H/F - À l'arrière des berlines

4 minutes de lecture

Cette histoire m'a été inspirée par une discussion badine, en tout bien tout honneur, avec une lectrice qui se reconnaitra peut-être.


C'est l'été. Il fait beau, il fait chaud, météo tout indiquée pour des habits légers. Mon t-shirt de marque moule mes pectoraux développés avec dévouement par un hiver à la salle. Mon jean souligne à la perfection ma masculinité. Mon corps d'athlète s'allie à merveille avec ma Portofino. À son volant, je suis Apollon le tout-puissant. Arrêté à un feu rouge, j'avise un groupe de jeunes donzelles qui n'ont d'yeux que pour moi. J'abaisse mes lunettes de pilote et, d'un haussement de sourcils, en invite une. La bougresse n'en revient pas d'être l'heureuse élue. Se désignant du doigt, elle m’interroge, bouche bée. Je hoche la tête et, d'un petit mouvement, lui intime l'ordre de me rejoindre. Elle laisse éclater sa joie et sautille au milieu de ses copines. Un coup d’accélérateur la fait rameuter en se dandinant.

Je pense que j'ai bien choisi. Comme toujours. Avec son débardeur flashy, elle ne passait pas inaperçue. Son short en cuir galbe ses hanches et découvre des jambes parfaites et fuselées par des sandales à talon. Je m'arrête pour contempler ses pieds. Divins. Le vernis, sur les ongles, leur peau lisse, leur fine silhouette... j'ai envie de les avoir en main, en bouche même. Qu'ils doivent être délicieux, ces petit petons ! Je sens mon pantalon se tendre sous le désir. Patience. Alors qu'elle s'assoit sur le siège passager, son parfum fruité embaume l'habitacle de ma décapotable... Je suis aux anges. J'ai l'impression de siroter un cocktail capiteux, qui coule sur ma gorge comme du miel. Elle me sourit de toute ses dents, blanches et régulières. Ses cheveux courts, dégagent ses boucles d'oreilles dorées en forme de plumes, dont les extrémités glissent sur son cou. Je m'émoustille.

On s'impatiente. Le feu est déjà passé au vert. Le moteur vrombit, ma compagne pousse un petit cri de stupeur, se recrocqueville. Revenu de sa surprise, elle me fixe avec gourmandise, en gloussant. Nous échangeons un regard complice. Elle frotte ses cuisses l'une contre l'autre en s'allongeant contre le dossier, les bras rejetés en l'air, langoureuse. Nous nous comprenons. Je pénètre dans un petit sentier ombragé, à l'abri des regards indiscrets.

Nous n'avons rien à nous dire. Je sors une paire de menottes de la boîte à gants. Le visage radieux, débordant de désir, elle place docilement ses mains derrière l'appui-tête pour que je les attache. Je l'imagine se mordre les lèvres alors que je resserre l'étreinte. Sans doute inquiète, elle tourne la tête pour tenter de m'apercevoir. Tout ce qu'elle peut capter, ce sont mes doigts qui s'approchent de ses aisselles offertes. Je les frôle. Elle se crispe, inspire avec force. J'insiste, elle serre les dents. La gourgandine a décidé de jouer. Elle ne veut pas craquer, me défie d'y arriver. Sa peau est si douce ! Mes poils se hérissent de plaisir. Je resterais des heures. D'ailleurs, j'ai tout mon temps. Sa tête oscille de droite à gauche, alors que j’accélère mes allées et venues. Des rires étouffés commencent à sortir, vite rattrapés par sa mauvaise conscience. Son bassin se joint au ballet. Je glisse vers la naissance de ses seins. À peine le temps de crier son désaccord. De tonitruants éclats chassent cette négation, abolissent son absence de consentement. Son corps menu est secoué de spasmes à mesure que je descends vers ses côtes et ses hanches. Ses dernières se soulèvent au rythme des contractions de son ventre pour échapper à mes mains baladeuses, tandis que ses jambes s'entortillent dans un vain effort pour dissiper son émoi.

Je le sais, je le sens, nous sommes à l'unisson. Ses gambettes nues qui s'agitent avec frénésie sous mes yeux, son rire endiablé qui laisse, parfois, place au crissement du cuir font monter en moi un désir qui me donne des ailes pour enchaîner les tourments. Si son ventre est sensible, le mien aussi. La sollicitation de son nombril la porte dans une transe communicative. Les chatouilles parcourent également mes tablettes. Chacun de ses mouvements de bassin provoque un paso-doble télépathique dans mon pantalon. Nous ne faisons pourtant que commencer ! Je décide donc de changer de position. En m'asseyant devant elle, j'en profite pour frotter mon entre-jambe contre le sien avant de remonter son débardeur. J'ouvre le bouton et descends le zip de son short pour dégager son bas-ventre puis commence à la caresser. Elle feule de plaisir. Je sens parfois ses guibolles animées d'un soubresaut venir titiller mes testicules. Petite salope, tu as tout compris... Ma main libre la tourmente à nouveau. Elle recommence à s'agiter, ne sachant à quelle sensation succomber. J'ignore aussi ce qui m'émoustille le plus. Ses attouchements involontaires ou ses vaines tentatives de m'échapper, de se débarrasser de la sensation irritante des chatouilles. Je n'y tiens plus, elle non plus.

Quelqu'un toque au carreau. Je sursaute sur mon siège.

— Hé, Ducon, tu vas la bouger, ta poubelle ?!Y en a qu'ont besoin d'aller bosser.

Le feux est vert. Honteux, j'embraye et passe la première. Le moteur hoquette, manque de caler puis obtempère. Je jette un regard dans le rétroviseur de pare-brise et aperçois une silhouette moulée dans un jean avec des bottines à talons. L'entrejambe du mien colle désagréablement et ce n'est pas l'humidité qui suinte par les joins dilatés des portières. Heureusement, avec la buée, il n'a rien vu...

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