La danse de l'oubli

de Image de profil de Christian De MeyerChristian De Meyer

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Alexis remonte le col de son veston pour se protéger de la petite bruine, indigne d’un mois de juin, qui, sans répit, arrose Paris depuis l’aube. D’un pas décidé, il arpente la rue Lefranc. Il s’arrête à la hauteur du numéro 15, recule d’un pas pour admirer la somptueuse façade haussmannienne de l’immeuble et l’imposante porte cochère en bois d’époque, ornée d’une plaque dorée avec, en lettres noires, la mention : « William Dupontel Notaire ».

18 h 45, quinze minutes d’avance, ce n’est pas grave, il ne tient pas à faire partie de ces gens qui sont systématiquement en retard, comme l’est Chloé, sa femme, ce qui, pour un agent immobilier, s’avère assez problématique. Sa spontanéité et son côté sexy naturel, sans aucune vulgarité, compensent bien souvent ce petit défaut, plus encore auprès de la gent masculine.

Un petit coup de sonnette et déjà la porte s’ouvre.

Une dame, la cinquantaine heureuse, très élégante l’invite à franchir le seuil de la porte et à emprunter le majestueux escalier qui mène à l’étage. En marbre blanc veiné de gris, ceinturé par des balustrades noires en fer forgé surmontées de rampes en bois vernis, il donne accès à une double porte dont la partie supérieure est constituée de vitraux de couleurs vives très art déco. Une ambiance chic et lumineuse qui s’estompe aussitôt en entrant dans la salle de réunion où le style « Napoléon » n’engendre que la morosité. La pièce baigne dans une relative obscurité et la décoration est désuète. Un contraste vraiment étonnant. Une longe table de 18 places, chacune garnie d’un sous-main en cuir brun, des murs au papier peint vert foncé et d’épaisses tentures de la même couleur retenues de part et d’autre des fenêtres par de vilaines cordelettes à fanfreluches rendent la pièce peu accueillante, sinistre même.

À peine a-t-il pris place que déjà la double porte s’ouvre. Le costume dépareillé, trop grand pour lui, la cravate de travers, le notaire, bon pied, bon œil du haut de ses 85 ans, après avoir salué poliment Alexis, dépose sur la table, avec soulagement, un volumineux dossier dénommé : « Succession Isabelle Dugranger ».

- La succession de votre tante a été très bien préparée. Mais vous êtes avocat, n’est-ce pas.

- Oui et vos précieux conseils d’il y a une dizaine d’années ont été judicieux pour éviter une imposition fiscale outrancière dans la mesure où je ne suis que le neveu de la personne décédée et qu’elle n’avait pas d’enfant. Longtemps, elle a rêvé d’être mère un jour. Puis, elle s’est résignée. Elle se plaisait à dire : « Dieu m’a donné un corps de rêve incapable d’enfanter ». J’ai vécu deux ans chez elle à la mort de mes parents et je me souviens de toute la bienveillance et de tout l’amour qu’elle m’a transmis à cette époque.

Sans autre état d’âme, le notaire enchaîne…

- Nous allons procéder à la lecture du testament de Madame Isabelle Dugranger, la sœur de votre père, signé le 19 mars 2012 par-devant nous, notaire à Paris.

Après cette longue lecture, l’homme de loi dresse un résumé du patrimoine légué.

- Vous êtes le seul héritier et après paiement des frais, droits et impôts, le legs se décompose comme suit :

o Une somme en argent disponible de 2.882.616 euros répartis sur plusieurs comptes en banques

o Des titres, actions et obligations pour un montant de 2.991.500 euros répartis sur des comptes titres ouverts auprès de trois banques différentes.

o Une maison de village située à Tarascon, expertisée à 890.000 euros et exploitée jusqu’à ce jour en tant que « résidence d’artistes ». Je vous en remets à l’instant un jeu de clés.

o Des meubles, des objets d’art, des tableaux et des sculptures évalués par un commissaire-priseur à hauteur de 484.000 euros.

Le capital de l’assurance décès contractée en votre faveur en 2012 a permis de régler la presque totalité des droits de succession très élevés dans le cadre d’une succession entre tante et neveu.

Le notaire termine son énumération, referme aussitôt son dossier après avoir fait signer une série de documents scellant définitivement le sort de la succession et tend la main à Alexis pour le féliciter.

Intrigué par cette attitude soudaine, Alexis réagit.

- Vous me félicitez mais je n’y suis pour rien !

Inutile d’insister, le vieil homme se lève et quitte la pièce, laissant Alexis seul avec son désarroi.

La main posée sur la poignée de la porte, il se retourne d’un air dépité :

- J’ai bien connu votre tante. C’était une femme d’un charme rare, indépendante, qui respirait la joie de vivre. Je l’appréciais beaucoup, vraiment. Elle aussi s’en est allée, comme beaucoup de personnes autour de moi ces deux dernières années.

- Je comprends, répond Alexis en dissimulant son bonheur d’avoir hérité d’un patrimoine aussi important qui augure un avenir serein pour lui et sa famille.

Il est près de 20 h 30 lorsque Alexis quitte l’étude notariale. La fine pluie s’est arrêtée. Sur le chemin du retour, au volant de sa vieille BMW de 1971 à laquelle il tient beaucoup, il imagine les scénarios possibles pour annoncer la bonne nouvelle à Chloé, sa femme, et à Roxane, sa fille de 17 ans. Elles ne sont pas au courant, il n’y tenait pas tant que la succession n’était pas entérinée et l’ensemble du patrimoine fixé définitivement. En tant qu’avocat, il sait que rien n’est jamais acquis quant à l’issue d’un procès ou de l’aboutissement d’une affaire juridique.

Au final, il hérite bien plus qu’il ne l’avait imaginé.

Les embouteillages lui laissent le temps de la réflexion.

Je vais acheter deux petits bouquets de fleurs pour mes princesses… Je vais les faire asseoir dans le canapé… Non, non, c’est trop solennel, elles vont imaginer que je vais leur annoncer une maladie grave ou une catastrophe. D’un autre côté, cela me permettrait à coup sûr, de capter leur attention, ce qui serait déjà une performance. L’effet de surprise n’en serait que plus grand, mais comme toutes les deux ont le sang vif et qu’elles partent au quart de tour, ça risque d’être compliqué ! Non, je vais improviser. Après tout, je peux maintenant leur offrir ce que je veux, Roxane rêve d’un téléphone portable super sophistiqué et Chloé d’une cure de quelques jours en thalasso. Ce serait une bonne entrée en matière…

Tout excité par cette idée, il s’arrête à la hauteur du fleuriste au coin de sa rue et achète deux bouquets identiques déjà préparés, pressé de rentrer. Il n’est pas peu fier de la maison dont il a hérité lors du décès de ses parents dans un accident de voiture. Il aura suffi de croiser la route d’un ivrogne récidiviste au volant d’une voiture puissante pour que tout s’écroule autour de lui. Jamais il n’oubliera l’irruption du directeur de l’école escorté par une gendarme en uniforme, en plein cours de math. La mine grave, ils ont murmuré quelques mots à l’oreille du professeur qui aussitôt, a lancé un regard affligé vers Alexis. Il lui a demandé de les accompagner et de sortir de la classe. En passant entre les bancs pour les rejoindre, les commentaires des élèves allaient bon train. Les théories les plus loufoques étaient élaborées, du simple vol à l’étalage au braquage d’une banque ! Il avait à peine 10 ans.

« Tes parents sont tous les deux morts ce matin dans un accident de voiture » fut la seule phrase qu’ils prononcèrent avant de l’emmener au poste de gendarmerie. Ensuite, les services sociaux prirent le relais.

Jamais il n’oubliera cette scène douloureuse.

On entre par une petite cour garnie de vieux pavés et fermée par deux lourdes portes pleines en métal vert foncé. Arrivé à hauteur de la fenêtre qui jouxte la porte d’entrée, Alexis perçoit clairement les éclats de voix et les vociférations de Chloé et de Roxane lui faisant instantanément perdre sa bonne humeur. Il se sent particulièrement ridicule de tomber au milieu d’une bagarre verbale plus violente encore que les précédentes avec à la main deux bouquets de fleurs, symboles de paix et de sérénité. Cela fait environ 5 ans que la vie de famille a basculé du paradis en enfer. Persuadés de bien faire, ils ont annoncé à Roxane, le jour de ses 12 ans, qu’Alexis n’est pas son père biologique mais, surtout, que Chloé ne connaît pas l’identité de son géniteur. Jeune, insouciante et naïve à cette époque, elle ne disait jamais non et cumulait les relations d’un soir avec de nombreux hommes dont elle ne connaissait rien, parfois même pas le prénom, au point qu’une dizaine d’entre eux au moins pouvait être le père de son bébé. Ces incessantes disputes rendent le quotidien pesant et engendrent un mal-être que chacun n’arrive à soulager qu’en dehors du cocon familial, au travail ou au lycée. Alexis se sent démuni devant cette situation qui les conduit droit dans le mur, convaincu, toutefois, que cet héritage est une source d’espoir pour entamer une vie nouvelle. Déterminé à briser cette ambiance délétère, il entre d’un pas volontaire mais sa présence ne perturbe en rien les deux femmes en colère. Indifférentes, elles ne le regardent même pas et le « bonsoir » qu’il lance en élevant la voix ne change rien, bien plus préoccupées par leur querelle dont elles ne se souviennent probablement même plus de ce qui l’a déclenché.

Les paroles blessantes fusent de part et d’autre, toutefois et de manière étonnante, sans être accompagnées d’insultes. Les scories d’un semblant de respect mutuel ou le dernier rempart avant une incontrôlable explosion de violence ? Les cris, les gestes de mauvaise humeur et les portes qui claquent sont devenus presque ordinaires. Un geste, une parole, une attitude suffisent à déclencher les hostilités le plus souvent sur des sujets d’une banalité affligeante. Soucieuses de ne pas laisser le dernier mot à l’adversaire, elles ne remarquent même pas les bouquets de fleurs qu’Alexis, immobile, tient dans les mains. Un grand moment de solitude pour lui. Il tente quelques mots pour les apaiser mais en vain. Sa déception est immense. Alors que, profondément heureux, il rêvait de partager son bonheur, il se retrouve pris entre deux feux nourris et, surtout, transparent comme l’air.

Impassibles devant sa mine déconfite, lamentablement, elles s’écharpent de plus belle. Excédé, Alexis, dans un mouvement de colère, jette un bouquet en direction de Roxane, et aussitôt l’autre en direction de Chloé qui le prend en plein visage.

Médusées par ce geste qui ne lui ressemble pas, elles se taisent brutalement.

Exaspéré, Alexis crie son désarroi.

- Mais vous allez la fermer, maintenant ?

Un peu tremblante, Chloé ramasse maladroitement les fleurs éparpillées au sol.

- Mais qu’est-ce qui te prend ? Je ne t’ai jamais vu comme ça.

- Je n’en peux plus de vos querelles de gamines. Aucune de vous deux n’a remarqué que, comme un con, je me tenais dans l’entrée des fleurs à la main.

Roxane fait mine de vouloir répondre mais avant même qu’elle ne prononce le moindre mot, il la pointe du doigt.

- Toi, si c’est pour me sortir ta petite phrase de tous les jours : « Tu n’as rien à me dire, tu n’es pas mon père », je te conseille vivement de la ravaler.

- Sinon ? tente Roxane avec un brin de provocation.

- Ne franchis pas la limite, répond-il sur un ton glaçant et le regard noir.

Vexée de ne pas oser aller plus loin dans l’affrontement verbal, elle monte précipitamment dans sa chambre en claquant la porte.

Chloé tente de sauver ce qui peut l’être…

- Je vais chercher un vase ! Tu as déjà mangé ? Lui demande-t-elle comme si rien ne s’était passé.

- Tu crois vraiment que je suis capable d’avaler quelque chose, là maintenant ?

Sentant la situation lui échapper, et c’est la première fois en 17 années de mariage, elle préfère jeter l’éponge.

- Bon, tout ça m’a épuisée. Je vais prendre un cachet et aller dormir.

- Après nous avoir plongés en enfer, c’est la fuite ! C’est tellement lâche de ta part.

Déconcertée par le ton hostile d’Alexis, Chloé choisit de ne pas répondre et monte discrètement les marches de l’escalier qui mène aux chambres, laissant son mari seul avec sa déception et sa colère.

Après quelques minutes à tourner en rond, il s’allonge dans le canapé, espérant retrouver un soupçon de sérénité.

Vers une heure du matin, assis dans la cuisine, il grignote les restes du repas de l’avant-veille avec écœurement et sombre dans une profonde tristesse. Sa « bonne nouvelle » restera sienne, au moins pour le moment, et il appréhende le moment du réveil matinal, lorsque Chloé et Roxane descendront pour prendre le petit-déjeuner avant de quitter la maison. De nombreuses questions le hantent jusqu’à le faire douter de ses compétences. Comment en tant qu’avocat n’a-t-il pas été capable de se faire entendre ? Un sentiment d’impuissance et de gâchis le rend mélancolique. La grande complicité qui unissait les parents et leur fille, avant ses 12 ans, ne semble plus être qu’un lointain souvenir et fait craindre le pire quant à la survie de son couple. Depuis quelques semaines, il a la curieuse impression que Chloé s’éloigne de lui, petit à petit. Sans aucun doute n’a-t-il pas été un mari souriant et de bonne compagnie les derniers temps. Au-delà de la vie familiale envenimée par les nombreuses disputes mère fille, un évènement dramatique l’a plongé dans une morosité inhabituelle environ six semaines auparavant. Catastrophé, un jeune papa de deux enfants en bas âge, a fait irruption dans son bureau pour réclamer de l’aide dans le cadre de la demande de divorce déposée par son épouse. En total désarroi, il ne parvenait pas à garder son calme et tremblait de tous ses membres en expliquant la situation. Trompé, humilié par celle qu’il avait épousée neuf ans auparavant, elle l’avait également accusé d’attouchements sur sa petite fille d’à peine 5 ans. S’en sont suivies une arrestation brutale et une garde à vue de 24 heures dans des conditions difficiles compte tenu de ce qui lui était reproché.

Heureusement, la policière ayant enregistré la plainte de l’épouse eut de sérieux doutes quant à la véracité des faits et plus encore après l’audition de l’enfant par des psychologues spécialisés. Un gros coup de pression sur l’amant permit de consulter les messages envoyés par l’épouse infidèle. Dans l’un d’eux, elle expliquait que les attouchements n’avaient jamais existé et qu’ils faisaient partie de sa stratégie pour obtenir la garde exclusive des enfants mais aussi de « plumer » son mari. Celui-ci fut libéré aussitôt.

Cette redoutable péripétie avait engendré de lourdes séquelles auprès de cet homme profondément gentil qui ne méritait pas un tel traitement et, surtout, qui n’avait pas les ressources morales pour affronter une telle ignominie.

Le soir de sa libération, il s’est rendu au cabinet d’Alexis pour faire le point sur le dossier en présence de son notaire qui avait, exceptionnellement, accepté de faire le déplacement.

Bien que totalement innocenté, l’interdiction de voir ses enfants n’avait pas encore été levée ce qui l’avait plongé dans une insupportable détresse. Hanté par l’idée de succomber à l’une ou l’autre maladie grave ou à un accident il tenait à modifier ses dispositions testamentaires et surtout à déshériter totalement son épouse au profit de ses enfants en prévoyant, notamment, de confier la gestion de son patrimoine à sa sœur jusqu’à leur majorité.

De même, ils devenaient les seuls bénéficiaires de l’assurance vie qu’il avait contracté dès la naissance du premier enfant. Cadet d’une famille aisée, bien inspirés, ses parents avaient exigé la signature d’un contrat de mariage en séparations de biens, ce qui prenait tout son sens devant la situation qu’il subissait bien malgré lui. Moins de deux heures plus tard, tous les points juridiques ayant été réglés, il a quitté le cabinet un léger sourire aux lèvres, rassuré et soulagé par un sentiment du devoir accompli.

La nuit même, dans une sordide et injuste solitude, il s’est pendu !

Il avait laissé une lettre manuscrite pour ses enfants dans laquelle il leur demandait de le pardonner et expliquait qu’il n’avait pas les épaules assez larges pour affronter tant de méchanceté et de perversité de la part de leur maman. Une deuxième lettre était adressée à Alexis pour lui demander de protéger ses enfants mais aussi de porter plainte en son nom à l’encontre de son épouse pour « incitation au suicide », son geste malheureux n’étant que la conséquence des nombreux messages de haine qu’elle lui avait envoyés, de la fausse accusation d’attouchements sur sa fille et des insupportables humiliations qui s’en suivirent, dénonçant au passage l’attitude inconcevable de certains policiers incapables d’imaginer qu’il pouvait être innocent. L’affaire « Philippe Devillers » a fait grand bruit tant au niveau de la police, de la magistrature, des services sociaux que de la presse qui ne s’est pas privée d’égratigner tout ce beau monde.

Très affecté, Alexis fut aussitôt hanté par un sentiment de culpabilité de ne pas avoir détecté l’immense désespoir dans lequel cet homme se débattait au point de vouloir en finir avec la vie. Alexis se sentait seul pour affronter ce pesant mal être. Il en avait parlé à Chloé mais elle semblait ailleurs et n’entendait pas la profonde détresse qui l’avait envahi.

Au petit matin, un peu vaseux après une nuit blanche, Alexis espère réunir tout le monde autour du petit-déjeuner et, enfin, annoncer sa bonne nouvelle.

Espoir déçu ! Chacune étant très en retard, elles ne lui accordent qu’un « bonjour » distrait du bout des lèvres. Une manière à elles de gérer quelques remords quant à leur violente dispute de la veille ou s’agit-il d’une indifférence devenue naturelle à son égard ? Lorsqu’il insiste auprès de Chloé de lui sacrifier quelques minutes de son précieux temps…

- Pas maintenant, lui répond-elle en grignotant un morceau de biscotte et en buvant une gorgée de café, mais n’oublie pas que tu dois me conduire à l’aéroport ce soir. Je prends l’avion pour Nice. La directrice de la seigneurie m’a contacté lundi et a demandé à me voir. Elle estime que la maladie d’Alzheimer de ma mère s’est aggravée. Je te l’ai dit, tu n’as pas oublié quand même ? Je me dépêche. À ce soir…

- Je n’ai pas oublié, répond-il, désabusé.

Elle enfile son blouson en cuir brun et la porte d’entrée claque derrière elle. Roxane est déjà partie sur la pointe des pieds, en toute discrétion, comme pour se faire oublier.

Sa tasse de café et un demi-croissant qu’il ne parvient plus à avaler, la tête dans les mains, il rumine sa déception et se pose beaucoup de questions.

Être en couple avec une très jolie femme, avoir une fille et se perdre dans une aussi pesante solitude, serait-ce déjà la fin du couple ?

Il se souvient des paroles de sa mère, alors qu’il n’avait qu’une dizaine d’années, c’était peu avant l’accident. « À toute bonne chose correspond une mauvaise », disait-elle souvent. Elle lisait beaucoup et se laissait aller à certaines croyances comme la théorie des compensations dans les destinées humaines émises par le philosophe Pierre Hyacinthe Azaïs au XIXe siècle selon laquelle il existerait un équilibre universel entre les bonnes et les mauvaises choses de la vie, entre les joies et les peines. Sa mère adhérait fermement à cette pensée d’un autre temps. Si Alexis n’y a jamais cru, en plein doute, elle suscite chez lui certaines interrogations. Cet héritage conséquent serait-il « compensé » par un divorce ? Sa mère y verrait certainement une corrélation. Toutefois, si l’héritage est bel et bien acquis, il n’est pas question de séparation, simplement d’un passage à vide et un sentiment d’incapacité à empêcher l’érosion de son couple. Mais il n’est pas homme à se laisser emporter dans la tourmente sans réagir. Son tempérament de battant très vite reprend le dessus… Bon, j’ai mes dossiers qui m’attendent et des personnes qui comptent sur moi, se dit-il.

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Chapitre 1 - Jeudi 30 juinChapitre4 messages | 1 an

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