Le martyr d'une vertu poussiéreuse
Affligé d’un tic nerveux,
Un ver luisant sans cesse agite son lampion.
L’humeur curieuse, je m’approche.
Tel un messager, sa pâle luminescence renseigne une trappe.
Je la soulève.
Une oubliette
Depuis des siècles
Dans l’obscurité et la solitude
Y croupissent des fragments d’empathie.
Sublimé
A pleines poignées
Je récolte ces divines reliques.
Gage de fraternité, d’amour.
Enfin rassuré, je me hasarde en territoire hostile.
En territoire humain.
Désorienté sur la voie des énergies contrariées
La réalité me heurte violemment.
Du sang sur les pavés
Du sang sur les champs de bataille
Du sang sous les semelles des ombres fuyantes.
Sans appel, la loi me donne tort.
L’ambulancier, respectueux de son devoir
Sciemment prend du retard
Pour déposer sa cargaison à hôpital.
Le regard pointé sur les aléas de ma destinée
Face un masque affairé
J’exhibe mes plaies.
J’exprime ma douleur.
Soudain, le cerbère de la grande cohésion exige :
« Carte de sécurité sociale !»
Panique
Feu rouge
Mon matricule d’identité dans l’accident, j’ai égaré.
Aux objets perdus, il m’oriente.
Un séide
Mi juge, Mi bourreau m’ordonne d’attendre.
Un an et un jour plus tard
Pointant son doigt inquisiteur dans ma direction :
«La mort !»
La lame de la grande faucheuse me tranche la tête.
Avec le fil bariolé de cette histoire
Je suture cette césure injustifiée.
A la Source de mes tourments
Je retourne.
Résigné, mais soulagé, je replace dans sa prison d’éternité
Cette vertu poussiéreuse que naïvement, j’avais convoitée.
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