Bon retour à Vicenti

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La vie dans un monde où le soleil ne pointe plus le bout de son nez est très compliqué : à quelle heure les enfants peuvent-ils sortir ou doivent-ils rentrer ? À quelle heure doit-on partir au travail ? Comment se lever le matin… sans matin ? À quelle heure le monde de la nuit peut-il se réveiller sachant que la nuit ne dort jamais ?

Toutes ces questions, l’humanité et les peuplades Féériques se les avaient posées.

Diverses alternatives ont été trouvées : la magie comme à Sylvania en créant un cycle jour nuit factice, réutiliser l’électricité avec une toute nouvelle énergie, permisse grâce à la magie ou avec d’anciennes techniques comme la géothermie ou les barrages hydrauliques.

C’était ainsi que les citoyens pouvaient vivre dans une société humaine moderne.

Néanmoins, le fait qu’il n’existait pas de ciel factice donnait lieu aux pires instincts des peuplades qui peuplaient cette ville. Crimes en tout genre prenaient place dans cette métropole technocratique : meurtres, viols, proxénétismes, esclavages, combats de rue, ventes d’armes illégales…

Une cité dirigée par le mystérieux docteur Gear-O, le plus grand marchand d’armes et scientifique de l’hémisphère Nord – mais pas meilleur marchand d’armes. Personne ne connaissait sa véritable identité, les gens de Vicenti ne connaissaient que ces mercen… policiers en charge de la sécurité de la ville et de ces androïdes qui se baladent dans toute la ville que cela soit de façon horizontale ou verticale. Il avait la charge de toute la politique de la ville, qu’elle soit énergétique, judicaire, médicale, culturelle et même éducationnelle…

Tout tournait en direction de cet homme avide de sciences et d’argent, néanmoins, il n’avait qu’un seul ennemi dans cette ville, un homme encore plus fourbe, envieux et psychotique que lui…

Vicenti était connu pour être la ville la plus meurtrière de toute la région, bien que son niveau technologique soit supérieur à toutes les autres qui s'étalaient sur le territoire, la métropole était le haut-lieu de toutes les discriminations et brimades que pouvaient subir tous les Féériques : arrachage d'oreilles pointues et d'ailes de fées ou d'autres créatures ailées, commerce d'écailles de tritons et de sirènes, torture, bastonnades, chasse à travers la ville de tout êtres magiques...

Un véritable repère pour les plus grands psychopathes des provinces qui l'entouraient.

Ce qui contrastait avec le fait que c'est ici qu'on pouvait retrouver les plus grands esprits de l'Humanité et qu’elle était la source de la renaissance technologique de l’humanité humaine.

Sans la découverte de la première Bibliothèque Universelle des Archivistes, les humains seraient encore à la merci des Féériques qui avaient pris le dessus sur la race humaine. C’est grâce à cette découverte que tous les objets intelligents type “holo” existent et que les Hommes sont allés au-delà de la science du XXIème siècle - âge où l’humanité perdit tout et que le Maléfique répandit ses nuages sombres dans le ciel de la Terre.

Mais la réputation de Vicenti, qui s'était forgée sur le fait d’être le centre névralgique des hautes sciences techniques et des hautes technologies, finit par être surpassé par ses jeux barbares. Des jeux où les Féériques étaient battus pour le bon plaisir du peuple humain.

Cela s’agissait-il de la vengeance des Hommes pour la souffrance que leur ont affligé les Féériques à cause de leurs faiblesses physiques, malgré l’acquisition des attributs génétiques au début de la fusion des mondes ? Où était-ce juste innée chez cette race qui n’avait de cesse de vivre dans la guerre ?

Bien évidemment, tout être humain étant en désaccord, ouvertement avec ce qui se tramait à Vicenti se retrouvait parmi les participants de ces jeux macabres ou étaient envoyés dans les sous-sols infernaux de la ville qu’on nommait « Les Catacombes ».

Cette cité était l’un des nombreux bastions de la cruauté des Hommes, peu importe son environnement ou ceux qu'ils tourmentent...

La fameuse ville dont avait fui les Trois-Rois Combattants - mais à leur époque, elle était moins grande, et ne se situait pas là.

Il n’y avait aucune once de vertu dans cette ville, et ce fut pourtant là que logeaient Berle, le Héros et son grand-frère Astéron. Pourquoi me tiriez-vous ? Hé bien, comme les autres habitants de cette ville, ils savaient que les possibilités ici étaient innombrables et invraisemblables : en une nuit, on pouvait devenir le chien personnel d’une riche milliardaire ou être ce riche milliardaire.

Entre les mines de Javinz où tous matériaux pouvaient être trouver et revendu, les groupes criminels qui s’enrichissaient grâce à différents business, les tests « médicaux » sur les sujets humains et Féériques qui pouvaient rapporter gros selon les risques, le groupe religieux de la Chimère Humaine Féérique qui était une secte qui s’enrichissait grâce à ses adeptes qui croyaient en une histoire fantasmagorique sur un dieu humain Féérique qui allait amener la paix entre les humains et les Féériques – finalement ce n’était aussi invraisemblable que l’histoire du héros et la fée de la légende…

Cette ville avait bon nombre de surprises… surtout quand on y descend dans ses profondeurs.

Je n’ai aucune idée de s’il était une bonne idée d’élever des enfants ici, mais ce n’est pas comme s’il était facile de rejoindre une autre ville quand on n’est pas dans un groupe de transfert ou le Héros lui-même.

En parlant de lui, Berle et le Héros revinrent dans leur escapade rocambolesque dans les rues de Vicenti. Ils prirent l’un des nombreux ascenseurs menant aux quartiers souterrains et y descendirent jusqu’au troisième souterrain.

Comme à Sylvania, plus on descendait dans les niveaux, plus la pauvreté et la criminalité se faisait ressentir.

Leur destination fut un bar, non loin du cœur du centre de ce quartier souterrain de la métropole vicentienne, se nommant « Le Coupe-jarret » – au vu du nom, les boissons qu’il devait offrir ne devait pas être fameuse si elles vous tranchaient la gorge – et avait tout sauf l’air d’une auberge de jeunesse, mais le héros était familier de cet endroit, c’est là qu’il y rencontre son employeur et grand-frère : Astéron.

Le héros rentra dans le bar, suivi de Berle qui partit dans sa chambre pour se changer et s’assit au comptoir, juste en face de son frère le barman.

Un homme blanc ayant environ presque la quarantaine mais paraissait en avoir à peine trente, il possédait un bras bionique émettant une lumière bleue, habillée de façon plutôt classe avec une chemise bien soignée, un pantalon noir de serveur et des mocassins brillants. Il était coiffé d’une coupe en brosse et avait les sourcils taillés et les ongles bien coupées sur sa main humaine qui était bandée – sûrement dû à un accident – et avait autour du cou diverses colliers avec divers pendentifs. Il avait les yeux bleus et une petite secrète sur le coin de l’une de ses tempes.

Un silence de plomb s’installa à l’arrivé du Héros. Les habitués le connaissant furent surpris de le voir après de si nombreux mois et détournèrent le regard, mais les autres s’interrogèrent sur la venue de celui qu’il prenait pour un chevalier dans cet endroit immonde où se réunissaient les pires rebuts de cette société déjà infâme.

- Salut gamin ! dit le barman de manière chaleureuse, qu’est-ce que tu souhaites ? J’imagine la même chose que d’habitude : une limonade bien fraîche !

Tous les non-habitués éclatèrent de rire.

- Donc un chevalier vient dans ce bar miteux pour prendre une boisson de pucelle ? gloussa un homme bien enrobé à la barbe bien fournie et à l’œil bionique bien dysfonctionnel, me fais pas rire ! Astéron, c’est ce genre d’énergumène que tu oses servir en notre présence ? Je croyais être venu dans l’endroit le plus testostéroné de cette foutue ville ! Même les femmes ici présentes ont plus de couilles que ce semblant d’homme.

- Bien dit ! ajoute un homme au fond de la pièce en levant sa pinte de bière.

- Mais les gars, je vous l’ai déjà dit : je sers qui je veux ! rit à son tour le barman, et je te l’ai déjà dit, Bistor : arrête de juger toutes les personnes qui ne correspondent à tes normes. Tu risquerais de bien être surpris. Comme la fois où une frêle demoiselle t’es rentré dedans et t’a rendu borgne, t’obligeant à prendre cet œil bas gamme qui commence à me rendre fous à force bouger dans tous les sens. T’es sûr que tu veux pas que je t’en refile un meilleur ?

- Pour que je te doive quelque chose qui va me mener vers une mort certaine ? ricana le gros soulard, tu peux toujours courir ! Et tu oublies de dire que cette jeune femme frêle n’était autre qu’une orc sous un enchantement l’ayant rendu humaine, rétorque le gros lard.

- Sachant ça, tu t’es empressée de la dénoncer, dit Astéron sur un ton moqueur, mais bon, ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui, surtout que j’ai une limonade à préparer, moi.

Pendant qu’Astéron se retourna, Bistor avala sa bière d’une traite, en laissant couler une énorme quantité sur son torse sale, rempli de poils hirsutes. Son ventre ressemblant plus un buisson qu’à celui d’une personne normal, avant de faire s’écraser le verre sur le comptoir l’explosant en mille morceaux de sa simple et de s’essuyer la bouche avec son bras aussi poilu que son torse – le héros se demandait pourquoi lui n’était pas considéré comme un Féérique alors qu’il tenait plus d’un ours-garou que d’un humain – et ce liquide jaunâtre coula le long de sa longue barbe comme si les gouttelettes qui composaient cette liqueur se perdaient dans le labyrinthe qui se créait dans son énorme barbe, pleine de poils et d’autres choses que je ne préfère pas décrire, pour, à la fin, finir sur le heaume du héros juste à côté de lui, juste par médisance et provocation.

Bistor prend un bout de verre pataugeant dans l’alcool ayant été renversé par d’autres clients avant lui et s’apprête à planter le barman.

- Tu oses prétendre que je suis un lâche, barman ?

Le Héros agrippa la main vers l’homme à la calvitie naissante et fit apparaître Ymir dans son autre main. Le tranchant de la lame pouvait couper aisément la peau de la gorge de l’assaillant d’Astéron sans pour autant le tuer en en faisant que l’approcher en le faisant s’étouffer dans son propre sang s’il lui avait tranché la gorge. Ce malotru se tourna, surpris par la réactivité de celui qu’il méprisait juste avant, et put apercevoir, à travers le casque de notre héros, ses yeux rouge écarlate rempli de haine à son égard.

- Mais tu n’avais pas d’arme en arrivant…

- Tu vois, ça recommence, dit Astéron en mettant les glaçons, tu méprises un mec que tu connais pas et tu t’étonnes que tu te fasses avoir. La dernière fois, c’était par une femme – orc, je te le concède –, maintenant, c’est un enfant.

- Qu’est-ce que tu me chantes là ?

Le barman finit de préparer cette limonade spéciale et l’apporte à son employé.

- Tiens. Aussi frais que tu les aimes.

- Réponds, crapule ! insiste Bistor. Ce gars ne peut pas être un enfant, sa manière de manier l’épée aussi adroitement est digne des plus grands épéistes de ce monde.

- Il est vrai que sa façon de manier l’épée m’étonne, lui concéda le barman, il a dû s’améliorer après son départ. Mais si c’est cela qui t’étonne, tu ne feras pas long feu à l’extérieur. Bien sûr, en dehors des sentiers tracés par les leaders de Vicenti, se rajouta Astéron avec moquerie, de plus, ta remarque exprime que tu n’es rien face à lui, tu es comme un enfant face à un boxeur pro qui trouve ses gestes et ses mouvements incroyables sans savoir pourquoi ses gestes et ses mouvements sont incroyables. Mais je veux bien l’avouer, ce n’est pas un enfant, c’est un adolescent.

- Ne te moque pas de moi ! Cela revient au même ! Et toi, hurle Bistor, ne reste pas planter là sans parler !

- Du calme, du calme. Je te trouve bien sûr de toi à crier et hurler comme si tu avais la situation en main alors que mon « garde du corps » est prêt à te trancher la gorge au moindre faux pas…

Le gros bonhomme se mit à ruminer sans trouver quelque chose à dire.

- J’espère que tu as désormais compris l’erreur que tu as commise en tentant de me tuer par derrière comme le pleutre que tu es. Et gamin, relâche-le, lui ordonna Astéron, tu te fatigues pour rien, surtout que j’avais pas besoin que tu me défendes, bougre d’âne, se vexa-t-il, c’est moi, ton grand-frère, pas l’inverse.

Le jeune adolescent, affublé de cette armure trop grande pour son corps frêle, mit Ymir dans son dos, et dégusta son verre de limonade avec la paille que lui a gentiment mis Astéron, la faisant passer à travers son casque.

- Tu vois, tu étais en colère parce que je t’ai mis de force dans le bras ce talisman que t’a donné Helmir, finalement, il te sert.

Le héros ne répond que par un grognement, et les autres personnes poussent un cri d’effroi.

- C’est bon, vous aussi ! s’énerva Astéron, vous faites les offusqués alors que vous profitez du marché noir juste en-dessous, bande d’hypocrites.

Bistor resta en retrait, méfiant.

Le regard qu’il jeta au héros était un mélange entre de la peur et de colère.

Puis il regarda autour de lui et remarqua les gens qui étaient effrayés par la présence de ce chevalier. Il pouvait paraître n’avoir que de l’eau dans le crâne et ressembler à un nain – ce qui lui valait d’être souvent mis en prison et persécuté puisqu’on le prenait vraiment pour un nain – géant, il avait tout de même assez de jugeote pour savoir quand l’ambiance devient bien plus que pesante. Notamment il comprenait facilement que ce gamin n’était pas juste un mec lambda sirotant une boisson de « fiotte » dans un endroit fait pour les hommes. L’aura désagréable qu’il ressentait autour de ce gosse le mettait étrangement mal à l’aise, comme si… comme si… comme s’il n’était pas humain.

Le vieux mineur au ventre imposant s’approcha de l’adolescent, il fut arrêté par Asteron qui le prit par l’épaule.

- Je serai toi, je ne ferai pas ça, l’avertit le barman à la chevelure lumineuse comme le soleil, je suis peut-être plus fort que ce gosse, mais contrairement lui, je fais preuve d’une once de pitié même pour les gens que j’hais mais lui… Sois en certain que je ne pourrais rien faire.

- Foutaises ! s’insurge le nain géant.

Il retire la main d’Asteron de son épaule et fonce vers celui qui l’a offensé, il lui met un coup en pleine face, ce qui lui retire le casque qui cachait son visage, un grand cri retentit dans l’assemblée, le barman baissa la tête et se frotte les yeux, puis s’en va prendre un seau et une serpillère. Une partie du visage du héros était à découvert : deux balafres sur sa joue droite qui se mette à saigner abondamment et le côté visible de ses lèvres était plein de petites blessures qui se mettent à s’ouvrir.

- Je te savais bête mais là…, souffle Asteron en colère, la seule chose que je puisse te conseiller, c’est de t’excuser.

- Ne te fous pas de moi ! Ce n’est pas un avorton comme lui qui va…

Il ne termina pas sa phrase, tremblant comme une feuille, toute la graisse qui compose son affreux corps vibre comme s’il était un énorme flan de chair, la peur envahit chaque vibre de son corps, Bistor se retrouva incapable de bouger sous le regard enragé du héros.

- Il y a peu de personnes que je considère et que je n’arrive pas à tenir en respect, avoua le barman, et ce gamin en fait partie, tout ça à cause d’une seule chose…

Le jeune homme prit délicatement Ymir qui se trouvait dans son dos et la tendit vers ses pieds, les inscriptions qui se trouvaient sur lame s'illuminèrent d’une mystérieuse couleur blanche toute brillante, une aura rouge entoura le fer de l’épée, les yeux du Héros brillèrent d’un éclat rouge et ses iris ont disparu.

Le garçon vêtu de son armure toute crasseuse s’avança vers Bistor, celui-ci arriva enfin à se libérer de sa torpeur et s’élança vers le héros pour l’attaquer prêt à lui briser tous les membres à la force de ses deux bras de brute. Cependant, d’un simple mouvement de lame, le héros lui trancha ses fameux avant-bras dont Bistor était fier puis lui mit une balayette et lui trancha la jambe gauche avant de nouveau ranger Ymir dans son dos et de repartir s’asseoir à sa place. Il reprit son heaume qui trainait sur le sol et le remit sur sa tête, laissant l’homme qui l’avait offensé se tordre de douleur et se vider de son sang.

Un homme trapu qui se trouvait à côté de Bistor demanda à Asteron comment un si jeune garçon peut-t-il être aussi fort.

- Parce qu’il est celui qui a tué le roi des griffons, qui a abattu à lui tout seul l’armée de mutants du Maître, mais surtout qui est la cause annihilation du village tristement célèbre de Novillios. Il est l’Abomination Noire de Vicenti.

L’homme qui lui a posé la question déglutit bruyamment, effrayé par la révélation que vient de lui faire le barman.

- La première erreur qu’il a commise a été de l’appeler « chevalier » à cause de son armure. Mon frère déteste qu’on l’appelle comme ça. Apparemment, l’un d’eux à tuer sa mère…

Les gens détournèrent le regard de la bagarre qui avait eu lieu sous leurs yeux, espérant que le Héros ne prenne pas leurs misérables vies.

Après le grabuge qu’a causé notre héros, à la fin du service, Asteron le retrouva dans sa chambre où il s’était réfugié pour être à l’écart de ces gens qu’il trouvait indésirable. Le barman se placa devant son miroir et recoiffa sa longue crinière blonde, il retira sa chemise tâchée par le sang de son ignoble client, révélant son torse musculeux, plein de scarifications et de vielles brûlures, il se frotte les poignets, retira son bandage, dévoilant l’ablation de l’un des ses doigts, puis mit un coup de poing sur le haut du crâne de son frère, toujours protégé par son casque.

- C’est pas possible ! Tu pourrais faire moins le bordel à chacune de tes arrivées.

Le héros répond juste par un grognement. Asteron soupira d’exaspération. Il alluma une cigarette et en tendit une vers le héros. Il secoue la tête pour exprimer son refus.

- Comme tu veux. Je dois néanmoins te féliciter, tu ne l’as pas tué. Tu l’as estropié et lui donna l’allure d’une nugget, mais tu ne l’as pas tué. On avance. Quelqu’un t’a donné des leçons de bonne conduite pendant ta disparition de plusieurs mois ? lui demanda ironiquement Astéron.

Le garçon muet lui prit la boite d’allumettes avec laquelle il a allumé sa cigarette et alluma l’une d’entre elles et approcha sa flamme vers la bougie qui se trouvait sur la table de chevet que lui avait offerte son frère.

- Mais parle, on est que tous les deux, merde !

Le barman pencha sa tête en arrière et expira la fumée de sa cigarette dans les airs.

- J’ai appris que tu avais fait s’écrouler la Tour Eiffel où se résidait une succube-ogresse. J’imagine que ça devait être une Némésis pour que tu causes autant de dégâts. Tu devrais ne pas attirer autant l’attention vers toi. Cela pourrait devenir compliquer pour nos opérations.

Le Héros souffle du nez.

- Tu ris, mais c’est bien à cause de toi que je le retrouve à chercher des objets qui pourraient contrer ton attribut génétique et te faire accéder à la mémoire des anciens héros de façon complète, lui rappela Astéron, d’ailleurs, tu as encore entendu sa voix ou pas ? Celle de ta grande sœur Zelda ?

Le Héros secoua la tête.

- Je vois. Ton attribut génétique se renforce.

Il n’y avait pas qu’en songes et en souvenir que le Héros se rappelait sa sœur disparue. Depuis une ou deux années, il se trouvait qu’il entendait une voix qui lui faisait penser à elle. C’était bien trop récurrent pour être une hallucination et il l’entendait clairement l’appeler.

Il ne savait pas s’il s’agissait d’un tour du Némésis pour le tourmenter, mais aucun de ceux qu’il avait réussi à interroger ne lui répondit clairement et savait où se trouvait sa sœur, alors il laissa tomber et poursuivit sa quête de vengeance comme de si rien n’était.

Tout de même, il se disait, au fond de lui, que s’il existait une mince possibilité que Zelda soit vivante, il la saisirait.

Il ne pouvait laisser une personne de plus, qu’il appréciait, mourir des mains de cette immonde Némésis.

Le héros se leva, posa son heaume sur le lit d’Asteron et s’assit sur une chaise, là où la lumière des bougies ne l’atteignait pas. Sur son visage, seuls ses yeux rouges sont visibles dans la pénombre, son regard se tourna vers la plus grande tour de la cité de Vicenti : Gear-O Tower. Là où étaient créés les plus perfides des armes, utilisant comme cobaye tous les Féériques que les autorités réussissaient à obtenir, morts ou vifs.

Les humains ayant une quelconque appartenance, une quelconque affiliation aux Féériques, ou à une quelconque magie, y étaient traités de la même manière, et même pire, vu qu’ils étaient considérés comme des traîtres au sein du peuple.

Beaucoup d’entre eux étaient crucifiés, écartelés ou pire…

Tout cela au sein des jeux vicentiens pour servir d’exemple à la population vicentienne, s’ils n’étaient pas jetés dans le trou sans fond en dessous de cette église factice et de la Gear-O Tower.

Alors envoyer son jeune frère muet qui avait en lui une malédiction qui ne faisait que s’accroître en puissance chaque jour depuis qu’il a été maudit, faisant de lui une anomalie parmi ceux qu’ils détestent, voire un ennemi commun, était l’envoyer à l’abattoir.

Bien heureusement, ce n’était pas le lieu où comptait l’envoyer son frère – pour le moment, mais dans un endroit encore pire. Bien en bas de la cité viecentienne, là où aucune lumière ne pouvait ressortir : « le Trou d’Elaris ».

Une tour de Babel inversée qui descendait jusque dans les profondeurs de la terre, où vivaient les expériences ratées et inutiles qui avaient été jetés par les agents de la Gear-O Tower, où avaient naquit tout type de bêtes dont des mutants, où se réfugiaient les plus pauvres de cette ville, incapable de pouvoir se loger dans les sous-sols ou à la surface, où les plus grands criminels, les plus hargneux et les plus meurtriers y faisaient leurs domiciles, et où avaient pris domicile des machines quadripèdes et bipèdes meurtrières qu’on appelait autrefois de « Sentinelles-Gardiennes » qui étaient en charge de la gestion de la ville avant de complètement dérailler et de tuer une multitude de civils innocents. Ils finirent par être envoyés dans le labyrinthe qui composait les tréfonds de la Tour Renversée d’Elaris.

Un lieu plus que dangereux pour quiconque s’amuserait à y descendre, même pour le Héros s’il ne fait pas attention.

Cependant, la confiance qu’avait Astéron envers son subordonné/petit-frère casse-cou était tellement sans faille que la moindre idée qu’il puisse avoir une chance de mourir ne put atteindre son esprit – en même temps, il était immortel.

Cette mission serait vraiment pour lui une simple mission de routine, malgré la dangerosité du lieu.

Le héros leva ses deux mains, mais il est stoppé par Astéron qui secoua sa main.

- Ne tente même pas de parler la langue des signes, dit le barman d’un ton exaspéré, le col de ton heaume ne fonctionne plus pour t’exprimer sans ouvrir ta parole ? Passe-le-moi, je vais te réparer ça. Demain, ça devrait être prêt. Mais je sais déjà ce que tu vas me demander : quand est-ce que le système va fonctionner ? Ne t’inquiète pas, cette fois, j’ai presque réuni tout le matériel nécessaire pour l’améliorer.

Astéron décrocha le collier du col du casque et le mit sur sa table de travail, sortit d’un tiroir, une dizaine d’outils de pointe et commença à le trifouiller. Il réfléchit à peut-être modifier la forme du casque du Héros puisqu’il allait pouvoir retrouver plus facilement le meurtrier de sa mère. Il aurait plus besoin d’enquêter avec cette horrible modèle.

Le garçon n’eut pu cacher son extase de savoir qu’il allait pouvoir entendre la source de cette voix et peut-être pouvoir communiquer avec les anciens héros. Non pas qu’il en avait quelque chose à foutre d’eux, mais c’était surtout qu’il voulait réentendre la voix de sa défunte mère hors de ses macabres souvenirs. Mais en y repensant, sa rancœur envers elle revint, elle était tout de même la cause du fait qu’il se devait de parcourir le monde à la recherche de cet être démoniaque qu’était le Némésis car s’il se laissait à vouloir fuir son devoir, c’était le Némésis et sa horde qui le rattraperait – comme il l’avait fait avec la mère du Héros.

Ce grand sourire qui se tordait de rage le faisait ressembler à une apparition démoniaque dans l’obscurité de la chambre. Heureusement Astéron était bien trop absorbé dans la réparation du collier de parole du Héros pour être effrayé par les grimaces de son frangin qui tenait plus d’une hallucination diabolique d’un esprit vengeur que d’un véritable être humain.

Astéron lui suggéra d’aller se reposer dans SA chambre puisque demain, il allait avoir beaucoup de travail. Le Héros accepta et partit s’y réfugier, s’affalant larvement sur son lit, sans même prendre le temps de se changer ou de se laver – un comportement que déplorait durement Astéron.

Le barman prit une pause dans sa réparation du collier et se plaça à sa fenêtre.

Il allait bientôt permettre au Héros de retrouver beaucoup plus facilement la piste du Némésis, en plus de permettre pouvoir communiquer avec les anciens héros, et donc le mener à la conclusion de sa quête finale de vengeance.

Il fixa sa cigarette qui n’était plus qu’un tube de cendres tenait miraculeusement juste en étant rattaché au mégot. Il tira une nouvelle fois sur sa clope qui devenait humide, non pas par la pluie battante qui déferlait devant lui mais par les larmes de son seul œil qui n’était pas mort. Il sentait que c’était la fin de quelque chose qui approchait, il aurait voulu l’éviter mais c’est la voie que son protégé à décider d’arpenter, et il n’avait aucun droit de l’en empêcher. Il aurait tout de même voulu pouvoir faire goûter à l’âme de son petit-frère autre chose que la haine qu’elle réclame depuis tout ce temps…

Mais il n’a pas l’air d’être la bonne personne pour cela.

Astéron partit s’asseoir sur son fauteuil et prit sa télécommande et alluma sa télé et mettant le programme « Souvenirs », plaça le casque à souvenirs sur sa tête et le fit faire son office, il arpenta ses souvenirs jusqu’à sa rencontre avec le garçon.

Quel doux et malheureux enfant était-il…

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