Le débarquement patriotique de Provence
Bon sang de bonsoir ! Si on m’avait dit un jour que j’ te reverrai quatre-vingts ans après le débarquement de Provence. C’est bien Gilbert ton prénom ? Non, moi c'est Hubert ! Gilbert, c'est celui qui jouait de la cornemuse dans la barge pour exalter nos troupes sur la plage. Il avait du sang écossais dans les veines, le bougre, tant et si bien qu’il a mené la charge contre les boches en kilt. L'année dernière, si j'ai bonne mémoire, il s'est remarié avec une jeunette de soixante ans.
Pour en revenir à nos moutons, moi, c'est Gérard, surnommé : « À cœur vaillant, rien d’impossible ». Le 15 août 1944, j’ai été parachuté dans l’arrière-pays varois pour participer à la manœuvre amphibie de l’opération Dragoon. Tu te rappelles ? La veille, la BBC avait diffusé ce message codé à la résistance pour l’alerter de l’imminence de l’opération : « Nancy a le torticolis, le chasseur a faim et froid, le chef est affamé ».
Je m’en souviens comme si c’était hier, et j'ai pas envie de rester assis comme un vieux con sur une chaise lors de la commémoration organisée par le banquier. Du temps du général de Gaulle et de Delattre c’était autre chose, la France était patriotique avant que les Ricains ne nous me mettent le grappin dessus.
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