H/F - La vengeance d'une blonde

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Romuald a du mal à tenir en place. Les mains ligotées dans le dos, son corps est agité de soubresauts et d'oscillations saccadées. Je vois ses muscles se détendre et se contracter au gré de ses réactions hiératiques. Le pauvre chéri ne semble pas résister aux assauts de mes deux bébés. Être la témoin privilégiée décuple l'appétit ouvert par son corps d'Apollon ainsi offert. Assise presque comme au spectacle, je n'ai qu'à me laisser porter. Je pourrais en rajouter, profiter de sa peau épilée. Éloge de la paresse... Non ! Tout est affaire de patience, d'abstinence, avant la délivrance. Quel délice, ce supplice ! J'ai encore été bien inspirée...

Lorsque je suis rentrée de ce passionnant séminaire, j'ai trouvé mon homme affairé dans le ménage. J'ai tout de suite trouvé cela suspect. D'ordinaire, il me faut presque sortir le fouet pour qu'il consente à m'aider. J'ai pourtant besoin de sa haute stature pour faire les poussières ou les carreaux. Ma petite taille et un vertige tétanisant sont en effet bien handicapants... Je préfère donc perdre du temps dans la surveillance que risquer l'évanouissement et la chute infamante. Un sac bombé d'où dépassent quelques goulots a suffi à lever mes doutes. Peu rassurée, j'ai jeté un œil aux gamelles. Mon cœur de battre s'est arrêté. Toutes deux étaient vides et, devant, deux boules de poils affamées me suppliaient. L'en-foi-ré ! Il va me le payer ! ai-je juré.

— Romu, mon bébé, l'ai-je approché en minaudant, tu sais ce qui me ferait plaisir ?

Mes doigts crochus se sont posés sur ses pectoraux fermes pour lever toute ambiguïté. Mes yeux de biche ont cherché les siens et j'affectais, sans mal, le désarroi.

— Ton séminaire ne s'est pas bien passé ? m'a-t-il demandé inquiet – mais je crois qu'il se doutait de quelque chose.
— C'était d'un ennui mortel ! me plaignis-je en plaquant ma tête contre son torse. C'est toujours la même chose, tu sais. Heureusement que tu es là à mon retour.
— Mais tu sais, j'ai encore des choses à faire. Pour une fois que je fais le ménage, tu ne vas pas m'en empêcher !
— Allez ! Sois sympa ! ai-je tenté avec un regard de cocker. Y en a pour cinq minutes !

Ma moue est imparable. Je l'ai vu hésiter, entendu souffler d'agacement... Pourquoi tente-t-il toujours de résister alors qu'il sait déjà qu'il va céder ? Les hommes et leur fierté ! Jamais je ne les comprendrai...

Et lui ne comprendra jamais qu'il ne faut pas essayer de m'entourlouper. Il n'avait qu'une seule consigne, une toute petite consigne, une mission de rien du tout : nourrir les chats ! Et il a... oublié ! Ou-bli-é ! Parce que monsieur a fait la noce tout le samedi soir pendant que je me fardais un interminable dîner à me faire reluquer, parce qu'il s'est couché tard et ne s'est pas levé avant la mi-journée, que la maison était en pagaille et qu'il savait que j'allais rentrer, il a « zappé » de donner à manger à mes bébés ! Si c'était la première fois... Je voulais voir sa tête lorsqu'il aurait compris. Une fois l'impénitent bien ficelé, j'ai approché notre grand miroir devant son visage. Et sans répondre à ses interrogations, le visage fermé, je suis allée m’installer à ses pieds. Je lui ai adressé un grand sourire satisfait dans la glace, attirant son regard sur le reflet d'un coucou endiablé. Il s'est alors contorsionné pour me regarder. C'est chou comme il semblait inquiet ! Mais il n'a pas deviné que je le voyais sans qu'il ait à se retourner. Les hommes, des fois, je vous jure... Et il n'était pas au bout de ses surprises !

Le contact froid de la cuillère sur la plante de ses pieds les a fait se crisper. En voilà des manières ! Un coup bien sentit lui a rendu raison. J'ai quand même failli m'éclabousser dans l'action... Alors que j'étalais la pâtée, j'ai croisé son regard interrogateur. Je n'ai pas pu résister. Avec ce grand sourire que vous me connaissez, je lui ai donc montré la boîte de conserve. L'effroi l'a glacé. Son corps s'est soudain tendu.

— Relax, me suis-je moqué en tapotant sa cuisse dure comme du bois.
— Adé, qu'est-ce que t'es encore allée inventer ? a-t-il bégayé.
— Moi, rien mon chéri. Je donne juste l'opportunité à deux êtres lésés de se venger.
— T'es folles ! Mais il vont me bouffer ! Arrête ça tout de suite.
— Si tu as si peur des fauves affamés, pourquoi ne leur as-tu pas donner à manger avant de te coucher ?

Je l'ai laissé se contorsionner et râler pour aller ouvrir la porte. Quelques tintements métalliques de la cuillère sur la boîte de conserve ont suffi à appeler nos deux félins. Rasant mes chevilles, ils se sont précipités vers leur écuelle improvisée. Et moi, j'ai pris mon temps pour m'approcher et m'agenouiller auprès d'eux. Mais le bougre gigotait et j'ai du m'asseoir sur ses lisses mollets. Je regardais les chats se repaître avec appétit, écoutant et ressentant les réaction de mon compagnon. De temps à autre, je remettais un peu de pâtée. Toute la dextérité consiste à bien la doser et l'étaler. Il faut en effet que leur petite langue râpeuse et leur vibrisses taquinent la peau du supplicié afin de lui arracher rires et suppliques.

J'essaie de faire sorte que les parties les plus sensibles soient sollicitées. Et bien entendu, mes mots de réconfort ne vont qu'à mes deux bébés. Je m'abreuve cependant de toutes les saillies de Romu, ses insultes, ses menaces, ses appels à la merci. Ce sont autant d'encouragement. Le voir se tortiller vainement, l'entendre succomber impuissant éveillent en moi un désir, une jouissance... un sentiment de toute puissance. Mes doigts ont envie de l’agripper, mes dents de le mordiller, je veux le posséder en entier. Maintenant allongée et battant des jambes, j'ai presque envie de me frotter contre lui.

— Terminé, mes trésors ? Ne vous inquiétez pas, Maman va continuer de vous venger. Allez, zou ! Filez.

Je me relève pour m’agenouiller comme une geisha. Ma victime est essoufflée, le regard implorant. Oui, mais pas assez.

— C'est... c'est fini ? bégaye-t-il.
— Tu rigoles ?! Tes pieds sont dégueulasses ! le rabroué-je.
— Je... Je vais les... laver, m'implore-t-il.
— Doudou, tu ne vas pas saloper tout ton ménage ! Laisse-moi faire.

Nouvelle vague de terreur. Est-ce mon délicieux sourire ? J’attrape ses chevilles pour les soulever et lui commande de m'aider. Je les repose sur mes cuisses après m'être avancée. Puis j'approche la bassine et enfile un gant de toilette. Je le lui montre ostensiblement. Il semble rassuré et c'est bien ce que je souhaitais. Je commence donc par de délicat mouvement pour mouiller la plante et enlever les restes de nourriture. J'accompagne mes gestes d'un discours calme. Je lui promet que son supplice est terminé, reconnaît que j'y ai été un peu fort, que je me suis laissée submerger par la déception... Je passe ensuite le savon en continuant mon opération psychologique.

— Je suis désolée, Doudou, mais tout ne part pas, je vais devoir gratter, affecté-je de regretter.
— Grat... – ces mots se perdent, le temps s'arrête, sa figure se fige – Non, Adé, ne fait pas ça !

Trop tard... Je m'emploie déjà à frotter son pied avec un gant pour poil de chat. Je prend mon air le plus concentré et récure avec passion, n'oubliant aucun recoin, surtout les plus chatouilleux. C'est bien connu, il ne faut pas oublier de nettoyer entre les orteils, car c'est là que les saloperies aiment à se nicher. Les picots glissent avec facilité, sans accrocher. Ce pauvre Romuald n'a rien vu venir. Il hurle de rire et se dandine comme un damné. Son fessier se trémousse avec frénésie, on dirait qu'il tente de twerker. Ça me fait doucement ricaner, mais mon ventre se met à papillonner . Augmentons la difficulté et passons aux brosses électriques. Les manifestation redouble d'intensité. Je sens ma poitrine se durcir, moins bien absorber les chocs. S'en rend-il compte ? Les jurons fusent, les appels à la clémence insistent... Moi, tant que je n'entends pas le mot magique, je n'ai aucune raison de les honorer. Les lépidoptères ont cédé la place à un agréable chatouillement. Quelques contractions, même. Mon pantalon est trempé, plein de savon, de morceau de pâté. Mais il n'y a pas que les éclaboussures et le ruissellement qui m'ont mouillée.

Je lâche tout, libère mon impénitent qui est à bout de souffle et le retourne péniblement. Le salaud, il ne m'a pas attendue !

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