Rose et Epines (Part 3)

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Un jour, Paul est revenu à l’appartement en panique. Moi qui redoutais ce retour, souvent synonyme de violence, fut surprise de ce changement radical. Sans même un regard pour moi, il alla dans la chambre en courant. Il claqua la porte. Je m’en approchai, sans oser l’ouvrir (les représailles, Lucie, auraient était terribles) et entendit Paul parler, seul. Je crois bien qu’il délirait. Ne n’entendait que des brides, mais il semblait parler à quelqu’un. Qui de toute évidences ne répondait pas. La seule chose que j’entendit distinctement, c’est « Laisse-moi tranquille ! » qu’il cria avant de s’approcher de la porte. J’eu tout juste le temps de m’en écarter qu’il en sorti en trombe. Encore une fois, j’ai eu peur de sa réaction… mais il ne me vit même pas. C’était pour le moins… inhabituel. Nous n’avons pas parlé de cet évènement à table. Comme s’il n’avait jamais existé. Mais ce ne sera pas la seule chose étrange qui arrivera à Paul. Un autre jour, se regardant dans un miroir, il hurla. Lorsque j’accouru, il me dit, terrorisé, qu’il y avait quelqu’un dans le miroir ! Bien sûr, je regardais à mon tour. Sans rien y voir.

« Il n’y a rien, Paul… »

C’est fou comment il a mal pris ce simple constat. D’un coup, sa violence revint, accrue par sa folie, et j’en fit les frais. Encore.

Le lendemain, il vint s’excuser. Encore. Pourtant, il y eu un changement, petit mais de taille : en pleurant, il me demanda si je l’aimais encore. Toute mon âme lui criait « non ». Mais face à un homme en pleur, à genoux, et capable de vous tuer d’un excès de folie, ce n’est pas une réponse possible. Je lui aie donc dit que oui. Ça a semblé l’apaiser, il s’est relevé et puis est sorti, en me disant « merci ». C’est vraiment à ce moment que j’ai compris que quelque chose ne tournait pas rond. Et que ça serait à moi de découvrir quoi, car Paul refusera de me dire quoi que ce soit. Je fus alors attentive à tous ce qui sortait de l’ordinaire. Je remarquai alors que souvent, lorsqu’il se tournait précipitamment, Paul sursautait. Il regardait alors dans une direction, comme s’il avait vu quelque chose… ou plutôt quelqu’un. Ce quelqu’un qui semblait le terrifier depuis le début… C’est sur lui que je devais en savoir plus. Je fis des recherches sur le passé de Paul. Dettes, ennemis… je ne trouva rien. Je découvris cependant que c’était lui qui avait vu en dernier, il y a bien longtemps, une victime de meurtre. Je sursaute en lisant son nom. Archibald. Malgré tout ce que j’avais fait pour éviter cela, tous les souvenirs des moments passés avec lui se déversèrent dans mon esprit. Nos baisers, sa main sur la mienne, son regard, son rire… et finalement sa mort. C’était terrible… mais aussi agréable. Je n’aurais jamais dû oublier tous ces instants, les plus beaux de mon existence. Et finalement la question se posa nettement dans mon esprit : les récentes terreurs de Paul étaient-elles liées à Archibald ? C’était insensé, pourtant quelque chose en moi me disait que c’était le cas.

Je pris le lendemain la décision d’en parler à Paul. Je devais cependant aller au travail avant cela. Ce que je ne savais pas, c’est que je ne pourrais jamais lui en parler.

Lorsque je suis rentré le soir, des voitures de polices étaient stationnée devant chez nous. Je me suis approché d’un agent pour lui demander ce qu’ils faisaient là. Je n’ai pas compris tout de suite ce qu’il m’a dit. C’est ensuite que les mots se sont assemblés. Paul s’était suicidé.

J’ai franchi le périmètre de sécurité, malgré les protestations du policier, et je suis monté.

Paul avait été décroché, mais il restait encore la corde, au milieu du décor, comme une anomalie. Je ne serais pas capable de décrire exactement ce que j’ai ressentie à cet instant. Tristesse, car Paul était mort. Peur, car j’ignorais ce qu’il allait se passer ensuite. Soulagement et culpabilité enfin, car cela signifiait que je ne me ferais plus battre, que j’étais libre… et j’avais honte de penser cela car c’était uniquement parce que Paul était mort. Comme si c’était ma faute. »

Elise posa sa tasse. Laissant son récit en suspens, le regard perdu dans le vide, comme si elle essayait de résoudre une énigme. Puis elle reprit :

« Le plus étonnant, Lucie, c’est que posée sur la table, on retrouva une carte, toute simple. Il y avait écrit ces mots, d’une écriture qui n’était pas celle de Paul, et qui hantent désormais ma vie :

Il faut braver les épines pour trouver la rose. Que la tienne ne se fane jamais »

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