Version de 2009
Ridicule
J’ai l’impression d’être complètement ridicule,
en effet, les pellicules pullulent sur mon pull.
Elles y circulent, et sans cesse s’y bousculent
Je suis tel un monticule, sur qui ces corpuscules
S’accumulent, basculent , et s’en capsulent.
Sans scrupules elles spéculent,
c’est sans fin qu’elles copulent,
gesticulent, remuent et s’acculent
sur ma laine vierge qu’elles maculent.
Quand à mon minet coiffeur Jules,
« Je suis dans la merdouille » j’articule,
Y me dit Deck, tu simules, déroule le pécule.
Je suis pas du genre lèche-cul, sois un peu plus crédule,
Prends là les jaunes gélules, qu’ont l’adaptée formule,
Pleine de complexes et appropriées molécules
Ainsi tes pellicules, elles capitulent et circulent.
Aussi je ne recule, pire que ça, ça me stimule,
Ma bourse je bouscule, achète les grosses granules,
La boite de capsules d’un jet la décapsule,
Puis trois par trois en bouche les inocule.
Ensuite bien coiffé en tout horizon déambule,
mais l’effet des capsules n’a qu’un temps et bascule,
Et l’on me regarde alors comme un somnambule,
a la lumière du jour tel un vrai noctambule.
Moi qui faisais des calculs pour être vice-consul
On m’a dit sans formule « passer pas le vestibule,
vous êtes le véhicule de gros, gras groupuscules. ».
Aussi obligé, un demi-tour, et je recule,
Je retourne en parler à mon conseiller Jules
Qui me dit aussi sec n’avale pas la pilule,
Retournes-y, il faut que tu les bouscule.
Aussi j’y reviens, plus gonflé que Hercule.
Mais au moment crucial du conciliabule :
Sans égards, avec dédain, l’on me récapitule,
« Monsieur, vous êtes sans aucun scrupule,
Vous postuliez là, à moins d’un tour de pendule,
On vous a reconnu, vous, à toutes ces particules,
accumulées là, posées sur vos deux clavicules.
Sans rien me demander, on note mon matricule.
Je suis pris alors au col comme par une tentacule
Sans aucun préambule on me dit « toi régule »
Puis on me manipule comme un vulgaire bidule ,
Avec extrême violence, on me jette au fond de mon véhicule.
Un haut-parleur rageur alors hurle « circule, toi, minuscule !
Si tu reviens par ici, on te fout des coups de spatule,
Jusqu’à ce qu’on t’aplatisse, jusqu’à ce qu’on t’annule !».
J’en ressors ventre à terre, à plat sur les rotules,
Là je me dis Deck, enfin, faut que tu capitules,
De plus en plus t’avances, de plus en plus tu recules,
T’as progressé très fort, en virtuose, habile, excellent nul.
D’ailleurs, tu te fais des cheveux, qu’ont de plus en plus de pellicules.
Et tout ça, en outre, j’accumule, ne crois pas que j’affabule.
Pour qu’enfin je me régule et qu’au bout je me stimule,
Tel le petit oiseau, perdu, très plumé, qui bout, je me hulule :
Il faut maintenant que je postule pour de sérieuses, et bonnes pilules,
Car vraiment ce qui me mine, ce qui me tue, c’est que je me sens ridicule.
Pas de photos, s’il vous plaît, je hais les pellicules !
Deck Bonbeck, le 28 mars 2009.
(Deck Bonbeck a été l'un de mes premiers noms de scène.)
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