Soirée de beuverie entre saints chevaliers

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Pour la première fois, depuis la venue du Héros au royaume sylvain, il s’était mis à pleuvoir. Les mages protégeaient le royaume contre la colère des cieux due à l’attaque cataclysmique de Clandra-ζ en transformant la mystérieuse averse en pluie diluvienne lorsque cette « précipitation » passait au travers de ce ciel artificiellement magique. Et heureusement qu’ils avaient ce système, qui sait quelles immondices descendaient du ciel à cause de l’attaque du Soliflorien-ζ, mais cela aurait pu être pire si cela avait été l’attaque de la reine lors de l’affrontement avec le Héros.

Et en parlant de ces deux-là, la reine, après le combat, l’avait emmené rapidement au dernier étage du royaume, près de la réserve de Lily la Tortue. Ils se retrouvèrent dans une grotte éclairée par d’étranges lucioles aux lumières turquoise éclatantes, elle parcourut un long et sombre couloir puis arriva devant un point d’eau aux mêmes couleurs que celles des insectes lumineux qui l’entouraient émettaient.
Des inscriptions dorées étaient gravées dans le sol, inscriptions que même Audisélia, avec toute la connaissance qu’elle avait acquise durant sa vie, ne saurait déchiffrer. Elle ne savait qu’une chose, c’était le nom de ce lieu qui était : « Le Lac des Lointains Songes ». Une légende racontait que toutes les personnes y entrant subissaient un voyage astral les menant dans le monde ancien des Féériques, leur lieu d’origine, ou même de pouvoir voyage dans le monde des Songes là où tous les rêves et cauchemars sont réels – cela dit, beaucoup de monde supposent qu’ils s’agissent du même monde. Cependant, peu de gens ne relatèrent de tels faits lorsqu’ils s’y baignèrent.
Toutefois, ce qui était plus véridique, c’était que cette précieuse eau servait à soigner les blessures les plus vivaces, néanmoins elle ne devait pas être utilisée à l’excès si on ne voulait pas perdre la tête. Cependant, dans le cas du Héros, il n’y avait que cette solution pour qu’il n’ait pas de blessures intérieures en se régénérant.

La reine l’y plaça et battit ses ailes pour répandre dans le lac ses poussières de fées, les poussières se répandirent à la surface de l’eau et brillèrent de mille feux, donnant une couleur jaune lactée à l’eau. À la suite de sa semaison de poussières de fées Audisélia alla s’asseoir contre un mur et patienta.

- Un idiot comme on en fait peu…, chuchota-t-elle, tu ne sais pas à quel point j’ai envie de t’engueuler avec une force inimaginable.

Toutefois, elle ne pouvait pas, elle somnolait en parlant. Les épreuves qu’elle avait subi dans le Protectorat Sombre l’avaient fortement exténuée, surtout qu’elle portait encore ces bracelets anti-pouvoirs, ce qui augmentait encore plus sa fatigue. Néanmoins, elle ne pouvait se permettre de dormir maintenant, surtout à un moment aussi crucial.

Elle envoya un message télépathique au chef de la police militaire, Rosero Tezande, un homme en qui elle avait particulièrement confiance – bien que des personnes en qui elle avait confiance l’avaient trahi, mais elle n’avait pas d’autre le choix que de s’en remettre à lui – et ordonna l’arrestation de Detsine, qu’on l’emmène le plus discrètement possible dans les Limbes.
Si l’affirmation du Héros était vraie et les informations annexes qu’elle avait recueillies grâce à ses propres mouches, ils auront les moyens de stopper ce complot en quelques jours.

Le soir, les trois meilleurs saints chevaliers se réunirent à une taverne en compagnie de leur escouade. Ils arrivaient enfin à la fin du tournoi et avaient accompli beaucoup de choses ces derniers temps, et le pire était à venir, alors Sawyer décida de payer une tournée à tous ses camarades pour leur offrir du bon temps.

Sawyer était resté à table pour tenir compagnie à la jeune recrue qui s’était blessée durant leur voyage au Protectorat Sombre pendant que Morvian, Globox et les autres s’amusaient à danser et à chanter sur des tables. Sawyer savait comment cela allait finir : il allait devoir encore payer les réparations parce que ces abrutis seront trop alcoolisés pour se rendre compte que les pieds de table craqueront sous leurs poids, surtout avec Globox.

Heureusement que dans cette taverne, il n’y avait que cinq clients à tout casser.

Malgré toute cette effervescence festive, il n’arrivait pas à se résoudre à être aussi enjouée que ses subordonnés et ses frères d’armes. Peut-être était-ce dû au fait qu’il était le capitaine de cette troupe de soldats d’élite et qu’il savait les tenants et aboutissants de ce qui se déroulait dans l’obscurité du royaume… Néanmoins, les voir festoyer au complet ainsi lui mettait du baume au cœur. C’était comme voir une famille qu’il avait constitué se réjouir de tout ce qu’ils avaient traversé au fil des ans. C’était bien pour cela que ce qui allait arriver les jours suivants le bouleversait atrocement.

Le coude posé sur son heaume, il observait ce beau monde jouir de leur vie qui pouvait se finir à tout instant. Il devrait peut-être y aller aussi : à rester aussi taciturne et froid, il finirait par ressembler à son paternel.

- Chef Vanguard ? l’appela la jeune recrue.

La jeune femme se rapprocha de son capitaine en faisant sauter sa chaise pour se mettre au niveau de son point de vue, pour voir ce que faisait ses nouveaux compagnons.

- Oui, Is’telli ? Tu veux que je te resserve de la melie ?

- Oui, ça serait gentil mais je vous ai appelé parce que je vous sentais rêveur. Vous vous perdiez dans votre esprit.

- Il est vrai que vous, les Yastsi, vous êtes des êtres très liés au spirituel et à l’esprit des gens. D’ailleurs, Is’telli, pourquoi avoir accepté de rejoindre la garde rapprochée de la reine ? Normalement, tu aurais te destiner à être une marchande de sommeil comme ceux de ta race.

Une Yastsi est une sorte de renard poilu avec des petites « tentacules », si je puis ainsi dire, en guise de moustache. Is’telli avait un pelage orange étonnement clair pour quelqu’un de son espèce, et des minuscules pattes de félins. Elle et sa race appartenaient à la famille des thérianthropes qui penchait du côté animalier plutôt que de celui humanoïde.

- Ne soyez pas aussi fermé d’esprit, stir Vanguard, lui dit Is’telli amusée.

- Non, mais c’est juste que cela m’intrigue.

- Je vous comprends. C’te normal d’penser cela au premier abord, mais j’me sentais pas de faire cela toute ma vie. Être psychologue, marchand de sommeil, psychothérapeute, mentaliste… La manipulation de l’esprit, c’te extraordinaire à étudier mais pas très très…

Elle se gratta fortement la tête à la recherche de ce mot qui lui échappait comme si elle avait des puces.

- Galvanisant ? proposa Sawyer en remplissant son verre de mélie.

- Je dirai « grisant ».

- Combattre l’est plus ?

- J’dirai pas ça… mais j’me sens moins charlatan… Non pas que ma ma et mon pa soient des immenses crapules, loin d’là, rassura-t-elle son chef, c’te juste que…

- Ce n’est pas grave, lui dit Sawyer en finissant sa pinte d’hydromel, même si tu n’arrives pas à l’exprimer avec ta voix, je le comprends avec le cœur.

- Merci.

Calendula aurait pu avoir une nouvelle collègue psychologue, pensa Sawyer.

Voyant le champ libre, elle se rapprocha encore plus de son chef, les yeux pétillants, elle lui demanda :

- J’t’avais une qu’stion.

- Dis-moi ?

- Est-ce-té vrai que vous êtes le fils de Torn ?

- Si je porte le patronyme « Vanguard », c’est que cela doit l’être, dit le chef des Saints de la Reine en riant.

- Vous pourriez être un usurpateur, plissa-t-elle les yeux.

- Peu se risqueraient à cela. Déjà moi-même qui suis son fils légitime, j’ai subi des pressions que je ne souhaiterai à personne alors que j’aurai bien voulu refourguer ce lignage à autrui.

- C’te quand même extra d’être le fils d’un héros aussi prestigieux.

- Si tu savais… Tu sais quoi ? Et si je te racontais une anecdote sur mon passé, en plus, tu apprendras un secret sur la reine, Globox et moi.

- J’aurais préféré sur Morvian.

- Mais Morvi et moi, nous nous sommes connus bien plus tard ! s’écria Sawyer pris par l’alcool, à moins que cette demoiselle rouquine ne soit attirée par ce coureur de jupette.

Elle eut du mal à cacher sa gêne, puis se laissa aller. Is’telli se servit un verre d’alcool et l’engloutit d’un coup.

- Tu sais que c’est fort cette boisson, gloussa Sawyer.

- M’en fiche. Si vou’te-vous lâchez sur les confessions, autant que j’me laisse aller moi aussi. Oui, le troisième chevalier m’intéresse beaucoup, malgré sa réputation.

- Ça ne m’étonne pas, il fait de l’effet à toutes, sauf à Audisélia bizarrement, se questionna-t-il en penchant sa tête et sa chaise en arrière.

- Vous appelez la reine par son nom ?

- Tu ne le sais pas ? se stupéfia le chevalier, Sélia et moi sommes amis d’enfance.

- Mais c’te extraordinaire ! se passionna la Yastsi, fils de Torn, ami d’enfance de la reine…

- En plus d’avoir été son champion !

Un mensonge.

- C’te pas possible.

- En plus d’être un très bon coup au lit !

Voilà, l’alcool commençait à lui faire dire n’importe quoi. Normalement, il boit avec modération, mais je ne savais pas pourquoi, en ce jour-là, il avait décidé de s’enfiler plus d’alcool qu’à l’accoutumée.

- Cte ça, c’te faux, Globox me l’a dit, dit-elle en hoquetant.

- Roh ! Il ne peut pas la fermer celui-ci. C’te sale félon-là…

Et sous l’effet de l’alcool, il reprenait les expressions de ses interlocuteurs.

- Il a dit quoi de plus ?

- Que vous n’avez connu personne car vous vous préservez pour une seule femme, mais il ne m’a pas dit qui ?

- Il a eu plutôt raison, sinon je l’aurai enterré plus tôt que prévu, grommela Sawyer, le visage assombri, je te jure que…

Is’telli l’interrompit dans son élan de colère, les poils du visage rougissant.

- Vous pensez que Morvian s’intéresserait à moi ?

- Il a de l’amour à revendre, donc peut-être que oui. S’accoupler ? Il le fera assurément. Se mettre en couple ? A toi de gérer. Être fidèle ? Tu peux toujours planer…

- V’te vous inquiétez pas, avec mes aptitudes de yastsi, je m’en sors plutôt pas mal, se vanta-t-elle en tendant ses biceps.

- Hé bah. Attends, je devais te raconter mon anecdote du passé. C’était y a soixante-dix ans environ et…

Un grand fracas retentit et les hommes de Sawyer se retrouvèrent au sol. Le fils de Torn soupira et sortit de l’une des poches de ses jambières un sac de bourse qu’il partit déposer auprès du tavernier avec un petit mot. Puis retourna auprès de sa jeune recrue.

- Je te raconterai cette anecdote plus tard, je vais m’occuper de ton futur fiancé et de l’autre félon là.

Ensuite, il se retourna en direction de ses soldats.

- Oh les débiles ! Vte vous allez vous mettre au coin avec la recrue et que j’vous entende pas faire de plus ample vacarme !

Tous allèrent s’asseoir auprès de Is’telli, sauf Morvian et Globox qui furent traînés par Sawyer à une autre table près d’une fenêtre pour laisser celui-ci observait la pluie à travers elle.

- File-moi tes pilules pour désaouler, ordonna Sawyer à Morvian.

- Et comment je fais si je ramène une fille chez moi, hein ? rechigna-t-il, j’en ai besoin pour la désaouler.

- Ce soir, tu ne vas pas ramener de fille, nous sommes bien trop occupés.

- Tsss… Toi et ton alcool triste.

- Il faut se demander si l’alcool le rend triste ou s’il se met à boire de façon déconsidérée parce qu’il est triste, proposa Globox.

- Merci le philosophe de comptoir pour cette psychanalyse, lui dit Sawyer, je vous dois combien ?

- Ta ceinture confectionnée par Marguela.

- Tu vois mes yeux ? Ils se closent devant ta demande.

Tous les trois rirent.

Cela leur rappela la grande époque de leur jeunesse, lorsqu’ils étaient des jeunes fougueux, turbulents soldats non avares en ingéniosités, et qu’ils devaient surveiller et rattraper les bourdes de celle qui n’était pas encore la reine de Sylvania.

Un quatuor des plus catastrophiques.

Le bon vieux temps leur manquait. Encore plus terriblement pour celui au courant de tout.

Dommage que je ne puisse être témoin de leurs aventures périlleuses dans leur « douce » enfance en ce temps-là, même si désormais, tout est relatif.

- Sinon, toi le gros lard ? Tu montres quand ta donzelle, lui demanda Sawyer après s’être enfilé la pilule de Morvian.

- Toujours pressé toi. Ça arrive. Vous le saurez en temps et en heure.

- A la base, ça ne vient pas de moi mais de Morvi.

- Tu veux me faire croire, Sawyereli, que ça ne t’intrigue pas ? questionna Morvian en lui tapotant le bras avec son coude.

- Moi ? Le moins du monde, lui rétorqua Sawyer en croisant les bras derrière la tête et se collant au mur. De plus, je crois savoir de qui il parle, ce petit bâtard.

- Ah bon ? s’écrièrent les deux hommes.

L’un avec les yeux remplis d’inquiétude, et l’autre avec les yeux remplis d’excitation.

- Révèle-le-nous, exigea Morvian tout agité.

- Tu ne l’as pas entendu « Ça arrive. Vous le saurez en temps et en heure. », lui rappela son chef.

- Est-ce que son avis compte ? pouffa Morvian en croisant les bras devant lui.

- Tu parles quand même de ton supérieur, lui notifia Globox.

- Supérieur parce que la reine me déteste plus que toi, lui rappela le chevalier désinvolte, si on ne se basait que sur les faits d’armes, il y a longtemps que tu nettoierais toutes les chiottes de la caserne, surtout celles de tes congénères et des centaures.

- Oui, mais ce n’est pas le cas, hein ! Le monde est méchant, n’est-ce pas ? rit l’ogre.

- La reine est méchante, ouais, rephrasa la fée-dragon.

- Après si tu te sens d’attaque pour que je te refasse ton portrait de beau-gosse, ça peut se faire dans la ruelle d’à côté, lui proposa Globox.

- Tu vois les choses en petit, secoua la tête Morvian, et si je te réglais ton compte à la grand place ? A la face de tous.

- Bah viens !

- Toi viens !

Sawyer frappa dans ses mains pour calmer les deux gaillards, mais voyant que cela ne suffisait pas, créa deux portails et à travers eux, plaqua le visage de Morvian et Globox sur la table. Une serveuse, toute guinguette, apporta une nouvelle ration de boisson qui était offerte par la maison – peut-on vraiment dire offert après la bourse que leur a donné Sawyer ?

- Tu vois cette nana, Sawyer ? Je jure devant Fasqueta que je me la fais que tu le veuille ou non, mâte-moi ce déhanché !

- Montrez l’exemple, bons dieux ! soupira le fils de Torn.

- Il n’a pas tort, souligna Globox, sinon c’est bon, capitaine, on a compris la leçon, lâche-nous maintenant ! le supplia Globox.

- Quelle catin, celui-ci ! jura Morvian, il sent à peine une douleur qu’il fait la chouchoute ? Enfonce-moi plus la tête, ça fait du bien, lui dit le troisième des saints chevaliers en faisant mine de lui envoyer des bisous avec ses lèvres.

Dès ces mots prononcés, Sawyer retira ses mains et les secoua, dégoûté par la manière que les avait prononcés son ami.

- Je ne te savais pas de ce bord-là, dit Globox.

- Et si je te disais que c’était vrai, tu me laisserais passer une nuit avec toi ?

- Moi je te dirai que tu es un menteur car les organes reproducteurs masculin te dégoûtent à un point ! Tu étais obligé de fuir dans les vestiaires spéciaux pour fées alors qu’on s’était juré d’arrêter d’y aller.

- Pas ma faute s’ils sont membrés de façon étranges tous ces gars-là. Bah !

- Intolérants ! dirent Sawyer et Globox.

- Ouais, ouais, si vous le dites…, les méprisa Morvian.

Et tous repartirent en fou rire.
Ils étaient inarrêtables.
La charge de travail n’en finissant jamais, ils n’avaient jamais trop le temps de se laisser aller à de telles soirées et se devaient de profiter de chacune d’entre elles au maximum.

Une fois que les rires et les larmes de joie s’estompèrent, l’expression de Sawyer se noircit, il fit tourner sa cuillère dans son verre, réduisant petit à petit en miette le fruit qui se trouvait au fond de sa boisson. Son regard se faisait de plus en plus sérieux, mais aussi vide.

- Les gars, vous savez que les choses vont s’accélérer avec les jours qui arrivent.

- Le tournoi, la secte, Audisélia, toi et cette fameuse arme Pluton, le gamin avec le maléfice noirâtre, les deux fées aptères et les Basfonds…, énuméra Morvian en picolant, tant de choses qui vont se mettre en branle les prochains jours.

- Et il va bien le gamin ? demanda Globox, j’espère que les pâtisseries qui lui ont été apportées le remettront d’aplomb.

- Espèce de gros morfale…, se moqua Sawyer sans sourire.

Cela tenait presque de l’insulte, au vu de son intonation.

- D’ailleurs, tu es au courant qu’on lui a donné des pâtisseries ? dit Sawyer avec sourire narquois.

- Tu sais que j’ai des connexions dans les cuisines du palais royal et tout…

- Même moi qui suis le plus proche de la reine, j’ai appris qu’il s‘agissait de sucreries, tout au plus.

- Tu me connais ? La tête plus dans les fourneaux que sur le terrain.

- Ouais…, dit Sawyer avec froideur.

Bien que cette conversation semblât anodine, le froid qu’elle installait fit frissonner Morvian. Le regard noir que lança Sawyer à son ami fit perdre son sourire à Globox. Il était rare de voir ce gros plein de soupe sérieux.

- Hé les gars, vous mettez la mauvaise ambiance ! fit remarquer Morvian.

- C’est Sawyer, je ne sais pas ce qui lui arrive, réclama Globox.

- Rien, je me posais juste certaines questions, mais comme tu l’as dit : tout se règlera en temps et en heure. Sinon, Morvian prêt à retourner dans les Basfonds ? Parce que c’est là-bas qu’on va chercher les Adeptes de la Félonne.

- Rah ouais ! Tu veux que je salisse mes bottines, toi.

- On ira en armure.

- Ouais mais ça ne change rien à ce que je viens de dire. Tout ça pour se rendre où en plus dans les Basfonds ?

- Droit sur les cadavres que lui, son paternel, Audisélia et cette humaine qui était venue autrefois tuèrent.

Sawyer haussa un sourcil, curieux.

- Tu n’es pas au courant ? On a reçu de nouvelles informations. Les Adeptes ont changé d’emplacement, et on a trouvé leur véritable cachette.

- Ah ! Mais c’est très bien, au lieu qu’on tombe dans un sale guet-apens, commenta Globox, enthousiaste.

- Ouais, comme ça on n’aura pas à reproduire la tragédie de Azertazia, dit Morvian en roulant des yeux, mais c’est le seul moment où tu t’es rendu utile.

- Tu abuses, s’exclama Sawyer, il se rend souvent utile quand il disparaît la moitié du temps, rit le chef avec un rire moqueur.

- Je n’aime pas trop comment tu me parles Sawyereli, dit Globox, je veux bien qu’on rigole et tout, mais tu n’as pas l’air de faire du second degré. Qu’est-ce que tu me reproches ?

- Tu ne sais pas ? dit Sawyer de façon ironique.

- Non…, dit-il d’un ton hésitant.

- Vraiment pas ?

- Non.

- Vraiment, vraiment pas ?

- Non, putain !

Morvian attrapa le bras de Sawyer.

- Sawyer, arrête ça tout de suite, ordonna Morvian.

- Mais tu sais ce qu’a fait ce sale bâtard de traître ? cria Sawyer en retirant son bras de l’emprise de la fée-dragon.

- Quoi ? dit Morvian en plissant les yeux.

Puis petit-à-petit son expression changea, sa bouche s’ouvrit de plus en plus et il se tourna vers Globox, le visage choqué. Le visage de l’ogre commençait à se perler de sueur, il serrait les dents, la tête en arrière, il se préparait au pire. Sautant de sa chaise, Globox mit la main sur la poignée de son arme.

Morvian s’écria :

- Tu as dit qu’il était vierge ?

- Je peux tout… Hein ? dit interloqué Globox.

- Non, mais je n’y crois pas ! Tu es vraiment une balance ! Même moi, je ne l’ai pas dit !

- Étant donné que tu cries comme un serle, là ça équivaut à cela, critiqua Sawyer.

Globox restait bouche bée, il venait d’être pris au dépourvu. Il n’avait pas pensé qu’il s’agirait d’une telle chose que lui reprocherait Sawyereli.

- Tu m’as dit que ce n’était pas un secret…

- Parce que je ne pensais pas que tu allais vraiment le dire, dit Sawyer.

- Wow ! Bah je le garderai en mémoire, s’exprima Globox.

L’ogre était quelque peu troublé par la tournure qu’avait pris la conversation. Il s’assit, abasourdi par le mensonge de son ami. Il but encore une gorgée de sa boisson avec ses deux fruits rouges et prit son manteau.

- Bon, les gars la soirée a été amusante, mais moi, je veux un peu dormir. Je suis lessivé ces temps-ci, bailla-t-il.

- Es-tu sérieux, Globy ? La soirée vient à peine de commencer ! gueula Morvian, déçu.

- Comme tu veux. Prends soin de toi, en tout cas, lui sourit Sawyer.

Globox salua ses compagnons, la clientèle, le tavernier et s’en alla. Sawyer bailla lui aussi et se leva de sa chaise.

- Je pense que moi aussi je vais m’en aller Morvian. Gère ces enfants turbulents pour moi.

- Putain, je dois faire la nurse là ?

- Si je te dis que la jeune recrue te veut, on est quitte ?

- Tu as toujours été mon véritable frère, Sawyer, le complimenta Morvian.

Le chef des saints chevaliers lui tapota l’épaule et se retira. Il se dirigea dans une ruelle, et attendit en s’asseyant sur des plaquettes de bois. C’est après quelques minutes qu’une femme elfe portant une longue cape vint à sa rencontre, elle retira sa capuche et se révéla être la serveuse de la taverne.

- Sir Vanguard, l’émetteur fonctionne au travers du corps de Globox. Dois-je le suivre ?

- Oui, il nous mènera sûrement au véritable repaire des Adeptes.

- Compris. Désolée que cela soit lui.

- Il n’y a pas de quoi. La sécurité du royaume importe plus que ma vie affective ou mes états d’âme.

La femme remit sa capuche et partit à la poursuite de Globox. Pendant ce temps, Sawyer descendit des plaquettes de bois et s’engouffra dans les ténèbres, il sortit un médaillon de sous son plastron et l’ouvrit et vit deux photos, l’un représentant Sawyer, Elena et Audisélia et l’autre, Sawyer, Audisélia, Morvian et Globox lors leur prime jeunesse.

Au moment où il referma le pendentif, la pluie cessa de tomber, mais dans le cœur de Sawyer, l’averse se poursuivit.

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