Partie Une

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 Je m’essuyai le front au milieu d’un chemin de terre, il traversait des champs de blé interminables. La sueur imbibait mes vêtements sombres et me piquait les yeux. Je levai le nez au ciel et m’écriai :

 « Cesse de briller ! »

 En réponse, une caresse glacée me parcourut le bras, comme le toucher vengeur d’une défunte amante. Je m’arrêtai alors, la main sur la garde de mon épée, car une créature se déplaçait dans le blé. Une araignée, selon mon odorat. Et une grosse. Ma lame siffla lorsqu’elle bondit devant moi, mais c’est une fillette nue au corps émacié, les cheveux roux couverts de graines et de terre et les lèvres retroussées en un rictus sauvage, qui se présenta.

 Je restai interdit. Étais-je enrhumé ? J’enfouis mes doigts dans mes cheveux et soupirai.

 « Gamine, débutai-je, tu devrais prendre… »

 Elle cria.

 Ce son strident fit apparaître une sinistre silhouette au loin. Une forme ronde et géante à l’aura inquiétante. Cette fois, il s’agissait bel et bien d’une araignée. Un semeur des plaines, pour être exact.

 Une menace trop grande pour nous, dans son intérêt et le mien, je bondis et l’assommai, puis la cachai dans le blé où je la reniflai sans me gêner. Elle portait bien l’odeur de l’araignée, mais elle sentait aussi le serpent et l’humain. Elle m’intriguait. J’eusse vérifié son anatomie pour trouver une preuve physique de cette odeur, mais la terre trembla, annonciatrice de l’imminente venue du semeur. Je partis donc me cacher loin d’elle, pour qu’il ne nous trouvât pas tous les deux.

 Sa silhouette massive au pelage iridescent dépassait du blé dans lequel j’étais couché, aussi haute que le magasin de ma grand-mère. Ses poils, animés par l’alizé, s’étirèrent par-delà les griffes crasseuses des pattes filiformes et immobiles, comme autant d’aiguillons sur le dos d’un hérisson mutant, et furetèrent entre les épis où ils se plantèrent dans les malheureux rongeurs qui fuyaient leurs venus.

 Je déglutis.

 Je me mis dans une position inconfortable pour laisser passer un dard sous mon ventre et un autre entre mes cuisses. Ils me palpèrent, pénétrèrent mes vêtements dans des zones qui me font encore rougir d’embarras, glissèrent sur ma peau et suintèrent leur poison malodorant avant de se retirer. J’aimerais l’oublier…

 Était-il tombé amoureux de mes formes musculeuses ou était-il juste rassasié ? Car il partit sans me faire le moindre mal. Je restai allongé à reprendre mon souffle et à remercier mon grand-père de veiller sur moi depuis les cieux.

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