Enfouis dans les ombres, sous terre ou dissimulés dans le ciel, les hameaux et cités avaient disparu afin que la Chasse ait lieu. Il faisait plus froid d’ordinaire. Plus sombre, également. La Brume Froide se déchaînait. Un écho funeste. Des cavaliers arpentaient les frimas, accompagnés des loups de Fain i rir, des soldats à la lance et des archers à pied, et commandaient ainsi une démarche froide et terrible. Une clameur silencieuse s’élevait, poussait les proies, les criminels, à s’enfoncer davantage dans l’obscurité du territoire. Les Seigneurs de Guerre se réunissaient de temps à autre, quadrillaient les provinces et coordonnaient les troupes.

Kassandra contemplait le futur, assise dans la salle principale de son temple, avec pour seule compagnie, la Dame d’Ailleurs.

— Ne rejoignez-vous pas vos camarades pour la Chasse ? demanda Kassandra, curieuse de comprendre pourquoi la chair de la Guerre demeurait à ses côtés.

— Cher Oracle, n’entendez-vous pas les tambours de la guerre ? Dame de Brume m’a demandé de rester à vos côtés. Elle craint que cette Chasse ne soit qu’un prétexte.

La Dame d’Ailleurs se tut. Ses yeux tombèrent sur les portes entrouvertes du temple. L’Oracle comprit, et des brides du futur lui parvenirent aussitôt.

— La Guerre, Arès ou Mars ou Drès, selon les croyances, Père, s’est révélée à moi. La récompense tant attendue, ma chère, se trouve au-delà de nos frontières. Cette guerre sera terrible, sauf si nous l’empêchions de commencer.

La Dame d’Ailleurs se leva. Elle tendit la main vers Kassandra, celle-ci, comprenant ses attentions, l’attrapa. Elle fut tirée sur ses pieds, et en un souffle, les deux femmes s’évanouirent dans la pénombre. Au même moment, l’envahisseur déboula dans le temple par le biais des portes.