Marc Antoine et Cléopâtre , mémoire d’un préfet

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EXTRAIT :

Bibliotheca Alexandrina, Alexandrie. Samedi, onze heures et suivantes.

Témoignage d’un préfet, proche de feu le consul Marc Antoine

« Historiae Lucii Voreni Praefecti Evocatorum

Alexandriae, die duodecimo ante Kalendas Septembres, anno DCCXXIV ab Urbe condita… »[1]

« Ils se sont suicidés, morts tous deux. Les pierres du palais pleurent ceux qui ont disparu, et leur silence pèse sur l’éternité. Sous les cothurnes de ceux que jadis j’appelais mes frères, le destin se façonne ; les vainqueurs réécriront leur histoire, ternissant la mémoire, léguant à la postérité des portraits qui assureront la leur.

Je suis Lucius Vorenus, préfet des Evocati, vétéran de tant de campagnes que j’en ai perdu le compte. J’ai sillonné la Gaule, la Germanie, foulé champs et cités. Fidèle compagnon de Marcus Antonius, j’ai vaincu à ses côtés à Tarse, et dans bien d’autres batailles. Je l’ai vu incarner l’esprit de Mars, plus sauvage dans la mêlée que n’importe lequel de ses soldats.

Déserteurs tous, morts les autres, je suis le seul qui lui reste. Il me revient, dans la solitude de ce crépuscule alexandrin, d’écrire le récit de celui que Rome nommait Antonius, que l’Égypte appelait Ammonios, et de celle qui fut pour lui plus qu’une monarque, Cleopatra Thea Philopatôr[2], la septième et dernière souveraine de la dynastie des Lagides.

Tous colporteront qu’elle fut sa perte ; moi, qui l’ai approchée de près, je ne suis pas sans savoir qu’elle fut aussi celle qui lui ouvrit une nouvelle voie : celle d’une gloire sans égale.

C’est à Tarse que le destin de Marcus Antonius bascula, au mois de Sextilis, année 712 ab Urbe condita. Ce fut lui qui la convoqua, ce fut elle qui le conquit. L’homme aux penchants lascifs, fut fasciné par la Regina qui, telle Isis descendue sur terre, l’accueillit divinement… »

Le récit s’interrompait, fragmenté, reprenait quelques centimètres plus bas, déroulant de nouvelles informations parcellaires.

« …J’assurais la garde rapprochée de Marcus Antonius au palais d’Alexandria. D’abord farouche, il se montra très vite incapable de réprimer son amour pour cette femme si éloignée des mœurs de nos patriciennes. Elle parlait sept langues, récitait Homère, tour à tour brillante, drôle, érudite, séductrice ou impérieuse : elle était à la fois reine et femme. Elle était la reine des femmes.

De leur union naquit bientôt, entre l’Orient et l’Occident, une fusion

[1] « Les histoires de Lucius Vorenus, préfet des evocati, à Alexandrie, le 21 août de l’an 724 ab Urbe condita (30 av. J.-C.). »

[2] Cléopâtre VII, la déesse qui aime son père


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Pour vous qui arrivez en cours de cette histoire, voici ce qui a précédé :

Prologue

Au cœur de l’univers, deux âmes-énergies tentaient inlassablement de fusionner, espérant reconstituer l’Énergie Cosmique de l’Être Suprême et sauver le monde d’une extinction imminente. À travers les siècles, elles s’étaient réincarnées, échouant sans cesse à s’assembler, leur destinée tissée d’amour et de souffrance. Alors qu’il ne restait que sept jours à cette ultime tentative posthume, le sort de toutes choses se décidait. L’Être Suprême, après avoir perdu plusieurs paris et épuisé sa réserve d’« énergie », se résolut à leur prodiguer de subtils « coups de pouce » divins pour favoriser leur réunion.

Chapitre 1

L’histoire s’ouvrit un lundi, premier des sept derniers jours, alors que Juliette, conservatrice d’antiquités romaines, se sentait accablée par la charge mentale que lui imposait sa famille. Son mari, Marc Antoine, et leur fille Cléo laissaient peser sur elle l’ensemble des tâches domestiques, convaincus qu’elles revenaient à l’épouse et à la mère. Marc Antoine, rigoureux dans sa vie professionnelle, se révélait négligent à la maison, ce qui exaspérait Juliette. Ce chapitre dévoilait une femme forte, quoique vulnérable, en quête d’un équilibre conjugal perdu en chemin.

Chapitre 2

Contre toute attente, Marc Antoine organisa un voyage surprise pour leurs congés, alors même qu’il avait refusé la demande de Juliette quelques mois auparavant. D’ordinaire peu enclin aux vagabondages estivaux, il attribua cette soudaine impulsion à un « essor divin » ou à l’intervention d’une entité supérieure. L’annonce, formulée la veille du départ, fut initialement mal accueillie par Juliette, puis suscita un enthousiasme nouveau. Le couple se prépara à s’envoler vers Vérone.

Chapitre 3

Dès leur arrivée à Vérone, Juliette se retrouva inexplicablement propulsée dans le corps de l’héroïne de Shakespeare. Elle s’éveilla dans une chambre inconnue, au sein d’un palazzo Renaissance, oscillant entre le doute d’un rêve et la conviction d’une expérience hors du temps. À ses côtés, la nourrice, imposante figure, l’informait aussi de la venue prochaine de Roméo. Intriguée et troublée, Juliette ne put que se laisser flotter dans le cours de l’histoire.

Chapitre 4

Plongée dans la peau de la jeune Capulet, Juliette vécut une journée dans la Vérone de 1591, jonglant entre ses souvenirs d’aujourd’hui et les contraintes de l’époque. L’ennui la gagna lors des offices religieux et des tâches féminines telles que la broderie. Une entrevue avec le Comte Capulet, patriarche autoritaire, marqua sa journée : il lui imposait un mariage avec le Comte Pâris. Juliette, femme émancipée, tenta de s’y opposer, mais le chef du clan Capulet resta inflexible, affirmant que son destin ne lui appartenait pas.

Chapitre 5

La nuit venue, le rêve et la réalité s’entremêlèrent. Résolue à briser les conventions, Juliette convia Roméo dans sa chambre. L’entrevue fut empreinte de sensualité ; Juliette en prit l’initiative, renversant l’image de la chaste héroïne shakespearienne. Elle compara la prévenance de Roméo à celle, aujourd’hui défaillante, de Marc Antoine, regrettant l’ardeur du passé. Les amants, pleinement comblés, se quittèrent à l’aube, Juliette sombrant dans un épuisement heureux.

Chapitre 6

Juliette retrouva son mari dans le XXIe siècle, sans souvenir de sa mystérieuse translation, mais affectée par de subites nausées. Leur visite de la Vérone actuelle tourna court : la Maison de Juliette, envahie de touristes, restait inaccessible, la demeure de Roméo était en travaux et un orage imprévu s’abattit sur la ville. Sur la Piazza delle Erbe, une violente dispute éclata, mais Juliette, cherchant l’apaisement, proposa finalement une trêve. Le couple se réconcilia lors d’un dîner, même si la nuit n’apporta pas la suite espérée par Marc Antoine.

Chapitre 7

Les conjoints mirent ensuite le cap sur Valence. Marc Antoine, en terre espagnole, fut assailli par les souvenirs d’une vieille blessure : cinq ans plus tôt, il avait découvert sur le téléphone de sa femme un message non équivoque de Ramon, révélant une brève aventure de Juliette. Lors de la confrontation, il avoua à son tour une liaison avec une secrétaire. La crise passée, tous deux comprirent combien l’idée de se perdre l’un l’autre était insoutenable et se promirent de repartir sur de nouvelles bases.

Chapitre 8

À Valence, Juliette savoura autant le voyage que l’élan de sa carrière, inconsciente des pensées de Marc Antoine. Ce fut elle qui initia leur rapprochement charnel, dans la suite junior de l’Hôtel Caro, ex palais reconverti. Leur union sous la douche à l’italienne scella une profonde réconciliation, confirmant qu’ils avaient pu surmonter les failles anciennes.

Chapitre 9

La remise en harmonie se poursuivit dans une complicité intellectuelle retrouvée lors d’une soirée à l’hôtel. Évoquant tour à tour Corneille, le Cid, Jimena, et les figures antiques de Marc Antoine et Cléopâtre, Juliette se réjouit surtout de l’acquisition, par le musée Valencien, d’un tétradrachme portant les effigies du célèbre couple, sorte de « Graal » pour l’archéologue. Cette soirée tissa des liens où se mêlèrent confidences et érudition partagée.

Chapitre 10

Marc Antoine fut, à son tour projeté, dans le passé, incarnant Rodrigo Diaz de Vivar, le célèbre Cid, au déclin de sa vie. Le Campeador se remémora ses victoires, mais comprit que seuls les moments vécus auprès de Jimena avaient jamais contenté son âme. Cette révélation lui fit reconnaître, en Jimena, les traits de Juliette, désormais indissociables de son cœur.

Chapitre 11

Marco connut un réveil brutal, mêlé d’anxiété, de souvenirs confus et de nausées similaires à celles éprouvées par Juliette, à Vérone. Remis de ses émotions, le couple visita la Cité des Arts et des Sciences de Valence, émerveillé par cette allégorie futuriste. Là, Juliette reçut un message de l’énigmatique d’Amenadiel Thot, employé de la Nouvelle Bibliothèque d’Alexandrie, l’invitant à venir découvrir une trouvaille d’importance : les annales du prétorien Lucius Vorenus. Intriguée, elle accepta, et Marc Antoine, bien que réticent, choisit de l’accompagner à son rendez-vous.

Chapitre 12

À leur arrivée, Juliette et Marc Antoine furent accueillis dans le hall de la Bibliotheca Alexandrina par Amenadiel Thot, silhouette aussi angélique qu’énigmatique. Après de brèves politesses, il les mena dans une salle hautement sécurisée, où un papyrus exceptionnel reposait entre deux plaques de verre. Identifié comme les annales du prétorien Lucius Vorenus, contemporain de Cléopâtre VII, ce document avait été découvert sous les ruines de la chapelle d’Isis à Taposiris Magna. Juliette exulta : cette pièce, confirmant sa théorie sur le tombeau de Marc Antoine et Cléopâtre, constituait, pour elle, le plus précieux des « Graals » archéologiques.

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