XXV
Encore une maison, et il serait libéré de sa besogne. Idrus ajusta son sac à bandoulière, chercha les derniers paquets puis se présenta devant une double porte fermée. Au moment de frapper, celle-ci s’ouvrit. Un homme d’une taille imposante se tenait face à lui. Des cheveux blonds attachés en queue-de-cheval. Des yeux bleus remplis de confusion. Une barbe mal taillée. Des vêtements teintés et magnifiés par des carrés de tissus colorés.
— Le facteur ? Ben, tu t’es perdu ? Je t’attendais, moi !
Idrus ne put en placer une. Il fut pratiquement jeté à l’intérieur de la maison. La porte se ferma, le plongeant dans une quasi-obscurité totale. Il tendit ses paquets à leur destinataire tout en promenant son regard autour de lui.
— Viens t’asseoir, je t’offre un verre, lui ordonna l’homme en le poussant dans le salon avant de s’éloigner à grand pas vers la cuisine.
Idrus marqua un arrêt total. Un adolescent, partageant de fortes caratéristiques avec le maître des lieux, jouait à se balancer à un lustre robuste. Le voyageur grimaça. Il l’évita de justesse et vint s’installer sur un canapé squelettique. Les autres assises ne lui inspiraient guère confiance. Un fauteuil déchiqueté avec en son centre un trou d’où une odeur nauséabonde s’y dégageait. Un autre sofa, en face de lui, était encombré de divers crânes.
— Pierre, va jouer dehors, tu vas encore le casser ! rugit son hôte apparaissant dans la pièce avec une jarre de jus d’orange alcoolique.
Idrus huma. Encore une belle journée dans la Brume Froide. Au moins, il profitait d’une pause avant d’entamer le retour à la maison. La Cité des Sables n’était pas la porte à côté.

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