Protectorat Sombre : Escapade d’Audisélia et Sawyer et les autres…

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Lorsqu’on voulait se perfectionner en magie, il valait mieux quitter Sylvania.

La magie qui y était apprise était basique. Oui, on pouvait élever sa classe magique jusqu’au niveau complexe voire maîtrisée pour les plus aguerris et courageux, mais le niveau suprême n’était pas enseigné ici. Pour une raison très simple : Sylvania est un petit royaume dont la population ne fait que s’accroître.

Vous ne voyez pas le rapport ? Attendez deux minutes.

Imaginez un instant que dans Haute-Ville un archimage ou un mage de classe supérieur tente une invocation et qu’il se rate, non seulement ce n’est pas deux trois péons qui vont être touchés par le raté mais c’est toute la cité qui serait touchée d’un coup. C’est pour ça que la magie de classe complexe, celle qui servait le plus au combat, et plus, était interdite au sein du royaume. Néanmoins, ils pouvaient aller à l’extérieur pour tenter d’apprendre, mais les braconniers, les mercenaires et autres espions étaient à l’affût de la moindre occasion de pouvoir avoir des moyens de pression contre le royaume.

Enfin, cette règle ne s’appliquait pas à notre très chère reine… seulement la reine et ses gardes. Pas la famille royale et les nobles, ni les gardes royaux, juste la reine et les siens – et Triface avant qu’il meure. Tout simplement parce qu’il s’agissait de son royaume et que c’était à elle de décider comment elle traitait ses citoyens et eux n’avaient rien eu à redire sur ce droit puisque rien ne leur était arrivé avant et après la période de la Félonne. Entre, c’est une autre histoire…

Tout ça pour en venir au fait que nous allons suivre la reine dans sa pérégrination hors de l’enceinte de Sylvania jusqu’au Protectorat Sombre de Sylvania, un lieu d’où est originaire Helmir et bon nombre de ses concitoyens qui vivaient au royaume de Sylvania désormais.

Néanmoins, le Protectorat Sombre n’est pas un lieu qu’on fuit à cause de la pauvreté ou de l’insalubrité, mais à cause d’une quête de liberté car le Protectorat Sombre de Sylvania est un lieu qu’on ne peut situer facilement. Depuis sa création peu de gens savent le remettre sur une carte, bien sûr la Planète Cyan ou Verte est immense et toute l’humanité et les Féériques ne sont pas reliés, bon nombre de royaume sont inconnus pour le commun des mortels, mais cela vaut autant pour nous que pour ceux que nous ne connaissons pas à cause des nombreux dangers qui n’étaient pas distinguables à cause du ciel noir qui surplombait nos têtes. Cette ère de ténèbres n’offrait pas la possibilité de pouvoir voir ce qui constitue notre monde et toute notre planète restait un mystère.

Seuls les fondateurs de ce Protectorat étaient au courant du lieu où il se trouvait et ne vous attendez pas à ce que je vous réponde qu’il s’agissait des Trois Rois-Combattants car il a été fondé bien après leurs décès respectifs – eux quatre pour les hérétiques. Les vagues renseignements que nous avions sur ce qui entourait le Protectorat étaient qu’à l’horizon, il n’y avait rien, seulement le vide, pas âme qui vive, et que le ciel était aussi noir que dans le reste du monde. Néanmoins, une sorte de fond rouge y était parsemé et des éclairs écarlates pouvaient tomber sur ce lieu. La grande majorité des habitants du Protectorat était des citoyens de Sylvania ou des immigrés qui ne supportaient pas les rayons de lumière qu’ils soient solaires, artificiels ou magiques, et qu’on envoyait là-bas pour qu’ils puissent vivre sans craindre pour leur vie ou qu’ils doivent vivre dans une communauté où la majorité de la population était endormie lorsqu’ils s’éveillaient. Cependant, au-delà de cet horizon vide de vie, et bien… il y avait de la vie, on ne savait comment ou pourquoi mais des créatures se trouvaient en dehors du Protectorat : qu’elles soient des monstres ou des Féériques inconnus jusqu’alors qui agissaient en bande ou en solitaire, il fallait définitivement s’en méfier car ces monstres étaient d’une puissance cauchemardesque.

Personne ne savait où se trouvait le Protectorat Sombre, s’il siégeait à Franca, à Europea, à l’autre bout du monde ou juste dans une autre dimension. Mais une chose était sûre, la reine devait garder un œil sur ses citoyens qui ne pouvaient pas supporter la lumière du jour autant que ces citoyens qui se pavanaient sur les allées de Haute-Ville sans se soucier de rien. Et pour accéder au Protectorat Sombre, il fallait s’y téléporter ou passer un portail spatial, bien sûr avec une personne s’y étant déjà rendu.

La reine Audisélia n’était pas revenue ici depuis des années. La dernière fois qu’elle y était venue elle avait pris sous son aile la jeune Helmir, une gamine orpheline qui avait perdu sa famille dans une attaque de grande envergure menée par des bandits humains qui avaient constitué une véritable armée en ralliant un groupement d’hommes. Avec le peu d’hommes qu’elle avait sous la main et ses talents de dirigeante, de général et de tacticien digne d’un véritable d’un Karyoten de la trempe de Caemgen, elle repoussa vaillamment ces intrus sans causer plus de dégâts et de dommages collatéraux qu’il y eût déjà eu. Jusqu’à ce jour, Audisélia ne savait pas pourquoi elle avait pris avec elle la jeune Helmir à peine adolescente, elle n’avait pas besoin d’elle dans ses plans pour l’avenir, mais la voir en pleurs, déboussolée, recherchant de l’aide auprès de ses gens qui l’ignoraient, occupés par leurs propres soucis et leurs propres morts l’avait touchée. À la suite de cette bataille, la reine avait organisé une colossale reconstruction du Protectorat, lieu sur lequel les ministres n’avaient pas grand mot à lui dire, et elle relogea tous les habitants sous de véritables maisons correspondant à leurs besoins, et elle s’en était allée avec Helmir en s’assurant qu’elle avait la capacité de vivre dans un lieu où la lumière du jour était présente douze heures par jour.

Désormais, cette elfe de nuit était une fervente partisane de la cause de la reine Audisélia lui ayant juré allégeance – et pourtant, concernant la secte des Adeptes de Marrynélia, la Félonne, elle ne l’avait pas mise au courant, mais c’est un point de détail – et qu’elle savait loyale. Pour la remercier, peut-être aurait-elle dû la convier à ce voyage dans ses terres d’origines ?

Avec sa garde personnelle, les Saints Chevalier de la Reine, la reine battait le pavé à dos de valisids, un énorme cerf musclé, qui avait la base d’un cheval mais le reste correspondant à un cerf au corps saillant. Il est dit qu’il s’agit-là du seul animal capable de galoper dans les cieux en créant des nuages sous ses pattes. Contrairement à ce que pensait le Héros, les Féériques de Sylvania, et surtout les fées qui composaient quatre-vingt-cinq pour cent de la garde royal, soixante-quinze pour cent de la Défense et quatre-vingt-dix-sept pour cent des Saints de la Reine, ne se battaient pas à dos de cheval mais à dos de valisids et de centaures, les chevaux étaient une lubie de certains nobles. Lui devrait s’en aller à dos de cheval du royaume car un valisid était bien trop rare pour être laissé à un étranger qui ne faisait pas partie d’un corps d’armée, en particulier un humain.

Audisélia guettait de gauche à droite les citoyens du Protectorat. Bien qu’ils aient le visage terne à cause de leurs natures d’êtres noctambules comme les vampires, les loups-garous – eux ont pas de chance puisque la pleine lune n’est presque jamais visible mais ne voulant pas retrouver forme humaine et devoir vivre dans une cité humaine où il pourrait être tué ou tuer en cas de transformation, ils avaient recours à des potions qui les maintenaient sous leur forme bestiale qu’ils finissaient par maîtriser –, les larcums – une espèce appartenant à l’ordre des chiroptères qui a la particularité d’afficher sur leur dos et leurs ailes une sorte de dessin fluorescent leur permettant d’effrayer leurs agresseurs, et malgré leurs mines pas très chaleureuses, leur régime alimentaire n’est constitué que de plantes sèches ou mortes – ou encore les asodis – des êtres humanoïdes à la peau sombre et aux bouts des doigts et aux yeux dorés, ils sont des oreilles aussi pointus que celles des fées mais pas aussi longues que celles des elfes, ils étaient appréciés pour leur gentillesse et leur savoir qui n’avait alors aucune limite, malheureusement, les plus jeunes d’entre eux étaient de sacrés garnements.
Contrairement aux Basfonds, malgré le manque de lumière inhérent à ce lieu, il faisait bon vivre, ce n’était pas le bien-être de Haute-Ville et encore moins celui du Sanctuaire, mais ces gens ne manquaient de rien, tout était distribué selon leur besoin, les enfants étaient éduqués convenablement et pouvaient pousser leurs études plus loin s’il le voulait – la gratuité de l’éducation était une innovation offerte par la reine Audisélia, elle était déjà en vigueur à Sylvania mais il fallait raquer pour pousser les études plus loin surtout celles concernant la magie, mais étant donné que la magie suprême voire maîtrisée était apprise ici autant la rendre gratuite ici, comme ça les enfants le voulant pourraient continuer leurs études.

La reine défilait dans les rues comme si de rien n’était, elle avait mis un sort d’illusion pour qu’on ne la reconnaisse pas et qu’un attroupement se crée. Elle avait envie de terminer au plus vite son épreuve pour pouvoir assister au combat de son fils dans l’arène. Bientôt un mois qu’elle ne l’avait pas vu et qu’il préparait quelque chose dans son coin que seul un certain forgeron du nom de Fokatino et Sawyer étaient au courant, et le meilleur ami d’Audisélia ne voulait dire mot sur les projets du Héros. Ce qui la faisait énormément marmonner ces derniers temps, des murmures insultants que je n’oserais vous retranscrire.

- Sélia, lui chuchota Sawyer dans ses borborygmes, es-tu sûre qu’on ne s’est pas trompé de chemin ?

- Oui, cracha-t-elle violemment en chuchotant.

- M’en veux-tu encore pour le secret que je partage avec le fils d’Elena ? À ton grand âge, on est assez grande pour ne plus être jalouse, se moqua la fée-chevalier.

- Parle-moi sur un autre ton, saint chevalier, lui commanda-t-elle.

- Oui, ma reine. Excusez-moi ma reine. J’ai oublié où était ma place, gloussa-t-il à mi-voix.

Audisélia était inquiète pour son petit prince. Elle n’avait même pas eu l’occasion de parler avec lui depuis son dernier combat, elle avait dû obéir aux manigances de Sawyer et n’a pas pu lui parler comme une mère. À force, elle se demandait si la mission que lui avait confié Elena la dernière fois qu’elles se sont vues n’était pas impossible à réussir. En tout cas, elle ne voyait vraiment pas une quelconque avancée. Elle n’osait fouiller l’esprit du Héros, mais sa poursuite de cette quête macabre qui le mènerait à sa mort ne lui était toujours pas sortie de la tête. Il allait rejoindre sa défunte mère sans qu’elle ait réussie à le faire changer. Et maintenant, il se confiait à Sawyer alors qu’il l’avait, elle ? À quoi elle servait bon sang ? Cela étant, elle était consciente qu’il était bien connu que les garçons avaient des discussions d’hommes entre garçons. Il n’en restait que s’il s’agissait de combat, en tant que grande guerrière, celle qu’on surnommait l’Arme Vivante de Sylvania, elle pouvait lui apporter quelques conseils – même si elle était incapable d’expliquer sa façon de se battre.

Bon courage Sélia, tu n’es pas au bout de tes peines avec ce garçon.

Sawyer revint tout de même auprès de sa reine qui continuait à parler dans sa barbe, le dos courbé, sa vision concentrée sur leur objectif.

- Ma reine, même si vous ne voulez me parler, nous pourrions quand même un peu palabrer.

- Si cela te plaît, dit-elle sans grande conviction.

- Surtout que j’ai une anecdote forte intéressante à vous relater.

- Soit. Dis-moi tout, mon cher gardien.

- Vous souvenez-vous du jour où je vous ai amené Princesse à la Bibliothèque Royale ?

- C’est l’un des rares endroits où je ne reçois pas des visiteurs, donc oui, je m’en souviens.

- Hé bien, elle m’a annoncé à la fin de votre entrevue que pour se faire pardonner auprès du Héros, elle lui trouverait un prénom, dit Sawyer, amusé.

- On dirait qu’elle n’a rien appris de cette dite-entrevue, grogna la reine, elle va le baptiser comme un animal de compagnie…

- N’en tirez pas de soudaines conclusions hâtives, ma reine, l’arrêta Sawyer, elle compte aussi le laisser la nommer.

- Ah bon ? dit-elle en soulevant un sourcil.

- Oui, hocha son garde du corps, elle m’a même demandé des conseils pour le lui trouver, cependant, je me réserve le nom de mon fils et de ma fille pour moi-même.

- Tu comptes avoir des enfants toi ? gloussa la reine.

- Bien sûr, avec la femme que j’aime une fois que je l’aurai courtisée, la taquina Sawyer.

- Que de projets…, dit la reine dont la voix commençait à s’éteindre à la suite de la parole de Sawyer.

Sawyer a des vues sur une femme ? se demanda la reine, je ne l’ai jamais remarqué, pourtant ! s’écria-t-elle inquiète et rougissante, j’aurais peut-être dû fouiller son esprit pour l’apprendre et savoir à quoi elle ressemble. Peut-être c’est un laideron difforme et…

Bien que ses paroles se voulaient rassurantes en dénigrant une parfaite inconnue, elle savait pertinemment que cela n’avait aucun effet sur elle. Elle ne jugeait pas les gens sur leur physique, mais à leur personnalité, leurs ambitions, motivations et ce qu’ils avaient en eux – c’est bien pour ça que ce laideron de Chabersburry était ministre, il pouvait bien ressembler à un crapaud que la reine avait du mal à regarder en face mais il avait la plus grande sympathie de cette dernière, sinon il ne serait pas au ministère des finances du royaume.

Toutefois, pour revenir au questionnement de la reine, elle ne se serait pas doutée être jalouse de cette femme qui avait élu domicile dans le cœur de son meilleur ami. Allait-elle…

- Néanmoins, reprit Sawyer, j’ai eu quand même l’idée de lui donner le dérivé de mon deuxième prénom.

- Le dérivé de Travis ?

- Exact. Enfin, ce n’est pas un dérivé mais c’est comme ça que j’aurai pu être appelé.

- Ta mère ou ton père te filait vraiment des noms d’humain, lui dit-elle avec un ton faussement méprisant mais véritablement moqueur.

- Ne serait-il pas bon, reine Audisélia, de ne pas jouer sur ce terrain ? Voulez-vous qu’on parle de votre nom ?

- Sans façon. En plus, ça veut dire que tu serais en train d’être prêt de te moquer du nom de ta mère, hein ? Parce que…

Soudain, une stridente alarme retentit dans tout le Protectorat. Une alarme qui annonçait la venue d’intrus belliqueux à l’encontre de ce lieu.

- Je savais pertinemment que nous devions venir avec plus d’hommes.

- Nous n’avons pas le temps pour les remords, commandant Sawyer.

- Ne pas avoir Globox avec nous est réellement un manque à gagner.

- Alors sois ravi que je sois là. Nous allons régler cela aussi vite que l’éclair.

Ils abandonnèrent leurs capes d’illusion et foncèrent jusqu’à la sortie du Protectorat, Audisélia contacta par la pensée le légat et lui demanda s’il avait des informations sur les envahisseurs du royaume. Il lui indiqua que leurs ennemis se trouvaient à la sortie est du protectorat et arrivaient à dos de Scorpion Riders – des scorpions qui, par on ne sait quel magie ou évolution ont réussi à fusionner avec des appareils électroniques pour leur donner des capacités bioniques comme une sulfateuse qui faisait office de dard ou la capacité de replier leurs pattes pour en faire des roues – des robots aliens quoi.

La reine calcula le temps qu’il leur fallait pour arriver jusqu’à eux, il était suffisant pour qu’elle puisse les anéantir en dehors de la cité. Elle divisa son corps d’armée en trois groupes, le principal qui resterait avec elle et qui chargerait à la porte est et les deux autres groupes qui feront le détour pour les prendre en tenaille en partant à la porte sud et la porte nord. Elle avait avec elle l’élite de l’armée de Sylvania, elle n’avait pas à craindre qu’ils arrivent trop tard par rapport à ce qu’elle prévoyait.

Galopant jusqu’à l’extérieur de la ville sur le dos du vasilid, elle se retrouva face à une immense armée de Waspera – des reptiles humanoïdes à tête de cobras qui étaient des êtres vils et dépourvus de vertus, affublés de quatre bras immenses, ils étaient capables de les allonger pour saisir leurs adversaires et les étreindre jusqu’à étouffement avant de les dévorer avant que le dernier souffle de leurs vies s’en aillent –, de Mosternzas – des monstres de six mètres, habitant habituellement dans les pays nordiques qui ont une fourrure qui parsèment leurs bras et leurs jambes, des bras aussi gros qu’un tronc d’arbre et six paires d’yeux qui décoraient leurs faces dont un septième qui se trouvait juste au-dessus de leur groin, ils avaient aussi la particularité d’avoir des cheveux très soyeux – et de Chegirii – des créatures végétales à l’apparence de cactus, dépossédés de mains et de pieds, ils tirent souvent sur leurs proies grâce à leurs épines qui leur sortent des « bras » ou « branches » selon les écoles, et oui, ce sont des carnivores qui ont l’habitude de rester immobiles et de ne presque jamais se déplacer sauf en de rares exceptions ou seulement les plus globe-trotters d’entre eux, en quête d’aventures – sur le dos de Scorpion Riders et au loin se trouvait une immense ombre dont Audisélia et ses troupes ne distinguaient pas le sommet.

La reine Audisélia fit tomber un éclair rouge entre eux et les envahisseurs qui avaient plus l’air d’une grande bande de motards montée sur pattes que d’une véritable armée préparée pour un siège.

La protectrice du Protectorat descendit de son vasilid en compagnie de Sawyer et d’un autre saint chevalier nommé Morvian.

- Halte-là ! Que voulez-vous à ce domaine ?

Le chef de la troupe, un drazyl, une sous-espèce de dragonoïde, un homme-dragon aux ailes pourpres et au corps magenta, vêtus d’une veste de cuir et de lunettes de soudeur, descendit du Scorpion Riders et vint à la rencontre du trio.

- Le raser de la carte.

- Au moins, c’est clair, soupira Morvian, qu’est-ce qu’on pouvait attendre de motards qui sont des insectes géants ?

- Arrête, lui ordonna Sawyer, garde tes commentaires pour plus tard.

Morvian leva les bras au ciel avant de les croiser et d’observer la suite des événements.

- Vous imaginez bien que nous n’allons pas vous laisser faire ? dit la reine.

- Et vous imaginez bien que nous ne comptons pas écouter quelconques avertissements qui proviendraient de vous, ma chère reine, lui dit le drazyl.

- Je sais, je voulais juste gagner du temps. Archers, tirez !

Une volée de flèche s’abattit sur l’armée qui se dressa face à eux venant des flancs de la troupe de scorpions, mais apparemment des flèches, même enveloppées de magie, n’étaient pas suffisantes pour perforer la cuirasse des scorpions, mais ce n’était qu’une distraction pour les perturber et qu’ils recherchent où se trouvent leurs assaillants. Cette volée de flèches se suivit d’une charge des mastodontes du corps d’armée des Saints de la Reine qui firent une percée sur les flancs de l’armée envahisseuse. Pendant ce temps, Audisélia s’était envolée dans les airs avant de se projeter au milieu de cette cohue d’hommes-cactus, de dragons, d’orcs des neiges et de serpents dans une immense décharge de foudre écarlate qui tua tout ce que se trouvait autour d’elle dans un rayon de cinq mètres puis elle repartit dans les airs pour aller voir cette immense masse noire qui s’avançait vers eux.

Le reste de la troupe était laissé au commandement de Sawyer qui savait déjà comment procéder et terminer cette bataille futile. Leur plus gros problème serait les Scorpion Riders et non leurs cavaliers à cause de leurs dards sulfateuses. Il ne faudrait pas qu’ils se mettent à attaquer sinon il y avait de fortes chances qu’ils soient réduits en charpie par ces vilaines bêtes. Le chef des saints chevaliers ordonna à ses forces de frappe de reculer et de laisser agir leurs archers, des cercles de lumière resplendirent dans le ciel et ils firent passer leurs flèches à travers ce qui les transforma en énorme boules de feu incandescentes. Toutefois, il ne fallait pas se méprendre toutes les flèches ne se transformaient en météores mais un rassemblement assez conséquent de flèches – trois – les transforma en boule feu. Et ces dite-boules s’abattaient sur leurs ennemis anéantissant leur espoir de pouvoir combattre. Une fois la voletée de projectiles terminée, Sawyer dit à toutes les troupes de combat de réengager le combat.

En tout et pour tout, l’affrontement avait duré treize minutes et une seule blessé parmi les Saints – elle n’avait pas fait attention et s’était brûlée avec les flammes. Les Saints avaient de nombreux prisonniers qu’ils sortirent hors des flammes, bien sûr, leur chef aussi était encore en vie, il le fallait bien pour la suite de ce conflit.

Ils les rassemblèrent, les agenouillèrent et les menottèrent avec des liens magiques.

- Vous croyez vraiment nous avoir eu ? leur demanda le dragonoïde, il nous reste notre arme secrète.

- Ça ? dit Audisélia lâchant quelque chose depuis le ciel.

Et une énorme masse noire s’écrasa sur le sol en face du chef de la bande. Cette masse noire n’était pas moins que la tête calcinée d’un géant zombifié et putrifié, elle parlait encore jusqu’à Audisélia lui pourfende son crâne de sa divine épée royale, puis essuya son arme avec son gant avant de redescendre du crâne de la bête.

- Pas mal, ma reine, commenta Morvian, finalement, comme dirait notre bon cher Sawyer, vous avez l’étoffe d’un vrai Karyoten.

Morvian était une fée-dragon aux écailles rouges – cela ne voulait pas dire que ses ancêtres avaient copulé avec des dragons mais pour une raison inconnue de tous, ces fées, aussi appelées les Faiyera Dracolus, ont des écailles qui leur pousse sur les joues, les coudes, les genoux et une partie de leurs avant-bras – provenant de Siamaï qui avait été dans la même classe militaire que Sawyer, comme Globox il connaissait la plupart des secrets qu’entretenaient le chevalier et sa protégée, mais en tant que vrai ami de Sawyer - comme il aimait se définir alors que c’est Globox qui a connu Sawyer en premier –, il s’abstenait de divulguer quelconques informations les concernant. Même à ses très, très trèèès nombreuses compagnes de nuit – il était similaire à Astéron, ce vil homme, sur ce point-là. Les cheveux ébouriffés, feintant de ne pas s’être peigné, il avait un style coiffé-décoiffé et débraillé, même lorsqu’il était en armure qui donnait l’impression qu’il n’était pas une personne sérieuse alors qu’il était le troisième homme des saints chevaliers. Globox et lui étaient toujours les « meilleurs » conseillers de Sawyer dans ce qui concernent les « trucs de garçon », ce qu’Audisélia voyait d’un mauvais œil.

- Sawyer me tient trop en haute estime, réfuta la reine, si vous n’étiez pas compétents ce combat aurait duré beaucoup plus longtemps et ils auraient pu pénétrer dans l’enceinte du Protectorat.

- Il est rare que vous soyez modeste, reine Audisélia, commenta un autre chevalier.

- Si nous n’étions pas sur une victoire implacable, je t’aurais carbonisé, Jezarem.

Jérazem, le véritable incapable de la troupe. Un Ezamnel à la longue trompe, une créature grise aux yeux jaunes à quatre longues jambes et à la longue trompe comme indique le nom de sa race. Il était compétent dans ses activités de chevalier mais dans la vie de tous les jours, c’était un vrai bébé. Combien de fois par jour Sawyer était obligé d’aller le lever pour qu’il puisse se laver avant de partir travailler parce qu’un Ezamnel pas lavé pue d’une façon si atroce que l’odeur des déjections d’ogres ou d’orcs vous manquera. Un grand guerrier cohabitant avec l’esprit d’un enfant humain de dix ans dans le corps d’un adulte en charge de la protection de la reine.

- Mais je suis miséricordieuse, donc je t’accorde cette boutade. Cependant, les autres n’en profitez pour me railler à tout bout de champ.

- Oui, madame ! dirent-ils à l’unisson.

- Venons-en à toi, dit la reine en s’approchant du chef.

Elle s’approcha du drazyl lentement, ses pieds ne touchant pas le sol cendré de ce lieu inconnu et le regarda de haut. Le drazyl était sans voix : sa bête la plus puissante, fut anéantit en une fraction de seconde. Cette chose qu’on nommait le « Cauchemar des Cauchemars » avait péri aussi facilement.

- Je l’ai pourtant acheté avec presque tout ce que nous possédions…, se désola le drazyl.

- Tu n’as juste pas eu de chance de croiser ma route, lui répondit Audisélia, un mauvais jour pour toi, un simple carzasis pour moi. Un carzasis où je devrais nettoyer ma robe à cause du sang putride de ton animal de compagnie mort-vivant.

Le drazyl avait sous les yeux la terreur qu’incarnait Audisélia, le visage effacé par la pénombre, le corps recouvert de sang, l’électricité parcourant son corps, l’épée affutée comme la lame d’un boucher, mais surtout ses yeux brillants où toute sa foudre passait et les faisait s’illuminer de mille feux, mais dans son regard, ses iris, ses pupilles… Il n’y avait que mépris pour son assaillant, pour celui qui lui avait fait perdre son temps dans un combat futile et dénué de sens. Elle n’avait ni colère, ni joie d’avoir combattu, elle n’avait que dédain et mésestime de cet homme qui avait croisé son chemin.

Ce simple dragonoïde n’avait plus que la supplication pour se sortir de cette affaire.

- Je vous en supplie, reine de…

- Rien à cirer.

Elle lui trancha précipitamment la tête lui coupant les cordes vocales et tout ce qui allait avec son cou avant qu’il ait pu terminer sa phrase, la vitesse à laquelle elle avait donné ce coup n’avait laissé aucune trace sur son épée.

- Vous autres, dit Audisélia en s’adressant aux autres prisonniers qui avaient perdu leur regard arrogant et fier, deux choix s’offrent à vous : soit je vous tue sommairement ici et maintenant comme votre chef, soit vous allez purger une peine convenant au juge présent dans le protectorat ou au légat lui-même et à votre sortie vous devenez garde de cette cité et vous nous fournissez toutes les informations utiles que vous possédez. Si vous êtes sages, le légat vous offrira peut-être la citoyenneté sylvaine comme pour les autres habitants du protectorat.

Audisélia siffla pour que les gardiens du royaume viennent chercher leurs prisonniers, Sawyer vint à sa rencontre et l’emmena plus loin pour prendre de ses nouvelles.

- Tu es plutôt aigrie aujourd’hui ?

- Tu ne parles plus en Oli’Ane formel, Sawyer ? Je te rappelle que…

- Je te parle sérieusement, Sélia, la coupa Sawyer, même si tu ne piques plus de crise de nerfs comme il y a dix ans et pendant ces cinq dernières années, et je suis incroyablement fier de toi. On a plus à faire d’immenses boucliers magiques pour se protéger du ciel parce que tu l’as agressé avec tes éclairs ou se protéger de… toi.

- Où tu veux en venir, Sawyer ? lui demanda la reine, perdue et agacée.

- Je veux que tu saches que si quelque chose te tracasse VRAIMENT tu peux me le dire, et étant un bon ami, je le sais déjà.

- Oh tu sais ça ne me gêne pas que tu so…

- La cause de tes tracas vient du fils d’Elena, hein ?

Pendant un instant, un court instant où elle plissa les yeux devant l’affirmation de Sawyer, elle le vit comme un être stupide et sans cervelle, un être indigne d’être à ses côtés. Puis cette pensée s’étendit à tous les hommes de toutes les races, il n’y en avait aucun pour rattraper l’autre, tous autant qu’ils sont, tous semblaient dénués d’intelligence, incapable de lire le cœur d’une femme et se permettaient de pouvoir le deviner.

Elle était vraiment en colère, là, et s’il n’était pas son meilleur ami, elle aurait coupé elle-même le fil qui l’empêchait de lui coller un poing dans la figure et de lui broyer la face.

Néanmoins, il n’avait pas totalement tort. C’est juste qu’elle n’aurait pas pensé que cela serait le premier souci auquel il accorderait de l’importance. Ou plutôt, c’est le souci auquel elle aurait aimé qu’il accorde de l’importance… Ah ces hommes… Parfois, elle comprenait les princesses de Java-Aleim qui discutaient de futilités si barbantes sur leurs compagnons ou les garçons en général. Ah oui, c’est vrai qu’elle devait faire semblant de ne pas écouter leurs conversations lorsqu’elle écoutait les discussions assommantes lors des réunions ministérielles sur des sujets ennuyeux à mourir comme : « Doit-on accepter d’importer des chocoricots dans le royaume ? » alors que c’est dégueulasse.

Un exemple provenant de moi. À ne pas prendre en compte avec les pensées d’Audisélia.

Dépitée, elle hocha tout de même la tête pour lui dire qu’il avait raison, parce qu’il avait quand même un peu raison.

- Sélia, commença Sawyer en lui caressant les épaules, je sais que tu veux honorer la demande d’Elena lorsqu’elle est venue au royaume te demander son aide et tu le fais bien. Le garçon a des soins particuliers, on étudie sa pathologie, on arrive à la contenir, on essaie de réduire les effets néfastes de son attribut génétique et de sa malédiction sur son corps, il a des amis, il parle aux autres… Souviens-toi au début il restait cloîtré chez lui à jouer à ses jeux sur cette plaque de verre lumineuse humain…

- Un holoviseur, Sawyer…, marmonna Elena.

- Oui, voilà, tu as raison. Maintenant, il parle, il rit, il joue avec les autres enfants, il est de plus en plus apprécié par les habitants, autant de Haute-Ville que des Basfonds, je n’en ai rien à foutre du Sanctuaire.

- Oh ! C’est une première, ça, s’étonna la reine Audisélia écarquillant de grands yeux.

- Non, on est au courant, intervient Morivan au loin, il se plaint de ces bouffons tout le temps.

- Mêle-toi de tes affaires ! crièrent à l’unisson Sawyer et Audisélia.

- En plus, c’est faux ! Je l’ai toujours dit ! Enfin, c’est redevenu vrai depuis que je suis un Saint.

- C’est vrai, renchérit la fée Morivan, enfin, c’est vrai que c’est faux.

- Ne devrais-tu pas rejoindre les autres ? demanda Sawyer en colère.

Il inspira un grand coup en faisant une bouche en cul de poule et leur répondit :

- Bah, en fait, vu que Globox est absent pour ses affaires présentes ou urgentes, j’ai pas trop compris, c’est moi qui me charge de la surveillance de la reine.

- C’est lui ? se stupéfia la reine en le pointant du doigt sur le côté, et puis ce sera qui le prochain ? Jezarem ? grogna-t-elle.

- J’entends tout.

- Est-ce que tu penses que j’en ai quelque chose à faire que tu m’entendes, JEZAREM ? lui hurla Audisélia.

- Sélia, c’est logique que cela soit lui, se justifia Sawyer, il est troisième dans notre hiérarchie. Et puis, oui… Jezarem est quatrième.

- Je n’y crois pas… se désola la reine, j’aurais préféré que ça soit l’autre gamine là.

- Elle est nouvelle, Sélia, je ne vais pas la charger de la surveillance alors qu’elle n’a pas encore fait ses preuves.

- Normalement, elle a fait ses preuves sur le champ de bataille, lui rappela Audisélia.

- Je peux t’assurer que s’occuper de toi, c’est bien plus complexe que de gérer des troupes ou des hordes de monstres comme celle qu’on vient d’affronter.

- Tu fabules, rouspéta Audisélia en regardant au ciel, et c’est sûr que c’est plus facile lorsque nos ennemis ne valent pas une…

Sawyer attrapa le visage de sa reine et le rapprocha du sien.

- Concentre-toi sur notre sujet premier.

Elle hocha la tête glissant entre les doigts de son protecteur, puis celui-ci se tourna vers Morvian et l’autorisa à rester s’il la bouclait, ce qu’il accepta par un léger et discret lever de pouce.

- Sélia, le fils d’Elena est épanoui avec nous, tu as fait un beau travail. C’est sûr qu’avec la vie qu’il a menée, il a du mal à s’ouvrir totalement aux autres, mais il a progressé…

- Pourtant, il a toujours envie de partir mourir face au Némésis et… il me ressemble toujours aussi… loin…

Sawyer lui attrapa le bras et la regarda droit dans les yeux.

- Elena n’a pas demandé qu’il soit différent de toi, mais que tu le comprennes et que tu le soulages du poids qu’il vit car certaines de vos vicissitudes se ressemblent. C’est bien qu’il te ressemble. Tu n’es pas une chose qui ne mérite pas d’exister et de se multiplier, ne l’oublie pas. Tu déchires tout comme maman.

- C’est vrai, tu as raison. Merci pour tes encouragements… tonton.

- « Tonton » ? s’abasourdit le chef des chevaliers saints, ça vient d’où ça ?

- C’est comme ça que te considère le garçon, rit la reine, et toi, depuis quand tu utilises des expressions humaines en Oli’Ane ? « Tu déchires tout… », se moqua-t-elle.

- Je suis bien trop paresseux pour parler le Franca donc je retraduis les expressions.

- Ça serait plus logique de les dire en Franca, souligna Audisélia, dis juste que tu fais preuve de chauvinisme ! En tout cas, merci de tes conseils et de tes encouragements ! Qu’est-ce que je ferai sans toi ?

- Tu dormirais encore dans une coquille de ronces et de racines.

- C’est vrai… merci Sawyer. Vraiment.

Elle lui ébouriffa les cheveux et lui fit un bisou sur la joue en remerciement.

Le légat vint sur le dos d’une grande chauve-souris fantôme à la rencontre de la reine et de ses gardes du corps.

- J’y vais, Sawyer. On se voit tout à l’heure. Et toi Morvian, trouve l’un de ses « Scorpion Riders » encore en vie et amène-le-moi au royaume.

Elle les salua et s’en alla sur le dos de la monture du gouverneur.

Il était rare qu’Audisélia fasse preuve d’extravagance – hormis dans la violence de ses batailles et de ses combats (et de ses réactions, mais il ne faut pas le dire).

Morvian se rapprocha de son chef en sifflotant et en se dandinant de gauche à droite.

- Elle en demande des choses absurdes…

- C’est pas vraiment mon problème, Morvi, lui dit le chevalier en observant sa dulcinée s’en aller.

- Sinon, quelle sensation ressens-tu d’être aimé par une reine surnommée la Sanglante Arme Vivante de Sylvania ou la Foudroyante Guerrière Ensanglantée…

- Faut vraiment arrêter avec les surnoms.

- S’il n’y avait pas de surnoms, il n’y aurait pas de réputation, lui rétorqua son subordonné, et sinon, tu comptes lui avouer quand tes sentiments de preux chevalier de sa dame ?

- Je ne crois pas t’avoir permis de me tutoyer.

- C’est bon, on se connaît depuis très longtemps et on a appris à se connaître à l’école militaire, on a été dans la police militaire et on a échappé à la Défense lors de nos escapades dans les Bois Brumeux.

- Grâce à moi ! précisa Sawyer.

- Excusez-moi, messire le roublard. Néanmoins, il est temps de revenir au sujet de notre conversation : tu comptes lui avouer quand ?

- Quand le moment sera venu, ronchonna Sawyer.

- T’as déjà failli la perdre à cause d’une humaine et maintenant elle a un gosse de cette humaine, concentre-toi, Sawyereli.

- Rah ! Tu fais exprès d’oublier ce qu’il y a dans ce fait.

- Oui, pour que tu te bouges le cul, lui dit-il en toquant sur son casque, tu crois que j’ai attendu avant d’avouer mes sentiments ?

- Tu avoues tes sentiments à toutes les donzelles qui sont à peu près jolies, tu serais humain, il n’y aurait que le physique sans compter le visage qui t’intéresserait et Globox m’a déjà fait la remarque.

Morvian lui écrasa le pied avec son talon et frappa son plastron.

- Ne me compare plus jamais avec ce gros porc, il ne fait que me copier. Tu l’as déjà vu nous présenter une femme, même de son espèce ? Que dalle ! Et pourtant, il ne fait que parler de femmes. Et les humains sont des rustres ! Tu savais qu’ils couchaient avec leurs propres créations ? Mais finalement, si tu suivais l’exemple des humains, tu aurais droit à une reproduction de ta reine chérie sans avoir besoin de lui avouer tes sentiments au risque de te faire rabrouer, éclata Morvian.

- Je n’en ai rien à faire de tes poupées de foutre comme les appellent les humains. Et tu as raison pour Globox, il a une grande bouche pour en définitif rien nous montrer. À part nous parler de son amour inconditionnel pour une femme incroyable qui maîtriserait la magie suprême et tout le tralala.

- Ça fait quand même un bon bout de temps qu’il nous emmerde avec cette bonne femme, réfléchit Morvian.

- Et plus le temps passe, plus cette femme revient dans la conversation, on dirait il veut qu’on se la partage.

- Reuh ! Dégoutant, dégobilla Morvian, et malgré nos discussions, elle ne m’a jamais paru amicale.

- Moi non plus.

- Ce sont les goûts de ce gros porc après tout, haussa-t-il les épaules, moi, je suis un mec raffiné, je ne choisis que de belles et somptueuses créatures, se félicita-t-il.

- La polygamie n’est pas le trait de caractère d’une fée, et même l’exogamie. Et sois plus gentil avec lui, veux-tu ? C’est un très bon camarade.

- Depuis quand la monogamie est le caractère d’une fée ? s’écria le compagnon de Sawyer, peut-être nous, les homme-dragons…

- Tu es aussi une fée, espèce de fraude ! se révolta Sawyer.

- Oui, mais au moins j’accepte ma part polygame et ouvert à tous ! Les fées ça copule de gauche à droite sans se préoccuper de son partenaire sous prétexte d’extase de la communion avec la nature ou je sais pas quoi et tu oses juger mes pratiques ?

- Et vous vous êtes d’accord avec ça ? dit Sawyer en se tournant vers ses compagnons.

Aucun d’eux n’osa répondre, se frottant les mains et mimant d’étranges moues, déclarant n’avoir aucune envie de participer à ce débat.

- Sawyer, je veux pas faire la personne désobligeante avec toi mais si tu veux faire l’intello, fais-le correctement ! C’est dans ce royaume qu’on découvre que vous êtes monogames, bande d’anomalie ! Et pour le cas de Globox, on avait qu’à se connaître avant au lieu qu’il soit pistonné et qu’il passe devant moi, et de toute manière, je le respecterai le jour où pendant ses jours de congés, il arrêtera de montrer son gros ventre avec son gros nombril et sa grosse cicatrice sur le torse.

- J’avoue, ce n’est pas simple de le voir torse nu…, vomit Sawyer.

Tous les deux rentrèrent dans la cité pour établir les rondes à effectuer sur le lieu d’apprentissage de leur reine, ensuite Sawyer accompagnerait la sainte blessée dans un hospice non loin de là pour qu’elle voit un guérisseur pour soigner sa blessure.

Cependant, Sawyer ressentit un certain malaise en entrant dans la ville. Un malaise qui le faisait frissonner de terreur. Morvian s’approcha de lui et lui demanda ce qui n’allait pas.

- Tu ne le ressens pas ? lui demanda son chef.

- De quoi tu parles ? Qu’est-ce que je devrais sentir ?

- Ce sentiment macabre qui me tiraille l’échine.

- Bah, le Protectorat Sombre a toujours été un endroit lugubre pour moi donc…

Sawyer sentit la blessure infligée par Elena se raviver. Puis tout s’arrêta, son corps redevint normal et ce sentiment de malaise disparut.

Je pense que moi aussi je vais aller consulter à l’hospice, se dit-il.

Dans les bureaux du gouverneur Rothr’aghi, Audisélia allait entendre une annonce des plus étranges concernant l’un des champions étrangers venus aider les princesses.

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