Chapitre 1
- Debout ! cria un garde en uniforme de police. Nous sommes bientôt arrivés !
Les yeux de Simon s’ouvrirent lentement. Assis sur le sol de sa petite cellule, à peine éclairée par une lumière blanche suspendue au plafond, il distinguait une autre lueur passant par le minuscule hublot du bateau. En regardant à travers la vitre, il aperçut les vagues puissantes de la mer frapper la coque.
- Le mal de mer hein ? demanda un homme dans la cellule à côté de la sienne.
Sans se retourner ni répondre à la question, Simon continuai de regarder la mer se déchainer en pleine tempête.
- J’ai connu peu de personnes dans ma vie qui avaient réellement le pied marin, ricana le voisin. Les gens font les durs, mais une fois sur un bateau qui tangue, ils deviennent comme de petits oiseaux fragiles.
Le voisin de Simon se leva pour admirer la vue depuis sont hublot. Il avait un léger sourir au lève comme si quelque chose lui faisait rire.
- T’as peut-être pas le pied marin, petit, mais j’espère que t’aimes la mer… parce que là où on va, elle sera ton seul horizon jusqu’à la fin de ta vie.
Simon retourna s'assoir contre le mur de sa cellule et dit à son voisin :
- Sauf si j'arrive à méchapper...
Le voisin éclata de rire.
- Tu crois vraiment que tu vas réussir à t'échapper ? Non mais je rêve, le petit prévoi déja de s'enfuir. T'as de l'ambition...
- Il doit forcément exister un moyen, je pourrai construire un radeau avec les troncs et...
Puis le voisin se leva avec force, se dirigeant droit vers les barreaux de Simon.
- Est-ce que tu sais au moins où nous allons petit ? Dit-il avec une voix seche et rude. Je crois que tu n'as aucune idée dans quel merider tu es.
Simon fixa son voisin droit dans les yeux. La peur déformait son visage, et pourtant, ils semblaient se parler sans prononcer un mot.
- Je ne crois pas en ça... dit Simon avec peu de conviction. Ce sont des fables pour faire peur les prisonniers.
Le voisin resta silencieux en regardant Simon avec mépris.
- Mmh...tu es jeune. Quel âge tu as ?
- 27 ans.
- C’est trop tôt pour passer le reste de sa vie en prison, et qui plus est, sans aucune certitude de la finir en paix.
Simon ne dit rien. Il baissa la tête, perdu dans ses pensées, repensant à ses actes passés. La peur montait en lui, impuissante, l’enveloppant dans une tempête de pensées noires. Puis, il entendit le moteur du bateau s’arrêter et la coque heurter quelque chose. Il se précipita vers le hublot et crut apercevoir, derrière la tempête, une plage de sable bordée d’arbres.
Soudain, le gardien entra dans la pièce armé d'un revolver, accompagné de deux autres gardes.
- Bienvenue en enfer messieurs.
Il ordonna à ses collègues d’ouvrir les deux portes des cellules et de faire sortir les prisonniers. Étrangement, Simon ne vit aucune inquiétude sur le visage de son voisin. Peut-être est-il habitué à ce genre de situations, se dit-il.
Les deux prisonniers quittèrent leurs cellules et se retrouvèrent sur le pont, ballotés par la tempête qui faisait rage autour du bateau. Simon voyait à peine quelque chose; la pluie tombait trop fort et le vent l’empêchait de rester droit. Pourtant, à travers les gouttes, il parvint à distinguer une immense plage bordée d’une forêt. Il plissa les yeux et aperçut deux hommes, à l’extrémité du ponton, qui ne semblaient pas faire partie des gardiens.
- Avancez ! cria le policier en pointant son arme contre Simon et son voisin.
Les deux hommes descendirent du bateau et commencèrent à avancer droit devant eux. Simon remarqua que les deux intrus au bout du ponton avançaient eux aussi : l’un se dirigeait vers les gardes, l’autre droit sur eux. Arrivé à leur hauteur, l’inconnu leur cria par-dessus le vacarme de la tempête :
- Allez, les gars ! Dirigez-vous droit vers la maison et entrez-y sans traîner !
Simon et son voisin obéirent immédiatement, exécutant l’ordre de cet homme sans perdre une seconde. Les deux compagnons se mirent à courir aussi vite que possible en passant du ponton au sable mouillé. La pluie tombait avec force, et, au loin, on distinguait le fracas des vagues s’écrasant sur la plage, mêlé au grondement du vent dans les arbres. Tandis que les deux hommes couraient, Simon jeta un rapide coup d’œil derrière lui et aperçut les gardes en train de discuter avec les inconnus qui les avaient accueillis.
- Dépêche toi petit ! cria son voisin
Simon se rendit compte qu’il peinait à suivre le rythme, ralenti par le sable détrempé quics’accrochait à ses chaussures. Lorsqu’ils atteignirent l’extrémité de la plage, les deux hommes aperçurent une grande cabane en bois, d’où s’échappait une faible lueur filtrant entre les troncs.
Sans réfléchir, ils poussèrent la porte et entrèrent dedans. A l'intéreur, il faisait bon et un feu de bois rechauffait la pièce. L'endroit était plutôt vite mais rempli de hamac suspendu à des troncs, il devait y en avoir une trentaine.
Immédiatement, Simon s’approcha du feu pour se réchauffer, bientôt imité par son compagnon. Il frotta ses mains avec énergie, puis retira ses chaussures trempées pour les faire sécher près des flammes.
- Pourquoi est-ce qu’il y a autant de hamacs ? demanda-t-il, intrigué. Je pensais qu’on serait seuls sur cette île…
- Moi qui te croyais incollable sur cet endroit, lança son camarade avec un sourire moqueur, on dirait bien que tu t’es trompé.
À cet instant, la porte de la cabane s’ouvrit brusquement. Un homme entra, ruisselant de pluie. Simon le reconnut aussitôt, c’était celui-là même qui les avait accueillis. Ce dernier s'approcha du feu pour rejoindre les deux nouveaux et pris place.
- C'est quoi ton nom ? demanda-t-il séchement à Simon.
- Simon
- Et toi ? s'adressant cette fois au voisin
- Sergio
L'inconnu haussa le sourcil pour montrer son etonnement.
- Espagnol donc ? il ricanna, depuis la mort de Fena je n'ai pas vu d'espagnol depuis longtemps.
Simon et Sergio échangèrent un regard inquiet.
"Comment ça, un mort" ? pensa Simon. De quoi était-il mort ? Quand est-ce arrivé ?
 Autant de questions qui se bousculaient dans son esprit, sans qu’aucune réponse ne vienne apaiser le trouble qui montait en lui.
- Bon, les gars… je vais être honnête avec vous, dit l’inconnu en baissant la tête. (Il se frotta lentement le visage d’un air las.). Cela fait deux ans que plus personne n’a été envoyé sur cette foutue île. Vous êtes les premiers nouveaux visages que je vois depuis bien longtemps.
Simon l'interrompa :
- Nous ne sommes pas seuls sur cette île ?
- Non mais vous verrez le reste des gars demain.
- Où sont-ils maintenant ? Continua Sergio
- Ils sont dehors mais ne vous en faites pas, ils seront de retour d'ici peu.
Simon était plongé dans une incompréhension totale. Rien de tout cela n’avait de sens. L’inconnu, lui, paraissait s’égarer dans ses propres explications, comme s’il ne savait plus très bien où il voulait en venir. Rien n’était rassurant. Simon avait l’impression de vivre un mauvais rêve, un de ceux dont on se réveille en sursaut, le cœur battant trop fort.
- Il y a plusieurs règles ici, continua l’inconnu, et plus vous les respecterez, plus vos chances de survie seront élevées.
Soudain, la porte s’ouvrit à nouveau et un homme à l’allure épuisée fit irruption :
- Pino, il faut que tu viennes vite ! On a une urgence, dit-il essouflé.
Pino se leva aussitôt :
- Choisissez un hamac et dormez. Je vous en dirai plus demain.
Sans attendre, il fila à toute vitesse pour rejoindre son camarade. Ensemble, ils quittèrent la cabane sous la tempête, disparaissant dans la pluie battante. Simon et Sergio se retrouvèrent seul autour du feu..
Fin du chapitre 1.

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