Les festivités de la victoire de la Princesse-Fée-Sans-Nom et de l'Humain-Sans-Nom

24 minutes de lecture

Le lendemain, l’organisation de l’anniversaire avança d’arrache-pied. Le Héros avait très mal pris qu’on lui mente, lorsqu’il demanda à la fée aptère si cela lui convenait un gâteau et un truc en petit comité puisqu’il n’avait pas vraiment le temps d’organiser quelque chose de mieux, celle-ci lui révéla que son anniversaire n’était pas le lendemain de son combat mais dans deux semaines. Jacob lui avait menti pour qu’il se sente assez impliqué dans le projet pour qu’il ne l’abandonne pas en cours de rouet, c’est pour ça qu’aujourd’hui, il les faisait trimer comme dans une galère.

Une plateforme de représentation, des bancs de pierre, des tables, des musiciens à qui il a donné une liste de musique bien définie à jouer puis ils pourront improviser. Le planning a été organisé avec le soutien de Caemgen qui était quand même, je cite, « le ministre chargé de ces conneries ». Bien sûr le repas se fit selon les goûts de chacun et il y avait des petits coins pour garçons et filles et un endroit pour tous les réunir. Selon ce qu’il avait planifié, il pouvait très bien le faire avant son combat, mais bon, maintenant, vous connaissez la fénéantise légendaire de notre héros.

Il laissa la princesse envoyait les lettres d’invitation sinon ils seraient trop, mais à contrario en la laissant faire, ils seraient un nombre bien trop conséquent pour qu’elle puisse prétendre tous les connaître – elle allait clairement se montrer.

La semaine suivant, les cuisiniers travaillaient encore sur les repas, mais le reste était prêt, ce qui laissa le temps au Héros de préparer ses affaires pour son grand départ. La reine Audisélia lui rendit visite dans son appartement entre deux réunions urgentes.

- Alors on se prépare au grand départ, dit la reine.

- Ouaip.

- Et la princesse est au courant ?

Il ne répondit pas, continuant à ranger ses affaires dans des sacs.

- Ce n’est pas une bonne chose que tu ne lui en parles pas.

- Si je le faisais elle me retiendrait, et si je cède peut-être que je reproduirai ce que ma mère vous a fait à vou… toi et Sawyer.

- Il t’en a parlé.

- Bien sûr. Et puis ce n’est pas comme si je n’étais pas au courant de ce que cela coûte d’interférer avec la Volonté capricieuse de ce vieux héros de mes deux.

La reine s’assit sur le lit du Héros avant de complètement s’allonger dessus. Elle le fixa du regard.

- Ta haine pour lui ne s’est pas atténuée ?

- Loin de là. Mais au moins j’ai compris quelques trucs.

- Comme quoi ?

- L’importance de ce qu’il incarne pour chacun de vous et je tacherai de ne pas l’oublier.

Il referma son sac puis en prit un autre pour mettre tous les holo-discs qu’il avait demandés à la reine.

- J’aurai voulu tenir mon rôle de mère un peu mieux que cela…

- Vo… Tu en as déjà plus que ma véritable mère alors ne sois pas découragée. Et pour ce que vo… t’as demandé ma mère… En fait, laissez tomber.

La reine releva son buste et posa ses mains sur ses genoux lisse en entortillant du bout des doigts ses cheveux pastel.

- Cette pro…

Le cristal de communication de la reine se mit à résonner, elle fit comme si de rien n’était mais le Héros l’incita à répondre.

- Répondez, cela pourrait être urgent.

- Tu as raison… De toute façon, je dois repartir pour le château avec la fin des fanatiques et la réorganisation générale des ministères, il y a énormément de paperasse à faire…

En évoquant ces derniers événements, le Héros sentit une pointe de tristesse dans la voix de la reine. Il était normal de la voir dans cet état lorsqu’on sait que Globox était l’un de ses meilleurs amis, voire anormal étant donné la surréaction qu’elle avait en ignorant plus le fait qu’Elena soit morte. Le Héros espérait que le royaume ne disparaîtrait pas sous la colère de la reine.

Elle se leva et salua le Héros pour prendre la route vers le château. Subitement, elle sentit quelque chose de son dos, elle regarda au niveau de son bassin et vit deux bras l’enserraient tendrement. Elle se retourna et prit, elle aussi, le Héros dans ses bras.

- Tu n’as de cesse de consoler une vieille mégère comme moi…

- Vous êtes pas vieille, vous avez même l’air plus jeune que ma mère. Et faut bien que je vous rende la pareille.

- Tu n’arrives vraiment pas à me tutoyer, hein ? se désola la reine, et pour ta gouverne, il n’y pas de pareille à me rendre, je tiens à toi et autant tu auras besoin de mon aide et autant je t’aiderai.

- Merci, môman.

Elle lui caressa la tête à l’intérieur de sa capuche puis le laissa terminer les préparatifs de son départ.

De retour au château, la situation n’était simplement compliquée, mais cela relevait du casse-tête ! Des ministres importants étaient en prison, de nombreuses familles nobles étaient liées aux fanatiques, le chef des espions avait été tué, qui sait ce qu’il a pu révéler des secrets du royaume… La reine n’avait aucune idée de comment dénouer tous ces problèmes sans aller jusqu’au bain de sang. La seule décision qu’elle avait prise était d’amnistier Beneltig à la demande du Héros, de Lin et de Mina, mais sa famille, c’était une autre histoire.

Bien que tout cela soit important, elle voulait régler quelque chose auprès d’une certaine personne qui était la source de tous ces soucis. Mais à cette date-ci, elle n’était pas encore éveillée.

Une semaine passa, les ennuis du royaume n’étaient pas encore terminés mais la fête de la princesse sans nom fut réussie : les décorations, les repas, les invités, les coins, les musiciens les danseurs aériens – cela ressemblait à quelque chose d’obscène puisque certains de ces danseurs étaient des sortes de cage, mais non seulement le Héros va s’abstenir de le commenter mais moi aussi… Tout était là comme le Héros l’avait demandé.

Il ne restait plus qu’à attendre la principale attraction de cette soirée : Princesse.

Et elle ne se fit pas attendre ! Vêtue d’une robe blanche entourée de cercle dorée, les cheveux relâchés, de beaux escarpins amande et coiffée d’une fleur d’oremi avec une touche de gloss sur les lèvres, voilà comment elle se présenta à eux. Le Héros ne l’aurait pas cru se vêtir aussi sobrement, elle qui était si braillarde et extravagante, cela lui sembla plus qu’étrange, néanmoins, il fallait dire que cette tenue rendait du plus belle effet sur elle, et ne laissa pas indifférent le Héros.

C’était cette rouquine de Marinanélia qui était chargée de « rendre hommage » à la Fée lors de sa venue, le Héros ne se voyait pas trop se prêter à l’exercice préférant faire le seul travail dont il s’était missionné. Mais contre toute attente, Marina rendit aussi hommage au Héros parlant de ses exploits dans l’arène, de sa gentillesse et du respect que devrait avoir les citoyens de Sylvania pour un être aussi meurtri qui s’est pourtant battu face à des ennemis coriaces. Cela toucha le Héros, il ne s’attendait guère à ce qu’on le complimente.

- Alors, je suis une ennemie coriace ? dit Avelilinélia qui apparut subitement derrière le Héros.

- Apparemment.

- Sinon, tu es prêt pour le spectacle ?

- Ça ne dépend que de vous. Moi, je gère tout ce qui est à l’arrière.

Elle hocha la tête avec un sourire moqueur.

- J’avoue qu’avec ta voix de mort-vivant, ça ne serait pas facile pour toi de chanter.

- Pour ta gouverne, chère demoiselle aux abdos saillants, j’ai été enfant de chœur avant d’être… moi.

- Oh ! s’exclama la fée aptère des Basfonds, dommage que je ne sache pas ce que c’est sinon je t’aurai félicité.

- T’es chiante.

- Je t’embête un peu c’est tout.

- Et toi ? lui demanda le Héros, ça te va de chanter pour la femme qui t’a mis en déroute

- Déjà d’une, c’est toi qui m’as vaincu, et de deux, je suis une femme de parole : je t’ai dit que je viendrai faire une représentation musicale, je viens. Surtout qu’on s’est entraîné durant les deux semaines de préparation à cette anniversaire, pour qu’au final tu chantes, alors…

La fée remarqua que le Héros ne l’écoutait plus, il avait le regard fixé dans le vide, les mains tremblantes.

Alors même les héros peuvent avoir le trac ? rit Avelilinélia, un héros qui a le trac alors qu’il ne participe pas à la représentation.

Elle lui tint la main pour le rassurer et le calmer, ce qui fonctionna moyennement, mais au moins cela permit au Héros d’arrêter d’être en apnée.

L’éclairage extérieure s’adoucit et celui de la scène s’alluma. Il était l’heure pour elle d’entrer en piste. Elle lâcha la main du Héros et lui laissa un baiser sur la joue.

- Un petit porte-bonheur, lui dit Avelinélia.

Puis s’en alla sur scène. Mais juste avant, elle s’arrête au rideau et se tourne vers le Héros, elle lui sourit timidement.

- Je voudrais te parler de quelque chose plus tard.

Ensuite elle, et avec les musiciens, apparut sur scène, ce qui marqua le début du concert d’anniversaire de la Fée. Le Héros ne l’avait pas vu au début car ils étaient dans la pénombre mais Avelilinélia était resplendissante, les cheveux coiffés, ondulés, les lèvres rougies, une belle robe violette et dorée, de beaux longs gants pailletés – elle était peut-être altruiste, mais il fallait dire qu’avec l’argent que lui a donné le Héros, elle s’était rudement faite plaisir. La voyant ainsi, le Héros ne put se s’empêcher de la trouver incroyablement ravissante et son côté athlétique renforcé sa beauté – selon les standards du Héros, je vous vois dans le fond glousser. Mais ce qui le frappa c’est sa maîtrise du chant, la Fée disait qu’elle avait du mal à chanter mais aux oreilles du Héros, cela paraissait convenable, mais concernant la fée aptère des Basfonds, elle se trouvait dans une tout autre dimension, c’était du miel qui coulait dans ses oreilles et qui embaumait son cœur noir de haine pour l’adoucir.

Un chant enchanteur digne des plus belles sirènes. Il n’a entendu qu’une telle beauté que lors du chant mélancolique de la reine qu’elle avait chanté sur les toits du royaume et de sa berceuse pour l’endormir.

Il toucha la joue où elle l’avait embrassé et sentit son visage s’échauffer. Des sentiments commençaient à naître à l’égard de cette princesse digne d’admiration.

Le concert se passa admirablement bien, la voix iconique des fées n’avait plus rien à prouver sur le domaine du chant. Avelinélia et les musiciens allèrent dans plusieurs registres musicaux, et selon le désir du Héros qui voulait aussi se faire plaisir, ils chantèrent un petit gospel qui plut au gens.

Voir la princesse des Basfonds chanter et danser fit admettre au Héros qu’elle n’avait pas une once de ressentiment en elle, elle était peut-être peureuse mais était gouvernée par la joie, l’altruisme et le pardon. Jamais, il ne l’avait entendu en vouloir à ses agresseurs, ni à la reine, ni aux habitants des districts supérieurs pour ce qu’il lui était arrivé, elle était énervée que la situation des Basfonds ne change pas et que la reine n’agisse pas, mais jamais elle ne lui en avait voulu pour le fait que les Basfonds soient ainsi. Elle était différente de lui, lui qui n’était mu que par la rancœur et le désespoir… Il le reconfirma : elle était digne d’être le héros de la légende.

Soudain, le Héros est interrompu dans sa rêverie par l’arrivée de Mana.

- À ce que je vois ce petit anniversaire en l’honneur de cette gro… de Princesse se déroule à merveille.

- Tu es venu jouer la méchante de dessin animés ? se moqua le Héros.

- « Dés seins anime haies » ? De quoi parles-tu ?

- Laisse tomber. Des trucs d’humains. Tu sais que ma princesse va me péter incapable si elle t’aperçoit.

- Qu’elle vienne, je lui flanquerais une raclée à cette greluche.

- Vous pouvez pas avoir une relation cordiale.

- On s’ignore mutuellement, je pense que c’est assez.

- J’imagine. Mais en vrai, pourquoi t’es venue ?

- Pour te voir.

- Si c’est ti pas gentil, c’est pour me déclarer ta flamme ?

- Oh que non, t’es pas mon style de mec.

- Espérons. T’es aussi chiante que ma princesse.

Pour pas dire « conne », se dit le Héros.

- Non, si je suis venu te voir c’est parce que je tiens à m’excuser de façon plus franche envers toi.

- C’est Al-Ryanis qui t’envoie.

- Comment t’as deviné ? s’étonna-t-elle, non mais pas que, je voulais le faire moi-même. Il faut dire que beaucoup de temps se sont écoulés et nous n’avons pas eu le temps de discuter concrètement et j’imagine que par la suite, étant donné ton devoir, on n’aura pas sûrement plus le temps de le faire.

- C’est vrai.

Alors Mananélia Diasiré courba l’échine et dit :

- Donc accepte mes plus plates excuses concernant mon comportement vis-à-vis de Jacob. Je savais très bien pourquoi il a fait ça et j’ai remis la faute sur toi, alors que tu en étais sûrement nullement au courant. C’est un comportement inacceptable pour une prétendante au trône de Sylvania, alors je me dois de te demander pardon, et utiliser ton humanité pour ne pas le faire est une chose inacceptable qui…

- J’ai compris princesse Mananélia, lui dit-il en lui touchant la tête.

- Tu peux m’appeler Mana, tu sais.

- Mana, se rectifia-t-il, j’ai compris. T’en fais pas, je t’en veux pas. Cependant, j’ai une question.

- Oui.

Elle releva la tête et se dressa face au Héros.

- Pourquoi détestes-tu la princesse aptère ?

Hormis qu’elle est plus belle que toi, se dit-il d’un ton moqueur.

- Elle joue bien trop l’innocente avec vous, comme si elle ne voyait pas que vous aussi vous étiez des êtres avec des hormones, c’est moins flagrant chez les fées, mais chez les mammifères, ça se voit tellement, et elle à l’air d’en jouer avec vous tous, c’est pour ça que tous les hommes s’entichent d’elle.

- Tu vas pas un peu trop loin ?

- Si ce n’est pas ça alors pourquoi faire de telles opérations pour faire d’elle la reine. Des stratagèmes où des champions de toutes les races et des princesses-fées de tout le royaume mettent leur honneur en jeu et elle profiterait d’un privilège plus grand que nous autres.

- Hé bien parce que ses amis tiennent à ce qu’elle gagne tout simplement. Je vois pas en quoi…

- Héros, rappelle-toi que nous avons tous grandis ensemble, donc moi aussi je me suis retrouvée à devoir affronter mes amies par l’intermédiaire de mon champion, et pourtant aucune de nous n’a envisagé de délaisser l’opportunité d’avoir la place de reine en l’honneur de nos camarades.

- Peut-être qu’elles ne se sentaient pas tout simplement apte de l’être…

- Est-ce que tu penses que la reine Audisélia l’était ?

Cette dernière phrase marqua un temps d’arrêt dans l’esprit du Héros. Il avait bien observé la reine depuis sa venue, et bien qu’elle se démenât pour le royaume, il ne l’a jamais sentie droit heureuse avec ce statut. Elle semblait même heureuse, au fond d’elle, de pouvoir le délaisser. Le Héros baissa les yeux et ne sut quoi répondre.

- C’est un honneur pour nos tous, un statut qui honneur les familles qui nous ont accueillis, mais aussi un devoir que nous ne pouvons lâcher pour un oui ou un non. La reine est en train de se faire conspuer parce qu’elle délaisse son rôle à cause de la légende du héros de la légende, de TA légende. T’en rends-tu bien compte ? Nous sommes au courant que la reine l’aide un peu comme elles nous aident toutes selon nos besoins, mais faire semblant de perdre est intolérable. Alors quand il s’agit en plus de l’un de mes amis les plus proches…

- Je comprends…

- Et il n’y a pas que cela. Son amie Mina m’exaspère.

- Parce que vos prénoms se ressemblent presque, lui sourit-il.

- Non. Elle s’est jouée de Jacob comme s’il n’était qu’un moins que rien, et après elle se réfugie dans les jupons de sa maîtresse comme le clébard qu’elle est.

- Je te permets pas ! s’énerva le Héros.

La fée eut un pas de recul, puis soupira.

- Tu sais, c’est ce que j’aime chez toi. Ta loyauté à tout épreuve et le fait que bien que tu nous montes sur certains aspects de ton histoire, tu restes vrai dans tes actes. Comme par exemple, le beau geste d’avoir défendu notre arrière petite nièce.

Il est vrai que selon la configuration de la royauté sylvienne, les fées issus de Java-Aleim sont toutes les filles des trois Rois-Combattants.

- Ne change pas, gentil humain Nalo. Je crois que le concert touche à sa fin, je vais te laisser. Tu es peut-être l’un de ces clébards, mais tu es celui que je respecte le plus.

- J’imagine que c’est un compliment étant donné comme tu l’as dit que nous sommes amis, supposa-t-il.

- C’est exact. Finalement, tu ne t’en vas pas avec mon cheval ?

- Non. Y a le taxi de la reine qui est revenu de là où je veux aller donc je veux le prendre. Ça sera pour une prochaine fois, alors.

Ensuite, elle s’en alla, laissant le Héros seul avec ses interrogations. Où voulait-elle en venir ?

C’est après une heure et demie de chant interrompu qu’ils tirèrent leur révérence et laissèrent les musiciens et autres choristes faire de la musique de fond.

Le Héros remercia les choristes, les musiciens et sa chanteuse mais celle-ci dû fuir puisqu’apparemment, elle avait laissé Lelelitio avec les enfants. Ils parleront plus tard de ce qu’elle voulait lui dire.

Retournant à l’intérieur de la fête, le Héros perçut Lin dans la pénombre, alors il le rejoignit, lui qui était en train d’observer la Lune qui refit une apparition ce jour-là. Le héros ne put s’empêcher de ressentir une certaine angoisse en voyant cette même lune qui avait été présente le jour de la mort de Thoosa. Cependant, cette nuit était un nouveau jour.

- Qu’est-ce que tu fais là, tout seul ? Mon groupe t’a cassé à ce point les oreilles ?

- Bien sûr que non. J’aurai bien voulu t’entendre chanter d’ailleur, lui fit remarquer l’elfe.

- Pas possible. Je refuse catégoriquement. J’imagine que Princesse va me demander la même chose, soupira-t-il, en même temps, j’ai les lèvres clos hors d’ici.

Lin rit en voyant le désespoir de son ami.

- Sinon, pourquoi rester reclus par rapport aux autres ?

- Je voulais juste prendre un peu l’air… Il s’en est passé des choses depuis que tu es arrivé.

- Je sais…

- Oh mais ne le prends pas comme une remarque désobligeante, le rassura Lin, c’est juste un constat. De plus, si tu n’avais pas été là, qu’aurait été le futur de Princesse et du royaume…

- Tu dis ça mais je n’ai permis qu’à une voix isolée de se faire un peu mieux entendre. J’ai même pas participé à l’assaut.

- Ne t’inquiète pas, on s’est bien débrouillé sans toi.

- En parlant de ça, le cas Beneltig, c’était comment ? lui demanda le Héros.

- Lui, on l’a bien engueulé, à la limite de le tabasser, mais il n’y a que nous trois qui sommes au courant de ses manigances.

- C’est mieux ainsi. Je te jure que si j’avais été méchant, j’aurai tout dit à sa princesse et lui aurait volé sa dulcinée.

- Pourquoi tu ne le fais pas ? l’interrogea Lin.

- Le balancer ?

- Lui voler Princesse.

Le Héros haussa les sourcils avec un regard incrédule, bouche béante.

- Moi, sortir avec la fée aptère ? Tu rigoles, toi. Elle est d’un chiant, et pas si belle que ça, et t’as vu ses cuissots, elle a une poitrine gigantesque, elle risque de compresser la mienne, en plus t’as vu comment elle parle et…

- Malgré tout cela, si on admet que c’est vrai, cela ne t’a pas empêché de passer du temps avec elle et de t’amuser.

Il devait le reconnaître, il s’était grandement amusé au côté de la fée aptère, il se revoyait la chamailler et l’embêter pour tout et n’importe quoi, leurs sessions jeux vidéo, lui qui faisait l’effort d’aller voir ses matchs de repousse-balle – NON ! DE VOLLEY ! Il fallait dire que même si tout le monde ne l’appréciait pas à cause de son humanité ou d’autres aspects dont il n’était pas au courant et dont il se fichait, il avait passé d’incroyables moments avec elle. Pourtant, même si son ventre frissonner à chaque fois qu’elle touchait, il se disait qu’étant donné la vie éprouvante que vivait Avelilinélia et Lelelitio à cause du sang humain de cette dernière, il ne tenait pas à ce qu’elle vive la même chose bien qu’ils ont le soutien de la reine Audisélia, mais surtout, il y avait une pensée qui lui disait qu’il se trompait.

- Tu as peut-être raison, cela me ferait plaisir d’être son nouveau compagnon, mais déjà, j’ai quelqu’un d’autre en tête, mais surtout, tu crois vraiment qu’elle s’amouracherait d’un humain ? En plus, j’ai promis à une amie qu’on se marierait ensemble quand je serai plus grand.

- Je ne peux pas répondre à ta première et ta dernière interrogation, mais la deuxième, si…

Il regarda autour de lui, ensuite leva les bras jusqu’à ses oreilles et en décolla une partie révélant aux yeux de l’humain que son ami elfe n’était rien d’autre qu’un congénère à lui.

- Comment ? s’écria le Héros.

- Et oui. Je suis aussi humain que toi.

- Mais comment ça se fait ? Personne t’as cramé ?

- « Cramé » ? Tu veux dire personne m’a révélé au grand jour que je suis un imposteur ? Non, mais il semble que Lelelitio et Helmir aient eu des doutes sur moi, la reine révéla la vérité qu’à Helmir.

- La reine est au courant ?

- Oui puisque c’est elle qui m’a recueilli. Le royaume d’où je viens était un royaume humain qui se trouve au nord de Francilia, au-delà des frontières de ce pays. Toute l’histoire que je leur ai racontée est vraie, juste mes origines humaines ont été un mensonge créé de toutes pièces par la reine qui ne pouvait se résoudre à me laisser mourant dans ce tonneau.

- Mais c’est incroyable, dit le Héros n’en croyant pas ses oreilles, et les Féériques ne t’ont jamais repéré ? Moi, ils ont directement su que j’étais humain.

- Si à de nombreuses reprises, mais au final, cela s’est transformé en secret de polichinelle et on dit que j’avais juste une magie différente de mes congénères en disant que j’étais une mutation. Mais pour revenir à notre petite histoire, j’ai eu une liaison amoureuse avec Princesse, elle sut par la suite que j’étais humain et cela ne la gêna pas plus que cela. Bien sûr, elle m’en a voulu, encore plus, lorsqu’elle apprit que Mina l’avait appris avant elle, alors que je ne lui avais rien dit.

- Une véritable enquêtrice cette naine.

- Ça, je ne te le fais pas dire, soupira l’elfe, mais voilà, tu as tes chances avec la fée aptère, Beneltig à peine revenu qu’il est retourné à ses stupides habitudes.

Il ne changera jamais…

- Alors tente ta chance, Nalo ! l’incita Lin le faux elfe.

Le Héros soupira.

- On verra… Je vais d’abord régler à l’extérieur du royaume, puis on verra pour cette histoire d’amoureux-amoureuse.

- Comme tu veux.

- En tout cas, content de t’avoir parlé, mais je vais voir si la fête se déroule bien.

Lin le salua et le Héros retourna au cœur de la fête d’anniversaire, il vit tout le monde danser et s’amuser, mais n’aperçut pas sa princesse. Alors il alla en direction d’une personne qu’il connaissait en la personne de Mina qui discutait joyeusement entourée de filles plus grande qu’elle.

- Oh la naine ! la chahuta-t-il.

Elle se tourna vers lui et dit à sa compagnie qu’elle allait parler avec le champion de la Fée. Mina s’avança furibond vers lui et tenta de lui mettre un coup, il la stoppa en tendant la main sur le front ensuite lui mis une pichenette sur ce même front.

- Que crois-tu faire face au héros de la légende, gamine ?

- T’as de la chance que cela soit ta soirée, sinon…

- Que dalle ! lui rétorqua-t-il, sinon, ta soirée se passe bien ?

Les deux n’avaient pas démarrer leur amitié sur les meilleurs hospices, Mina se méfiant grandement de cet humain qui s’est rapidement attaché à sa meilleure amie qu’elle considère comme sa sœur – contrairement à de nombreuses personnes dans ce royaume, elle était au courant de la tragédie qui était arrivée à la dernière descendante des Grave. Néanmoins, au fil du temps, elle finit par comprendre qu’il n’y avait aucune raison de se méfier de ce type extravagant malgré certaines de ses crises de colère – aucune n’atteignait le pique de colère où il s’est retiré une grande partie de la tâche qui recouvrait son corps et du combat face à la reine –, ils ont fini par à peu près s’entendre au point que le Héros la considère comme son « bras droit » – bien sûr il n’allait pas l’emmener dans les pires plans foireux que constituaient son train de vie, cela donnait plus du titre honorifique – et elle, de son côté, l’aimait assez pour se dire qu’elle pourrait bien lui confier son immonde secret pour lequel Mana Diasiré la déteste et qui va à l’encontre de sa foi. Mais le Héros n’était pas bête, il l’avait bien observé, il devinait de quoi il s’agissait.

- C’est une bien jolie fête que tu nous as organisés là, lui dit Mina.

- J’ai aucun goût de l’esthétisme, ce sont les châtelains qui m’ont aidé. Mais bon, ç’aurait pas eu la même gueule si vous n’aviez pas réussi l’attaque contre les fanatiques de l’ancienne ou de je sais pas quoi.

- Je m’en doute, je m’en doute, répéta-t-elle.

- Donc félicitations, mademoiselle Mina, dit-il en Franca, je devrais peut-être aussi aller féliciter Lin, j’ai c…

Le Héros la voit pensive, elle semblait vouloir lui dire quelque chose sans savoir comment le lui dire, s’il avait les pouvoirs de la reine, il aurait bien farfouillé son esprit et savoir s’il allait répondre à sa question ou la laisser dans l’ignorance. Mais puisqu’il ne les avait pas, il se retrouvait à devoir lui poser la question et être possiblement obligé de lui répondre.

Il soupira et lui demanda ce qui lui taraudait l’esprit.

- Dis-moi, avec le plus de sincérité possible…

Elle n’avait pas besoin de lui en dire plus, il savait ce qu’elle allait lui demander et il soufflait déjà.

- … la princesse te plaît ?

- Lin m’a déjà posé la question. Vous pourriez trouver autre chose à me demander.

- Tu veux qu’on parle des blessures que tu as montrées dans l’arène ?

- Non.

- Alors réponds à ma question !

Il soupira une nouvelle fois et tira les joues de la naine.

- Elle est franchement pas dégueulasse à regarder et j’en ferai bien mon quatre heures.

- Comment tu parles !

- Comme ça tu me poseras plus la question.

Mina retira les pincements du Héros et attrapa – miraculeusement – le col du Héros.

- Je veux que tu répondes sérieusement.

- Pourquoi ? Tu réfléchis un peu à ce que tu me poses. Cette question est inutile puisqu’elle est avec Beneltig, si en plus, il y a pas si longtemps, je lui ai encore conseillé sur comment gérer son couple alors que j’y connais rien, siffla-t-il en regardant de côté avec un sourire pince-sans-rire.

- Et si je te disais qu’elle pourrait bien le lâcher…

Le Héros eut un petit sursaut, son cœur faillit bondir hors de sa poitrine.

- Sans déconner…, laissa-t-il échapper.

Il venait bien de sous-entendre à Lin que si l’occasion se présentait, il ne la laisserait pas s’échapper, non ? Il secoua la tête et retira la main de la naine de son vêtement.

- Elle est jolie, hein, mais non merci. Je préfère l’autre grande fée avec laquelle vous vouliez pas que je me mette.

- Arrête. Tu voulais pas vraiment te mettre avec elle, lui dit Mina avec un sourire.

Le Héros ne lui répondit pas.

- C’est mieux qu’il n’est rien entre la fée aptère et moi, nous sommes différents. Et puis de toute manière, tu serais contre.

- Bien sûr que non !

- Hein ?

- Un homme, qui plus est un Homme, qui a défendu ma meilleure amie que je considère comme ma sœur, qui l’a fait aller en finale, qui est parti à la recherche de ses assassins et qui malgré l’amour qu’il porte aux gens du Basfonds l’a fait gagner face à leurs championnes. En plus, tu lui as organisé cette magnifique fête d’anniversaire. Je me vois mal être contre ta personne.

Le Héros ne savait pas quoi dire, il n’imaginait pas Mina aussi reconnaissante à son égard. Cela le gênait presque.

- Alors est-ce que tu comptes lui avouer tes sentiments.

- Oh là ! Tu montes sur tes grands cheveux, l’arrêta le Héros, j’ai juste dit qu’elle me plaisait, non pas que j’avais des sentiments pour elle. Stoppe la diffamation, la déformation…

- Quel argument de baltringue de dire diffamation pour contrer un argumentaire, sourit narquoisement la naine.

Le Héros se gratta la tête nerveusement en baissant la tête, puis lui dit avec un air sérieux et un ton déterminé.

- Quoi qu’il arrive Mina, si je dois lui dire, je lui dirai moi-même. Au moins, je ne t’ai pas menti alors que j’en avais grandement envie en disant des trucs du genre : « Moi ? Sortir avec elle alors qu’il y a ce vampire dégueu qui lui tourne autour ? Ça va pas ! ». J’ai été honnête donc garde ce secret pour toi.

- Bouche cousue.

Soudain quelqu’un lui boucha la vue.

- C’est qui ?

- Avec cette voix d’ogre et les deux obus qui me colle le dos qui d’autre ça peut bien être que Mananélia.

La Fée lui donna un coup de genoux avant de l’attraper le torse depuis derrière.

- Tu viens danser avec moi ?

- J’ai déjà fait l’effort d’organiser cette fête alors danser, non merci. Je vais plutôt m’asseoir et attendre que cet anniversaire prenne fin.

- Allez viens.

- Mais je te dis non.

La Fée l’emporta avec lui en saluant au passage Mina, mais son étreinte fut de courte durée puisque le Héros s’en alla s’asseoir sur la chaise la plus proche qui est disponible. La Fée se traîna derrière lui, vivement accrochée à lui. Le Héros l’a cru pompette mais il se souvint n’avoir pris aucun alcool, elle était juste surexcitée. Elle finit par le lâcher et tous les deux s’assirent à une table où il n’y avait que les deux. Il appela un serveur pour qu’on leur serve deux boissons puis se retrouva seul avec elle qui le fixait avec un grand sourire étrange.

- Qu’est-ce qui t’arrive ?

- Je suis juste contente que tu sois restée.

- C’est parce que j’ai eu la flemme d’organiser ton anniversaire, sinon tu l’aurais eu deux semaines en avance.

- Je te connais comme si je t’avais fait et je savais pertinemment que tu ne t’attellerais pas à la tâche dès le premier jour.

- Tu vois, c’est pour ça que tu m’énerves, tu n’arrêtes pas de vouloir me piéger !

- Est-ce de ma faute si tu es aussi crédule ?

- L’audace !

Tous les deux rirent avant juste de s’installer confortablement l’un à côté de l’autre pour observer la foule danser à ce qui ressemblerait à un slow.

- Dire que cela aurait pu être nous deux, si tu n’étais pas aussi con…, chuchota la Fée.

- Moi ?

- Non, Benji. Il est revenu comme une fleur après des mois de disparition dans une mission inconnue et au lieu d’en profiter pour passer du temps avec moi, il préfère jouer avec ses amis et parler à d’autres filles.

- T’inquiète, le rassura le Héros, la prochaine fois, on dansera tous les deux. Peut-être même que je te chanterai une petite sérénade que j’aime particulièrement.

- C’est vrai ?

- Oui, mais pas aujourd’hui. Ce soir, je n’en ai aucune envie, en plus, je suis pas un très bon danseur.

- Je te prends au mot, tu as intérêt à tenir parole.

- C’est cela…

Il l’entoura de son bras et elle, elle déposa sa tête sur son épaule tout en le remerciant pour tout ce qu’il avait fait, puis elle lui dit une chose surprenante alors qu’elle commençait à s’assoupir.

- Je t’aime, mon héros.

Il se sentit étourdit par cette annonce et ne savait pas dans quel sens le prendre alors il prit cette déclaration sous le ton de la blague et lui répondit :

- Moi aussi, je m’aime.

La Fée pouffa et lui dit, avant de s’endormir :

- Qu’est-ce que tu peux être chiant…

Elle aussi semblait fatiguer par tous ces événements.

Le Héros attendit la fin de la fête pour la ramener chez elle, sur son dos, il la déposa sur son lit et la recouvrit de sa couverture de fleurs.

- Désolé gamine, mais manifestement, notre danse sera pour une prochaine fois… dans un autre monde.

Puis il s’enfuit par la fenêtre de la chambre de la princesse, la laissant dormir avec une larme coulant le long de sa joue.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire ImaginaryFlame ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0