Chapitre 3
La gestion des terres n'est qu'une façade. La vraie menace venait des hommes qui pensaient qu'une femme seule était un fruit mûr à cueillir.
Le Baron de Grise-Roche, mon voisin, m'envoyait des messages mielleux, pleins de compliments sur mon courage et de sous-entendus sur sa protection nécessaire. Il voulait mes forêts et l'accès à la rivière.
À chaque missive, il fallait tisser une toile de mensonges et de promesses évasives.
J'ai invité le Comte de Val-Noir, son pire ennemi, à un festin. J'ai misé sur son orgueil.
J'ai fait étaler mes richesses, j'ai promis le mariage de ma nièce à son fils, et j'ai surtout veillé à ce qu'il entende, par un murmure bien placé, que Grise-Roche me faisait la cour.
Rien n'unit deux hommes comme la jalousie d'un bien qu'ils convoitent tous les deux. En quelques semaines, Val-Noir était devenu mon allié tacite, non par amitié, mais par peur que Grise-Roche ne gagne mon domaine et sa puissance.
L'amour des Seigneurs est un conte de fées, mais leur avidité, ça, c'est la seule vérité universelle de ce siècle.

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