Seconde 3

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(contenu sensible)

(suite de Seconde 2)


"Ça sent encore meilleur dans mes cheveux."
Je relevai la tête et croisai le regard amusé d'Ariane. Elle s'était accoudée au rebord de la baignoire, le menton enfoncé dans la chair molle de ses avant-bras. Elle avait détaché ses cheveux, qui étaient si longs qu'elle les tressait au quotidien ; et les épaisses vagues brunes noyaient le carrelage.
"Je ne savais pas si j'y aurais droit..."
Ariane gloussa et approcha ses lèvres dodues de mon nez sur lequel elle claqua un baiser. Car elle s'était avancée, je pus admirer la poésie de son décolleté baignant dans le tissu humide d'une énième robe fleurie.
"Tu te douches tout habillée maintenant ?
- J'espérais que tu viennes me la retirer. "
Ariane filait le parfait amour avec le concept de volupté. J'étais essoufflée en l'admirant et pour me priver d'avantage d'oxygène, je nichai mon visage dans son cou qu'elle inclina. Alors, je dérivai jusqu'à sa nuque où de succulents ruisseaux de cheveux parfumés s'enroulaient les uns aux autres.
Ylang Ylang. Ce mot détenait véritablement la réponse à quelques mystères du corps, à défaut de répondre à tous les secrets de l'univers. L'eau du bain battait en de légers clapotis contre ses cuisses, à chacun des mouvements d'Ariane. Elle savait taquiner le décor de ses courbes pour en tirer une musique lascive.
Je n'aurais su dire laquelle, entre la peau si douce, chaude, vaporeuse d'Ariane et l'huile essentielle - que je considérais autant saphique que moi -, m'emportait le plus aux confins de la débauche. Laquelle, principale cause des tourments de mon cœur et de la frénésie de ma chair.
Je dégustai la courbe de sa colonne, laissai trainer ma langue paresseuse jusqu'à l'or de ses oreilles et j'entortillai ses souffles pressants autour de mes doigts. Ariane suçait timidement la pulpe de mon pouce - et moi qui la savais être une créature sensuelle de jour comme de nuit, je ne me laissais pas avoir par cet air tendre. J'agrippai son sein enrubanné de coton, y déposai mon visage et j'inspirai son corps. Il me rendait déjà ivre.
"Il s'agirait de faire quelque chose pour ce jardin, c'est devenu une véritable forêt vierge..."
Je coulai un regard indifférent aux grandes pousses sombres qui encadraient à présent son visage. D'une main agacée, je repoussai la nature exubérante et les fleurs frivoles.
"Coupe-les, toi. Je suis occupée."
Ariane se pencha par dessus le rebord de la baignoire et je pris son visage en coupe pour venir y lécher ses lèvres. Elle regretta l'absence de sucre sur les miennes mais je ne m'en excusai pas. Il n'y avait vraiment qu'Ariane pour dégouliner d'aromes tièdes telle une friandise laissée aux aléas du thermomètre tropical. Elle s'offrait à moi pour que je la déguste et non l'inverse. Je mordillais le vermillon de sa bouche comme une sucrerie, la rendais molle par ma salive.
Quand elle s'éloigna, j'étais devenue brouillonne, tant par mes mains tremblantes que par l'élan stupre pris par mon imagination. Je défis les nœuds de sa robe et avec eux, les nœuds de ses trapèzes, cet inconfort dont toute femme potelée souffre silencieusement. Bientôt, le tissu fleuri de son vêtement partait à la dérive dans l'eau de la baignoire. Sa peau était si tendre que mes doigts s'y enfonçaient généreusement. Ariane dévorait la chaleur de mon corps de sa simple respiration près de mon oreille.
"Viens donc..."
Je mordis son sein, délaissai ses cheveux chargés d'huile essentielle, me glissai à ses côtés dans le bain auparavant bouillant. On laissait notre fausse retenue partir loin, nous empoignant chacune les hanches, ou les épaules, ou les fesses, ou les cuisses, ou les seins, jusqu'à ce que nos deux corps soient emplis de l'une et de l'autre. On s'embrassait, parfois. On partageait des regards, tout le temps.
Quand Ariane en eut assez de ce calme, je séparai nos lèvres et descendis découvrir - ou redécouvrir, car c'était tout comme avec Ariane comme reine - l'effluve naturel de son ventre et de ces gros plis de peau qui s'y créaient et que j'adulais.

Je précipitai ma bouche vers cette chaude humidité bien dissimulée entre la fraicheur de ses cuisses tubéreuses. Je susurrais mille contes obscènes contre son intimité, et elle m'en peignait plus encore par ses soupirs et ses éclats de voix qu'elle dispensait à toute la végétation.
Lasse d'atermoyer le moment fatidique où je m'introduirais en elle et elle, en mon âme, j'avançai deux doigts que je plongeai entre ses chairs. Ariane n'était pas du genre à convulser d'une première rencontre entre nos corps. Elle souriait presque moqueusement. Alors, je revins laper un bourgeon de peau que l'univers avait cru bon faire grossir sur son sexe de femme. Il fallut de longues minutes - qui m'auraient paru interminables si je n'avais pas été si captivée par Ariane, si amoureuse de la femme - pour que son sourire se fâne, plissant son visage en une expression d'extase.
Suivant sa voix comme une guide, je titubai jusqu'à la porte de ma propre jouissance, me retins à la poignée, entrouvris le battant, puis basculai complètement alors qu'Ariane gémissait plus bruyamment encore, les mains crochetées aux fleurs ou de sa robe ou du jardin.

J'ouvris les yeux, enfin prête à émerger de la langueur plaisante qui suit toute tempête de mon plaisir se fracassant contre celle d'Ariane.

Au-dessus de moi, le plafond paraissait presque bas et par la fenêtre me parvenait le chant d'un oiseau, sans doute un de nos malcoha, stupide et misanthrope, ayant trouvé le fil pour le mener hors de sa cage.
Je frissonnai, seule, alanguie sur le carrelage humide mais vide d'eau, vide d'huile essentielle, vide d'Ariane. Le flacon d'Ylang Ylang sourcillait sur le bord de la baignoire. Je retirai ma main poisseuse d'entre mes cuisses, honteuse de m'être laissée aller à mes vagues de débauche romanesque.

Ariane avait encore laissé trainer ses affaires dans la salle de bain.






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