le regard.

- Je l'avais déjà vu parler à l'un de ces gars avant son premier combat et après le sermon que lui a fait la reine, révèle-t-il.

- Et elle est au courant ?

- Oui.

- Et elle n'a rien fait ? s'offusque la fée.

Le Héros relève la tête et fixe droit dans les yeux son interlocutrice au tempérament enflammé.

- Tu penses pouvoir accuser quelqu'un sur des hommes qui ne s'en prennent qu'aux pauvres gens des Basfonds ? Il n'y a que la reine qui se soucie de vous ! Tu crois qu'en accusant un noble ça ne se payera pas ? Tu finiras juste accusée de mythomanie et encore plus exclue de la société que maintenant.

Malalalivia voulut lui répondre quelque chose mais savait qu'il avait raison alors elle frappa dans l'un des pieds du lit du Héros par frustration, arrachant, au passage, le dit-pied et faisant s'écrouler le Héros au sol sans que la fée ne le voit puisqu'étant dos à lui.

- Mais j'en ai marre de croiser que des folles..., pesta-t-il en chuchotant.

Épris de colère, il tenta de lui mettre une balayette au sol, elle sentit sa présence, esquiva aisément d'un pas en avant et de se retourner pour lui faire face.

- Nous n'avons pas vraiment le temps de nous amuser, le réprimanda-t-elle.

- Attends ! Attends ! Attends ! Tu viens d'exploser l'un de mes pieds de lit gratuitement quand même !

Elle rouspéta en se grattant la tête, gênée avant de s'excuser.

- Je suis désolée de m'être mise en colère.

- Tes excuses vont me repayer mon lit ?

- C'est tout ce que je puisse t'offrir...

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? T'es une princesse ! Tu vas pas me dire que t'es à sec à ce point ?

Elle n'avait même pas eu le temps de le contredire qu'il glissa ses mains dans les poches de sa robe... et il n'en retira que de la poussière.

- Je t'avais dit que j'étais pauvre.

Le Héros soupira. Elle était aussi pauvre que lui hors de ses murs. Il ne savait même pas pourquoi il ne l'avait pas crue. Il ne put que s'excuser lui aussi, et tous les deux se pardonnèrent en disant que ce n'était pas si grave. Le Héros voulut remplacer le pied de son lit par une tasse pour s'asseoir dessus, mais lorsqu'il s'y installa, la tasse se brisa mais le Héros ne s'écroula pas par terre cette fois-ci.

- Ça aurait été mieux de mettre des livres.

- Ils auraient fini troués.

- Donc c'était inutile.

- Oui.

À ce moment-là, aucun des deux ne savait qui était le plus bêtes d'eux deux. Cette situation devenait beaucoup trop gênante pour perdurer. Il fut préférable de revenir au sujet principal de la visite de la princesse Malalalivia.

- Alors qu'est-ce qu'on fait ?

- On va l'interroger directement chez lui, proposa le Héros, tu sais où il habite ?

- Bah justement... Je comptais sur toi.

Le Héros soupira une nouvelle fois de désespoir avant de sourire de dépit.

- Je peux pas t'en tenir rigueur, lui concéda-t-il, c'est logique puisque je suis le protecteur de sa fiancée.

- Ils sont fiancés ?

- BIEN SÛR QUE NON ! s'exclama-t-il.

- Pas besoin de le prendre comme ça... C'était une simple question...

- Je trouvais plus l'autre nom en Oli'Ane, c'est tout... expliqua-t-il d'une toute petite voix avant de reprendre sa voix normale en toussotant, bon, déjà, il n'habite Java-Aleim étant donné que ce n'est pas une princesse-fée...

- Bien évidemment.

- ... même en réfléchissant plus sérieusement, je ne vois pas où il pourrait se trouver... mais je sais qui pourrait le savoir !

- Qui ? demanda la fée, méfiante.

- Lin. Un ami à lui.

- Tu sais que ce n'est pas prudent de mêler d'autres personnes à notre affaire ?

- T'inquiète, ma sœur, je me porte garant de ce petit bonhomme, lui sourit-il, je sais à peu près où il habite.

« Ma sœur » ? s'interrogea Malalalivia.

Elle ne se posa pas plus de question et le suivit à travers la fenêtre.

La voyant chuter en direction du sol, il remarqua, malgré sa mauvaise vue, que ses jambes étaient plutôt musclées, sa force ne semblait pas usurpée lorsqu'elle l'avait stoppé lors de la réception.

- Qu'est-ce que tu regardes ? s'offusqua la princesse.

- Rien de bien intéressant. Suis-moi.

Le Héros se dit que si elle était si forte, son champion devait l'être tout autant voire plus. Un titan d'une puissance inimaginable comparé à ses précédents adversaires en ces lieux. Bien que cette femme fût une paria parmi les siens, elle avait dû acquérir un protecteur digne de ce nom – à contrario de sa princesse qui a préféré être protégée par Beneltig.

- Dis-moi princesse des Basfonds, t'as un p'tit creux ?

- Pas vraiment...

À peine eut-elle prononcé son refus que son ventre la contredit.

Le Héros eut un petit rire en entendant son ventre grommeler de faim.

- « Les Hommes peuvent mentir mais pas leur corps » ! Viens je vais te payer des brochettes.

Malalalivia ne put qu'accepter la proposition du garçon, en insultant son estomac d'être incapable de se taire. Une fois chez le même vendeur que lorsqu'il était accompagné du serviteur de la princesse Malalalivia Talemilia Grave, celle-ci dévora goulument toute la viande que lui avait acheté le Héros.

- C'est une faim d'ogre que tu as, dis-moi ?

- Ça tu peux le dire !

Puis elle se ravisa.

- Je ne peux pas me permettre de manger autant alors que les miens meurent de faim.

- T'inquiète, c'est aux frais de la princesse, dit-il en lui piquant une brochette pour se curer les dents.

- Comment ça ? Et même ! Je ne peux pas.

- C'est une expression qui veut dire que tu peux manger comme tu veux, et un jeu de mot en l'occurrence, et en ce qui concerne ceux de l'orphelinat, j'ai déjà acheté tout un tas de nourriture pour eux.

- C'est vrai ? sursauta-t-elle.

- Bien sûr. Les sauver d'une mort atroce pour qu'ils meurent atrocement de faim n'est pas vraiment utile.

Des sanglots se firent entendre de l'autre côté de la table, le Héros baissa la tête et vit des larmes couler sur ses joues, son visage si dur s'adoucit. Était-ce les brochettes qui amenèrent ses yeux à se gorger de larmes ou était-ce ce petit geste qui l'avait touchée ?

Il avait déjà la réponse, mais c'était amusant d'envisager cette possibilité.

- Comme dans les légendes, le héros de la légende ne peut être que généreux...

Un froid s'abattit sur le Héros. Comme toujours, il fallait en revenir à cette stupide légende ! Le mal qu'il répandait et la frayeur qu'il créait autour de lui provenait de lui et de son côté « démoniaque », mais le bien qu'il faisait pour autrui était attribué au héros de la légende.

Forcément.

- C'est pas dû au fait que je sois le héros de la légende que je fais ça, précisa-t-il, las, mais bien parce qu'on est dans le même bateau...

- « Même bateau » ? demanda-t-elle en essuyant ses yeux avec les manches de sa robe, je ne comprends vraiment pas les expressions que tu utilises.

Le Héros se souvint qu'en présence de Féériques, il n'utilisait pas d'expressions humaines, mais depuis quelques temps, il se sentait beaucoup plus à l'aise qu'au début de sa venue. Plus sa langue se déliait, plus il parlait et plus son vocabulaire qu'il avait en esprit ressortait à l'oral. Surtout qu'au-delà des expressions, c'était le Franca qui ressortait.

S'il voulait être compris, il devrait faire plus attention.

- Je veux dire que je ne suis pas si différent des gens des Basfonds malgré mes beaux habits, s'expliqua-t-il, j'ai surtout la chance que la reine était amie avec ma mère, sinon si je sors d'ici, de ce royaume, je n'ai qu'une ville dépotoir comme habitation.

- Ta mère était l'ancienne héroïne, c'est ça ?

- Oui. C'est la reine qui te l'a dit ?

- L'information circulait de partout, mais la véhémence de Triface à ce sujet fait qu'on l'aurait de toute façon appris d'une manière ou d'une autre. Mais savoir que le héros de la légende n'est pas un noble me fait...

- Ah bon ? Tu pensais quoi ? demanda le Héros, feintant une certaine curiosité, tout en buvant une mixture sucrée.

- Je pensais que c'était un preux chevalier qui sauvait la veuve et l'orphelin, accompagné d'une fée magicienne qui pouvait accomplir n'importe quelle miracle...

Le garçon cracha sa boisson à cette révélation, il était hilare à la description que lui faisait Malalalivia de lui ou de ses prédécesseurs.

- Hé ! Enfoiré ! Pourquoi tu rigoles ? s'énerva la princesse, et pourquoi tu craches de la nourriture ?

- Attends laisse-moi reprendre mon souffle ! C'est la vision que t'as de moi ?

- Non. Bien sûr que non. C'est la vision que j'ai du héros de la légende ! Pas de toi ! Tu n'as pas montré la moindre bravoure qui égale ta légende.

Étrange.

C'était bien la première fois qu'on lui reprochait cela. On le différenciait bien du héros de la légende lorsqu'il faisait quelque chose de malfaisant, mais cela était dit plus comme s'il était atteint de schizophrénie et non pas que sa personne était différente de celle du héros de la légende et qu'il faille qu'il atteigne le prestige de son mythe. Même la reine ne lui avait pas fait ce genre de remarque – mais elle attendait plus qu'il se distingue comme sa mère plutôt qu'il soit comme le héros de la légende.

- Je dois même dire que je suis déçu de toi, rajouta la princesse-fée, tu es violent, puéril et immature. Bien différent de ce que relatent les légendes à l'encontre de ton titre.

- En même temps, avant d'être le héros de la légende, je suis moi. Et tu es bien la seule à me considérer comme tel, si on omet ceux qui me « connaissent personnellement ». Regarde autour de toi, les gens me dévisagent, s'éloignent le plus possible de moi parce que bien que je puisse être leur héros, je suis avant tout un humain, mais surtout celui surnommé le « Démon-Sans-Visage », porteur d'une malédiction que les gens comme vous peuvent sentir peut-être à des kilomètres à la ronde.

- Et ça te satisfait ?

- Comment ça ?

- D'être dénigré et maltraité pour ce que tu es et pour ce qu'on croit que tu es.

Il haussa les épaules.

- Ç'a toujours été comme ça. Je ne peux rien y changer.

- Le héros n'est pas censé être si fort qu'il peut combattre le destin ?

- Quel destin il pourrait combattre s'il n'est pas capable de soumettre le sien ? haussa-t-il le ton en tapant du poing sur la table.

Il se leva de table et partit payer, puis appela Malalalivia pour qu'elle le suive.

- J'ai dit au marchand de brochettes de me garder la nourriture jusqu'à mon retour, on ira chercher le reste plus tard, mais pour notre petite conversation, elle s'arrête là.

- Mais...

- Elle s'arrête là !

Elle fronça les sourcils mais céda à l'ordre du Héros.

C'était sa vie, elle n'allait pas interférer dedans... pour l'instant.

Après une demi-heure de marche – car le Héros n'arrivait plus à se repérer en pleine nuit –, ils se retrouvèrent en face d'une grande bâtisse sur deux étages, plantée dans une sorte de mur, rappelant les villes cachées dans les montagnes qui étaient habitées par les elfes – peut-être un petit rappel de leur habitat naturel comme la forêt qui entourait le royaume.

- C'est ici ? demanda la princesse, en chuchotant.

- Non, on est devant un « hôtel des plaisirs », lui répondit-il avec ironie, bien sûr qu'on y est sinon pourquoi on se serait arrêté là ?

- C'est quand même la troisième maison que tu dis qu'on y est.

- Roh ! protesta-t-il longuement.

Il se rapprocha de l'un des murs de la maison et réussit à repérer la chambre de Lin.

- Étant donnée ta force, normalement t'es capable de me propulser jusqu'au deuxième étage. Donc tu vas me faire la courte échelle et...

- Monte sur mon dos, lui ordonna-t-elle.

- Hein ?

- Monte sur mon dos que je te porte, répéta Malalalivia.

- Non mais ça va pas ou quoi ?

Elle souffla d'exaspération en voyant qu'elle ne s'était trompée sur le compte du Héros en le qualifiant d'immature. Elle l'agrippa et le porta à bout de bras, avant de sauter et d'atteindre la fenêtre menant à la chambre de Lin.

- Putain, tu sautes haut !

- Tu crois que j'ai atteint ton habitation comment ? Ce sont juste les restes de l'époque où je n'étais pas encore une sans-ailes. Maintenant ouvre la fenêtre avant qu'on tombe.

Le Héros se hissa au bras de la fée, posa un pied et ses deux mains sur le rebord de la fenêtre, puis réussit à se placer aussi habilement qu'il le pouvait sur le rebord en se tenant à genoux, face à la fenêtre de la chambre de Lin. Bien qu'il ne sache pas si Malalalivia puisse encore tenir les mains agrippées sur le rebord de la fenêtre, il préféra se presser d'ouvrir la fenêtre quitte à être moins discret. À deux doigts de trébucher, il réussit à l'ouvrir, à s'accrocher aux côtés de celle-ci et à rentrer dans la maison de Lin en s'étalant misérablement sur le sol.

Deux fois dans la même soirée, ça commence à bien faire.

Il se releva en se massant le visage pour atténuer la douleur, attrapa les poignets de Malalalivia et la jeta à l'intérieur de la pièce, et, contrairement à lui, elle réussit à atterrir sur ses pieds en dérapant un peu sur le sol.

Sans déconner...

Avec tout ce bruit, il était assuré que le principal occupant de la chambre se réveille. Il se frottait délicatement les paupières en clignant avec difficulté des yeux, il s'éveillait sûrement d'un sommeil paradoxal. Lorsque sa vue se fit des plus clairs, il aperçut dans la pénombre deux paires d'yeux brillants comme le jour qui l'observaient : l'un rouge sang, rouge écarlate et l'autre s'illuminait d'une couleur vert émeraude d'un œil et de l'autre brillait d'un rose héliotrope.

À première vue, ces regards qui l'observaient dans la pénombre semblaient plus que menaçant comme s'ils appartenaient à de viles créatures sorties d'un monde démoniaque – surtout les yeux rouges –, ce qui créa dans son cerveau un choc si grand qu'il se mit à bredouiller des sons incompréhensibles pendant de longues secondes avant d'éclater et d'hurler au désespoir.

- Calme-toi, Lin ! C'est moi ! s'identifia le Héros en voulant lui imposer le silence.

Voyant qu'il ne s'arrêtait pas, la fée le fit se taire en lui mettant une gifle qui le calma immédiatement.

- J'y ai pensé mais j'ai pas osé, déclara le Héros.

Reprenant ses esprits et reconnaissant son ami, Lin lui demanda ce qu'il faisait en plein milieu de la nuit en compagnie de cette demoiselle aux yeux étoilés.

- Nous avons besoin de toi, lui répondit le Héros.

- Pourquoi faire ? lui demanda Lin, et qui est cette demoiselle fée qui t'accompagne ?

- Ah, elle ? Lin, je te présente Talemilia « Malalalivia » Grave et Malalalivia, je te présente Lin Uramerchie.

- Une « Grave » ? se stupéfia Lin, le nom de la famille royale ? Celui des Rois-Combattants ?

- Exact, le félicita la princesse, tu as assez bien suivi tes cours d'histoire mais on va voir si tu peux pousser la réflexion plus loin.

- C'est la descendante du quatrième frère de la fratrie des Rois-Combattants, coupa court le Héros.

- Mais...

- Tu l'as dit toi-même : on a pas de temps à perdre.

- Oui, tu as raison, se ressaisit-elle.

- Qu'est-ce que tu fais avec la princesse déchue ? demanda Lin au Héros, Princesse sera jalouse si elle l'apprend.

Le Héros balaya cette supposition d'un revers de main et cracha de l'air avec un air dédaigneux.

- Genre, j'en ai quelque chose à faire qu'elle me voit avec une autre fille qu'elle ? Surtout qu'elle m'a déjà vu avec Mina...

- Mina c'est différent.

- Ah bon ? Pourquoi ?

- Si elle ne te l'a pas dit, ce n'est pas à moi de te le dire.

- Hé bah je lui demanderai à ce compte-là.

- On verra si elle te répond. Mais sinon, vous ne m'avez toujours pas dit qu'est-ce que vous faites là ?

Malalalivia reprit la parole et s'avança devant le Héros.

- On va kidnapper Beneltig.

- Ah ouais ! s'exclama Lin.

- Tu marches avec nous ? poursuivit la princesse déchue.

- Attends Malalalivia, stoppa le Héros.

Il expliqua d'une meilleure manière ce qu'ils comptaient faire concrètement et pourquoi ils allaient le faire. Lin réfléchit un instant à tout ce qu'il venait d'apprendre.

- Donc tout ce que vous voulez de moi c'est de vous dire où habite Lin ?

- Voilà ! dirent à l'unisson Malalalivia et le Héros.

- Autant que je vous y emmène alors, proclama l'elfe.

- Hein ? s'exclama la fée.

- D'accord, accepta le Héros.

Se frappant le front, Malalalivia prit à part le Héros et exigea des réponses de son approbation à la participation de son ami dans leur quête.

- Je te l'ai dit : tu peux avoir confiance en lui.

Il retira gentiment son bras de ses épaules et retourna auprès de Lin.

- T'es sûr que tu peux venir ?

- Assurément. Mes parents doivent s'être endormis depuis le temps.

- Alors suis-nous.

- Attendez, j'ai une corde pour descendre, leur dit Lin.

- Laisse, l'arrêta le Héros, c'est pas une chute de cinq mètres qui va nous arrêter.

Toujours en pyjama, Malalalivia attrapa Lin qui n'eut pas le temps de se changer et sauta par la fenêtre, suivie du Héros. Au sol, de façon impromptue, ils se retrouvèrent face à une silhouette inconnue.

- Je crois que c'est l'un de tes parents, déclara le Héros.

- Non, absolument pas, réfuta Lin mettant les pieds au sol, je te l'ai dit : mes parents se sont sûrement endormis à l'heure qu'il l'est et s'il avait entendu du bruit, ils ne nous attendraient pas à l'extérieur.

Comprenant qu'ils étaient en face d'un illustre inconnu à la tête recouverte d'une capuche, Malalalivia et le Héros se mirent en garde. Le Héros voulut appeler Ymir d'instinct, mais se rétracta : la reine lui avait formellement interdit de faire appel à son arme maudite quel que soit la situation. Peu importe que cela soit un cas d'extrême urgence ou non.

Il avait été bien trop insouciant de ne pas se balader avec une arme, rester au sein de ce royaume le ramollissait bien plus qu'il ne l'aurait cru.

- N'ayez crainte, dit l'inconnu, je ne vous veux aucun mal, je veux simplement vous aider.

- Comment savoir que vous dites la vérité ? demanda le Héros.

- Car nous avons le même objectif.

- Ah bon ? Je ne vois pourtant pas de quoi vous voulez parler ! On est simplement venu faire le mur avec notre ami pour se balader et déguster toutes sortes de saloperies pas bonnes pour la santé.

L'inconnu encapuchonné se rapprocha du trio, les poings du héros et de la princesse se refermèrent de plus en plus, ils ne pouvaient pas se jeter dans la bataille en dans inconnu. Ils se devaient d'être prudents, surtout qu'ils avaient un civil avec eux. Si le Héros était tout seul, il se serait jeté à corps perdu, la tête la première face à ce potentiel ennemi sans même poser de questions, mais il n'était pas dans les terres désolées de Francilia, ni dans des ruelles de sombres de villes dangereuses, les interactions étaient différentes cette fois-ci, il n'était pas inconnu aux habitants de ce royaume.

La femme en face d'eux retira sa capuche et afficha sa face aux yeux de tous. Immédiatement la princesse et le garçon elfe posèrent un genou à terre sous les yeux éberlué du jeune héros.

- Mais qu'est-ce que vous faites ? demanda le Héros.

- Ce n'est pas n'importe qui, jeune humain, dit Malalalivia.

- C'est l'oracle de Sylvania, indiqua Lin.

Le Héros se retourna vers cette personne qui se présentait à eux et perçut quelque chose d'autre chez elle qui lui rappelait vaguement quelqu'un.

- Désolée de m'imposer à vous de façon aussi importune mais je me devais de vous voir, vous qui combattez ce mal caché aux yeux de tous. Mais tout d'abord, je me dois de me présenter à vous, héros de légende qui ne m'avez jamais vu : je suis l'oracle de Sylvania, Sibylle, mère de ma défunte fille Thoosa.

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