Le Longcourci

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Longcourci subst.masc. : antonyme du mot raccourci compris comme voie plus courte qui permet d'arriver plus rapidement en un lieu. Au figuré un longcourci pourrait être une rêverie ou une distanciation.

Une fois de plus j’avais emprunté le longcourci pour rentrer. On finissait toujours par rentrer mais c’était un peu comme en sport lorsqu’on prend une longue inspiration avec la sensation que le froid vous brûle les poumons en gonflant votre torse au point qu’on savait pas qu’on pouvait contenir autant d’air, avoir l’air si important. Parce que une longue inspiration ça vous redresse toute la colonne vertébrale, ça vous tire les yeux vers le haut. Surtout vers la fin si on veut garder l’air le plus longtemps possible histoire de pas s’ratatiner trop vite.

Il fallait juste tourner la place, passer la mairie, on pouvait même grimper sur les marches et les redescendre en courant puis continuer tout droit avant la ruelle en coude, celle qui se refermait sur elle-même comme une coquille d’escargot posée contre les murs de maisons distantes. L’une en ruine, échos de vies qui ne l’habitaient plus. L’autre à peine visible, dont l’élégance était soulignée par un haut mur de pierres sagement alignées, si bien serrées les unes contre les autres qu’il était difficile d’y trouver des prises pour les pieds. Ensuite les mains s’agrippaient et, en haut, quand il pleuvait, les doigts glissaient sur les petites plantes grasses qui le recouvraient. Le nez planté dans cette jungle humide, à travers les troncs et les feuillages des arbres d’un parc sans personnalité, on surprenait, comme derrière une voilette, des bribes de mur ou de toit, quelques taches blanches, et on se demandait si la maison était neuve ou vieille. On ne savait pas vraiment si on l’aurait désirée ou aimée, si elle aurait pu être une autre halte possible qui aurait rendu au longcourci la dimension d’un simple chemin avec un point de départ et d’arrivée. Non, elle était là c’est tout, d’ailleurs aucune porte n’ouvrait sur le longcourci, la propriété le bordait c’était tout. Que des gens puissent y vivre, y entrer ou en sortir n’effleurait pas notre esprit. La maison était une entité discrètement posée à la bordure d’un monde qu’il nous suffisait de frôler pour échapper au nôtre.

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