Kastimia

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Je suis chez moi, seule, assise en tailleur sur le sol de ma chambre, en pleine nuit. Un livre sur les genoux. Je commence à m'endormir sur mon chapitre. Je suis presque à la fin d'Assassynth, tome cinq et j'espère que je pourrai le rendre à temps à la bibliothèque.

Alors que je suis plongée dans ma lecture, et que des images mentales dignent des meilleurs films d'action du moment passent dans ma tête, j'entends un bruit, en bas. Je me dis que c'est un des chats ou le chien, et reprends ma lecture. Quel combat incroyable ! Et ça frappe, et ça cogne, et ça tire ! Mais le bruit recommence. Cette fois-ci, je m'interromps et écoute. Encore... On dirait le bruit d'une tasse, qu'on repose sur une soucoupe... Un léger "ding".

Intriguée, je descends silencieusement les escaliers. Je connaîs bien cette maison, je sais comment ne pas la faire grincer ou craquer. Là, immobile, j'attends. "Ding". La cuisine, à droite, au bout du couloir.

Trois, deux, un ! Je déboule dans la pièce et tombe nez-à-nez avec un parfait inconnu. Un chapeau m'empêche de voir sa tête. Il est assez grand, porte un costume noir très élégant. Je suspends la claque que je m'apprête à lui asséner. J'ai un faible pour les costumes et je ne peux m'empêcher de demander :

  • C'est quelle marque ?

Déboussolé par ma remarque, il repose la tasse à toute vitesse, laisse tomber un papier au sol et court dans le salon. Je le poursuis, mais il traverse la porte-fenêtre et part dans le jardin. Le temps que je le rattrape, il a disparu. Je le cherche avec attention, mais ma maison est trop petite pour qu'il se cache. J'abandonne et retourne dans la cuisine, hésitant à appeler la police. Là, je revois le morceau de parchemin qu'il avait lâché.

Je le récupère. Il s'agit d'une lettre, avec un cacher de cire. Pas d'adresse ou de timbre... Je l'ouvre, curieuse. Mais à peine ai-je retiré le papier de l'enveloppe que ma tête se met à tourner et je m'évanouie là, dans ma cuisine.

Pourtant, quand j'ouvre les yeux, je suis autre part. Je bouge un peu la tête. C'est un rêve ? Non, j'ai trop mal au crâne pour ça... Mais où-suis je ? Alors que mille pensées tournent dans ma tête, j'entends une voix qui m'interpelle.

  • Milia, tu es réveillée. C'est parfait.
  • Hu ?

C'est la seule chose que j'arrive à articuler. Je secoue la tête. Je n'ai pas mes lunettes, je vois flou.

  • Ah oui, reprend-t-il, tes lunettes. Tiens.

Je m'empresse de les mettre et un nouveau "Hu ?" s'échappe de ma bouche. Je suis face à un jeune homme, avec les cheveux violets, les yeux verts feuille et la peau mat.

  • T'es qui ? je parviens à demander.
  • Sufio, maître de la Garde de Kastimia. Avant que tu ne demandes, je sais que je suis beau, mais j'ai quatre cent trentre-trois ans, alors c'est mort.
  • Mais t'es ni sage, ni modeste. Et pas mon style. Prendre de l'âge t'as servit à rien, on dirait...

J'y suis peut-être allée fort... Mais il est trop arrogant à mon goût. Pourtant, il se met à rire.

  • Ahahah ! Quelqu'un qui ne tombe pas sous mon charme ! Pff... Ahahah !

Je cligne plusieurs fois des yeux.

  • Désolé mais je suis sérieuse. Et je suis pas branchée inconnu... Je veux dire : t'es pas mon style, on ne se connaît pas, t'es hautain comme pas possible, tu m'expliques même pas où je suis !
  • Je te l'ai dis, tu es à Kastimia, Monde à... dix-huit Porte-à-Monde de chez toi.
  • Porte-à- Quoi ?
  • Porte-à-Monde. soupire-t-il, un poil agacé. En gros, ton Monde possède une Porte-à-Monde, qui lui permet de voyager d'Univers en Univers. Et on a besoin de toi.
  • Pourquoi ?
  • Tu écris ?
  • Oui.
  • Voilà.
  • ... Je... ne comprends pas.
  • En gros, j'ai égaré la couronne du roi. Ici, tout ce qu'on écrit prend vie, à condition que la personne qui écrive vient d'un autre Univers. Je sais, cette règle est stupide, mais l'auteur de cette histoire, qui est toi techniquement, n'avait pas d'autres idées pour expliquer ta venue. Sa venue... Bref !
  • Le seul truc que j'ai compris c'est que t'as perdu la couronne du roi et que toi, tu n'es pas doué... Vous avez un roi ? Un vrai ? Avec une tête sur les épaules ? Il est pas encore mort à cause de je-ne-sais quelle révolution ?
  • Non... Pourquoi ?
  • Pour rien, laisse tomber. Donc, j'écris ta couronne et toi, tu me laisses rentrer chez moi ?
  • Tu ne poses pas de question ? Tu ne veux pas visiter l'endroit, avoir un date avec moi ?
  • Non.
  • Ah. Mais...
  • Stop ! Je suis en pleine lecture d'Assassynth, il me reste quatre jours avant de le rendre ! Alors, je vais la dessiner, ta couronne de brownie ! Et après, tu me ramènes chez moi ! Et non, pas de dernier verre, j'ai dix-huit ans !

Il affiche une mine déçue.

  • Bon... Tiens.

Il me tend un papier, un crayon et un support. Je me relève, prête à écrire.

  • Bon, elle ressemble à quoi, cette couronne.
  • Large, dorée, avec des pierres précieuses. répond-t-il du tac au tac.

Je me mords la lèvre et rétorque :

  • Si tu veux une couronne en carton moisi, donne moi encore moins de précisions.
  • Qu'est-ce qui ne va pas dans ma description ?
  • Oh rien...

Je me penche et écris : "La couronne du roi était dorée et large. Des pierres précieuses servaient de décoration.". Un couronne aussi grande que mon tour de taille, taillée grossiérement, faite d'un or pas très pur et agrémentée de pierres qui semblaient fausses, apparaît.

  • Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Sufio en la prenant.
  • La couronne.
  • Mais elle ne ressemble pas à ça !
  • Est-ce mon problème ? Vous m'avez demandé une couronne, en voici une.
  • Mais...
  • Voilà. Maintenant que vous avez compris le problème, donnez-moi des détails sur cette couronne.
  • C'est-à-dire ?
  • Vous ne décrivez jamais des trucs ?
  • Mes conquêtes.
  • Et bah, vous faites la même chose : mais au lieu de décrire la contrée, les coutumes... vous me parlez de la couronne.
  • Non, non, non : mes conquêtes ! Les filles.

Je le regarde, sidérée.

  • Vous êtes pire que ce que je pensais... Bref, la couronne.
  • Bah... Elle fait trente centimètres de diamètre, or vingt-quatre carats. Dix-huit centimètre de haut pour l'extrémité centrale. Les deux autres se situent à deux centimètres, pour dix de haut. Les pierres précieuses sont : un rubis au centre, à cinq centimètre du bas de la couronne. Sur sa gauche, à huit centimètre et demi, un saphir, pareil de l'autre côté.

Je marque une pose et le regarde fixement.

  • Vous savez ça depuis le début ?
  • Ma foi, oui, c'est la couronne et j'en suis le gardien.
  • Et vous n'êtes pas fichu de me dire ça plus tôt ?!
  • Mais...
  • Pfou... Calme-toi Milia, c'est pas bon pour ton cœur...
  • Et elle est forgée par notre technologie laser.
  • Laser et Roi ? Qu'est-ce qui est normal ou logique dans ce Monde ?
  • Quoi ? Il y a un problème ?
  • Non, je suis plus à ça près...

Je me penche à nouveau sur la feuille et écris ce qu'il vient de me dire, mais à ma sauce. La couronne apparaît. Il la prend et l'observe vagument. Finalement, un grand sourire éclaire son visage.

  • Elle est parfaite !
  • Je sais, je sais. dis-je.
  • Bon, en récompense...
  • Je vais rentrer chez moi !
  • ... tu vas avoir la chance...
  • Si tu me proposes un date, je te tue.
  • ... de rencontrer sa Majesté ! Seul lui peut ouvrir le portail et te renvoyer chez toi.
  • ... Mais comment tu as fait pour m'ammener ici sans que le roi le devine ?
  • Il faut le roi pour partir, pas pour arriver.

Un blanc. Je soupire :

  • Encore un coup de...
  • Cette autrice qui est en panne sèche d'inspiration pour boucler cette histoire.
  • Je ne m'étonne pas.

Au même moment, la porte s'ouvre et le roi apparaît :

  • Je suis sa Majesté et j'ai entendu dire que Sufio a perdu ma couronne ! Je viens d'arriver mais je connais toute l'histoire parce que, sinon, mon entrée ne serait pas aussi magistrale !
  • Majesté !

Sufio s'agenouille.

  • Bien sûr que non, je n'ai pas perdu la couronne ! La voici !
  • Je vois... Mais la prochaine fois que tu reçois le roi, penses à faire partir ta dernière conquête de ton lit...
  • Eh là ! Y a erreur sur la personne ! m'écrié-je. Je veux juste rentrer chez moi !
  • Si tu veux. rétorque le roi.

Il lance un collier à Sufio.

  • Tiens, passe lui le Transporteur, qu'elle retourne chez elle.

Sufio s'empresse de me passer le collier autour du cou.

  • Encore merci... il murmure.
  • Ne me remercie pas trop vite...

J'affiche un sourire narquois. Au moment où je me sens partir, j'entends le roi qui demande :

  • Dis Sufio, ça veut dire quoi "Made in China" ?

Je me réveille sur le sol de ma cuisine.

  • Cheh !

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